Avec leur famille, les trois mamans sortent des sentiers battus et des tout-inclus. La première a choisi d’offrir de son temps en échange du logis et des repas. Les deux autres ont échangé leur maison le temps de quelques semaines.
Nathalie Désilet avait déjà exploré l’Océanie dans sa vingtaine en travaillant sur des fermes, via le mouvement WWOOF, qui signifie Worldwide opportunities on organic farms.
Nathalie est partie avec son sac à dos pour vivre sur des fermes en échange de quelques heures de travail – et d’apprentissages – par jour. C’était il y a une trentaine d’années. Et déjà, elle savait qu’elle voudrait faire vivre cette expérience à ses futurs enfants.
Bien sûr, les conditions ont changé. À l’époque, elle a vécu dans une ferme où il n’y avait pas d’eau courante, ou si peu. Sa douche consistait en une chaudière d’eau. Aujourd’hui, avec des enfants, ce n’était pas possible d’envisager de telles conditions de vie. Elle a plutôt trouvé des endroits où ses adolescents pourraient se sentir à l’aise.
Ils ont passé trois mois en Australie à visiter en voiture et à travailler pour des gens via les réseaux WWOOF et Work Away, qui est similaire au premier, sans toutefois se limiter aux fermes. Le premier arrêt était chez un couple formé d’un artiste et d’un chef cuisinier et le travail consistait à faire des travaux d’entretien sur le terrain.
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La seconde famille avait une ferme de cerises. Le mandat de Nathalie impliquait aussi du gardiennage de trois enfants terribles.
Le troisième endroit était une entreprise de location de chalets de luxe où le propriétaire vivait seul. Il avait besoin d’aide, après une séparation, pour l’entretien des chalets et du terrain.
Les voyages forment la jeunesse
Convaincre sa fille Théa a été facile, mais il lui a fallu faire preuve d’imagination pour que son fils Justin les suive. En 2018, ils étaient respectivement en troisième et quatrième année du secondaire. Ils devraient faire l’école à la maison l’après-midi, après quelques heures de travail. Justin devait mettre sur pause ses compétitions de tennis, un sport auquel il excelle. En contrepartie, il a pu assister à l’Open d’Australie.
«Il ne va pas me l’avouer directement, mais il est très fier de le mettre dans son CV, confie sa mère, rencontrée dans son atelier de Sutton. Il mesurait 6 pieds, donc c’est sûr qu’il héritait des gros travaux de pelletage de roches, alors qu’il n’est pas du tout un gars manuel. Je pense que ça l’a fait grandir à plein de niveaux.»
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Théa, jeune comédienne, a mis en ses auditions en veilleuse. Bohème comme sa mère, elle n’a pas hésité à faire ses bagages et en a profité pour entretenir un vlog.
«Ça m’a complètement transformé en tant que personne. J’ai vu tellement de places, rencontré tellement de personnes, que je me sens aujourd’hui un peu coincé au Québec, avoue Théa. Je m’adapte super bien à plein d’environnements maintenant. Ça m’a appris à voyager: mon premier voyage sans adulte a été à New York avec des amis la semaine passée (début juillet). C’est moi qui ai tout géré et je suis la plus jeune. Ça a été une influence très très positive.»
Ont-ils eu l’impression d’être de la main-d’œuvre exploitée? «Non, parce que c’est tellement une richesse! Tu reçois beaucoup plus que tu donnes. Quand tu tombes bien, c’est sûr…, nuance Nathalie. Tu entres dans la vie de quelqu’un, tu es en relation avec les gens qui te permettent de découvrir leur univers. Et ce n’est que quatre à cinq heures par jour, selon l’entente. Je n’aurais pas pu partir aussi longtemps si j’avais eu à payer trois mois d’hôtels et de repas.»
Camp de base
Le film The Holiday (2006) mettant en vedette Kate Winslet, Cameron Diaz, Jude Law et Jack Black en a charmé plus d’un. Au-delà de l’histoire d’amour de ce long métrage se déroulant entre Londres et Los Angeles, le film a permis de découvrir les échanges de maisons. Et pas besoin d’avoir le cœur brisé pour partir vivre dans la maison d’un autre.
Paule Vermot-Desroches, chroniqueuse au quotidien Le Nouvelliste, et son conjoint Philippe Roy, ont échangé leur maison avec Muriel Degré et Julien Borgellini pour trois semaines.
Paule et Philippe en sont à leur troisième échange de maisons. En 2019, ils sont allés au nord de la France. Puis, en raison de la pandémie de COVID-19, ils ont plutôt opté pour Victoria, en Colombie-Britannique. Ils terminent tout juste leur plus récent voyage, une fois de plus en France, près de Chamonix.
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Pouvoir voyager longtemps à peu de frais les a convaincus de se lancer. «Au niveau monétaire, ça fait la différence entre partir 10 jours ou un mois. Quand il faut que tu loues un AirBNB ou un hôtel, ça revient facilement à 200, 300$ par nuit. Alors qu’ici, ça part du principe que ça ne nous coûte rien pour la nuit», raconte la journaliste en direct de Passy.
En échangeant aussi leurs voitures, les deux couples font des économies pour visiter le pays ou la région.
Si les coûts sont beaucoup moins importants pour un voyage de trois ou quatre semaines, Paule prévient qu’il faut tout de même y investir du temps. Avant de préparer la maison et la voiture pour l’arrivée des invités, il faut d’abord trouver avec qui échanger son nid.
«C’est pas tout le monde qui souhaite venir à Trois-Rivières. Il faut que les gens soient intéressés par le Québec, ensuite ils doivent être intéressés par Trois-Rivières. Pour l’échange qu’on fait ici, j’ai peut-être envoyé 40 demandes avant d’avoir une réception positive de quelqu’un qui était prêt à discuter avec nous.»
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Il faut aussi que les dates concordent. Il est préférable, pour ce genre de voyage, d’être flexible pour les lieux et les dates de voyage.
Muriel se souvient des premières communications avec Paule. «On est inscrit depuis trois ans sur la plateforme de Home Exchange et le premier échange qu’on a conclu était à Trois-Rivières… avec Paule! Nous voilà à acheter les billets d’avion, prêts à partir… et puis la COVID arrive. On a donc attendu plus de 2 ans avant de venir ici.»
Elle se dit aujourd’hui «enfin». Rencontrés dans la cour arrière de la maison trifluvienne, Muriel et Julien parlent de la demeure de Paule et Philippe comme de leur camp de base. À partir de Trois-Rivières, ils peuvent faire de plus petites valises pour de courts séjours ailleurs, comme à Tadoussac ou la Haute-Mauricie, où ils avaient hâte de voir les vastes étendues de forêts et de lacs.
Par ailleurs, les enfants adorent.
«Tu ne peux pas te faire une vie ou un quotidien comme ça dans un hôtel, où il ne faut plus qu’il y ait de bruit après 21h.»
Question sécurité, ils ont confiance. D’autant plus que la présence d’une famille à la maison a de quoi décourager les voleurs.