L’album-thérapie de Claudia Bouvette

«C’était une façon d’écrire ce que je ressentais et de le sortir dans le monde. Ça bouclait la boucle, comme une thérapie», affirme Claudia Bouvette au sujet de son nouvel album <em>The Paradise Club</em>.

Lorsqu’il est question de son nouvel album, Claudia Bouvette est d’une candeur désarmante. The Paradise Club reflète ce qu’elle a traversé ces dernières années, alors que sa vie n’était pas toujours rose bonbon. Elle va même jusqu’à lui accoler le mot thérapie.


«En trois ans, je suis passé par plusieurs étapes de débarques et de guérisons, du sentiment de chute libre à celui de perdre émotivement le contrôle sur ma vie, de toucher le fond, jusqu’à avoir la force et l’envie d’aller mieux et de faire la paix avec plein de choses», dit-elle.

En puisant dans ses expériences, en écrivant une chanson à la fois, Claudia a tranquillement créé The Paradise Club. Sans trop forcer et de façon organique, elle les a mises bout à bout, jusqu’à se sentir assez confiante pour entrer en studio.



«Cet album, c’est plusieurs années de visualisation et de désirs, mais techniquement parlant, j’y travaille depuis deux ans et demi, trois ans. Chaque chose arrive en son temps. La pandémie nous a obligés à ralentir. Moi, ça m’a donné la chance de faire l’album dont j’avais envie. J’ai aussi eu le temps de perfectionner mes compétences et d’explorer plus profondément ma musique», explique l’auteure-compositrice-interprète originaire de Bromont.

Comme bien des artistes, Claudia Bouvette rechigne un peu à mettre une étiquette sur sa musique. Sur son site, son style est dépeint comme «électro-pop, parfois trap, parfois funk rock». Pour cet album, elle préfère parler de «dream pop alternative».

«Je trouve que ça représente bien ce que je fais. Il y a une recherche dans l’univers sonore qui est plus alternative. C’est différent de la pure pop», assure-t-elle.

«Je suis quelqu’un d’hyper nostalgique en général et ça se ressent dans les paroles, mais aussi dans les sons. Dans la nostalgie, il y a quelque chose qui me rend triste et qui m’excite en même temps. Je suis quelqu’un qui a beaucoup de difficulté à dire bye aux gens.»



Hautement personnel

Nul besoin d’un dessin, donc, pour comprendre que ce premier long-jeu est hautement personnel. Il y est notamment question de relations toxiques, de jeu de pouvoir, de perte d’estime de soi et de reconstruction. «C’était une façon d’écrire ce que je ressentais et de le sortir dans le monde. Ça bouclait la boucle, comme une thérapie.»

Les 14 pièces — dont la plupart sont en anglais, car les mots lui viennent plus naturellement dans cette langue — racontent à leur façon des pans de son histoire. Elle y va même d’un mignon interlude où la voix de sa mamie Lise se fait entendre.

«J’étais chez elle à Montmagny et elle me parlait de la beauté des fleurs sauvages. Je trouvais son regard sur la nature si doux et si émerveillé que j’ai voulu engraver ce souvenir à tout jamais sur mon album», glisse-t-elle.

À l’écoute, plusieurs reconnaîtront par ailleurs les extraits BBZ, Miss Blumenfeld, Douchebag et G-Girl, sortis au cours des derniers mois.

La chanteuse est à l’aise dans son corps et joue la carte de la séduction avec assurance, en photo ou sur vidéo.

Seconde proposition

Claudia Bouvette est visiblement fière du chemin parcouru et de la qualité de cette nouvelle proposition musicale. On se rappelle qu’en 2019, après avoir bifurqué vers la télévision, elle avait fait paraître un premier EP intitulé Cool It. Le signal était fort : la musique demeurait sa passion première.



Ce retour aux sources, elle le doit principalement à son ami Connor Seidel avec qui elle a aussi coécrit et coréalisé The Paradise Club.

Ce titre, explique la jeune femme, provient du surnom de l’appartement qu’elle habite depuis plusieurs années à Montréal. Au fil du temps, tel un cocon, le logement a hébergé ses amis et ses proches.

«En emménageant au début, moi et deux amis étions tous célibataires, tous en quête de liberté. C’était un lieu pour être bien, un vrai Paradise Club!»

The Paradise Club paraîtra sur toutes les plateformes numériques à partir du 20 mai. Un premier spectacle sera présenté le 2 juin prochain à l’Astral de Montréal.

L’importance de l’image

À 26 ans, Claudia Bouvette accorde une attention particulière à son image. Elle est à l’aise dans son corps et joue la carte de la séduction avec assurance, en photo ou sur vidéo.

«Je trouve que l’identité visuelle est presque aussi importante que la musique. Bien sûr que la musique est la raison numéro un pour acheter un album, mais il y a aussi tout un univers autour de l’artiste. C’est un tout. J’apporte beaucoup de souci et de détails à ce niveau-là», laisse entendre la jeune femme.

Elle-même, en tant que fan de musique, aime suivre ses artistes préférés et «goûter» à leur univers à travers ses yeux autant que ses oreilles.

Claudia confie néanmoins que c’est la première fois qu’elle met en valeur son côté «sexy naturel» qu’on lui connaît moins au quotidien.



«Depuis le secondaire, j’avais un certain malaise avec ma féminité. J’avais le sentiment de me faire moins valoir quand j’affichais mon côté «girly», alors je m’habillais en garçon manqué. Mais là, j’ai envie de reconnecter avec ma féminité et de l’assumer.»

Elle admire ceux qui osent afficher leur corps et milite pour l’inclusion. «C’est important d’être bien dans sa peau et c’est ma manière de le démontrer.»

L’aventure Big Brother

Les derniers mois ont été chargés pour Claudia Bouvette. En début d’année, la chanteuse a notamment participé à l’émission Big Brother Célébrités, où elle a reçu le coup de cœur du public. Elle sait bien qu’une telle visibilité pourrait propulser sa carrière en chanson.

«C’est sûr qu’il y a un bassin de gens qui ne me connaissaient pas et qui pourraient maintenant être intrigués par ma musique», dit-elle, en avouant que le «timing» était bon.

La jeune femme assure pourtant que le concept ne l’attirait aucunement. «Au début, je ne voulais pas le faire. L’idée de me faire filmer 24/7 et de m’exposer, c’était fou raide. Mais j’ai changé ma perspective, en me disant que si c’était aussi terrifiant pour moi, j’allais assurément en sortir grandie. C’est une expérience qu’on ne vit pas deux fois.»

Le fait d’être déconnectée de tout durant une période indéterminée pour se connecter à des inconnus avait pour elle quelque chose d’inédit et d’attirant. «Je ne regrette pas du tout de l’avoir fait!»