Pour obtenir sa certification, un verger doit être exempt de tous produits non certifiés biologiques pour une période de 36 mois. La liste d’interdictions rassemble plusieurs produits utilisés dans la plupart des vergers dits conventionnels, et laisse peu de choix aux alternatives.
Les insecticides, fongicides et autres produits traditionnels — souvent très puissants — permettent aux pomiculteurs d’économiser certains efforts. Il peut être question de faire tomber les surplus de pommes des arbres, de faire moins d’arrosages, d’avoir moins de pertes, moins d’arbres malades, moins d’insectes, moins de marques sur les pommes, etc. Ces résultats ne s’obtiennent pas aussi facilement en bio.
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« Ce n’est pas la journée où l’on met une pancarte certifiée biologique que les insectes vont aller ailleurs. On a aussi des insecticides dans le bio, ou des répulsifs, mais ça reste que les moyens ne sont pas efficaces à 100 %. Loin de là », explique Benoît Bouthillier, propriétaire du Verger trois pommes.
Le bio, « une philosophie »
Les produits certifiés biologiques sont non seulement moins efficaces, mais peuvent nécessiter d’en répandre une quantité jusqu’à trois ou quatre fois plus importante qu’en conventionnel. Il suffit aussi d’une pluie importante (10 à 20 mm) pour « laver » les produits appliqués. Les maladies et les insectes deviennent ainsi beaucoup plus difficiles à contrôler.
Malgré tout, le pomiculteur y voit plusieurs avantages. C’est pour cette raison que, depuis trois ans, il a fait tout le nécessaire pour obtenir sa certification biologique. Chose qu’il a officiellement obtenue le 19 août dernier.
« Le bio n’est pas une mode, c’est une philosophie. Si tu assumes de ne pas travailler avec [les produits non permis], l’alternative est de faire plus de travail manuel. C’est complètement une autre approche. Nos produits n’agissent pas de la même façon, et les délais sont différents », indique-t-il, conscient que tous ses efforts sont aussi et avant tout importants pour la santé de tout un chacun.
Étienne Tremblay, qui possède le verger du Chemin des Sept et qui est certifié depuis trois ans déjà, est du même avis. Il pointe aussi les bienfaits majeurs dans leur approche, ceux-ci supplantant largement les efforts demandés.
« On travaille, d’une certaine manière, à entretenir une biodiversité, la santé de nos sols et celle de nos écosystèmes. Ce n’est pas parfait ce qu’on fait dans le bio, mais c’est clairement moins dommageable qu’en conventionnel », admet-il, heureux d’ouvrir son verger au public pour la première année depuis qu’il a sa certification.
Éduquer par la proximité
Les deux entrepreneurs trouvent aussi important d’avoir une proximité avec les visiteurs afin de leur montrer tout ce qu’implique cet engagement.
« Ce qui est le fun [dans le fait] d’accueillir le monde, c’est qu’on peut leur expliquer ce qu’on fait. Tu peux aussi expliquer pourquoi ils vont payer un peu plus cher en bio, et que c’est possible que les pommes aient des petits dommages. Qu’une pomme n’est pas poison parce qu’elle a une petite tache », explique M. Bouthillier avec passion.
En plus de l’éducation qu’ils peuvent faire auprès du grand public, les pomiculteurs estiment qu’avoir des vergers bio dans la région peut en influencer d’autres joueurs à effectuer un tel virage.
« Je pense que c’est accessible. […] C’est tout un feeling de contribuer à trouver des solutions différentes », résume M. Tremblay, concédant qu’il faut également être prêt à investir 60 heures de travail par semaine.
Diversité
Les deux hommes admettent qu’un verger biologique est synonyme de dévouement. Pour cela, la production bio n’est faite pour tous.
« L’idée, c’est de faire venir les gens à Rougemont. Ensuite, ils vont choisir l’offre qui leur convient. Il y a de gros pomiculteurs qui ont plusieurs vergers, ils sont plus gestionnaires, et c’est leur façon de faire. Chacun sa façon », indique M. Bouthillier, sachant très bien qu’il n’attire pas le même genre de clientèle que des vergers comme celui de l’Abbaye.
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M. Tremblay acquiesce dans le même sens et ne s’offusque pas qu’ils soient seulement deux vergers bio à Rougemont. Il pointe plutôt que la diversité est quelque chose d’essentiel, et ce, en tous points.
« C’est normal, et c’est correct, qu’il y ait de gros joueurs dans la pomiculture. C’est juste que ça serait le fun qu’il y ait plus de modèles agricoles pour permettre aux plus jeunes de commencer. Je pense que l’agrotourisme va permettre de plus en plus ça. On aime la diversité dans la nature, et elle est le fun parmi les propriétaires aussi ! », avance-t-il avec humour.