Les responsables du Centre d’action bénévole (CAB) de Sutton ont fait le point vendredi sur l’état d’avancement des travaux de l’église Olivet. Prétextant les Journées du patrimoine religieux ayant lieu cette fin de semaine, ils ont expliqué que la requalification de cette église baptiste construite en 1845 n’était pas une mince affaire, et que trouver un entrepreneur soumissionnaire n’avait pas été chose aisée, le premier appel d’offres ayant été refusé l’hiver dernier, ce qui a retardé le processus.

On ne rénove pas non plus une église vieille de 180 ans et dont l’usage sera destiné aux citoyens de Sutton et d’Abercorn sans beaucoup de précaution et de planification.

L’architecte Elisabeth Bouchard, d’eba architecture, ainsi qu’Isabelle Lortie, du Conseil du Patrimoine religieux du Québec, ont rappelé que plusieurs études préalables aux premiers coups de marteau avaient été réalisées, afin de s’assurer de la meilleure intégration possible du projet dans le bâtiment actuel, et de la conservation future de celui-ci.

«Nous sommes fiers que ce projet puisse redonner le bâtiment à la communauté», ont dit de concert Mme Lortie et Luce Goerlach, présidente du CAB de Sutton, l’organisme étant devenu propriétaire de l’édifice au printemps dernier, après que la Congrégation de l’Église baptiste le lui ait cédé pour un montant symbolique (1$).

Sécurité alimentaire

Ce futur lieu de rencontre de la population de Sutton et d’Abercorn, qui accueillera les bureaux du CAB de Sutton, aura la nourriture pour thème fédérateur. Plus précisément, la sécurité alimentaire sera au tournant de la plupart des conversations et des interventions. Pas étonnant, car la popote roulante, la banque alimentaire et la table anti-gaspillage hebdomadaire sont déjà au centre des opérations du CAB.

Plus de 100 familles ont recours actuellement à la banque alimentaire du CAB de Sutton.

Mme Hubacek prend pour exemple la table anti-gaspillage du mardi après-midi, où les aliments offerts gratuitement trouvent preneurs en très peu de temps.

«La population de Sutton est vieillissante, il y a davantage de personnes âgées pauvres, d’ajouter la directrice du CAB, Mme Goerlach. L’écart entre les bien nantis et les pauvres est de plus en plus significatif.»

L’aménagement des nouveaux locaux (détails plus bas) prévoit aussi l’ajout d’une cuisine collective, où se dérouleront des ateliers, où seront concoctés des repas communautaires et où seront transformés les légumes qui pousseront dans le jardin avoisinant.

Ce centre communautaire se veut un véritable carrefour de l’entraide et de l’inclusion sociale locale. Les autres organismes locaux y seront les bienvenus et pourront avoir un point de service pour leurs activités.

Cette vocation ne tombe pas du ciel. L’église baptiste Olivet a toujours été un lieu de rencontre, l’architecte Mme Bouchard rappelant que ce lieu de culte était de type «new england meeting house» : «Même en dehors des cérémonies, c’était le lieu de rencontre de la communauté».

Les coûts ont doublé

Initialement estimés à 750 000$ puis «aux alentours d’un million de dollars», les coûts de construction sont maintenant estimés à 1,7 million de dollars. Au total, si l’on inclut les frais d’honoraires professionnels et autres, la facture atteint 2 M$, indique la directrice du CAB.

De ce montant, plus de 1,5 million de dollars proviennent de subventions des trois paliers de gouvernement, le Québec contribuant le plus, à hauteur de 1 042 920$ via le Conseil du patrimoine religieux du Québec. Plusieurs programmes fédéraux financent le projet. Des dons totalisent aussi 100 000$, et d’autres organisations appuient le projet d’une quelconque façon.

Le projet est bien ficelé, mais cela ne suffit pas. Janna Hubacek a donc de nouveau sollicité Québec et Ottawa pour boucler le financement.

«L’appui financier de la communauté locale montre qu’elle croit au projet, c’est comme un vote de confiance pour nous», souligne Mme Hubacek, qui espère inaugurer le bâtiment l’automne 2023. Elle en a profité vendredi pour remercier également les cent bénévoles qui butinent autour du CAB.

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Cure de jeunesse pour l’église

La part la plus importante des travaux se déroule à l’intérieur, tout en respectant les espaces originels du bâtiment. Sans entrer dans tous les détails, notons qu’en plus de la nouvelle cuisine, les combles seront aménagés en bureaux et la mezzanine, actuellement cloisonnée, sera vitrée.

Cela aurait été plus simple d’ajouter une extension à l’église, concèdent les promoteurs, mais la préservation des caractéristiques architecturales patrimoniales est au cœur du projet alors «on agrandit de l’intérieur», résume l’architecte Elisabeth Bouchard.

Le bâtiment sera isolé, électrifié, climatisé via un système mixte de thermopompe et de plinthes électriques, et bénéficiera d’un système d’échangeur d’air. Comme pour tout bâtiment public, la plus vieille église de Sutton sera conforme aux normes de sécurité en vigueur.

À l’extérieur, les fenêtres «en arc» laisseront place à des fenêtres de forme rectangulaire, tel que dans la construction initiale, des travaux de maçonnerie redonneront aux moellons de pierre leur lustre d’antan, et le clocher en campanile sera solidifié.

Un bâtiment accessoire prendra lieu et place de l’étable originelle (aujourd’hui inexistante), il y aura des jardins maraîchers et seulement quelques places de stationnement.

L’entrepreneur maître d’œuvre des travaux de requalification de l’église est Construction Rocket.

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Les partenaires financiers qui appuient le projet sont le gouvernement du Québec, le gouvernement du Canada, la Ville de Sutton, le Pacte Brome-Missisquoi, la Fondation Béati, le Fonds du Grand Mouvement Desjardins, la Caisse de dépôt et placement du Québec, ainsi que de nombreux donateurs, fondations, entreprises et organisations dans la communauté.