Cultiver les jardins de pluie

Les jardins de pluie possèdent plusieurs avantages. Ils permettent entre autres d’améliorer la recharge des nappes phréatiques, de diminuer la quantité d’eau dans les égoûts municipaux et de réduire les surverses qui en découlent. C’est aussi un plus pour la biodiversité.

Waterloo avait montré la voie en 2020, sous l’impulsion d’Action Lac Waterloo. Le concept des jardins intelligents, aussi appelés jardins de pluie, est en train de tracer son sillon dans la région. Trois municipalités de la Haute-Yamaska et de Brome-Missisquoi se sont jointes à ce projet présenté comme un allié dans la gestion des eaux pluviales.


Granby, Cowansville et le Canton de Shefford sont les nouveaux partenaires de cette opération à forte connotation environnementale. Il faut ajouter à ce trio la Maison des jeunes L’Exit, implantée à Waterloo, dont la philosophie écologique s’avère en adéquation avec ce genre d’initiative. L’établissement dirigé par Martin Couture sera d’ailleurs chargé de fournir des plantes indigènes aux amateurs de jardins de pluie.

Au cours de leur intervention, Martin Couture et Dominique Brault ont rappelé l’ADN de la Maison des jeunes L’Exit à Waterloo, qui défend les bonnes pratiques environnementales depuis ses débuts, il y a près de 40 ans. «On veut créer une vitrine ici, avec notre propre jardin», ont promis le directeur et la coordonnatrice.

À l’instar de Waterloo, Granby, Cowansville et Shefford auront recours à des programmes de subvention pour encourager et aider leurs administrés à aménager sur leur terrain ces parcelles végétales, sachant que les aides versées ne couvriront qu’une partie des frais engagés.



À titre d’exemple, la Ville de Waterloo remboursera cette année 50% de la valeur des travaux, jusqu’à concurrence de 750$. Depuis 2020, une quinzaine de jardins intelligents ont vu le jour dans la cité gérée par Jean-Marie Lachapelle.

Rappelons que l’initiative d’Action Lac Waterloo a été lancée à l’origine pour protéger la qualité des eaux dudit lac. Aux dires de Sabine Vanderlinden, elle a porté ses fruits. «Il a été établi que plus de 50% de l’apport en phosphore provient des zones résidentielles. Les jardins intelligents permettent de capter ce phosphore en infiltrant et en filtrant une grande partie de l’eau de pluie là où elle tombe», indique la gestionnaire de projets à l’OBV Yamaska.

Bianca Duceppe, représentante d’Action Lac Waterloo, s’est réjouie de voir le concept des jardins intelligents se répandre dans d’autres municipalités. Elle s’est notamment adressée aux nouvelles générations pour pérenniser ce modèle et en faire la promotion.

Pour Bianca Duceppe, responsable du projet, le jeu en vaut la chandelle. «Ces infrastructures vertes se créent à faible coût et ses impacts sont immenses.»

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ILS ONT DIT...

Sylvie Beauregard, mairesse de Cowansville: «Nous devons adapter nos infrastructures à la réalité des changements climatiques. Ce projet de développement durable permettra de réduire la surcharge de notre réseau d’égouts et de prévenir la détérioration de nos plans d’eau. Nous travaillons présentement à l’élaboration d’un jardin vitrine qui sera aménagé devant l’hôtel de ville. Nous espérons que cela pourra inspirer les citoyens.»

On parle d’un projet collectif qui va continuer d’essaimer sur le territoire. C’est motivant de savoir qu’on est capable de se regrouper et de mettre en commun nos efforts pour aller dans une même direction.


Johanne Boisvert, conseillère municipale à Shefford: «On a constaté une hausse des demandes de permis pour des puits sur le territoire de notre municipalité, pour procéder à de l’hydrofracturation. Ça pose des questions sur la nappe phréatique, il faut être attentif à ça. L’OBV Yamaska nous a interpellés par rapport aux jardins de pluie, qui peuvent être une solution fort intéressante. Cet organisme animera une séance d’information le 20 avril à notre mairie, à 19h.»

L’architecte paysagiste Sabine Vanderlinden a profité de son allocution pour évoquer la Fête des plantes, qui aura lieu le 18 juin à la Maison des jeunes L’Exit à Waterloo. L’occasion de repartir avec une espèce indigène.

Bianca Duceppe, secrétaire d’Action Lac Waterloo: «On ne pouvait pas imaginer meilleur scénario que celui qu’on est en train de vivre avec le rayonnement au niveau des municipalités avoisinantes. Quand on se lance dans un projet de cette envergure, ça prend trois ingrédients: de la connaissance, de l’engagement et de la pérennité. Cette pérennité passera par l’implication des citoyens, qui peuvent aussi devenir des ambassadeurs.»

Ce projet est à l’image du travail que nous menons auprès de notre communauté. La protection et le respect de l’environnement sont des valeurs importantes pour notre organisme. Nous espérons de tout cœur que notre jardin en inspirera d’autres

Jean-Marie Lachapelle, maire de Waterloo: «On veut que ça devienne pérenne. On va continuer d’investir dans ces jardins intelligents. Notre réglementation doit être faite en conséquence pour les promouvoir. De notre côté, on suggère aux promoteurs immobiliers de faire ce type de jardins.»



Sabine Vanderlinden, gestionnaire de projets à l’OBV Yamaska: «Ce projet permet au citoyen de faire sa part dans la gestion du ruissellement des eaux de pluie, qui ont un impact sur la qualité des cours d’eau et des lacs. La gestion durable des eaux pluviales propose de nouvelles approches et des techniques qui vont diminuer les conséquences hydrologiques de l’urbanisation et du réchauffement climatique.»

Les citoyens en quête d’informations pour concevoir un jardin intelligent peuvent se rendre sur le site conçu par Action Lac Waterloo. Ils peuvent aussi écrire à l’OBV Yamaska qui leur fournira gratuitement un ou une technicienne de son équipe pour les conseiller dans cet aménagement.

Les Waterlois qui se lanceront dans cette aventure profiteront en effet d’une subvention couvrant 50% de leurs frais d’aménagement, jusqu’à concurrence de 750 $. Des conseils et l’accompagnement gratuit d’un technicien en environnement sont aussi fournis aux participants.

Ce n’est pas la première fois que le concept des jardins de pluie — ou jardins intelligents — est abordé à Waterloo. Il en avait notamment été question en février 2019 au cours d’une soirée d’information à laquelle avaient pris part plusieurs résidants et promoteurs immobiliers.

On sait que de tels aménagements représentent une solution efficace pour éviter que l’eau de pluie et la fonte des neiges se déversent directement dans le plan d’eau, entraînant avec elles de l’azote, du phosphore et des polluants. Ces matières sont responsables de la prolifération des algues bleues, entre autres.

En créant ces plates-bandes écologiques, peu dispendieuses et esthétiques, à partir de plantes vivaces et indigènes, on s’assure de filtrer une bonne partie des eaux de ruissellement. Cela permet également de recharger la nappe phréatique et d’inventer de nouveaux milieux pour la faune et la flore.

Le projet des jardins de pluie est une initiative conjointe des Amis du bassin versant du lac Waterloo (ABVLW) et la Ville de Waterloo. Un octroi de 60 000 $ de la MRC de la Haute-Yamaska a permis sa mise en oeuvre.

«Nous estimons que c’est une excellente façon de réduire l’apport des sédiments dans le lac», estime le maire Jean-Marie Lachapelle. La présence de tels jardins permet du même coup de réduire les investissements municipaux liés à l’installation d’égouts pluviaux.

Soucieuse de donner l’exemple, la municipalité aménagera elle-même un jardin intelligent au parc des Générations, où on observe des problèmes de ruissellement des eaux de surface. Prévus plus tôt cette année, les travaux devraient s’amorcer cet automne.

Un premier jardin

Marilou Asselin possède déjà, avec son conjoint Étienne, une maison solaire passive qu’ils ont bâtie dans la rue Southern. Leur fibre écologique s’est transposée tout naturellement à l’extérieur de leur résidence. Verte jusqu’au bout des doigts, Mme Asselin souhaitait aménager chez elle un jardin intelligent pour mieux absorber l’eau et réduire la pression des polluants sur le lac Waterloo, situé à proximité.

Elle est maintenant la première Waterloise à avoir un tel aménagement sur son terrain. Pour elle, il s’agit non seulement de la continuité logique à son projet de maison Leed, mais aussi le début de sa prochaine forêt nourricière. Elle y a d’ailleurs planté plusieurs plantes comestibles. Aidée de quelques paires de bras et d’un peu de machinerie, Marilou Asselin a mis une journée à réaliser les travaux.  

Comme tous les citoyens qui décideront d’aller de l’avant, elle peut compter sur un permis gratuit de la Ville, qui fournit aussi du terreau et du paillis aux participants. 

Pour les assister techniquement dans ce projet de réseau de jardins intelligents — on espère qu’une dizaine de jardins de ce type verront le jour cette année et autant l’an prochain —, les ABVLW et la Ville peuvent compter sur l’OBV Yamaska.   

Pour en savoir davantage sur le programme, on consulte le www.jardinsintelligents.org

Le premier jardin de pluie privé de Waterloo, créé sur la propriété de Marilou Asselin, rue Southern.