Peindre avec la cire et le feu

La Granbyenne Pascale Bouchard peint à l’encaustique. On aperçoit ici une des plaques chauffantes qui liquéfient la cire pigmentée servant à ses tableaux.

Une subtile odeur de roussi flotte dans l’atelier de Pascale Bouchard. Rien d’incommodant, juste un délicat rappel que la peintre ne fait rien comme les autres. Ses tableaux floraux et abstraits, c’est à la cire et au chalumeau qu’elle les conçoit.


L’observer travailler est fascinant. En fait, c’est la première fois que nous voyons quelqu’un peindre de cette façon. «Ma technique est peu connue et surprenante... et ancestrale», fait remarquer l’artiste, bien installée dans son coquet studio de création.

Il serait hasardeux de décrire précisément les méthodes qu’elle emploie; disons simplement que Pascale Bouchard peint à l’encaustique. Dans des boîtes reposent une multitude de petits blocs de toutes les couleurs, composés de cire d’abeille, de résine dammar et de pigments.



C’est à partir de ces cubes d’encaustique que la magie opère, lorsque la peintre les fait fondre et les manipule doucement sous la chaleur du feu.

Grâce à des chalumeaux de diverses tailles, l’artiste fait «danser» la couleur sous l’effet de la chaleur.

De chaque côté de sa table de travail, deux plaques chauffantes font d’ailleurs office de palettes d’artiste. Plusieurs petits contenants d’encaustique chaude y reposent, prêts à recevoir pinceaux et outils.

Sur du bois ou du carton encadré, Pascale Bouchard étale ses couleurs, non sans avoir préalablement appliqué plusieurs couches de cire neutre sur son canevas.

«Tout est possible et malléable avec l’encaustique», dit-elle, en caressant doucement la peinture à l’aide d’un chalumeau. Sous l’effet de la chaleur, celle-ci bouge, danse, puis se fixe. Mme Bouchard peut ensuite peaufiner son œuvre à l’aide d’outils de métal chauffés. Pour ajouter de la texture et des motifs à ses tableaux, elle utilise aussi de la laque (shellac) et d’anciennes estampes métalliques (tjaps).



«L’encaustique entraîne un lâcher-prise, une fluidité. Je ne fais aucun croquis au départ. En fait, j’aime perdre le contrôle. Quand je peins, c’est la couleur et le feu qui me dirigent», confie celle qui signe ses œuvres d’un joli sceau à la cire.

L’encaustique résiste au temps et permet à l’œuvre d’être manipulée sans problème. Dans sa main gauche, Pascale Bouchard tient un tjap, une ancienne estampe qui lui permet d’ajouter des motifs et de la texture.

Pour l’histoire, la Granbyenne rappelle que l’encaustique est le plus vieux médium du monde. «On l’utilisait déjà pour peindre des portraits sur les sarcophages. Ça résiste dans le temps.»

Des années d’exploration

Pascale Bouchard a découvert l’univers de l’encaustique il y a une dizaine d’années, alors qu’elle possédait un commerce de matériel d’art à Cowansville. Invitée à un congrès aux États-Unis — «Pour moi, c’était comme un magasin de jouets!», dit-elle —, l’artiste a été séduite par ce médium peu commun, qu’elle a voulu explorer à son retour à la maison. C’est au contact de quelques artistes au fait de cette technique, et en consultant de nombreux documents et tutoriels, que Mme Bouchard a perfectionné son art et l’a «mis à sa main».

Après avoir beaucoup exposé au Québec et en Ontario, elle vise maintenant le reste du Canada et les États-Unis. Avec ses tableaux, bien sûr, mais aussi avec ses produits dérivés pour le moins originaux : elle offre des vêtements à l’effigie de certaines de ses créations, ainsi que des reproductions de grand format sur des panneaux d’acrylique clair.

L’encaustique est composée de cire d’abeille, de résine dammar et de pigments. C’est à partir de ce mélange fondu que la magie opère.

Au cours des prochains mois, on pourra la voir dans de nombreux événements artistiques à travers la province. Elle participera notamment pour la première fois au Symposium Couleurs urbaines de Granby, en plus d’exposer tout l’été à la Galerie du lac de Venise-en-Québec. Les 14 et 15 mai, Pascale Bouchard sera par ailleurs du prestigieux Rassemblement des arts au Grand quai de Montréal.



«Je veux également offrir des cours en mini-groupe cet automne dans mon atelier», termine celle qui a déjà enseigné aux adultes et aux jeunes par le passé.

www.pascalebouchardartiste.com