À la caméra, on a vu Jean-Christophe Beaudin blêmir, complètement déstabilisé, le doigt n'arrêtant pas de saigner.
Puis, on l'a vu se ressaisir. «C'est pas une mandoline qui va avoir raison de moi!» a-t-il lancé.
La &#@$*% de mandoline a effectivement perdu puisque Jean-Christophe est sorti grand gagnant d'une 11e saison hautement relevée sur ICI Télé. Les juges ont raffolé de son crudo de pétoncles, de son raviolo au jeune d'œuf coulant, de son canard avec déclinaison de pommes et d'oignons et de sa tartelette diplomate à l'érable, avec coulis d'argousier et noisettes sablées. À l'écran, tout avait l'air absolument délicieux.
Une semaine après être arrivé premier à la demi-finale, le grand vainqueur a excellé durant toute la finale (ou presque!), au point d'arracher un «malade!» à Jean-Luc Boulay, en extase devant ses entrées.
Force tranquille de cette saison, Jean-Christophe était peut-être le moins flamboyant, il n'en était pas moins redoutable. Il croit que son calme et sa gestion du stress ont été ses atouts, même s'il a eu peur de tout perdre le dernier soir à cause de la fameuse mandoline.
«Je me sentais en contrôle avant de me couper. Puis, j'ai paniqué et j'ai eu peur de ne pas y arriver. J'ai pris deux minutes pour réfléchir, je me suis rappelé que plein de monde me soutenait et m'avait aidé à me rendre jusque là», m'a confié au téléphone le grand gagnant, fier de sa victoire.
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«Ce que vous avez vu à la télévision, c'est 100% moi», confirme celui qui a remporté deux défis et a survécu à deux duels, non sans perdre des collègues qu'il estimait beaucoup, Brian et Andersen.
Au grand plaisir de la coach et mentore Colombe St-Pierre, le quatuor de finalistes a mis en évidence les produits du terroir québécois. Chacun disposait de cinq heures pour cuisiner un menu gastronomique trois services.
Amine, Anthony, Elliot et Jean-Christophe avaient carte blanche, sauf pour une deuxième entrée commune, des pâtes farcies, qui leur a été imposée à la dernière minute en guise de twist ultime. Devant quatre styles totalement différents, Jean-Luc Boulay affirmait en début d'émission n'avoir aucune idée de qui allait l'emporter.
Alors que plusieurs donnaient la victoire à Amine Laabi, celui-ci a hélas dû déclarer forfait, premier éliminé après les deux entrées. «C'est une mauvaise journée pour Amine», a reconnu Normand Laprise, en le voyant tenter de réchapper ses pâtes fraîches à l'encre de seiche... trop sèches justement.
Pasquale Vari faisait remarquer qu'Amine n'était «pas dans son élément» lundi soir, dérogeant de la cuisine méditerranéenne, qu'il maîtrise à la perfection, pour adopter la cuisine boréale.
Éminemment sympathique et charismatique, ce garçon n'a jamais péché par excès de confiance, nous éblouissant semaine après semaine. Le public ne l'oubliera pas.
Pour sa part, Elliot Beaudoin, chef du Légende dans le Vieux-Québec, peut se vanter d'avoir fini deuxième aux Chefs! «Ça s'est joué sur des détails», a admis la juge Isabelle Deschamps Plante, ajoutant que le dessert de Jean-Christophe était meilleur que celui d'Elliot, qui manquait de raffinement et d'harmonie.
Colombe St-Pierre l'avait souligné: «Pas de pardon au niveau de l'exactitude des cuissons ce soir». C'est ce qui a écarté Anthony Vien d'une victoire, lui qui a présenté un pigeon à peine cuit.
Sa poire en or est probablement le plus magnifique dessert présenté aux Chefs! «On se croirait à la cour de Louis XIV!» s'est exclamée Colombe St-Pierre. Hélas, sa mousse bavaroise aux agrumes était encore congelée lorsqu'il l'a servie aux juges.
«C'est tellement beau et tellement décevant», n'a pu s'empêcher de dire Jean-Luc Boulay. Sous-chef à La Tanière, Anthony Vien termine néanmoins troisième de la compétition.
Avant de sabrer le champagne, la juge Isabelle Deschamps Plante, qui s'est elle-même rendue en finale à deux reprises, a vanté la constance et la technique de Jean-Christophe.
Le gagnant a pu célébrer avec famille, amis et collègues dans une brasserie du Plateau en regardant la finale lundi soir. Une occasion de souligner aussi son 30e anniversaire, gâché par la pandémie. «Ça a été difficile parce que j'ai eu 30 ans trois jours après être entré en confinement», explique Jean-Christophe, qui a «célébré» son anniversaire en solo dans sa chambre d'hôtel.
Il croit d'ailleurs que le confinement auquel les candidats ont dû se soumettre juste avant le tournage a joué pour beaucoup dans l'esprit d'entraide qui régnait au sein de la brigade.
Le vainqueur, qui n'a pas manqué un épisode des Chefs! cette saison, a adoré le renouveau qui régnait dans l'émission.
Dans cette finale tournée il y a déjà trois mois, on a remis 90 000$ en bourses. Le vainqueur a remporté une bourse de 50 000$ et 10 000$ en équipement de cuisine.
En homme réfléchi qu'il est, Jean-Christophe n'a pas encore décidé de ce qu'il fera de cette généreuse bourse. Peut-être un resto, une boutique, rien ne presse.
«Je veux attendre la bonne opportunité. Je suis très heureux au Foxy [à Montréal, où il est sous-chef], j'ai des patrons extraordinaires et une équipe formidable qu'on est en train de construire. J'ai eu tendance à changer souvent de resto par le passé, mais j'ai l'impression d'être à ma place là où je suis.»
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