La santé du lac Brome s’améliore, mais demeure fragile

Le lac Brome.

«La santé du lac Brome s’améliore, mais il faut continuer de faire attention», a mis en garde la présidente du CA de Renaissance Lac Brome (RLB) à l’occasion du bilan des activités de l’organisme pour l’année 2022.


«Dans les années 50 et 60, il y a eu une colonisation du lac, donc il y avait des fermes directement au bord du lac et des habitations et, à ce moment, il n’y avait pas l’éducation et la sensibilisation qu’on a maintenant», a expliqué la biologiste et gestionnaire de projet pour RLB, Anaïs Renaud, expliquant que le lac a donc été pollué pendant de nombreuses années.

L’implication de comités de citoyens a permis d’améliorer la qualité de l’eau depuis, mais le réchauffement climatique et ses phénomènes climatiques extrêmes menacent la santé de l’eau pour le futur, a-t-elle poursuivi.

Lorsqu’il y a beaucoup de pluie, la qualité de l’eau diminue, parce que les sédiments et polluants du bassin versant sont déversés dans le lac.

En cas de période chaude et sèche, l’eau du lac est aussi plus propice à la formation de cyanobactéries.

Les actions posées pour préserver la qualité de l’eau du lac Brome permettent donc de prévenir ou d’atténuer les conséquences de ces extrêmes.

Le maire de Lac-Brome, Richard Burcombe, a souligné l’importance du lac pour la municipalité ainsi que les efforts des bénévoles et employés de RLB pour protéger leur «bijou» et «priorité numéro un».

«Sans le lac, on est quoi?», a-t-il confié en entrevue en marge de l’événement qui se tenait au théâtre Lac-Brome jeudi soir, en remerciant RLB pour son dévouement et assurant la poursuite de la collaboration avec l’organisme.

Le maire de Lac-Brome, Richard Burcombe.

Données

La moyenne annuelle de transparence de l’eau mesurée en 2021, à la suite des 11 sorties, a été de trois mètres, ce qui semblable à la moyenne des 10 dernières années (2,9 m), mais moins bonne que l’année précédente (3,9 m).

Le premier test de clarté de 2022 était à six mètres, une donnée «exceptionnelle» selon Hélène Drouin.

Au cours des huit sorties pour le suivi de la qualité de l’eau des affluents (SQE), RLB a constaté une hausse des concentrations moyennes en phosphore, azote et matières en suspension par rapport aux moyennes 2008-2021 et par rapport à 2020.

Le ruisseau Cold semble être le plus petit contributeur en nutriments et sédiments en 2021, alors que les autres ruisseaux arrivent dans l’ordre suivant : Quilliams, Pearson, Argyll, Inverness et McLaughlin (de la meilleure à la pire qualité de l’eau).

La moyenne annuelle de transparence de l’eau mesurée en 2021, à la suite des 11 sorties, a été de trois mètres, ce qui semblable à la moyenne des 10 dernières années (2,9 m), mais moins bonne que l’année précédente (3,9 m).

Zone exclusive de navigation pour les bateaux de Wake

RLB a profité de son bilan annuel pour partager une proposition qui est présentement à l’étude : la création d’une zone exclusive de navigation pour les bateaux qui génèrent de grosses vagues permettant de faire du wakeboard et du wakesurf.

La partie navigable par les bateaux à vagues surdimensionnées proposée par RLB, hachurée sur la carte, serait concentrée dans la partie nord-ouest.

Des études ont démontré que lorsque ces engins sont utilisés à moins de 300 mètres des berges et lorsque la profondeur est de moins de sept mètres, les vagues endommagent les côtes et aggravent l’érosion en plus de soulever les sédiments qui reposent dans le fond du lac, explique la biologiste de RLB, Anaïs Renaud.

Carte de la zone proposée pour le Wake surf sur le lac Brome par RLB.

Dans le cas du lac Brome, ce sont principalement des sédiments de phosphore qui nourrissent les cyanobactéries et les espèces exotiques envahissantes (EEE).

Du côté de la Ville, on assure que les discussions suivent toujours leur cours et qu’aucune décision ne sera rendue pour l’été à venir, mais au courant de l’automne ou de l’hiver.

«On va entendre les arguments de tous les côtés», indique Richard Burcombe. Un comité citoyen impliquant les différents usagers et acteurs de l’eau a été mis sur pied pour entendre les doléances de tous dans ce dossier.

«C’est certain qu’on s’attend à un peu de réticence de certains usagers, mais c’est pour cela qu’on veut travailler tout le monde ensemble», a affirmé la présidente du CA de RLB, Hélène Drouin.

Succès «mitigé» du programme des bandes riveraines

La Ville de Lac-Brome et RLB reconnaissent que le programme de revitalisation des bandes riveraines qui s’échelonnait de 2015 à 2020 a connu un succès «mitigé».

Hélène Drouin, présidente du conseil d’administration de Renaissance Lac Brome.

Malgré l’obligation provinciale de maintenir une bande végétalisée de 15 mètres en bordure du plan d’eau, de nombreux propriétaires décident d’ignorer la loi.

«Les gens ont des comportements urbains. Ils aiment avoir du beau gazon et trouvent que planter de la végétation sur les berges leur coupe la vue. Je pense que c’est une question d’éducation sur le rôle d’une bande riveraine», a affirmé la présidente du CA de RLB.

Les bandes riveraines sont essentielles pour la santé du lac, puisqu’elles permettent de retenir les sédiments pour éviter qu’ils n’atteignent l’eau et réduisent l’érosion.

Le maire a assuré que le dossier est toujours suivi de près et qu’une compagnie externe sera engagée pour accompagner la Ville dans l’élaboration de son prochain plan stratégique sur le dossier.

Espèces aquatiques envahissantes, entre gestion et…cuisson 

L’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes (EEE) continuent d’inquiéter.

Mauvaise nouvelle, selon une étude réalisée à l’été 2018, l’écrevisse à taches rouges est maintenant présente dans tout le lac et jusqu’à 5,5 kilomètres en amont dans certains cours d’eau qui se jettent dans le lac.

Le problème avec cette espèce d’écrevisse est qu’elle accapare le territoire des autres espèces pour ne devenir que la seule présente.

Anaïs Renaud, gestionnaire de projet et biologiste permanente chez RLB.

Cette espèce a un impact sur la chaîne alimentaire précise Anaïs Renaud, constatant que leur éradication serait très difficile. Ses principaux prédateurs sont les perchaudes et les ratons laveurs.

Elles auraient été amenées dans le lac par des pêcheurs qui s’en servent comme appât, indique la biologiste.

Le dossier est à suivre, puisque le ministère de la Faune doit présenter un plan d’intervention qui se fait toujours attendre.

Comme il est interdit de transporter cette espèce vivante, RLB a produit des capsules pour expliquer comment les capturer, les tuer...et en faire de bons repas. Ces vidéos seront publiées au cours de l’été.

Par ailleurs, la station de lavage est en service depuis 2020 et représente toujours l’un des meilleurs outils face à cette problématique.

Elle est en fonction de mai à octobre sur le terrain en face du camping des Érables et a permis de nettoyer 823 embarcations durant cette période en 2021.

Elle permet notamment de s’assurer que la moule zébrée, qui accable le lac Memphrémagog ne se retrouve pas en grande quantité dans le lac Brome.

C’est aussi une méthode efficace pour que le myriophylle à épis, qu’on retrouve dans certains secteurs du lac, ne se propage pas davantage dans le plan d’eau et chez celui ses voisins.

Un plan de suivi et de contrôle du myriophylle à épis a été élaboré en consultation avec un groupe de plaisanciers et des représentants de la ville.

RLB a entrepris un suivi sur cinq ans de quatre herbiers du lac Brome pour comprendre l’évolution de l’espèce dans le lac. L’étude a permis de constater la présence du myriophylle dans les ruisseaux Cold et Argyll, indique l’organisme.

Gestion des étangs et des ruisseaux

Une étude réalisée en 2016 a identifié plus de 400 étangs dans le bassin versant, dont plusieurs qui semblaient en mauvaise santé et qui peuvent avoir des conséquences sur la santé du lac.

Un programme d’accompagnement des propriétaires a été mis en place et les spécialistes de RLB se sont déplacés pour soutenir les demandeurs.

Les gens qui s’inquiètent de la qualité de leur étang peuvent contacter l’organisme pour avoir des conseils et un suivi.

Par ailleurs, une corvée de nettoyage dans le ruisseau Cold a permis de retirer plus de 20 pneus, des objets métalliques qui évoquaient le passé historique de ce ruisseau et beaucoup de sacs de plastique.

Des travaux de revitalisation du ruisseau Quilliams ont été réalisés à la suite d’une caractérisation du cours d’eau sur une vingtaine de kilomètres.

RLB fera peau neuve

Renaissance Lac Brome subira également une cure de rajeunissement dans la prochaine année.

Un nouveau nom et une nouvelle image seront développés pour mieux correspondre à la mission actuelle de l’organisme qui a célébré son 20e anniversaire en 2021.

«Renaissance c’est très large», évoque Hélène Drouin en racontant que des citoyens se sont déjà présentés à la station de lavage des embarcations avec des sacs de dons de vêtements.

Certaines idées sont déjà dans les cartons, mais vous pouvez faire vos suggestions en communiquant avec l’organisme.