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Maman solo, l’aventure d’une vie (2)

Nouvellement maman (solo) d’un deuxième enfant, Mylène Paquette pense à en avoir un troisième.

CHRONIQUE / L’été dernier, à 42 ans, l’aventurière Mylène Paquette annonçait qu’elle allait devenir maman solo. Elle a depuis donné naissance à sa petite Léontine. À l’occasion de la fête des Mères, j’ai eu envie de prendre de ses nouvelles et de jaser de soloparentalité… une grande aventure en soi.


Quatre mois après avoir accouché de sa fille (après avoir eu 43 ans), Mylène va bien, très bien, et sa smala aussi. Si bien qu’elle songe encore à en avoir un troisième. Pour rappel, celle que l’on a connue pour avoir traversé l’Atlantique à la rame, en 2013, avait déjà eu un petit garçon avec son ex-conjoint.

Mylène Paquette a donné naissance à sa petite Léontine en janvier.

La soloparentalité est de moins en moins taboue, estime-t-elle en disant avoir constaté l’évolution depuis les premières démarches qu’elle a menées. 

«Quand j’ai commencé en 2016, le médecin m’avait même dit : ben voyons donc! Vous allez trouver quelqu’un! Vous êtes tellement mignonne. Un médecin en clinique de fertilité… Comme si mon projet n’avait pas de sens parce que j’étais une fille toute seule. Je ne suis pas retournée à cette clinique. […] J’ai vu la différence entre 2017 et 2021… Il faut de moins en moins que j’explique.»

N’empêche : Mylène Paquette croit que l’on devrait davantage parler de ce sujet du côté des hommes. Elle a participé à une émission, récemment, aux côtés de Joël Legendre. 

«Je trouvais ça intéressant qu’un homme parle de soloparentalité. Il y a sûrement des hommes qui veulent être papa seul parce qu’ils n’ont pas rencontré personne. Je leur souhaite de briser des tabous, eux aussi, parce qu’ils en parlent moins que les femmes. Il doit y en avoir autant qui brûlent d’envie, mais malheureusement ils n’ont pas la machinerie pour le faire seuls.» 

«Le désir d’être parent, ça peut frapper autant un homme qu’une femme… Je connais plein de gars qui me disent : je n’ai pas eu d’enfants, je n’ai pas rencontré la bonne personne… Ça s’adresse autant comme projet aux femmes qu’aux hommes, c’est juste plus compliqué pour eux.» 



L’été dernier, à 42 ans, l’aventurière Mylène Paquette annonçait qu’elle allait devenir maman solo.

Lors de notre entretien en juillet, elle me racontait à quel point son aîné avait été un bébé facile. 

Éternelle optimiste, elle espérait que sa petite dernière le soit tout autant. Elle a été exaucée. «J’ai un bébé encore plus facile que mon fils. Elle a dormi dès la première nuit.» 

Les premières fois où elle s’est retrouvée seule avec ses deux enfants ont été plus difficiles. «Récemment, mon fils m’a dit : “On veut plein de bébés!”» Les seuls moments où elle peut avoir un petit doute pour un troisième, c’est lorsque sa progéniture pleure en même temps. Et encore… Elle pourrait peut-être même profiter d’une saison de canot à glace d’ici là, glisse-t-elle lorsqu’on jase de plein air. 

Naviguer entre la maternité et le travail autonome n’est pas toujours simple, me raconte celle qui a son entreprise et qui prononce des conférences dans différentes organisations.

«Je pars de mon expérience de traversée et je vise des thèmes comme l’attitude, l’anxiété, la charge mentale, les détours de la vie…» 

L’autrice a la chance d’être bien entourée. Même si pendant sa grossesse elle faisait déjà savoir qu’elle ne voulait pas imposer sa maternité à sa famille et qu’elle comptait faire appel à des nounous, sa mère a été incroyable, raconte-t-elle au bout du fil. Elle souligne aussi qu’elle a bénéficié de services de relevailles, une offre trop peu connue selon elle.  

«C’est sûr qu’il faut être bien entourée.»

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À sa première grossesse, elle a tu la bonne nouvelle dans la sphère publique, après qu’un client eut préféré la mettre de côté pour une conférence. Trop souvent malades et absentes, les femmes enceintes, lui a-t-il écrit.

Cette fois, elle ne s’est pas privée de faire connaître qu’elle sera de nouveau maman le 30 décembre prochain.



Mylène Paquette évolue dans un milieu ouvert, mais ce n’est pas toutes les femmes qui font le même choix qu’elle qui ont droit à cette même ouverture d’esprit. « Il y a tellement de mères en solo qui trouvent ça difficile. La solo-parentalité est encore mal comprise. »

Au bout du fil, celle qui a traversé l’Atlantique Nord à la rame en 2013 me raconte qu’elle avait déjà entamé des démarches avant de rencontrer celui qui allait devenir le père de son fils, aujourd’hui âgé de deux ans. Séparée depuis l’automne dernier, Mylène Paquette n’avait pas l’intention de voir son rêve d’avoir une famille disparaître avec son couple. Sa réflexion, elle la nourrit depuis longtemps.

« J’étais célibataire depuis neuf ans. J’ai arrêté de croire au prince charmant. Je me suis dit que si je voulais une famille, j’allais la faire moi-même. J’ai entamé mes démarches en 2016. En 2017, j’avais fait une insémination avant de rencontrer mon ancien conjoint. J’ai fait le grand saut une fois que j’ai quitté mon (ex) conjoint. Je suis passée à l’action… »

Et elle pourrait bien ne pas s’arrêter là. « Ça m’a donné deux embryons. Je serais très malheureuse d’en laisser un. J’ai toujours rêvé d’avoir trois enfants. On verra où l’énergie sera après deux, mais je ne ferme pas la porte pour un troisième. »

Son fils a été un enfant facile : il a tout de suite fait ses nuits. Elle espère avoir le même modèle, dit-elle en riant.

« Je ne veux pas anticiper le pire. Je suis atteinte de positivisme. C’est comme une maladie. »



Ses inquiétudes tournent davantage, à ce moment-ci, autour de la gestion du travail après l’accouchement, puisqu’elle est travailleuse autonome. La période occupée des conférences surviendra juste après son accouchement.

Mylène Paquette sera maman pour la deuxième fois, cette fois en solo.

« Quand t’es enceinte pour la première fois, tu te fais tellement dire de trucs… Tu t’attends au pire. Finalement, t’accouches, ça va bien, il dort… L’allaitement a été dur les premiers jours (…). Il y a des solutions à tout. J’ai trouvé ça facile d’être maman. Je ne le dirai pas trop fort parce qu’il y en a pour qui c’est très difficile l’arrivée d’un bébé. Moi, j’ai continué à travailler, je n’avais pas le choix, je suis travailleuse autonome. Ça n’a pas été facile parce que j’avais le cœur déchiré d’aller faire une conférence alors que mon fils avait trois mois. Parfois je l’emmenais… »

Optimiste, oui, mais lucide aussi.

« Tout le monde ne va pas se garrocher parce que je suis une maman solo », lance celle qui est déjà en mode organisation et qui accueillera son enfant avec une grande confiance.

« Déjà, j’organise le transport pour mon plus vieux. Après avoir accouché, je ne pense pas que je vais aller le porter moi-même à la garderie. Donc, déjà, ça commande de l’aide. Je sais déjà que je vais faire appel à des nounous. Je ne peux pas imposer ça à ma famille et mes proches. Oui, il y a l’entourage, mais il faut quand même être solide et être capable de se payer les services d’une nounou quand c’est le temps. Je ne veux pas l’imposer à personne… Je ne veux pas me fier à la bonté des gens autour de moi. Quand on choisit de faire un enfant seul, on s’organise seul et on a de l’aide extérieure… »

Certains lui ont demandé pourquoi elle n’a pas envisagé l’adoption. Elle y a songé. Mais dans certains pays, les mères seules ne sont même pas une option. Dans d’autres, on leur confie les enfants malades et/ou on demande des preuves d’infertilité. Il s’agit alors d’une tout autre expérience, souligne-t-elle.

Et son rapport à l’aventure, lui, avec ce magnifique périple qui s’amorce?

Elle me raconte ce à quoi ressemblera sa logistique pour poursuivre les compétitions de canot à glace. Les excursions à venir, au fil des ans, se profilent avec sa tribu.



« Éventuellement, je rêve d’une plus grande aventure en famille dans 10 ou 15 ans, quelque chose dont mes enfants vont pouvoir profiter soit sur un voilier ou en canot… »

D’ici là, très bientôt, elle ira présenter fiston aux membres de la famille d’Hermel, son fidèle ami aujourd’hui décédé, qui l’a accompagnée par téléphone satellite pendant toute la durée de sa traversée.

En août, elle mettra le cap sur les Îles de la Madeleine avec son fils. « Ça fait longtemps que je n’ai pas pris de vacances reposantes… »

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