Les Patriotes, un club colossal

Il s’agit de lutte libre, à ne pas confondre avec la lutte gréco-romaine, qui proscrit l’usage des jambes.

Quand il n’étudie pas en génie civil au cégep, Émile Forgues s’entraîne de huit à dix fois par semaine. Et trois de ces séances ont lieu à la palestre de l’école secondaire Paul-Germain-Ostiguy, à Saint-Césaire, habitat naturel du club de lutte olympique des Patriotes.


Ce n’est pas dû au hasard si cette organisation s’est hissée au 2e rang des clubs de lutte les plus récompensés au Québec. Foi d’Émile Forgues, la discipline est de rigueur.

« C’est ce qui est le plus difficile, dit le colosse frisé de 17 ans. On s’entraîne beaucoup. Mais c’est aussi énormément familial et il y a une bonne ambiance. Les contacts que j’ai faits ici sont devenus mes meilleurs amis. »



« On s’entraîne beaucoup, dit Émile Forgues. Mais c’est aussi énormément familial et il y a une bonne ambiance. »

La Voix de l’Est a pu le constater lors d’une visite en mars. La quinzaine de lutteurs âgés de 11 à 17 ans se mesurent un à un sur le matelas, associés selon leurs poids, garçons ou filles, et dans une rigueur spartiate, bien que teintée de bonne humeur.

Entraînement

Les prises sont surveillées par l’entraîneur-chef Dominique Choquette et son équipe de coachs qui distribuent conseils et avertissements de façon soutenue, sans oublier les occasionnelles remontrances. La séance se termine par un exercice de course et tractions qui fait appel aux dernières énergies des participants.

Il s’agit de lutte libre, à ne pas confondre avec la lutte gréco-romaine, qui proscrit l’usage des jambes, et la lutte spectacle, qui permet l’utilisation d’un scénario !

« Le plus beau talent, c’est avoir quelqu’un qui s’investit », dit M. Choquette, qui ne fait pas ses 58 ans avec son physique de jeune Maurice Vachon.



« C’est le sérieux que tu mets à l’entraînement qui fait la différence », dit l’entraîneur Dominique Choquette.

« C’est le sérieux que tu mets à l’entraînement qui fait la différence. Mon sport est accessible à tout le monde, et ceux que j’ai présentement, ce sont des travaillants. »

Motivation

Comme une mise à terre, la pandémie a donné un dur coup au club des Patriotes. Dominique Choquette a gardé le fort avec des entraînements virtuels, mais une certaine lassitude a pris le dessus.

« La pandémie a fait décrocher ben du monde, dit celui qui est aussi enseignant d’éducation physique. Quand j’ai repris cette année, il y en a qui n’avaient plus la motivation. »

Au début de 2020, les Patriotes étaient pourtant sur une lancée avec des gains remportés autant chez les cadets que dans la Ligue scolaire. Mais la quinzaine de lutteurs — dont cinq filles — qui ont repris aujourd’hui le collier se démarque.

« Ils n’ont pas peur de mettre de l’effort, dit leur entraîneur, qui officie à la lutte à Saint-Césaire depuis... 36 ans. C’est un sport très complet — tous les muscles travaillent — et aussi très technique. J’essaie d’en faire des athlètes et de leur inculquer un mode de vie. Je veux qu’ils deviennent responsables. »

Ce sport favorise également la confiance en soi et la soif d’atteindre ses buts. Car le club en est un de compétition et il y en a pour chaque lutteur, dit M. Choquette, bien que les Jeux du Canada soient les plus prisés.



« On les amène à avoir une perspective à long terme. La compétition, c’est comme un gros examen. Et la défaite, c’est une étape pour aller ailleurs. »

Retraite

Parlant d’ailleurs, le manitou de la lutte césairoise prendra sa retraite de l’enseignement à la fin de la présente année scolaire. Mais il continuera de s’occuper du club des Patriotes.

Heureusement pour Émile Forgues, qui ne vise rien de moins que l’équipe nationale et les compétitions internationales.

« Si l’opportunité se présente, j’aimerais aussi aller aux Olympiques », dit-il en faisant saillir ses muscles.

Le représentant de La Voix de l’Est n’était pas de taille à le contredire.