Jeudi, le négociateur bénévole mandaté par le gouvernement fédéral brandissait la menace d’une démolition de la structure centenaire si une entente sur son entretien ne survenait pas.
«La job d’un propriétaire privé n’est pas d’assurer la pérennité du pont, indiquait alors M. Charest. Comme compagnie privée, si, à un moment donné, les coûts sont trop élevés par rapport aux bénéfices, tu as une décision à prendre», ajoutait-il, insistant pour souligner qu’il s’agit de «son interprétation», et non d’une orientation officielle du CN.
Ces propos, rapportés par le Journal de Québec, avaient fait bondir le maire de Lévis, pour qui cette menace n’est «qu’un épouvantail électoral».
Juste la mention de cette éventualité a fait sortir de ses gonds Gilles Lehouillier, en marge d’une annonce sur la politique culturelle de sa ville. «Coudonc ! Est-ce que le Canadien national s’est substitué au gouvernement fédéral ou quoi, a ironisé l’élu. De quels pouvoirs sont-ils investis? D’aucun pouvoir»
«Je m’excuse, mais il faut ramener dans le rang le Canadien National et leur dire ‘’C’est pas vous autres qui allez prendre la décision''», a pesté le maire.
Selon lui, cette sortie d’Yvon Charest «sent la mission commandée», particulièrement dans un contexte électoral. Et pour le maire de Lévis, peu importe les batailles qui auront lieu sur la place publique, c’est au fédéral de respecter ses promesses et de prendre ses responsabilités.
«Le fédéral s’est engagé à acheter le pont, alors il peuvent bien s’embarquer dans des batailles avec Québec [...] mais ça ne doit pas devenir un élément discordant qui fait qu’on évite nos responsabilités et nos engagements.»
Gilles Lehouillier s’est défendu d’appuyer aveuglement gouvernement provincial, son meilleur allié dans le controversé dossier du troisième lien. Pour le maire, Ottawa et le CN demandent «l’impossible» à Québec en tentant de lui imposer «quelque chose qui n’était pas dans le deal» original.
Entente avortée
Il y a quelques semaines, au terme de négociations qui s'étirent depuis des décennies, une entente serait survenue entre Ottawa et le CN, propriétaire de l'infrastructure, avant d'avorter. La faute a été rejetée sur le gouvernement du Québec.
Principal utilisateur et locataire du pont par son ministère des Transports (MTQ), le gouvernement provincial aurait à payer près de la moitié des futurs coûts d’entretien et de réfection du pont, une clause toujours refusée par le gouvernement Legault.
Le ministre fédéral Jean-Yves Duclos avait même évoqué fin août la possibilité qu'Ottawa se retire du dossier, laissant Québec assumer l'entièreté de la facture. Il l'accusait alors d'un blocage volontaire pour ne pas nuire aux arguments en faveur du troisième lien.
Marchand veut des réponses
«Assurément» inquiet que le CN puisse opter, à long terme, pour la démolition du pont de Québec, le maire Bruno Marchand a réclamé jeudi des explications de la part du gouvernement du Québec.
«Le premier ministre va devoir répondre [à savoir] quelle est sa position, quelle est la suite et surtout quelle perspective on se donne pour régler ça rapidement. On a donné notre position, on s'attend qu'il y ait des résultats rapidement», a-t-il pressé en marge d'une activité sur la mobilité.
Selon lui, «le dossier ne peut plus perdurer à se renvoyer la balle de part et d'autre», sans quoi ce sont «les citoyens qui y perdent».
«Oui, c'est un enjeu qui se négocie avec le gouvernement fédéral et un partenaire privé qui est le CN, mais le gouvernement du Québec est au centre de tout ça, alors il a à répondre.»
Le pont de Québec figure dans les demandes électorales prioritaires du maire Marchand.
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742 000$ pour promouvoir la culture à Lévis
Ces commentaires ont été faits en marge du dévoilement du nouveau plan d’action 2022-2023 de la Ville de Lévis pour la culture.
Une centaine d’actions seront mises en place par l’administration municipale, notamment pour encourager la pratique des arts, de la lecture, pour encourager le tourisme et pour souligner le patrimoine et l’histoire de Lévis. Quelque 742 000 $ seront alloués dans les deux prochaines années pour celles-ci.
Lévis compte, entre autres, continuer son projet d’agrandissement du Centre culturel de Lévis, visant à y ajouter des locaux de musique et de danse. L’administration souhaite également continuer la restauration de la bibliothèque Pierre-George-Roy et mettre à jour l’inventaire patrimonial du territoire, jumelé à un programme d’aide financière pour la rénovation des résidences privées citées.
La Ville emboite aussi le pas à d’autres municipalités québécoises en abolissant les amendes et les frais de réservation dans ses bibliothèques. Une nouvelle offre touristique sera finalement développée au chantier naval A.C. Davie.
Dans son allocution, Gilles Lehouillier a rappelé plusieurs de ses demandes électorales, se disant «tanné d’être dans la craque» en culture, notamment sur le développement d'infrastructures culturelles. «On se fait dire “Ben oui, mais il y en a un à Québec’’, a lancé le maire, visiblement irrité. On est tannés d’entendre ça, on ne le tolérera pas.»