Son œuvre nomade qui s’intitule Le chevalier errant – l’homme sans ici traverse de nombreux territoires et vise à amener l’art visuel dans la rue. Son exposition itinérante, dont le tracé s’étale sur la voie de la Nouvelle-France, se déroule sur une période de neuf jours et est parsemée d’arrêts dans certains des plus beaux lieux situés le long de cette route patrimoniale.
L’idée derrière sa démarche artistique, c’est de voir comment il peut faire une pièce avec une aussi grande distance, une multitude de paysages, différentes villes, tout en jouant avec la météorologie, a-t-il expliqué en entrevue au Nouvelliste à son arrivée à l’Atelier Silex, où il était attendu par une vingtaine de personnes.
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«Du coup, c’est de se poser aussi la question, moi, à mon échelle d’humain ce que je peux faire avec tout ça. Comment peut-on rendre visible une œuvre au milieu d’un territoire aussi vaste. Je trouvais donc que le chevalier errant, c’était une belle image», souligne l’artiste français.
«On m’a raconté aussi cette histoire du Chemin du Roy, la première route. Je trouvais ça très intéressant, la route comme objet technologique de vision, de regard, d’imagination du territoire et de la réemprunter d’une manière un peu approximative sur le temps, comme si un chevalier se retrouvait projeter aujourd’hui au 21e siècle et se retrouvait à refaire ce chemin», ajoute Abraham Poincheval.
«Ce qui est fort aussi, ce sont toutes ces micro rencontres qui se font. Ce que je trouve assez amusant, c’est que c’est sur le bord d’une route, donc il y a beaucoup de véhicules. D’une certaine manière, les véhicules ce sont aussi des armures du 21e siècle.
«C’est donc une chose comme ça qui se recoupe. Peut-être après il faudrait que je réfléchisse en lisant quelques auteurs sur la question du motard, est-ce que c’est la suite du chevalier? Il y a tout un univers comme ça qui se déploie petit à petit», a-t-il confié.
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Son voyage pédestre est également une épreuve sur le plan physique et une façon de repousser les limites de son corps, alors que l’armure en acier qu’il porte pèse environ 36 kilos, soit près de 80 livres. «Je parlerais d’une sorte de ronde des douleurs», a-t-il illustré pour décrire son état après une cinquième journée de marche.
Il admet toutefois que le bruit que fait son armure en marchant l’aide à poursuivre son chemin. «Ça crée cette espèce d’état second, d’être toujours en perpétuel mouvement. Il y a aussi le bruit de l’armure qui fait un son spécial, comme s’il y avait une espèce de tambour qui vous guidait et qui vous amène à toujours vous mouvoir», a-t-il raconté.
Une performance qui ne passe pas inaperçue
Parti de la Fonderie Darling, à Montréal, le 17 juin, il doit marcher pas moins de 280 kilomètres sur la route 138 pour se rendre au centre en art actuel Le Lieu, à Québec, le 26 juin, pour le vernissage d’une exposition relatant son voyage qui sera présentée sous forme de dessins, de vidéos et de fragments de textes.
Après Repentigny, Lanoraie et Saint-Barthélemy, le «chevalier errant» est arrivé au Vignoble et Domaine Beauchemin de Yamachiche, lundi, puis à l’Atelier Silex de Trois-Rivières, mardi.
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Il repart mercredi, vers 8h30, pour se rendre à Batiscan, où il s’arrêtera au Restaurant Le P’Tit Relais. Il doit aussi s’arrêter à la Halte de la Barre-à-Boulard de Portneuf, au Parc des Berges de Donnacona et au Camping Le 209 de Saint-Augustin-de-Desmaures, avant d’arriver à Québec.
Tout au long de sa marche, les gens peuvent se joindre à lui pour l’accompagner et s’immiscer dans ce «tableau vivant».
Sa démarche n’a pas fait l’unanimité au début de son périple, alors que l’artiste a été interpellé par les policiers à la suite de l’appel d’une dame craignant qu’il soit armé, ce qui n’est évidemment pas le cas.
«C’est sûr qu’on a toujours le spectre du samouraï de Québec», rappelle Geneviève Roy, la directrice du centre en art actuel Le Lieu, dont l’équipe s’occupe de la logistique entourant la performance de l’artiste.
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Depuis la médiatisation de son histoire, il suscite toutefois beaucoup d’intérêt sur son chemin. «Il y a quelqu’un qui s’est mis en chevalier pour l’attendre et il y a des enfants qui l’attendent, ajoute Geneviève Roy. Le caractère ludique et grand public de sa performance permet une proximité, un accueil et une compréhension plus simple de cette forme d’art là.»
L’artiste n’en est d’ailleurs pas à ses premières performances loufoques. Qu’on pense par exemple à Ours, en 2014, au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris, où il a vécu dans la peau d’un ours durant treize jours. Il a également réalisé la performance Pierre et Œuf, en 2017, au Palais de Tokyo à Paris, où il a passé une semaine à l’intérieur d’une pierre inerte en plus de couver dix œufs durant trois semaines jusqu’à leur éclosion.
«C’est à caractère ludique. Il y a l’idée de l’épreuve, du défi, de la limite du corps. Jusqu’où il peut rester enfermé. Il y a aussi tout un travail physique et mental. C’est surtout pour marquer l’imaginaire, sortir du quotidien. La performance est souvent un rituel, une critique, ou juste un défi personnel», explique Mme Roy.
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