La fin pour la Brasserie de la Rivière

Fermer la Brasserie de la Rivière a été une décision longuement mûrie, mais qui s’est prise à la fois avec un pincement au cœur et un soupir de soulagement, confie Mario Sirois, propriétaire de l’établissement avec sa conjointe Nathalie Proteau.

Une importante page d’histoire se tournera dans quatre semaines à Cowansville. Après plus d’un quart de siècle d’existence, la Brasserie de la Rivière fermera ses portes le 26 avril prochain.


Une décision longuement mûrie, mais qui s’est prise à la fois avec un pincement au cœur et un soupir de soulagement, confie Mario Sirois, propriétaire de l’établissement avec sa conjointe Nathalie Proteau.

« Plusieurs fois, je me suis couché le soir en me demandant si je prenais la bonne décision », indique l’homme d’affaires et ancien conseiller municipal, qui parle de son restaurant comme de son « bébé ».

Un « bébé », qui a finalement nécessité plusieurs agrandissements pour accommoder la demande croissante. Une demande qui est toujours au rendez-vous 26 ans plus tard. « C’est ça qui est le plus difficile je dirais, confie M. Sirois. C’est de laisser partir une entreprise qui est encore rentable et qui va très bien. Le téléphone ne dérougit pas. »

Malheureusement, faute de personnel en nombre suffisant pour bien servir la clientèle, des réservations de groupe ont dû être refusées. « Juste la semaine dernière, on a refusé entre 60 et 70 personnes chaque soir, illustre Mario Sirois. On avait la place pour les asseoir, mais on n’avait personne sur le plancher. »

« On n’a plus de vie »

C’est que la pandémie, comme à d’innombrables entreprises, leur a fait mal. « On a dû fermer et rouvrir trois fois en deux ans, rappelle M. Sirois. Certains employés de longue date ont décidé de changer de branche, je ne peux pas leur en vouloir. Et c’est devenu très difficile d’embaucher, même si les pourboires sont très payants. »

Le manque était si grand à gagner que, malgré une fermeture imposée du dimanche au mardi, le couple procédait à l’ouverture du commerce, se chargeait de remplir les frigos, de tout nettoyer, de passer la serpillère et d’entretenir les salles de bain, tout ça avant de prêter main-forte au service et à la plonge. Et lorsque la salle à manger était vide, fermeture oblige, il s’affairait à la paperasse et à la comptabilité.

« On ne voyait jamais la fin. On n’a tout simplement plus de vie », témoigne cet ancien conseiller municipal, également impliqué longtemps au sein du hockey mineur cowansvillois.

Faute de personnel en quantité suffisante pour bien servir la clientèle, des réservations de groupe ont dû être refusées ces dernières semaines.

La brasserie a pu tirer son épingle du jeu, notamment grâce à des prêts consentis par le gouvernement. « Mais en calculant le tout, j’ai réalisé qu’il faudrait travailler encore plus fort pendant les trois ou quatre prochaines années juste pour payer ce qu’on doit », note le restaurateur.

« Je vais avoir 55 ans, ajoute-t-il. Ça voudrait dire que les prochaines années de ma vie, je me contenterais de faire du surplace plutôt que d’avancer. »

À tout cela s’ajoute une série de deuils, alors que des amis, des collaborateurs et des connaissances sont décédés alors qu’ils étaient encore dans la fleur de l’âge. 

« La vie est trop courte pour y laisser sa santé. On est fatigués, on est brûlés. »

C’était au point où des amis, également clients, ont remarqué leur essoufflement. « Il y en a qui m’ont conseillé de changer mon style de vie », relève le principal intéressé.

Finir en beauté

Bien qu’il ait désormais le regard tourné vers l’avenir, on sent une pointe de nostalgie dans la voix de Mario Sirois.

« Je suis vraiment content de toutes ces années. On a eu une belle clientèle, fidèle et parmi laquelle je me suis fait de nombreux amis. On a aussi de bons employés dont certains sont restés très longtemps avec nous. On a passé de bons moments », souligne-t-il, reconnaissant.

Après plus d’un quart de siècle d’existence, la Brasserie de la Rivière fermera ses portes le 26 avril prochain.

Question de finir en beauté, une fin de semaine de célébrations marquera les derniers jours d’activités du resto-pub. On fêtera en grand la fermeture avant de mettre définitivement la clé sous la porte, en fin de soirée le 26 avril.

Un encan suivra dans les semaines subséquentes: ceux qui souhaiteraient mettre la main sur quelques équipements du commerce ou bien sur des éléments du décor qui en ont fait le charme seront les bienvenus.

Des acheteurs potentiels pour le bâtiment se seraient déjà manifestés, a fait savoir M. Sirois, mais aucune transaction n’est encore officielle. Ainsi, si quelqu’un souhaitait reprendre le commerce, mieux vaut faire vite, lance l’entrepreneur en série !

De la brasserie à la cantine

Pour Mario Sirois, la fermeture de ce qui a été l’un de ses gagne-pains pendant près de la moitié de sa vie n’est pas la fin de sa carrière, mais simplement d’un chapitre.

En plus de poursuivre les activités de son service de traiteur dont les affaires vont bien, très bien même, le restaurateur entend ouvrir, d’ici la fin du printemps, une cantine où les fidèles de la brasserie pourront retrouver certains de ses mets incontournables, comme la pizza, les crevettes bang bang et le gant du catcheur, mais aussi un service de déjeuner.

Et ce sera dans la bonne humeur que les propriétaires entameront cette nouvelle aventure. « Je trouve qu’on a eu assez de mauvaises nouvelles comme ça, alors j’ai voulu donner un nom super positif à ma cantine », indique M. Sirois, qui a choisi de baptiser son nouveau commerce « Chez nous, c’est tiguidou ».

Les employés de la brasserie, qui ont été informés ce vendredi de leur destin, seront les bienvenus à travailler à l’une ou l’autre des entreprises de Mario Sirois, s’ils le désirent. « On va avoir une place pour eux s’ils veulent continuer avec nous », dit-il fièrement.

À cette équipe s’ajouteront quelques amis du propriétaire, à la retraite et ravis de travailler une quinzaine d’heures par semaine, tout au plus. « On va avoir du fun ! » lance celui qui compte bien profiter de ses temps libre pour disputer quelques rondes de golf et prendre part à des barbecues entre amis, entre autres.