Une aide financière pour aménager un jardin de pluie

Enracinés depuis quelques années à Waterloo, les jardins de pluie sont appelés à se multiplier à Granby. Les élus ont donné le feu vert à la mise en place d’un programme de subventions pour favoriser ces aménagements horticoles, qualifiés également de «jardins intelligents».

Enracinés depuis quelques années à Waterloo, les jardins de pluie sont appelés à se multiplier à Granby. Les élus ont donné le feu vert à la mise en place d’un programme de subventions pour favoriser ces aménagements horticoles, qualifiés également de «jardins intelligents».


Encore méconnus, les jardins de pluie ont l’allure d’une plate-bande classique, mais ils sont aménagés de façon à recueillir les eaux pluviales qui s’écoulent des bâtiments et des surfaces imperméables, comme le toit d’une maison, une allée ou un patio. Ces jardins, dont l’emplacement n’est pas choisi au hasard, nécessitent des végétaux adaptés à ce type de milieu.

Les Granbyens qui optent pour ce type d’aménagement pourront désormais profiter d’une remise de 65% du coût des travaux et de l’achat des végétaux, jusqu’à un montant maximal de 1000 $ par immeuble résidentiel, a-t-il été annoncé lors de la récente séance du conseil municipal.



La Ville de Granby a prévu 20 000 $ par année pour ce nouveau programme de subvention pour les années 2022, 2023 et 2024. Une somme de 10 000 $ sera également octroyée à l’OBV Yamaska pour le travail du technicien qui validera les demandes des citoyens. Cette approbation sera d’ailleurs conditionnelle à l’octroi de la remise financière. Parmi les autres conditions à respecter: le dépôt d’un plan d’aménagement. Également, un seuil de 50% de végétaux indigènes sera exigé.

Sensibilisation

La mairesse de Granby, Julie Bourdon, affirme que les jardins de pluie ont l’avantage de «sensibiliser les citoyens» à la gestion des eaux pluviales.

Dans les faits, l’aménagement de ces jardins prévoit une légère dépression (profondeur maximale de 30 cm) pour retenir l’eau de pluie et éviter que les polluants présents dans les eaux de ruissellement terminent leur course dans le réseau municipal d’égout pluvial, précise la Ville par voie de communiqué.



La mairesse de Granby, Julie Bourdon, affirme que les jardins de pluie ont l’avantage de «sensibiliser les citoyens» à la gestion des eaux pluviales.

«L’aménagement d’un jardin de pluie a un impact direct sur la qualité de nos cours d’eau, affirme pour sa part la conseillère municipale responsable du développement durable, Catherine Baudin. Il s’agit également d’une action concrète pour recharger la nappe d’eau souterraine et créer de nouveaux aménagements pour accueillir les pollinisateurs.»

Une vingtaine de résidences granbyennes par année devraient pouvoir bénéficier du programme de subvention. Ce dernier s’ajoute aux autres programmes similaires gérés par la division environnement de la Ville. Une aide financière est offerte entre autres à l’achat d’un baril récupérateur d’eau de pluie, pour le remplacement d’une toilette à débit régulier par une toilette à faible débit ou encore à l’achat d’une tondeuse écologique et de lames déchiqueteuses.

Granby, Cowansville et le Canton de Shefford sont les nouveaux partenaires de cette opération à forte connotation environnementale. Il faut ajouter à ce trio la Maison des jeunes L’Exit, implantée à Waterloo, dont la philosophie écologique s’avère en adéquation avec ce genre d’initiative. L’établissement dirigé par Martin Couture sera d’ailleurs chargé de fournir des plantes indigènes aux amateurs de jardins de pluie.

Grossir les rangs

L’expansion du projet était au cœur du point presse tenu jeudi après-midi dans les locaux de L’Exit, en présence notamment des maires ou mairesses concernés, ou d’un de leur représentant pour les élu(e)s qui n’avaient pas pu se déplacer. Avant de laisser la parole aux intéressés (lire plus bas), Michel Laliberté a ouvert la porte à d’autres renforts dans le futur. «Des discussions sont en cours avec Farnham, Lac-Brome et Bromont», a précisé en aparté le responsable des communications au sein d’OBV Yamaska.

Au cours de leur intervention, Martin Couture et Dominique Brault ont rappelé l’ADN de la Maison des jeunes L’Exit à Waterloo, qui défend les bonnes pratiques environnementales depuis ses débuts, il y a près de 40 ans. «On veut créer une vitrine ici, avec notre propre jardin», ont promis le directeur et la coordonnatrice.

À l’instar de Waterloo, Granby, Cowansville et Shefford auront recours à des programmes de subvention pour encourager et aider leurs administrés à aménager sur leur terrain ces parcelles végétales, sachant que les aides versées ne couvriront qu’une partie des frais engagés.

À titre d’exemple, la Ville de Waterloo remboursera cette année 50% de la valeur des travaux, jusqu’à concurrence de 750$. Depuis 2020, une quinzaine de jardins intelligents ont vu le jour dans la cité gérée par Jean-Marie Lachapelle.



Rappelons que l’initiative d’Action Lac Waterloo a été lancée à l’origine pour protéger la qualité des eaux dudit lac. Aux dires de Sabine Vanderlinden, elle a porté ses fruits. «Il a été établi que plus de 50% de l’apport en phosphore provient des zones résidentielles. Les jardins intelligents permettent de capter ce phosphore en infiltrant et en filtrant une grande partie de l’eau de pluie là où elle tombe», indique la gestionnaire de projets à l’OBV Yamaska.

Bianca Duceppe, représentante d’Action Lac Waterloo, s’est réjouie de voir le concept des jardins intelligents se répandre dans d’autres municipalités. Elle s’est notamment adressée aux nouvelles générations pour pérenniser ce modèle et en faire la promotion.

Pour Bianca Duceppe, responsable du projet, le jeu en vaut la chandelle. «Ces infrastructures vertes se créent à faible coût et ses impacts sont immenses.»

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ILS ONT DIT...

Sylvie Beauregard, mairesse de Cowansville: «Nous devons adapter nos infrastructures à la réalité des changements climatiques. Ce projet de développement durable permettra de réduire la surcharge de notre réseau d’égouts et de prévenir la détérioration de nos plans d’eau. Nous travaillons présentement à l’élaboration d’un jardin vitrine qui sera aménagé devant l’hôtel de ville. Nous espérons que cela pourra inspirer les citoyens.»

On parle d’un projet collectif qui va continuer d’essaimer sur le territoire. C’est motivant de savoir qu’on est capable de se regrouper et de mettre en commun nos efforts pour aller dans une même direction.


Johanne Boisvert, conseillère municipale à Shefford: «On a constaté une hausse des demandes de permis pour des puits sur le territoire de notre municipalité, pour procéder à de l’hydrofracturation. Ça pose des questions sur la nappe phréatique, il faut être attentif à ça. L’OBV Yamaska nous a interpellés par rapport aux jardins de pluie, qui peuvent être une solution fort intéressante. Cet organisme animera une séance d’information le 20 avril à notre mairie, à 19h.»

L’architecte paysagiste Sabine Vanderlinden a profité de son allocution pour évoquer la Fête des plantes, qui aura lieu le 18 juin à la Maison des jeunes L’Exit à Waterloo. L’occasion de repartir avec une espèce indigène.

Bianca Duceppe, secrétaire d’Action Lac Waterloo: «On ne pouvait pas imaginer meilleur scénario que celui qu’on est en train de vivre avec le rayonnement au niveau des municipalités avoisinantes. Quand on se lance dans un projet de cette envergure, ça prend trois ingrédients: de la connaissance, de l’engagement et de la pérennité. Cette pérennité passera par l’implication des citoyens, qui peuvent aussi devenir des ambassadeurs.»

Ce projet est à l’image du travail que nous menons auprès de notre communauté. La protection et le respect de l’environnement sont des valeurs importantes pour notre organisme. Nous espérons de tout cœur que notre jardin en inspirera d’autres



Jean-Marie Lachapelle, maire de Waterloo: «On veut que ça devienne pérenne. On va continuer d’investir dans ces jardins intelligents. Notre réglementation doit être faite en conséquence pour les promouvoir. De notre côté, on suggère aux promoteurs immobiliers de faire ce type de jardins.»

Sabine Vanderlinden, gestionnaire de projets à l’OBV Yamaska: «Ce projet permet au citoyen de faire sa part dans la gestion du ruissellement des eaux de pluie, qui ont un impact sur la qualité des cours d’eau et des lacs. La gestion durable des eaux pluviales propose de nouvelles approches et des techniques qui vont diminuer les conséquences hydrologiques de l’urbanisation et du réchauffement climatique.»

Les citoyens en quête d’informations pour concevoir un jardin intelligent peuvent se rendre sur le site conçu par Action Lac Waterloo. Ils peuvent aussi écrire à l’OBV Yamaska qui leur fournira gratuitement un ou une technicienne de son équipe pour les conseiller dans cet aménagement.