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STAT: quatre heures pour gagner votre cœur

Pascal St-Cyr (Normand D'Amour), le directeur des services professionnels de l'hôpital, est le frère d'Emmanuelle (Suzanne Clément), mais aussi tout le contraire.

CHRONIQUE / J'ai une nouvelle à la fois bonne et mauvaise: le choix s'annonce difficile entre STAT et Indéfendable, les quotidiennes rivales de 19h cet automne. Pour différentes raisons, les deux méritent votre attention.


Après avoir vu les deux, bien difficile pour moi de dire qui remportera la bataille.

STAT, qui a la difficile tâche de succéder à District 31 dès lundi sur ICI Télé, n'a pas à rougir; on a ici affaire à une série médicale captivante, de qualité, aux personnages attachants.

Et surprise pour la première semaine: les téléspectateurs auront droit à quatre épisodes d'une heure, question d'entrer encore davantage dans l'histoire. Les patrons d'ICI Télé avaient bien gardé le secret sur cette stratégie pour faire le plein de fans dès le début. On verra si Indéfendable à TVA en pâtira.

Réglons le cas de «STAT», ce mot latin signifiant «tout de suite», utilisé dans le milieu hospitalier à travers le monde. Ça résume assez bien l'urgence dans laquelle baignent les protagonistes de l'autrice Marie-Andrée Labbé.

Je ferais confiance les yeux fermés à Emmanuelle St-Cyr, l'urgentologue en chef de l'hôpital St-Vincent qu'incarne avec un naturel désarmant Suzanne Clément. De bons réflexes, un grand dévouement, une approche humaine et attentionnée, qui rassure le patient.

Bien entendu, parce que les gens heureux n'ont pas d'histoire, elle porte une fragilité en elle, bien dissimulée.

Quand commence le premier épisode, un an plus tôt, Emmanuelle trouve son conjoint inerte, gravement blessé. De toute évidence, il se serait enlevé la vie. Or, elle n'a jamais vraiment cru à cette thèse, pourtant appuyée par la police.

Mise au courant de nouvelles informations, elle voudra faire la lumière sur ce décès soudain, alors que son fils ne lui adresse plus la parole depuis un an.

C'est un réel bonheur de revoir Suzanne Clément dans une série québécoise. On a l'impression qu'elle joue ce rôle depuis longtemps tellement elle le maîtrise dès le départ.

Jacob (Lou-Pascal Tremblay) entreprend de séduire sans grande subtilité Sophia (Ludivine Reding), infirmière douce et sensible.

L'hôpital St-Vincent accueille un nouveau médecin, en la personne de Jacob Faubert (Lou-Pascal Tremblay), jeune, séducteur, un peu arrogant, qui admet manquer de compassion.

Il sait ce qu'il veut et aussi, les patients qu'il préfère laisser aux autres. «Idéalement, pas trop d'attaques de panique ou des personnes âgées qui bêchent. Moi, j'aime ça quand c'est trash», répond-il à sa supérieure.

Dès son arrivée, il entreprend de séduire sans grande subtilité Sophia (Ludivine Reding), infirmière douce et sensible. Cela dit, on n'a pas affaire à un salaud.

«C'est un p'tit crisse, mais il va être bon», résume assez bien Emmanuelle.

Pascal St-Cyr (Normand D'Amour), le directeur des services professionnels de l'hôpital, est le frère d'Emmanuelle, mais aussi tout le contraire. Alors que sa sœur est facile d'approche, il est plutôt carré, colérique même, portant en lui une agressivité dont on nous explique l'origine dès le premier épisode.



L'amour est fragile entre Delphine Martin (Virginie Ranger-Beauregard) et Philippe Dupéré (Patrick Labbé).

On suivra aussi le couple formé du psychiatre Philippe Dupéré (Patrick Labbé) et de la travailleuse sociale Delphine Martin (Virginie Ranger-Beauregard). Une union fragile, le premier se montrant souvent inquiet, à raison, des troubles alimentaires de sa blonde.

Gros coup de cœur pour Geneviève Schmidt dans le rôle de la chirurgienne Isabelle Granger, ce que les Américains appellent le «comic relief» de la série. La meilleure amie d'Emmanuelle n'a aucun tact avec les proches des patients à qui elle doit annoncer de graves nouvelles, mais vraiment aucun. On rit jaune, mais on rit.

Isabelle est la mère monoparentale d'un adolescent autiste qui demande des soins particuliers, Siméon, joué par Benjamin Gratton, le fils de Patricia Paquin et de Mathieu Gratton.

Stéphane Rousseau fait un préposé aux bénéficiaires crédible, en couple avec un acteur (Maxime de Cotret, le Réginald de 5e rang). On s'attache aussi très vite à Audrey (Samantha Fins), l'infirmière en chef. Et les rares apparitions de Pascale Renaud-Hébert en physiatre toujours «à boutte» sont savoureuses.

Isabelle Blais se greffera à la distribution comme directrice de l'hôpital, sans surprise peu chaleureuse, alors que Raymond Cloutier sera le père d'Emmanuelle et de Pascal.

Isabelle est la mère monoparentale d'un adolescent autiste, Siméon, joué par Benjamin Gratton.

Alors qu'Ætios, la boîte de Fabienne Larouche et Michel Trudeau, tenait seul les rênes des précédentes quotidiennes, elle s'est alliée pour STAT à A Média, du producteur Guillaume Lespérance (Discussions avec mes parents, Tout le monde en parle).

Si la production d'Indéfendable a pris beaucoup d'avance dans les tournages, celle de STAT en est à sa septième semaine, ce qui permet à l'autrice Marie-Andrée Labbé de se coller davantage à l'actualité.

Ainsi, il sera question de fusillade entre jeunes dès le premier épisode, alors qu'une des victimes reste entre la vie et la mort après avoir reçu une balle dans la tête.

On traitera aussi beaucoup de santé mentale dans STAT. Notamment avec une patiente psychotique qui entend des voix et croit son entourage possédé par une puissance maléfique. Un cas difficile à gérer, même explosif.

Je dois dire que ces premiers épisodes sont extrêmement bien ficelés par Marie-Andrée Labbé; chaque personnage est bien défini dès le départ et les histoires sont captivantes. L'autrice, qui a surtout fait de la comédie, saupoudre juste assez ses textes de scènes comiques.

J'ai été frappé par la qualité de la distribution; tous les acteurs sont bons, y compris dans les rôles secondaires. On sent la cohésion entre tous.

On retrouve la qualité de production de District 31, avec la réalisatrice-coordonnatrice Danièle Méthot et le concepteur artistique André Chamberland. Les décors de District ont été détruits pour laisser place aux nouvelles installations de STAT.

Vous trouverez peut-être que cet hôpital est anormalement peu achalandé, mais que le personnel tarde pourtant à répondre à certaines urgences. Je ne parlerais pas d'irritant mais d'un petit bémol.

Gros coup de cœur pour Geneviève Schmidt dans le rôle de la chirurgienne Isabelle Granger.

Et maintenant, la grande question: quelle est la meilleure série entre STAT et sa rivale de TVA, Indéfendable?

Ma réponse, un peu plate: les deux séries ont de grandes qualités, ce qui annonce une bataille relevée à 19h.

À ce propos, Fabienne Larouche se montre bonne joueuse: «Le téléspectateur y gagne», selon la productrice, qui voit dans l'offre de la concurrence encore plus de choix pour le public.

Au fait, cette bataille ne concerne pas uniquement la case horaire, mais bien quelle série les téléspectateurs choisiront de suivre, peu importe l'heure ou la plateforme. Les mordus voudront bien se taper les deux, mais beaucoup ne voudront pas y consacrer autant de temps et feront leur choix.

C'est là où la bataille se jouera vraiment.

Un mot sur DPCP, la nouveauté de Luc Dionne. Il en commence l'écriture et la série hebdomadaire entrera en ondes durant la saison 2023-2024 d'ICI Télé. L'auteur de District 31 travaille aussi sur une minisérie.

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Stéphane Rousseau fait un préposé aux bénéficiaires crédible.