Comment la cote de popularité de Nolinor a explosé

Chez Nolinor, une équipe est entièrement consacrée aux réseaux sociaux. Sur la photo, on retrouve Célian Genier, Karyane Boisjoli Desjardins, Juliette Prud’homme et Marco Prud’homme.

Il a fallu d’un seul mème. Celui de la célèbre photo du sénateur démocrate américain Bernie Sanders, assis sur une chaise inconfortable et emmitouflé avec ses grosses mitaines en laine lors de l’investiture du président Joe Biden en janvier 2021. L’intégration de cette image dans plusieurs lieux loufoques n’a pas échappé à Nolinor Aviation qui en a aussi profité pour réaliser un mème de Bernie Sanders, assis dans un des ses avions. L’effet a été immédiat: sa publication sur Instagram a été vue quelque 360 000 fois et a attiré des milliers d’abonnés sur son compte.


«On a compris cette journée-là qu’il ne fallait pas nécessairement produire seulement du contenu de qualité, avec de superbes photos bien léchées, mais de miser aussi simplement et rapidement sur des événements de l’actualité», souligne Marco Prud’Homme, président de cette entreprise de Mirabel fondée en 1992 qui se spécialise dans les vols nolisés de passagers et de marchandises. Elle est notamment reconnue pour ses services de navettes (fly-in fly-out) pour les employés du secteur minier.

Nolinor en n’était pas à ses premiers pas sur les réseaux sociaux. L’aventure avait commencé quelque temps auparavant alors que l’entreprise souhaitait davantage se faire connaître. «On a fait comme un peu tout le monde, en commençant par ouvrir des comptes, mais sans vraiment comprendre comment ça fonctionnait», indique M. Prud’Homme.



Une équipe dédiée aux réseaux sociaux

L’entreprise y publie d’abord ses communiqués de presse. Puis, elle délaisse l’approche trop corporative pour y publier des photos prises par les pilotes et les agents de bord qui ont la chance de se rendre dans diverses destinations, certaines inusitées. «Nos avions atterrissent autant sur des lacs gelés que sur des pistes en gravier», précise-t-il.

La PME fait également appel à des photographes amateurs, mordus d’aviation, qui mettent déjà en ligne des photos de ses avions avec le mot-clé Nolinor. «On s’est rendu compte que plus on mettait de contenu, plus il y avait un engouement pour nos publications», souligne Marco Prud’Homme. Comme lors de la venue à Mirabel en mai 2020 de l’Antonov 25, le plus gros aéronef cargo au monde qu’avait nolisé l’entreprise et qui arrivait de Chine avec une immense cargaison d’équipements de protection pour les professionnels des soins de la santé. Des centaines de curieux, dont plusieurs photographes, étaient venus assister à cet événement.

«Le problème, c’est qu’on ne recevait pas de photos de façon régulière et qu’on n’avait pas de plan de publication vraiment bien organisé sur les réseaux sociaux», explique Marco Prud’Homme.

Pour remédier à la situation, Nolinor décide d’embaucher à temps plein un photographe et une personne dédiée à la stratégie de contenu pour mettre sur pied une équipe entièrement consacrée aux réseaux sociaux, à laquelle se joindra une troisième personne quelques mois plus tard. L’entreprise n’avait alors pas de page Facebook et peu d’abonnés sur ses comptes Twitter et Instagram.



Au rythme de TikTok

Le premier véritable moment viral est survenu lors de la publication du mème de Bernie Sanders. Puis, l’entreprise décidait d’ouvrir un compte TikTok pour ajouter des vidéos à ses contenus. L’une d’elles sera vue par un million de personnes. Il s’agissait simplement d’un pilote qui ajustait son siège!

«Les gens ont une grande curiosité de savoir comment les choses fonctionnent. Nos vidéos qui montrent des processus techniques ou mécaniques ont toujours une très grande popularité», note M. Prud’Homme. L’entreprise compte aujourd’hui plus de 700 000 adeptes sur son compte TikTok, comparativement à quelque 85 000 sur Instagram.

Cette plus grande notoriété, acquise grâce aux réseaux sociaux, génère des «bénéfices qui sont bien au-delà de nos attentes», constate Marco Prud’Homme. Avant, Nolinor recevait rarement des candidatures pour des postes. Les employés y travaillaient même un an ou deux, avant de se joindre à d’autres entreprises aériennes plus connues.

«On était comme un club-école qui servait de tremplin», illustre-t-il. Aujourd’hui, c’est l’inverse alors que des employés d’autres compagnies aériennes veulent se joindre à Nolinor, du jamais vu en 30 ans d’histoire. L’entreprise reçoit même des dessins de ses avions de la part d’enfants qui rêvent un jour de devenir pilote chez Nolinor.

Retombées commerciales, spin-off et NFT

L’entreprise profite aussi de retombées commerciales. «Aujourd’hui, quand des entreprises veulent noliser des avions, Nolinor vient immédiatement à leur esprit. On était principalement connu au Québec, mais on reçoit maintenant des appels de partout au Canada et même des États-Unis», fait valoir M. Prud’Homme.

Le succès de Nolinor en matière de réseaux sociaux est tel que l’entreprise en a créé une nouvelle branche d’activité. L’agence BDK, composée des trois membres de son équipe des réseaux sociaux, a été lancée le printemps dernier afin d’aider également d’autres entreprises dans leur positionnement de marque.



Nolinor reste aussi à l’affût des nouvelles tendances et plateformes en matière de réseaux sociaux. Voilà pourquoi Marco Prud’Homme s’intéresse ces temps-ci à l’émergence des NFT et du métavers. «J’ai acheté des NFT pour le plaisir mais aussi pour comprendre leur fonctionnement. Il faut s’assurer d’identifier les prochaines plateformes et d’être là quand elles prendront de l’expansion», conclut-il.

+ 3 questions à Marco Prud’Homme

1. Avec le recul, qu’auriez-vous fait différemment?

«Je ne changerais rien, car de toute façon le résultat final d’une action différente ne serait pas nécessairement mieux.»

2. Qu’est-ce qui vous motive, comme entrepreneur, comme dirigeant?

«Chaque journée est une page blanche pour s’améliorer et créer quelque chose de nouveau.»

3. Si vous étiez en politique, quel enjeu économique retiendrait votre attention prioritairement – et comment le résoudre?

«La seule façon d’aider le développement économique des régions, c’est d’avoir un système de transport aérien soutenu par des transporteurs aériens en bonne santé financière.»

En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce