Une mésaventure qui dégénère pour les proprios d'un chien

Un couple de Granby a réussi à faire renverser une décision de la Ville qui s’apprêtait à déclarer potentiellement dangereux leur chien Massimo.

Un couple de Granby a réussi à faire renverser une décision de la Ville qui s’apprêtait à déclarer potentiellement dangereux leur chien Massimo. Une plainte d’un voisin, qui aurait été mordu, a entraîné Danielle et Daniel Lignon dans un tourbillon d’angoisse.


Malgré que l’évaluation par une vétérinaire se soit bien déroulée, selon le couple, la conclusion du rapport est plutôt mauvaise pour leur fidèle compagnon. Ils ont l’impression que leur chien a été confondu avec un autre lors de la rédaction du rapport. Le rapport en main, la Ville de Granby avait l’intention de déclarer le husky d’environ 7 ans potentiellement dangereux.

Maintenant qu’ils ont réussi à faire renverser la décision, au bout de six mois de mauvaises nuits, le couple a raconté leur mésaventure aux Coopératives de l’information. Au moment de notre visite, les Lignon étaient avec Massimo dans la cour arrière. Celui-ci nous a accueilli calmement, en frétillant, mais en gardant les quatre pattes bien au sol. Il est demeuré couché entre ses humains préférés pendant toute l’heure de l’entrevue, tout comme il l’était lors de la visite des policiers, en janvier dernier.

Massimo est leur sixième chien. Il a été adopté dans une SPA par le couple en 2016, alors qu’il venait tout juste d’être abandonné. Ils revenaient d’un long voyage à travers l’Amérique et le Husky a pu profiter de l’esprit voyageur de ses maîtres en visitant, par exemple, plusieurs parcs nationaux au pays et aux États-Unis.

Massimo, un husky d'environ 7 ans, a accueilli les représentants des Coops de l'information avec calme.

Escalade

Mais voilà qu’en janvier dernier, alors qu’ils s’occupaient des poules d’amis, il a flairé la présence d’un autre chien dans la rue et a trouvé moyen de sortir de l’endroit. Ils ignoraient qu’il y avait une ouverture sous le balcon, plaident-ils, sinon il aurait été gardé en laisse.

Quelques secondes plus tard, « quand je suis arrivé dans la rue, [le marcheur] essayait de donner des coups de pied au chien, mais Massimo était trop loin », raconte Daniel. Au rappel, Massimo est tout de suite revenu à lui.

Il a voulu aller s’excuser et s’assurer que ça allait, mais le marcheur, un voisin du quartier qu’il n’avait jamais croisé avec Massimo, se serait enfuit en courant. Une heure plus tard, les policiers arrivaient chez eux, une plainte en mains.

Ils ont accepté la contravention d’avoir laissé leur chien sans laisse dans la rue, puisque c’était un fait. Puis ils ont accepté celle pour morsure faisant confiance à l’agente de la paix qui a soutenu à demi-mots avoir vu du sang. La facture était salée, et ils croyaient que leur histoire s’arrêterait là.

Quelques jours plus tard, ils reçoivent une lettre du service de police qui les informe considérer Massimo comme étant un chien dangereux et qu’ils devaient se présenter avec lui à une évaluation avec une vétérinaire le mois suivant.

« Un bon chien »

Danielle et Daniel ont voulu filmer l’évaluation, mais on le leur a interdit.

Il leur a pourtant été impossible de visionner l’évaluation, filmé par l’agente de police pour le compte de l’évaluatrice, Marie-Josée Neault, par la suite. La demande des Coops de l’information pour visionner l’évaluation a aussi été refusée par la Dre Neault.

« On a trouvé que notre chien avait un comportement quasi parfait pendant l’évaluation, raconte M. Lignon. Elle a fait tomber des trucs par terre violemment, elle a fermé les portes violemment, et Massimo la regardait calmement. À la fin, la vétérinaire et la détective nous ont dit que c’était un bon chien! »

Pourtant, il a été classé potentiellement dangereux, dans le rapport rédigé par la Dre Neault. Le comité d’évaluation des chiens a retenu ce constat pour prendre sa décision. Un avis d’intention a ensuite été envoyé aux propriétaires de Massimo au printemps.

La porte-parole du service de police de Granby, capitaine Caroline Garand, aussi membre du comité d'évaluation, assure que tous les documents et preuves ont été considérés dans ce dossier.

L’avocat de la Ville, Vincent Fréchette, et le conseiller municipal Robert Riel siègent aussi sur ce comité qui ne compte aucun expert canin parmi ses membres.

Un incident s'est rapidement transformé en un tourbillon angoissant pour le couple.

Rapport d'évaluation

Danielle et Daniel Lignon croient que leur évaluation pourrait avoir été mélangée avec une autre puisque l’adresse d’une autre résidence a été utilisée à quelques reprises dans les communications entre l’administration municipale et eux.

De plus, ils ne reconnaissent pas toujours le chien décrit par la Dre Neault dans le rapport. Cette dernière rapporte qu’il était à la fois calme et détendu avant d’écrire qu’il a « pleuré constamment, émettant de petits bruits tout au long de la séance », un comportement que ne reconnait pas le couple qui a assisté à l’évaluation.

De plus, on lit dans le rapport que Massimo « aurait mordu » la victime à plusieurs reprises au cou, à l’abdomen et à la tête. Cependant, aucune preuve de ses prétentions, comme des photos, n’existent. Le Dre Neault écrit plus tard qu’il n’y a pas eu de blessure, alors que les policiers qui sont intervenus en rapportent.

Le couple déplore qu'on aurait donné plus de crédibilité au plaignant, qui aurait faussement prétendu que Massimo saute sur tout le monde, qu’à eux, les propriétaires du chien.

Pour appuyer leurs propos, les Lignon avaient fourni plusieurs témoignages écrits démontrant la douceur de leur chien, comme de la toiletteuse, qui a l’habitude de gérer des chiens plus anxieux ou agressifs, ou encore le directeur de la SPA des Cantons, Carl Girard, qui a évalué et donné des cours solo et de groupe à Massimo au début de sa vie avec ses nouveaux manieurs, en 2016. Ceux-ci n’ont pas été considérés dans le rapport de l’évaluatrice.

Comme elle se trouvait à l'extérieur ainsi qu’en raison du nombre d’évaluations qu’elle fait annuellement, la Dre Neault n’a pas voulu revenir sur ce dossier.

Danielle et Daniel Lignon en compagnie de leur fidèle compagnon.

Mise en demeure

C’est après l'envoi d'une mise en demeure signée par Me Bernard Raymond que le couple a appris que la décision, qu’allait entériner la Ville de Granby pour déclarer leur chien potentiellement dangereux, avait été renversée.

La mise en demeure avançait la présence d'incohérences, d'incongruités et d'erreurs factuelles sur sept pages, dont l'absence selon l'avocat de preuves d'une agression offensive et d'un comportement anormal, contrairement à ce qui était stipulé dans le rapport.

Outre une présence à venir aux petites créances pour tenter d'éviter de payer l'évaluation, le couple se dit maintenant heureux que cette histoire soit presque derrière eux et invite les propriétaires de chiens à être vigilants s'il se retrouvent dans une situation similaire.

Le comité d’évaluation des chiens à Granby s’est penché sur une dizaine de cas depuis sa création, il y a environ un an.