{"accessibility":"METERED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F32d78de9-715d-4e38-ac9e-829d9f25590f.png&width=1024&stripmeta=true","description":{"fr":"Journaliste et chroniqueuse "},"email":"ktremblay@latribune.qc.ca","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Feb0b7a9e-c0d8-4b3e-a772-a81f5f461178.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","location":"Sherbrooke","name":"Karine Tremblay","source":"La Tribune","twitter":"tremblayk"},{"description":{"fr":"Photographe"},"email":"sbertrand@ledroit.com","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa2c19d4b-4609-48eb-ab28-dc7a4c63ce93.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","name":"Simon Séguin-Bertrand - Photographe","source":"Le Droit","twitter":"SimonSB"}],"channel":"Guerre en Ukraine ","chapters":[{"position":0,"text":"

CHRONIQUE / Je cherche encore un peu comment atterrir. Même si ça fait déjà quelques jours que j'écris dans les contours connus de ma maison.

C’est peut-être justement ça le petit nœud à dénouer, la patente à apprivoiser : la maison. L’enveloppant cocon où je me dépose. Avec tout le doux de la famille et des amis autour.

C’est heureux, c’est la vie habitée comme avant.

Seulement, il y a ça : je sais que c’est un avant que tant d’Ukrainiens ne retrouveront pas…

Sur les routes de la Roumanie et de la Pologne, pendant deux semaines, on a croisé celles et ceux pour qui l’idée d’un chez soi n’existe plus.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Le drapeau de l'Ukraine est collé sur la valise d'une famille quittant le poste frontalier de Siret.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Ffed44436-abb2-478d-8336-e9ac882c0668.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":2,"text":"

Celles et ceux qui n’ont pas eu d’autres choix que celui d’embrasser l’exil.

Celles et ceux qui ont glissé toute leur vie dans un sac à dos avant de filer vers la frontière la plus proche. Ou la plus sûre.

Souvent en tenant la main de leurs bambins. Fort et précieusement. Parce que toute l’espérance d’un avenir possible tenait entre leurs doigts entrelacés.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Une fillette ukrainienne attend à la gare de Przemysl en Pologne.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F048d2bb7-1940-45c4-84f4-e863392ecd94.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":4,"text":"

À l’orée des lignes frontalières, dans la chaleur relative des tentes de fortune, dans les camps comme dans les centres d’hébergement, on a lu le même soulagement sur le visage des uns, des autres: enfin, ce soir, le ciel ne s’embraserait pas, la nuit serait sans sirène d’alarme.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Des enfants courent en direction de la Roumanie au poste frontalier d'Isaccea.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":5,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F5060eb68-731a-4c80-9e84-ba09d24c3b7e.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":6,"text":"

Mais on a lu aussi une tristesse qui dépasse l’entendement.

Parce que dans toute fuite, le réflexe du cœur, des racines et du plus profond de soi, c’est de ne pas laisser la famille derrière. Quand on peut.

Et en Ukraine, en ce moment, on ne peut pas tout le temps.

Dans un pays où la loi martiale existe, où les hommes de 18 à 60 ans doivent rester pour prendre les armes, les adieux sont inévitables. Ils infligent des blessures aussi profondes qu’invisibles.

Toutes ces femmes qui franchissaient les frontières nous parlaient sans trembler, sans fléchir.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Anna fond en larme en nous parlant de ses proches restés en Ukraine.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":7,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fed871e66-fae5-4f83-9dae-41898abc7162.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":8,"text":"

Sauf lorsqu’arrivait ce moment où leurs pensées pointaient vers tous ceux restés là-bas. Les hommes de leur vie. Les amies qui ne s’étaient pas résignées à quitter le pays. Les parents qui ne pouvaient pas faire le chemin. Les proches ou les connaissances qui étaient tombés sous la pluie des tirs ennemis.

Chaque fois, devant nous, c’était la même lame de fond qui avalait tout. Avec ce torrent dans le regard. L’armure qui se fissure. Et une déchirure qui fait mal à voir, à entendre. Chaque fois.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Sur les routes de la Roumanie et de la Pologne, pendant deux semaines, on a croisé celles et ceux pour qui l’idée d’un chez soi n’existe plus.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":9,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F3916217b-9330-46cc-9089-3297299cf3c3.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":10,"text":"

Aller à la rencontre des réfugiés qui avaient fui les bombes et les balles, c’était s’approcher d’une souffrance à grande échelle qu’on n’a pas l’habitude de côtoyer.

Ils, elles ont eu la générosité de trouver les mots pour dire, confier, témoigner de l’histoire qui s’écrit en ce moment.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Lidia, dans un appartement de Bucarest avant de partir pour le Canada.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":11,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F0ee64461-36cd-4530-8082-ba55effb70d5.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":12,"text":"

On a écouté leurs voix pour pouvoir ensuite vous raconter. À chaque nouvelle rencontre, on a mesuré l’ampleur de la perte, de la peine. Et du pire qui grandit depuis ce 24 février où la Russie a commencé à piétiner l’Ukraine sous son pas militaire.

On a été secoué par tout ce que cisaille la guerre.

On revient habité par le récit de tous ces gens croisés. Leur parole, c’est une parcelle de ce que vivent déjà plus de 3,5 millions de réfugiés.

On revient aussi le cœur plein d’avoir vu toutes ces mains tendues. Celles qui consolent, qui réconfortent, qui montrent le chemin vers plus d’humanité.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Oleg Koleboshyn divertit les petits dans le camp au poste frontalier d'Isaccea.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":13,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F054bd105-31cd-4eeb-ad37-93e2a46af7a1.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":14,"text":"

Il y a tous ces bénévoles, ces gens venus de loin, parfois, qui ont, un geste à la fois, ajouté une maille à l’immense filet d’entraide qui se tricote de jour en jour pour aider le peuple ukrainien à s’accrocher.

Il y a cet élan de bonté qui arrive de partout et qui instille une certaine beauté, de la grandeur. Qui montre surtout qu’une armée qui se déploie peut également être faite de bras capables de bercer l’autre.

Le pire existe. Mais le meilleur se peut. Aussi.

***

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":15,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fc30df71a-190c-4bea-8036-93afe557a364.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":16,"text":"

Je cherche donc encore un peu comment atterrir. Dans la vie habitée comme avant, il y a la famille, les amis, tout ce qui fait le cocon doux de la maison. Et il y a les liens tissés avec les gens de l’autre côté de l’Atlantique, de Bucarest à Varsovie, toutes les histoires qu’on vous a racontées, celles qui continuent de s’écrire là-bas. Ces visages qu’on n’oubliera pas. Certains qui ont un nom, et d’autres pas.

Oleg, Nataliia, Sorin, Elena, Lidia, Sean, Miron, Anastasia, Volodymyr, Valentina, Yaroslav, Adriana, Yann-Patrick, Mira, Claudia, Alexandre, Roman, Eugene, Agnieszka, Adriana, Yana, Sofia, Mircea, Roberto, Paulina, Irina, Claudia, Hadas, Anna et tant d’autres, on vous dit merci.

Comme vous, on espère la paix.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"count":36,"photos":[{"caption":"Bulevardul General Gheorghe Magheru, Bucarest, Roumanie.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fc32d2bcd-d853-4fe8-ad14-6bb37ebd78f5.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Lidia sert le bortsch dans un appartement de Bucarest en Roumanie.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F740dabea-a6aa-4705-be82-7b4a3f7a576f.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Oleg Koleboshyn a multiplié les démarches pour aider des Ukrainiens à se rendre au Canada.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fe514220a-425c-4589-a27c-6bceee4580e0.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Une bénévole de la Croix-Rouge accueil une petite fille et sa mère tout juste de l'autre côté de la frontières entre l'Ukraine et la Roumanie au poste frontalier d'Isaccea.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F9c95eded-71f8-47c5-9004-eaa396ad49ca.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Une dame et son chien au camp de réfugiés d'Isaccea.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fee1972e4-9b64-49b1-8811-6142e8ab3c4e.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Une adolescente arrive seule, à pied, au poste frontalier d'Isaccea.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F1a2bd1f6-3bad-43d6-807e-75f75b8584b2.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F1e34b3c9-1344-4da0-80d1-21c1ae44e833.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Des Ukrainiens traversent à pied la frontière de la Roumanie au poste d'Isaccea.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa4fe3b32-74df-43a4-b608-9308373b2e53.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Des Ukrainiens traversent à pied la frontière de la Roumanie au poste d'Isaccea.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F6d88bc8c-3300-4d65-9f11-ea963f18aed8.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Des Ukrainiens traversent à pied la frontière de la Roumanie au poste d'Isaccea.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F6cd270d5-0276-4bdd-bbd0-83b664b914b6.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Yana vient de franchir le poste frontalier d’Isaccea avec ses quatre enfants âgés de 2 mois, 3 ans, 8 ans et 15 ans. En tout, il leur aura fallu 48 heures de route pour atteindre la Roumanie.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F155aef2c-74d1-4483-a3b4-db7bd8e9272f.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Une fillette dessine sur le plancher de l'école Ferdinand à Bucarest.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fe737e0ec-b462-4105-9875-ca57f5586540.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"L'école Ferdinand a été transformée en camp de réfugiés près de la frontière de l'Ukraine.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F22b030ff-c047-497b-8118-803af1e2ec9b.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Lev, le fils de Nikitina Liubov souffre d'une infection à l'estomac.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fd7349de4-f15d-47ee-b530-19c0c97fcba3.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Nick, 11 ans parle russe. Mais son application de traduction permet une conversation à l’écran. «Nous sommes venus ici en bus, nous avons été obligés de quitter la ville pour être en sécurité», écrit-il. ","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fcdc03712-4a55-4c24-acd9-afcd246bc5cf.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Un garçon enfile une veste parre-balles-jouet à l'Hôtel Mandachi à Suceave en Roumanie.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F60e92c4b-6156-488a-9247-365dc17a11eb.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"caption":"La salle de bal de l'Hôtel Mandachi sert de camp de réfugiés.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon 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Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

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L’Ukrainienne de 78 ans a elle-même cuisiné cette spécialité de chez elle. Elle nous sert un généreux bol, ajoute une lampée de crème sure et insiste plusieurs fois : il faut manger pendant que la soupe est chaude. L’entrevue peut attendre.

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Oleg Koleboshyn aide sa belle-mère derrière les fourneaux en traduisant chacun de ses mots.

"},"type":"paragraph"},{"position":3,"text":{"fr":"

Il nous racontera plus tard que les deux dernières semaines ont été difficiles pour elle. Après les premiers bombardements, il y a eu le choc du départ précipité, la longue traversée des frontières, la guerre qui déchire tout. Et par-dessus tout ça, il y a maintenant l’attente. L’interminable attente qui n’en finit pas pour ce visa tant espéré qui lui ouvrira enfin les portes du Canada. La matriarche rêve du jour où elle pourra à nouveau serrer sa fille et ses petites-filles dans ses bras.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Le Québecois d'origine ukrainienne Oleg Koleboshyn."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":4,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F4168584c-5b9c-4cfd-b0d5-27061c52f7d1.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":5,"text":{"fr":"

«Aujourd’hui, c’est une meilleure journée pour elle. Avant ça, elle n’avait pas le moral, elle ne sortait pas», nous explique le citoyen canadien d’origine ukrainienne établi au Québec depuis maintenant 12 ans.

C’est pour venir chercher la mère de sa conjointe qu’il a pris l’avion vers Bucarest, le 25 février dernier. Lidia était alors encore en Ukraine.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"La belle-mère d'Oleg Koleboshyn, Lidia Samylina."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":6,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fd4f4ced8-0c50-4bbd-8993-171bf3105bb9.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":7,"text":{"fr":"

Il était à la frontière de la Roumanie lorsqu’elle a enfin franchi la ligne avec Olena, une amie à lui, et le fils de cette dernière, Yaroslav. Depuis, il multiplie les démarches pour accélérer le processus d’entrée au pays de sa belle-maman ainsi que celui de Olena et Yaroslav, qui espèrent aussi pouvoir s’établir au Canada.

"},"type":"paragraph"},{"position":8,"text":{"fr":"

«Je suis venu ici avec un tout petit bagage, raconte celui qui est éducateur spécialisé dans une école de LaSalle. Je pensais qu’on aurait tout complété en quelques jours.»

"},"type":"paragraph"},{"position":9,"text":{"fr":"

Sauf que le séjour s’éternise. L’appartement où Oleg nous accueille est le sixième qu’il loue depuis son arrivée en Roumanie. L’endroit a les allures d’un petit quartier général où les jours s’écoulent dans un autre espace-temps, pétri de doutes, d’incertitude et de démarches plurielles pour aider les réfugiés ukrainiens avec la paperasse canadienne.

«La dernière fois que j’avais versé une larme, c’était à l’époque de ma jeunesse, remarque Oleg. Depuis que je suis ici, je pleure chaque nuit. Tout ce qui se passe, ça mine le moral, ça joue sur les émotions. J’entends des histoires terribles. Je pense à cette femme dont le visage était enflé par les pleurs : en un jour, elle avait perdu un fils et son mari…»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Oleg Koleboshyn."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":10,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa254e6ee-f683-4710-9047-7962589c7549.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":11,"text":{"fr":"

Et il y a la fatigue, aussi.

«Je ne dors pas beaucoup. Pendant que je suis ici, j’essaie de faire le maximum pour donner un coup de main. Aider les autres, ça nous aide nous-mêmes à traverser les épreuves... J’ai dû remplir entre 40 et 50 demandes de visas canadiens. Tous des gens qui veulent venir au pays», dit Oleg.

Il ne le cache pas : il désespère devant la lenteur du gouvernement canadien à ouvrir les vannes pour faciliter l’entrée des réfugiés ukrainiens.

«Le gouvernement dit qu’il va faciliter les choses, mais c’est terriblement long, insiste-t-il. Les Ukrainiens ne savent pas si et quand ils auront une réponse. Ils se découragent et je les comprends, parce que les pays européens ont déjà mis en place toutes les mesures qu’il faut pour les accueillir. Au Canada, on voit que la population souhaite la venue des réfugiés et met en place des réseaux d’entraide. Il faut que l’appareil gouvernemental bouge.»

"},"type":"paragraph"},{"position":12,"text":{"fr":"

Plusieurs de ceux qui espèrent pouvoir bientôt traverser l’Atlantique ont déjà de la famille ou des amis en sol canadien. Certains sont habités par d’autres motifs que celui des retrouvailles.

C’est le cas d’Olena, qui voit le Canada comme une terre d’accueil où l’avenir peut se conjuguer avec la quiétude d’esprit.

«Mon fils a 16 ans. Je craignais que l’armée ukrainienne décide de recruter les jeunes hommes de moins de 18 ans. C’est pour ça que je suis partie avec lui, parce que je ne pouvais pas envisager qu’il soit en danger. C’est mon seul enfant. Je vais tout faire pour assurer sa sécurité», exprime celle qui préfère taire son nom de famille jusqu’à ce qu’elle sache de quoi demain sera fait.

Quand Oleg lui a parlé de sortir de l’Ukraine avec sa belle-mère, elle n’a pas hésité.

"},"type":"paragraph"},{"author":{"fr":"Olena"},"position":13,"text":{"fr":"

On a rempli une valise, on a fait un câlin au chat, on s’est mis en route.

"},"type":"quote"},{"position":14,"text":{"fr":"

«On a rempli une valise, on a fait un câlin au chat, on s’est mis en route», souligne celle qui travaillait dans une boutique hors-taxes de l’aéroport jusqu’à ce que tout éclate, au matin du 24 février.

«Les bombardements ont commencé à 4h30. Sur l’ensemble du territoire. Tous, on s’est réveillé avec ces bruits assourdissants, sans savoir ce qui se passait.»

"},"type":"paragraph"},{"position":15,"text":{"fr":"

Ce matin-là, Anastasia Popova a aussi tremblé devant les bombes. L’Ukrainienne est une amie d’enfance d’Oleg, qu’elle a retrouvé à Bucarest. La décision de quitter s’est prise en une seconde.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"L'Ukrainienne Anastasia Popova s'est réfugiée en Roumanie avec son fils de 12 ans."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":16,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F407a838a-3d7e-4370-85c8-c9aff19a313d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":17,"text":{"fr":"

«C’est mon mari qui a insisté pour qu’on parte… Pour notre fils, Miron. On a mis notre passeport et quelques vêtements dans un sac à dos. Et on a pris la route», résume Anastasia.

Quitter était une déchirure. Les larmes chatouillent son œil lorsqu’elle ajoute qu’il fallait penser au futur.

L’avancée s’est faite sous un ciel d’encre. À la marche. Dans un champ. Le petit groupe était tout près de la frontière lorsqu’il a vu les soldats ukrainiens pointer leurs fusils vers eux en leur disant de courir ailleurs.

«Mais derrière, il y avait des coups de feu. On ne voyait rien, on ne pouvait aller nulle part.»

Ils ont poussé un soupir de soulagement quand ils ont finalement eu le signal d’avancer.

«On a appris plus tard que c’était un drone militaire ukrainien qui survolait l’endroit où on se trouvait. On n’était finalement pas en danger, mais on a eu très peur.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Le fils d'Anastasia Popova, Miron."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":18,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F86b64f59-f407-4c7d-9bb4-f43628e2c970.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":19,"text":{"fr":"

Autour de la table, chacun a son cellulaire en main. C’est le fil qui les relie à leur monde d’avant, un monde cisaillé par la guerre.

«Jusqu’à maintenant, et sauf pour certaines régions, c’est assez facile de rester en contact avec les gens en Ukraine», explique Oleg.

Le jeune Miron a lui aussi son appareil. Il s’anime en me pointant quelques mots français sur l’application Duolingo.

Et puis il lance cette phrase, qui dit tout ce que, à 12 ans, il a déjà compris : «Il y a deux semaines, c’était ce genre de vidéo-là qui était populaire sur les réseaux.»

"},"type":"paragraph"},{"position":20,"text":{"fr":"

Ce qu’il nous montre en souriant, c’est une captation maison où on voit sa perruche picorer dans une tasse de café. Il nous parle un peu de Harry, son ami à plumes resté derrière. De ses copains qui sont un peu partout en Europe, maintenant. De l’école qui reprendra lundi, à distance. Avec des élèves en Italie, d’autres en Allemagne, et d’autres, comme lui, à Bucarest.

Le retour des cours ne l’emballe pas tant que ça, mais la perspective de revoir ses compagnons à travers l’écran est une joie.

«Les enfants ukrainiens ont eu de l’école autrement, ces dernières semaines. Lorsqu’ils ont dû quitter, sans attendre, c’était comme un cours d’éducation physique. Après ça, ils ont appris la géographie en traversant le territoire. Ils ont eu des leçons de langue en débarquant dans un pays où ils ne comprenaient pas un mot. Et depuis, ils travaillent constamment de nouvelles compétences sociales», image Oleg.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Oleg Koleboshyn multiplie les démarches pour aider les réfugiés ukrainiens."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":21,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fe69b7ee0-0b8a-4931-aae4-ce2e537d18f5.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":22,"text":{"fr":"

Lui-même se dit parfois qu’il pourrait faire le chemin inverse et aller se poser un tout petit temps de l’autre côté de la frontière ukrainienne, là où se trouvent toujours ses deux frères, son père et sa mère.

«Mes parents vivent dans le lycée où mon père était directeur. Parce que les murs y sont épais, c’est plus sécuritaire en cas de bombardement. J’aurais l’idée d’aller les voir. Je pourrais le faire et ressortir du pays puisque j’ai mon passeport canadien. Je resterais quelques heures seulement. Juste pour passer un moment avec eux. Parce que ce serait peut-être le dernier.»

Il y a l’évocation du pire dans ces quelques mots prononcés. Parce que le pire, tout le monde y pense.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Lidia Samylina espère pouvoir bientôt s'établir au Canada."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":23,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Ff13dac9f-ab5e-4789-b9d7-1be00194770d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":24,"text":{"fr":"

«Mais il y a aussi l’autre versant de la guerre. Celui qui nous fait du bien parce qu’il montre le meilleur de l’humain. J’ai vu des élans de solidarité incroyables, de grands gestes d’entraide. Ça fait réaliser que s’il y a quelqu’un prêt à tuer, il y a aussi quelqu’un prêt à donner sa vie pour te sauver. C’est le côté noir, le côté blanc. Ce côté-là est lumineux.»

Et réconfortant. Comme un bol de bortsch cuisiné par une grand-maman ukrainienne.

"},"type":"paragraph"},{"position":25,"text":{"fr":"

Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

"},"type":"paragraph"}],"creationDate":"2022-03-14T01:00:04.894Z","externalIds":{},"firstPublicationDate":"2022-03-14T01:36:03.199Z","free":false,"id":"9c1a986d16621f39e16e528deb1bb0ae","lead":"BUCAREST — À peine a-t-on mis le pied dans l’appartement que Lidia Samylina nous entraîne vers la cuisine. Là, sur le feu, mijote une casserole fumante d’où s’échappe le réconfortant parfum d’un bortsch. ","locales":["fr"],"metadata":{},"modificationDate":"2022-03-15T12:16:16.862Z","publications":[{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":true,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"ledroit","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"latribune","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"actualites"}],"slug":"2022/03/14/du-bortsch-des-larmes-et-du-coeur-photos--video-9c1a986d16621f39e16e528deb1bb0ae","tags":[],"templateName":"article1","title":"Du bortsch, des larmes et du coeur [PHOTOS + VIDÉO]","type":"article","url":"global/contents/9c1a986d16621f39e16e528deb1bb0ae.json","visual":{"caption":{"fr":"La belle-mère d'Oleg Koleboshyn, Lidia Samylina, sert la soupe, dans un appartement de Bucarest."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F790f01a4-9e21-4942-b9fa-e61e581bbf95.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},"color":null,"mainVisual":{"caption":"La belle-mère d'Oleg Koleboshyn, Lidia Samylina, sert la soupe, dans un appartement de Bucarest.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F790f01a4-9e21-4942-b9fa-e61e581bbf95.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},"thumbnailVisual":{"url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F790f01a4-9e21-4942-b9fa-e61e581bbf95.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"}},{"accessibility":"METERED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F32d78de9-715d-4e38-ac9e-829d9f25590f.png&width=1024&stripmeta=true","description":{"fr":"Journaliste et chroniqueuse "},"email":"ktremblay@latribune.qc.ca","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Feb0b7a9e-c0d8-4b3e-a772-a81f5f461178.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","location":"Sherbrooke","name":"Karine Tremblay","source":"La Tribune","twitter":"tremblayk"},{"description":{"fr":"Photographe"},"email":"sbertrand@ledroit.com","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa2c19d4b-4609-48eb-ab28-dc7a4c63ce93.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","name":"Simon Séguin-Bertrand - Photographe","source":"Le Droit","twitter":"SimonSB"}],"channel":"Guerre en Ukraine ","chapters":[{"position":0,"text":{"fr":"

Son regard se détend. Un peu. «Les bruits me mettent sur le qui-vive, explique-t-elle. J’ai encore l’impression d’entendre les explosions.»

La mère de famille vient de franchir le poste frontalier d’Isaccea avec ses quatre enfants âgés de 2 mois, 3 ans, 8 ans et 15 ans. En tout, il leur aura fallu 48 heures de route pour atteindre la Roumanie. Les hot dog mayo-ketchup que leur sert un organisme de bienfaisance à l’entrée accrochent un premier sourire sur le minois des enfants.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Yana a mis 48 heures pour arriver au poste frontalier d'Isaccea, en Roumanie."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F5b8d8abe-125e-4f44-adc6-201c35f70811.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":2,"text":{"fr":"

«On est parti de Mykolaïv. C’était difficile, très difficile. C’est la première fois de toute ma vie que je sors de l’Ukraine. J’aurais aimé que ce soit dans d’autres circonstances. Je suis peinée quand je pense à tout ce qu’on a laissé derrière. Et je ne sais pas encore où on va aller. Je vais devoir réfléchir. Mais on n’avait pas le choix. Soit on mourait là-bas, soit on essayait de venir jusqu’ici.»

"},"type":"paragraph"},{"position":3,"text":{"fr":"

Elle s'est enfuie au bon moment. Son taxi démarrait quand le quartier a commencé à être bombardé. «Avant ça, je me trouvais dans un immeuble de cinq étages où tout le monde s’était réfugié au sous-sol. Quand les frappes se sont intensifiées, on s’est demandé si ce sous-sol n’allait pas devenir notre tombeau à tous.»

La fatigue se lit sur son visage comme sur celui de tous ceux qui arrivent.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"La grande majorité des personnes réfugiées sont des femmes accompagnées de leurs enfants."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":4,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F8e32170f-c1d6-4cce-a5d9-7ffe3d3f8f1a.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":5,"text":{"fr":"

Enfin, de toutes celles qui arrivent, devrait-on plutôt écrire. Parce que la très grande majorité des personnes qui déferlent à la frontière sont des femmes. Et leurs enfants. Comme cette maman et sa petite fille de 1 an et 7 mois, qui ont fait la route depuis Odessa avec chien, chats, valises. Elle ne nous dira que le nom de sa fillette : Mira.

«Ça veut dire paix…»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Mira"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":6,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F42de3bb5-5484-4eeb-ab4d-0bdb6f636862.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":7,"text":{"fr":"

Le mot résonne comme une prière. Un vœu. Un espoir. Parce qu’elle a vu «ce qui est impensable, surréaliste, inhumain.» Tout ce qu’entraîne la guerre.

«Si seulement mon mari avait pu venir avec nous… J’ai peur, vous savez, poursuit-elle. Je vis des émotions contradictoires. J’ai l’esprit plus tranquille d’être maintenant dans un endroit sécuritaire. Mais j’ai le goût de pleurer quand je pense à ceux qui sont restés au front, à tout ce que les gens ont perdu. Je suis tellement, tellement triste…»

Son regard se perd dans le vide. Une larme s’esquisse. Elle est incapable d’en dire davantage. Elle a de toute façon déjà tout dit.

L’accablement qui la traverse est presque palpable. Et il est généralisé. Cette ombre qui voile son œil, on la remarque chez les uns, chez les autres.

"},"type":"paragraph"},{"position":9,"text":{"fr":"

De l’autre côté du Danube, s’ils regardent l’horizon, ils voient les contours de l’Ukraine. Là où ils vivaient encore paisiblement il n’y a même pas trois semaines.

Le jour va bientôt tomber, mais de nouveaux réfugiés franchissent encore les guérites à la marche, l’air à la fois hébété et soulagé.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Les personnes réfugiées arrivent avec seulement un petit bagage."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":10,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F9c745081-dd1a-488d-8dde-e79fc9775cc1.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":11,"text":{"fr":"

Pour tout bagage, ils n’ont souvent qu’un minuscule sac à dos sur les épaules. Parfois, ils amènent avec eux un chat ou un chien. Une fillette avance en sautillant, un toutou précieusement collé sur son cœur. C’est le seul jouet qu’elle a pu emporter.

"},"type":"paragraph"},{"position":12,"text":{"fr":"

Sous les tentes chauffées, les bénévoles accueillent au mieux ces nouveaux arrivants. Quelques lits de fortune, des chaises et des bancs ainsi qu’une aire de jeux improvisée à l’aide de tapis de mousse et de bean bags colorés composent le décor de fortune dans lequel les gens se déposent. En attendant la suite. Certains prendront le bus qui va vers Bucarest, d’où il est possible d’aller ailleurs en Europe. D’autres n’ont pas encore de plan.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Une aire de jeux pour les enfants, à l'intérieur de la tente."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":13,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F7324655a-e6d1-4de3-9521-a2c99195ffd4.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":14,"text":{"fr":"

Sofia a 19 ans. Elle vient d’arriver avec sa mère, son petit frère de cinq ans, sa sœur de 12 ans. Dans un anglais sommaire, elle raconte le trajet depuis Odessa, où ils ont pris le bateau qui les a menés jusqu’ici. Elle ne sait pas ce qui les attend demain. Se rendre ici, c’était le but du voyage.

"},"type":"paragraph"},{"position":15,"text":{"fr":"

Avant de filer se réchauffer, elle passe devant la poignée de kiosques où les réfugiés peuvent se procurer gratuitement quelques items. De la nourriture, de la soupe chaude, du thé et du café, bien sûr. Mais aussi des vêtements, des jouets, des livres pour enfants, du savon, des couches, du lait en poudre, des produits sanitaires de toutes sortes.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Adriana Susma et Sofia."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":16,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F712090ca-fcac-421a-8a04-b0d0c60710ee.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":17,"text":{"fr":"

C’est devant cet étalage que Sofia s’arrête. Tout ce qu’elle veut, en ce moment, c’est du dentifrice.

«Les gens pensent que c’est la nourriture dont les réfugiés ont besoin. Et bien sûr, il leur faut manger. Mais ce qu’ils recherchent ensuite en arrivant ici, ce sont les produits d’hygiène. Parce que c’est lié à la dignité», me dit la bénévole roumaine Adriana Susma.

La veille, me raconte-t-elle encore, elle a pleuré.

«Une femme est arrivée ici tard le soir. Elle cherchait des serviettes hygiéniques. D’ordinaire, on en a, mais si tard dans la journée, nos réserves étaient épuisées, parce que beaucoup de femmes arrivent chaque jour. Je me suis rappelé que j’avais laissé une boîte dans l’une des salles de bain. J’ai pu lui en donner. Elle m’a serrée dans ses bras et s’est mise à pleurer. J’étais tellement émue. Vous imaginez ce que ça veut dire quand une chose si simple devient aussi précieuse?»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"La bénévole Adriana Susma est là tous les jours, du matin jusqu'au soir."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":18,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fc5382e00-2e3b-4609-8e95-129ca7baa74b.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":19,"text":{"fr":"

La jeune femme fait partie des bénévoles qui sont à pied d’œuvre de l’aube jusqu’au soir. Chaque jour. Dans des conditions parfois difficiles.

«Aujourd’hui, il fait beau, mais hier, c’était vraiment très froid, souligne-t-elle. Avec le vent, la température ressentie était de moins 17 degrés. J’ai les mains craquelées par le froid. Mais je reste quand même lorsque c’est plus pénible. Je sais que tous ces gens qui arrivent, ils ont eu froid aussi. Et ce qu’ils ont vécu est innommable. Je suis ici parce que j’ai du temps. Et je ne vois pas de façon plus utile de l’employer.»

"},"type":"paragraph"},{"position":20,"text":{"fr":"

Miruna Maria Rahin est aussi bénévole, pour la Croix-Rouge. Elle est postée à l’orée du poste frontalier, là où les réfugiés patientent avant d’avancer vers l’installation temporaire où ils pourront se reposer.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Miruna Maria Rahin bénévole pour la Croix-Rouge embrasse la petite Irena, 2 ans, qui vient d'arriver avec sa maman Anna."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":21,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fde1f3764-29dc-4175-b736-210b99752bff.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":22,"text":{"fr":"

«On les accueille avec des couvertures, des objets de première nécessité, des médicaments. Depuis le début, on a été témoin de toutes sortes de choses. Plusieurs femmes ont accouché ici, sous la tente. On a dû les transporter rapidement à l’hôpital. Une dame âgée qui avait fait le trajet toute seule, à pied, est décédée en arrivant, probablement parce que le voyage avait été trop difficile pour elle. Il se passe des choses heureuses, d’autres très tristes.»

"},"type":"paragraph"},{"position":23,"text":{"fr":"

Oleg Odesa est aussi venu prêter main-forte. Vêtu de son dossard jaune d’interprète, l’Ukrainien raconte que c’est sa façon à lui d’être utile. Aux abords de la clôture, la conversation s’étire.

"},"type":"paragraph"},{"position":24,"text":{"fr":"

«Ça me fait du bien de parler. C’est ma femme qui m’a convaincu de rester ici. Si elle et nos filles n’avaient pas été là, je serais de l’autre côté de la frontière. J’ai voulu y retourner. Elle m’a dit que s’il m’arrivait quelque chose, la guerre ferait d’autres victimes. Autrement. Parce qu’elle se retrouverait seule pour subvenir aux besoins de nos enfants.»

Il confie pleurer devant les vidéos où on voit des civils parmi les victimes. Parce qu’il y a ce sentiment d’impuissance, terrible, qui lui vrille le cœur.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"jw","credits":{"fr":"LeDroit, Simon Séguin-Bertrand"},"monetizationEnabled":true,"position":25,"thumbnailUrl":"https://cdn.jwplayer.com/thumbs/HTYUgUmk-1280.jpg","type":"video","url":"https://cdn.jwplayer.com/manifests/HTYUgUmk.m3u8","videoUrl":"https://cdn.jwplayer.com/manifests/HTYUgUmk.m3u8"},{"position":26,"text":{"fr":"

«Je n’ai jamais été croyant, jamais. Mais maintenant, je me surprends à prier. C’est la seule chose que je peux faire.»

Et c’est la paix qu’il invite dans ses prières. Comme un vœu, comme un espoir.

"},"type":"paragraph"},{"position":27,"text":{"fr":"

Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

"},"type":"paragraph"}],"creationDate":"2022-03-15T21:38:37.178Z","externalIds":{},"firstPublicationDate":"2022-03-15T22:02:01.496Z","free":false,"id":"b6e8785f87854b76af4f4b64de3d423f","lead":"POSTE FRONTALIER D’ISACCEA – Le grincement d’une valise sur le sol rocailleux alarme Yana. L’Ukrainienne lève les yeux vers le ciel, cherche une menace qu’elle ne trouve pas. Ici, les bombes ne tombent plus.","locales":["fr"],"metadata":{},"modificationDate":"2022-03-16T01:20:57.776Z","publications":[{"canonical":false,"organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"ledroit","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"latribune","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"actualites"},{"canonical":true,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"actualites"}],"slug":"2022/03/15/ici-les-bombes-ne-tombent-plus-photos-et-video-b6e8785f87854b76af4f4b64de3d423f","tags":[],"templateName":"article1","title":"Ici, les bombes ne tombent plus [PHOTOS et VIDÉO]","type":"article","url":"global/contents/b6e8785f87854b76af4f4b64de3d423f.json","visual":{"caption":{"fr":"Yana et sa fille Anna."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F9376c9c5-949b-47e6-bab6-0f91b0e24939.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},"color":null,"mainVisual":{"caption":"Yana et sa fille Anna.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F9376c9c5-949b-47e6-bab6-0f91b0e24939.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},"thumbnailVisual":{"url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F9376c9c5-949b-47e6-bab6-0f91b0e24939.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"}},{"accessibility":"METERED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F32d78de9-715d-4e38-ac9e-829d9f25590f.png&width=1024&stripmeta=true","description":{"fr":"Journaliste et chroniqueuse "},"email":"ktremblay@latribune.qc.ca","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Feb0b7a9e-c0d8-4b3e-a772-a81f5f461178.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","location":"Sherbrooke","name":"Karine Tremblay","source":"La Tribune","twitter":"tremblayk"},{"description":{"fr":"Photographe"},"email":"sbertrand@ledroit.com","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa2c19d4b-4609-48eb-ab28-dc7a4c63ce93.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","name":"Simon Séguin-Bertrand - Photographe","source":"Le Droit","twitter":"SimonSB"}],"channel":"Guerre en Ukraine ","chapters":[{"position":0,"text":{"fr":"

«On a reçu l’invitation mardi matin. J’étais content, je me suis présenté tout de suite au Bureau du centre de réception des demandes de visas, avec les passeports. Je pensais qu’on pourrait peut-être partir dès cette semaine, mais on m’a dit ici que ce serait étonnant que ça aille si vite», remarque l’éducateur spécialisé natif d’Ukraine, qui vit au Québec depuis plusieurs années.

L’émission du précieux document est maintenant entre les mains de l’ambassade, lui a-t-on dit.

«C’est encourageant, parce qu’on a maintenant la confirmation que tout le monde pourra s’en venir au pays. L’incertitude est terminée, mais pas l’attente. J’avoue que j’aurais aimé savoir quand on aura enfin les papiers pour décoller», mentionne Oleg Koleboshyn.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Des passeports ukrainiens"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F8da5169b-7e99-4e8b-88b0-387b6b4e39a7.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":2,"text":{"fr":"

D’autres réfugiés ukrainiens qu’il a aidés dans leurs démarches ont aussi reçu la précieuse invitation.

«Ça bouge enfin, on dirait, souligne Oleg Koleboshyn. Le Canada a aussi annoncé, pour le 17 mars, un assouplissement des conditions d’entrée au pays pour les Ukrainiens. Ça aussi, ça devrait faciliter les choses. Après ça, j’espère qu’une aide sera apportée aux gens pour payer le vol d’avion. Ça coûte cher, et les Ukrainiens ont tout laissé derrière eux, ils n’ont pas nécessairement les sous pour des billets aériens.»

"},"type":"paragraph"}],"creationDate":"2022-03-15T23:33:17.936Z","externalIds":{},"firstPublicationDate":"2022-03-15T23:54:35.025Z","free":false,"id":"f02028d4d6344285e11a44b352f4fce5","lead":"BUCAREST - Après des jours d’attente, Oleg Koleboshyn a enfin reçu la confirmation qu’il espérait. Sa belle-mère, Lidia, ainsi que son amie Olena et le fils de cette dernière, Yaroslav, pourront venir s’établir au Québec. Les papiers pour l’obtention du visa de chacun sont en préparation.","locales":["fr"],"metadata":{},"modificationDate":"2022-03-16T14:21:19.785Z","publications":[{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"ledroit","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"latribune","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":true,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"}],"slug":"2022/03/15/enfin-des-visas-f02028d4d6344285e11a44b352f4fce5","tags":[],"templateName":"article1","title":"Enfin, des visas","type":"article","url":"global/contents/f02028d4d6344285e11a44b352f4fce5.json","visual":{"caption":{"fr":"Oleg Koleboshyn devant le Bureau du centre de réception des demandes de visas."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F296d2b45-068b-4dda-b061-32486e1a27a5.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},"color":null,"mainVisual":{"caption":"Oleg Koleboshyn devant le Bureau du centre de réception des demandes de visas.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F296d2b45-068b-4dda-b061-32486e1a27a5.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},"thumbnailVisual":{"url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F296d2b45-068b-4dda-b061-32486e1a27a5.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"}},{"accessibility":"METERED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F32d78de9-715d-4e38-ac9e-829d9f25590f.png&width=1024&stripmeta=true","description":{"fr":"Journaliste et chroniqueuse "},"email":"ktremblay@latribune.qc.ca","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Feb0b7a9e-c0d8-4b3e-a772-a81f5f461178.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","location":"Sherbrooke","name":"Karine Tremblay","source":"La Tribune","twitter":"tremblayk"},{"description":{"fr":"Photographe"},"email":"sbertrand@ledroit.com","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa2c19d4b-4609-48eb-ab28-dc7a4c63ce93.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","name":"Simon Séguin-Bertrand - Photographe","source":"Le Droit","twitter":"SimonSB"}],"channel":"Guerre en UKraine","chapters":[{"position":0,"text":{"fr":"

Sur tous les murs, il y a des papiers collés avec des pictogrammes et des mots en ukrainien. Dans le hall d’entrée, pas de secrétariat, mais une flopée de bénévoles qui papillonnent.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"L'école Ferdinand à Bucarest"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F0f47a73e-7f65-46d8-8bac-a2cd5c54c2a7.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":2,"text":{"fr":"

Ce qui se passe ici est névralgique. Depuis la fin du mois de février, l’école Ferdinand de Bucarest a en quelque sorte été transformée en camp de réfugiés.

C’est ici que peuvent venir se poser pour quelques jours les Ukrainiens qui ont fui leur pays défiguré par la guerre.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Alexandra Chirila, mairesse adjointe pour le secteur deux de Bucarest."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F29e7a7d2-b4d5-44c1-99ea-f0af361892b8.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":4,"text":{"fr":"

Alexandra Chirila est mairesse adjointe pour le secteur deux de Bucarest. Elle nous fait visiter l’endroit aménagé en lieu d’accueil dans un temps record.

«C’était une école désaffectée, parce qu’elle devait être rénovée. On a tout mis en place très rapidement et on a dû s’ajuster au fur et à mesure parce qu’on n’avait pas d’expertise là-dedans. La dernière fois qu’on avait accueilli des réfugiés sur notre territoire, c’était pendant la Deuxième Guerre mondiale», expose-t-elle.

Un bruit de xylophone nous parvient du gymnase, où une poignée d’enfants jouent ensemble au badminton. Des adultes sont assis sur de petits sofas. Sur une table, des boîtes-repas, une caisse de fruits, des bouteilles d’eau, du thé et du café sont à la disposition des résidents temporaires.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Le gymnase de l'école sert de salle communautaire et d'aire de jeux."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":5,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F3c448bc6-a537-45e7-b3fe-d6abb1935620.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":6,"text":{"fr":"

«Ça, c’est la salle communautaire», résume Mme Chirila en expliquant que la municipalité assume une partie des frais, offre le logement et trois repas par jour aux réfugiés. Les dons des citoyens s’ajoutent et permettent d’acheter ce qui manque.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Alexandra Chirila devant la pharmacie."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":7,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fada7048e-08ff-45c3-8b9f-0c78c9072dc3.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":8,"text":{"fr":"

Au deuxième étage, les vêtements de toutes tailles sont empilés. Des couches, du lait en poudre, du savon, de la nourriture pour animaux, du déodorant et différents produits d’hygiène débordent des tablettes. Des médicaments de base sont entreposés dans une armoire qui fait office de pharmacie.

«Le conflit a débuté le 24 février, et cinq ou six jours plus tard, on accueillait déjà les premières personnes ici», illustre Mme Chirila.

Il a fallu faire vite. Et bien.

«Ce qui est assez remarquable, c’est le mouvement collectif qui s’est mis en place, poursuit-elle. Les bénévoles se sont multipliés, les dons aussi. Des traducteurs sont venus prêter main-forte. Des représentants de tous les partis politiques ont travaillé ensemble. C’est assez rare, ça, en Roumanie.»

Le lieu de passage peut accueillir 300 personnes.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Une mère et son garçon circulent dans l'école."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":9,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F42115690-7ba4-45c8-a93b-229752f00816.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":10,"text":{"fr":"

«On appelle ça un centre de transition parce que les gens ne font souvent que passer, remarque Mme Chirila. Ils se posent ici pour un jour ou deux, avant de filer ailleurs en Europe, où ils ont parfois de la famille prête à les accueillir le temps qu’il faudra.»

Ceux qui n’ont nulle part où aller sont redirigés vers un établissement où tout est prévu pour des séjours plus longs.

«C’est déchirant de voir arriver les gens avec, parfois, un petit sac de plastique pour tout bagage. On sait que personne n’est ici par choix. Mais on fait de notre mieux pour que ce soit accueillant. Hier, par exemple, les bénévoles ont improvisé une petite fête pour l’anniversaire d’un enfant.»

Des enfants, justement, il y en a beaucoup. Ils jouent, rient, pleurent, se font des amis. Ils continuent leur vie d’enfant, en somme. Pour ajouter de la normalité à cette situation d’exception, il faudra bientôt trouver une façon de leur permettre de reprendre l’école.

«C’est l’un des grands défis qu’on voit se dessiner, parce qu’il n’y a pas assez de professeurs parlant l’ukrainien pour répondre aux besoins», dit Mme Chirila.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Les classes servent de chambres."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":11,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fe1223b9c-40f0-4d03-bc42-f5129ce9eee3.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":12,"text":{"fr":"

Dans le pavillon adjacent, les classes servent de chambres. Sous des murales fatiguées où brillent les princesses de Disney, des lits de camp et des matelas ont été déposés sur le sol.

Nikitina Liubov est au centre depuis quatre jours avec ses deux enfants de 6 et 8 ans, Lev et Marianna. Il lui a fallu prendre sept bus pour arriver jusqu’ici.

"},"type":"paragraph"},{"position":14,"text":{"fr":"

«C’était vraiment très long. Et ce n’était pas facile. J’ai l’impression que toutes les journées sont mélangées. Il n’y a rien de normal», mentionne la mère de famille.

Elle pensait pouvoir aller chez une tante, en Italie, mais son petit garçon est malade. Une infection à l’estomac qui bouscule les plans.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Lev, le fils de Nikitina Liubov souffre d'une infection à l'estomac."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":15,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F896078f4-c0fb-49ed-9869-51d2ea63dfd9.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":16,"text":{"fr":"

«Il faut attendre qu’il aille mieux avant de pouvoir partir», explique-t-elle.

À côté de nous, sa fille et une autre fillette crayonnent au pastel. Sur le papier blanc, des chats colorés prennent forment. Peut-être l’animal de compagnie qu’elles ont dû laisser à la maison.

Larissa partage la même «classe-chambre» que Nikitina. Elle ne veut d’abord pas nous parler.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Larissa discute avec la journaliste Karine Tremblay."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":17,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F6bb4a84f-acda-4554-90ea-dc7e57a71845.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":18,"text":{"fr":"

«Ce qui se passe là-bas, c’est innommable. J’ai vu les avions passer au-dessus de nos toits et bombarder la maison juste à côté. Il y a des cadavres partout. Et imaginez seulement: un homme âgé dont la fille et la petite-fille sont mortes n’est pas en mesure de les enterrer dignement. Il les garde dans le frigo en ce moment. En attendant.»

Il y a de la colère dans la voix de Larissa. Et une fronde franche contre tout ce que fait éclater la guerre.

"},"type":"paragraph"},{"position":19,"text":{"fr":"

«J’ai vu toutes sortes de choses. Les soldats russes brûlent leurs morts, assure-t-elle. Pour ne pas qu’il y ait de preuve quant au nombre de pertes humaines dans leurs rangs. Et ils font comme les nazis, vous savez. Leurs soldats doivent avancer vers le champ de bataille. S’ils veulent faire demi-tour ou déserter, les bataillons derrière eux les exécutent.»

Pendant que sa mère raconte l’épouvantable et le tragique des derniers jours, Nick «discute» avec Simon, mon collègue photographe.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Nick traduit en russe sur son téléphone pour le photographe Simon Séguin-Bertrand"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Courtoisie, Oleg Koleboshyn"},"position":20,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F1c0f734c-1843-4d90-80c0-9e8512356e7a.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":21,"text":{"fr":"

Le jeune garçon de 11 ans parle russe. Mais son application de traduction permet une conversation à l’écran.

«Nous sommes venus ici en bus, nous avons été obligés de quitter la ville pour être en sécurité», écrit-il.

«Notre ville a été bombardée. Un village a été détruit. Nous sommes montés dans le bus lundi et nous sommes arrivés hier», poursuit-il.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Nick utilise son téléphone intelligent pour traduire son témoignage."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":22,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F39bf31b5-95c1-40f2-9076-2bae5c0961d0.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":23,"text":{"fr":"

Dans son œil, une gravité. Dans ses mots, de la reconnaissance : «Nous sommes très heureux d’être venus dans cette ville. Nous nous sentons chez nous. Ici, les gens sont très gentils.»

De l’extérieur, oui, l’établissement Ferdinand ressemble à n’importe quelle école. On y croise des fillettes avec des tresses, on admire des dessins de chats.

Et on apprend de petites leçons d’humanité.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Marianna montre un dessin de chat à sa mère."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":24,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F95405d3c-b8e3-4f91-ab57-666c1949f6c1.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":25,"text":{"fr":"

Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

"},"type":"paragraph"}],"creationDate":"2022-03-17T02:09:56.489Z","externalIds":{},"firstPublicationDate":"2022-03-17T07:00:00.000Z","free":false,"id":"d00ab28f8980d96089b82e87b37d4f3b","lead":"BUCAREST — Avec ses murs de crépi et sa large cour où jouer au ballon, la bâtisse ressemble à n’importe quelle école. Mais dès qu’on arrive à l’intérieur, on voit qu’on est ailleurs.","locales":["fr"],"metadata":{},"modificationDate":"2022-03-17T22:38:12.906Z","publications":[{"canonical":true,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"ledroit","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"latribune","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"guerre-en-ukraine"}],"slug":"2022/03/17/il-ny-a-rien-de-normal-photos-d00ab28f8980d96089b82e87b37d4f3b","tags":[],"templateName":"article2l","title":"Il n’y a rien de normal [PHOTOS]","type":"article","url":"global/contents/d00ab28f8980d96089b82e87b37d4f3b.json","visual":{"caption":{"fr":"Une fillette dessine des chats dans une «classe-chambre»."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F68e63e3d-e0cc-4ad1-9f72-9b2ca291587d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},"color":null,"mainVisual":{"caption":"Une fillette dessine des chats dans une «classe-chambre».","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F68e63e3d-e0cc-4ad1-9f72-9b2ca291587d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},"thumbnailVisual":{"url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F68e63e3d-e0cc-4ad1-9f72-9b2ca291587d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"}},{"accessibility":"METERED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F32d78de9-715d-4e38-ac9e-829d9f25590f.png&width=1024&stripmeta=true","description":{"fr":"Journaliste et chroniqueuse "},"email":"ktremblay@latribune.qc.ca","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Feb0b7a9e-c0d8-4b3e-a772-a81f5f461178.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","location":"Sherbrooke","name":"Karine Tremblay","source":"La Tribune","twitter":"tremblayk"},{"description":{"fr":"Photographe"},"email":"sbertrand@ledroit.com","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa2c19d4b-4609-48eb-ab28-dc7a4c63ce93.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","name":"Simon Séguin-Bertrand - Photographe","source":"Le Droit","twitter":"SimonSB"}],"channel":" NOTRE ÉQUIPE AUX FRONTIÈRES DE LA GUERRE","chapters":[{"position":0,"text":{"fr":"

«Ça vous dirait d’aller à la frontière d’Isaccea, demain?»

"},"type":"paragraph"},{"position":1,"text":{"fr":"

Évidemment qu’on a dit oui!

"},"type":"paragraph"},{"position":2,"text":{"fr":"

Oleg Koleboshyn nous réserve des places dans la voiture de deux Ukrainiens qu’il a croisés quelques jours plus tôt. Départ en matinée pour une livraison de l’autre côté de la frontière. En Ukraine, oui. Là où les militaires manquent de tout.

"},"type":"paragraph"},{"position":3,"text":{"fr":"

«Le ravitaillement servira aux soldats, mais il n’y aura pas d’armes dans la cargaison», précise le Québécois d’origine ukrainienne.

"},"type":"paragraph"},{"position":4,"text":{"fr":"

Ça nous va. Nous arrêterons notre course avant le passage de la guérite. Pour rester en sol roumain et pour voir comment s’orchestre l’accueil des réfugiés.

"},"type":"paragraph"},{"position":5,"text":{"fr":"

Lendemain matin, petit pépin. Le moteur de la voiture fait des caprices. Départ décalé. On rejoint nos chauffeurs au garage, où l’auto se fait rafistoler.

"},"type":"paragraph"},{"position":6,"text":{"fr":"

Roman et Eugène Morozyuk marchent vers nous. À leur carrure et leur allure, on sait que ce sont deux frangins. Même démarche, même coupe de cheveux, même regard bleu. C’est simple: on a l’impression d’avoir devant soi des jumeaux qui ne seraient pas du même âge.

"},"type":"paragraph"},{"position":7,"text":{"fr":"

Ils ont un sourire grand comme ça lorsqu’ils nous montrent le précieux paquet qu’ils s’en vont livrer à ceux qui résistent, dans leur pays natal.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Un paysage capté lors du trajet vers la ville de Isaccea, en Roumanie."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":8,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F1d42366a-7f03-43fa-b6ac-4608e99fdc01.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":9,"text":{"fr":"

Au creux de la banale boîte brune, dort un contenu qui vaut de l’or. Parce qu’il peut faire la différence entre la vie et la mort. Des gilets pare-balles, des casques de combat, des batteries, des genouillères et des jumelles sont entassés dans le paquet.

"},"type":"paragraph"},{"position":10,"text":{"fr":"

«Les gilets pare-balles sont devenus une rareté. Ils sont donc très prisés.»

"},"type":"paragraph"},{"position":11,"text":{"fr":"

Roman et Eugène referment le colis avec satisfaction. Ce n’est pas leur première livraison, ce ne sera pas leur dernière non plus. Un peu partout, près des frontières, d’autres Ukrainiens font le même genre d’expédition.

"},"type":"paragraph"},{"position":12,"text":{"fr":"

«On jasera dans l’auto, on a plein d’histoires à raconter», nous disent-ils en anglais.

"},"type":"paragraph"},{"position":13,"text":{"fr":"

Dans leur Toyota Camry qui fonctionne au propane, on apprendra qu’ils sont natifs de Kyiv. Et que Roman peut traverser la frontière à sa guise.

"},"type":"paragraph"},{"position":14,"text":{"fr":"

«Parce que j’ai quatre enfants. Dans les familles où il y a plus de trois enfants, les hommes ne sont pas obligés de s’enrôler», explique-t-il.

"},"type":"paragraph"},{"position":15,"text":{"fr":"

Eugene, lui, a fui le pays au tout premier jour de la guerre. Le 24 février. En toute légalité.

"},"type":"paragraph"},{"position":16,"text":{"fr":"

«Quand les bombardements ont commencé, à l’aube, j’ai compris que je devais mettre ma famille à l’abri. Sans tarder. J’ai deux enfants, un de 4 ans, un autre de 5 mois. Je savais que l’invasion des Russes signifiait la guerre.»

"},"type":"paragraph"},{"position":17,"text":{"fr":"

Il a conduit vite jusqu’aux limites du pays et il s’en est fallu de peu pour qu’il ne puisse pas passer.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Deux frère Ukrainiens, Roman et Eugene"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":18,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F9bd40740-b12c-409d-ad03-26185e97399d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":19,"text":{"fr":"

«On a atteint le poste frontalier à 14h, mais il y avait beaucoup de monde. On a franchi la ligne à 18h30 seulement.»

"},"type":"paragraph"},{"position":20,"text":{"fr":"

À 20h, les hommes âgés de 18 à 60 ans n’étaient plus autorisés à quitter l’Ukraine.

"},"type":"paragraph"},{"position":21,"text":{"fr":"

À défaut d’être sur le champ de bataille, Eugène mène un autre genre de combat. Amasser du matériel et en orchestrer la livraison avec son frère, c’est sa façon de lutter. En restant près des siens.

"},"type":"paragraph"},{"position":22,"text":{"fr":"

Et les deux frérots ont d’autres idées dans leur cabas.

"},"type":"paragraph"},{"position":23,"text":{"fr":"

«En raison de la propagande, les Russes ont une totale incompréhension de ce qui se passe. Il faut le leur dire», expliquent Roman et Eugene.

"},"type":"paragraph"},{"position":24,"text":{"fr":"

Pour contrecarrer la désinformation, ils visent le web. Avec une «armée» inattendue: les adolescents.

"},"type":"paragraph"},{"position":25,"text":{"fr":"

«Tous, ils ont du temps. Et tous, ils ont un téléphone. C’est un moyen de communication qui peut devenir redoutable s’il est utilisé par un très grand nombre, dans un même but. J’ai travaillé dans l’innovation et la cybersécurité. On voudrait créer un réseau capable de déjouer les cyberbarrières de la Russie. Pour diffuser la vérité sur toutes les plateformes possibles. Même dans les critiques de restos en ligne, s’il le faut.»

"},"type":"paragraph"},{"position":26,"text":{"fr":"

Le mouvement en est à ses débuts. Il faudra du financement et du temps pour le mettre sur rails.

"},"type":"paragraph"},{"position":27,"text":{"fr":"

«Après ça, mon analyse, c’est qu’il faudrait un coup d’État pour sortir Poutine de son siège. Il n’y a que ça pour l’arrêter. Et si on ne le fait pas, il va poursuivre sa marche sur les autres pays des Balkans.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":28,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F4697b6c9-d500-4f5f-87b0-7dc3f24a6045.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":29,"text":{"fr":"

Pour Roman, l’ombre d’une Troisième Guerre mondiale n’est pas à écarter. Ni la possibilité que Poutine en vienne à provoquer un incident nucléaire. «Ce serait catastrophique. Pour tout le monde.»

"},"type":"paragraph"},{"position":30,"text":{"fr":"

Le paysage défile vite. Trop vite, même. Pressé d’arriver à bon port et multipliant les dépassements, Roman appuie sur l’accélérateur avec beaucoup trop d’enthousiasme. L’odomètre frôle des limites que je ne peux pas écrire ici, ça inquiéterait ma mère. Mais je dois être un peu trop blême sous mon teint déjà blanc.

"},"type":"paragraph"},{"position":31,"text":{"fr":"

«Je suis un conducteur d’expérience, je ne prends aucun risque inutile. Mais je peux ralentir un peu, si vous préférez.»

"},"type":"paragraph"},{"position":32,"text":{"fr":"

Oui, on préférerait. Un peu. Svp.

"},"type":"paragraph"},{"position":33,"text":{"fr":"

À une vitesse un yen plus raisonnable, le sympathique duo profite des quatre heures de route pour nous raconter l’histoire imbriquée (et compliquée!) de la Russie et de l’Ukraine.

"},"type":"paragraph"},{"position":34,"text":{"fr":"

«Les tensions, ça fait longtemps qu’il y en a», constate Eugene.

"},"type":"paragraph"},{"position":35,"text":{"fr":"

La route devient plus sinueuse et traverse des vallons où fleurissent de typiques villages.

"},"type":"paragraph"},{"position":36,"text":{"fr":"

Au détour d’un virage, on aperçoit le Danube. Et les contours de l’Ukraine. On débarque à Isaccea. Roman ne reviendra que dans la nuit, on ne pourra pas attendre son retour pour filer vers Bucarest.

"},"type":"paragraph"},{"position":37,"text":{"fr":"

Au camp, on sera soufflé par l’immensité de la perte et de la peine qui habitent les femmes qui traversent la frontière, en tenant leurs enfants par la main, et avec toute leur vie qui tient dans un mini sac à dos.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":38,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa6d970e5-b0b3-4afc-8e13-8ffea88fd41e.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":39,"text":{"fr":"

On y repensera, le soir, sur le chemin du retour. On y repensera les jours suivants aussi.

"},"type":"paragraph"},{"position":40,"text":{"fr":"

Le lendemain du périple, Oleg nous dira que nos places libérées leur ont permis de ramener à Bucarest deux femmes réfugiées et leur enfant, à chacune. On se dira alors, nous, qu’on a bien fait de partir plus tôt.

"},"type":"paragraph"},{"position":41,"text":{"fr":"

Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

"},"type":"paragraph"}],"creationDate":"2022-03-18T14:58:47.985Z","externalIds":{"newscycle":"5D438BD5-1292-4D00-B94D-73E29146D185"},"firstPublicationDate":"2022-03-18T21:00:00.000Z","free":false,"id":"3462e561139b12fd8a09adaff2bd88ae","lead":"ROUMANIE — C’est un imprévu dans l’itinéraire, une porte ouverte qu’on n’attendait pas. C’est surtout le genre d’invitation qui ne se refuse pas.","locales":["fr"],"metadata":{},"modificationDate":"2022-03-19T14:09:40.700Z","publications":[{"canonical":false,"organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"latribune","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"organizationKey":"ledroit","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"ledroitfranco","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"actualites"},{"canonical":true,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"actualites"}],"slug":"2022/03/18/rouler-trop-vite-sur-la-route-disaccea-photos-3462e561139b12fd8a09adaff2bd88ae","tags":[],"templateName":"article1","title":"Rouler trop vite sur la route d’Isaccea [PHOTOS]","type":"article","url":"global/contents/3462e561139b12fd8a09adaff2bd88ae.json","visual":{"caption":{"fr":"En route vers Isaccea en Roumanie avec deux frères ukrainiens, Roman et Eugene."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F06a23dd1-a2e0-4f81-b59f-6f7be696ed4d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},"color":null,"mainVisual":{"caption":"En route vers Isaccea en Roumanie avec deux frères ukrainiens, Roman et Eugene.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F06a23dd1-a2e0-4f81-b59f-6f7be696ed4d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},"thumbnailVisual":{"url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F06a23dd1-a2e0-4f81-b59f-6f7be696ed4d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"}},{"accessibility":"METERED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F32d78de9-715d-4e38-ac9e-829d9f25590f.png&width=1024&stripmeta=true","description":{"fr":"Journaliste et chroniqueuse "},"email":"ktremblay@latribune.qc.ca","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Feb0b7a9e-c0d8-4b3e-a772-a81f5f461178.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","location":"Sherbrooke","name":"Karine Tremblay","source":"La Tribune","twitter":"tremblayk"},{"description":{"fr":"Photographe"},"email":"sbertrand@ledroit.com","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa2c19d4b-4609-48eb-ab28-dc7a4c63ce93.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","name":"Simon Séguin-Bertrand - Photographe","source":"Le Droit","twitter":"SimonSB"}],"channel":"Guerre en Ukraine","chapters":[{"position":0,"text":{"fr":"

Quand il raconte ce moment-là, le Québécois a un vibrato dans la voix.

«Il y avait beaucoup de monde à Siret. Des personnes âgées, des femmes, des enfants. J’étais là depuis un moment, alors je suis retourné attendre dans l’auto. Quand ils m’ont texté pour me dire qu’ils s’en venaient, j’ai couru jusqu’au check point.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Le poste frontalier de Siret en Roumanie."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F9232348d-9890-4a08-8731-b275661a20a9.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":2,"text":{"fr":"

Il est arrivé juste à temps pour voir Valentina et Volodymyr Razin s’avancer à la marche. Une valise à la main. En sécurité. Enfin.

Leurs regards se sont tout de suite trouvés, avant qu’ils ne se tombent dans les bras.

Des larmes, tout le monde en a versé. Et tout le monde en laisse encore couler aujourd’hui, 24 heures après ce moment d’exception. Même Volodymyr, qui ne pleure pourtant jamais, d’habitude, il nous l’assure cinq fois plutôt qu’une.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Volodymyr Razin"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F7a8e7585-0e69-4d14-a970-24d12e646542.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":4,"text":{"fr":"

«Parce que je ne suis pas si émotif, d’ordinaire», dit le fier Ukrainien de 78 ans, avec un sourire entendu.

Sauf que justement, il n’y a rien d’ordinaire dans ce qu’ils traversent depuis trois semaines, sa conjointe Valentina et lui. La guerre a cisaillé leur pays et fait trembler leur vie.

Les prochains mois seront inhabituels, eux aussi. Le couple de Kyiv ira s’installer chez Sean, à Saint-Gabriel-de-Valcartier. Avec leur petit-neveu, Yaroslav, et leur petite-nièce, Anastasia, qui ont fui avec eux.

Il n’y a pas eu de conseil de famille chez les Bérubé. Pas besoin. L’accueil et la porte grande ouverte, c’était une évidence.

«Ma conjointe, mes deux garçons et moi on était à la même page: c’était la chose à faire. Ma maison est assez grande pour qu’on ne se marche pas sur les pieds.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Le couple de Kyiv ira s’installer chez Sean, à Saint-Gabriel-de-Valcartier."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":5,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa5cd45f5-ed9f-41c4-96db-de24d20224c5.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":6,"text":{"fr":"

À huit autour de la table, les soupers seront animés.

«Comme ma conjointe est Colombienne, et que Valentina aime cuisiner, on alternera sans doute entre des mets colombiens, d’autres ukrainiens et des plats québécois», image Sean, qui souhaite rendre son chez-lui le plus accueillant possible pour sa «famille ukrainienne».

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Valentina Razina"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":7,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fe1f029e4-7541-43c9-8814-1b8564abe43b.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":8,"text":{"fr":"

«J’ai un grand terrain, avec des érables. Je n’ai jamais entaillé les arbres, mais cette année, je pense me lancer, pour faire plaisir à Yaroslav, qui deviendra d'une certaine façon le petit frère de la famille.»

Celui-ci a hâte de goûter au sirop ambré. Il espère aussi qu’il aura la chance de voir des ours.

Tout ça, c’est pour bientôt. Le temps d’avoir complété les démarches biométriques et la famille ira déposer ses valises chez Sean.

Ce sera en quelque sorte un retour du balancier.

Parce que Sean a déjà partagé son quotidien avec le couple ukrainien, il y a près de trois décennies, alors qu’il jouait au hockey pour l’équipe là-bas.

Pendant trois ans, aux belles heures de son adolescence, il a vécu chez les Razin. C’est à cette époque que, dans le cœur de chacun, s’est tissé un lien si fort que tous le qualifient de familial.

L’attachement ne s’est jamais effrité.

«C’était notre fiston», remarquent en souriant Volodymyr et Valentina.

Il l’est resté. Mais maintenant, c’est à son tour de prendre soin.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Volodymir Razin et Sean Bérubé."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":9,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F46203a1b-fc60-4c98-9330-9b8b5fa7de93.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":10,"text":{"fr":"

C’est en tout cas ce que s’est dit le Québécois lorsque, il y a un an, Volodymyr et Valentina ont perdu leur fils unique. Il s’est promis de veiller sur eux.

Quand les bombes ont commencé à pleuvoir sur Kyiv, ils parlaient au téléphone ensemble.

«J’entendais les détonations dans le combiné», se souvient Sean.

À partir de ce moment-là, les appels hebdomadaires sont devenus quotidiens.

«Je me levais le matin et la première chose que je faisais, c’était les texter pour m’assurer qu’ils allaient bien.»

Après avoir trouvé refuge avec d’autres familles dans un sous-sol, pendant quelques jours, le couple de septuagénaires a décidé de retourner dans son appartement.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Valentina Razina."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":11,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F776592bd-5356-42fb-bb1f-32c6d016b7bd.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":12,"text":{"fr":"

«Valentina m’a dit : s’il y a un missile, ce sera tant pis. J’ai senti qu’ils abandonnaient un peu la partie. Je leur ai alors demandé de tenir le coup, pour moi», relate Sean.

Et lui, il a décidé qu’il irait les chercher le jour où ils se décideraient enfin à sortir du pays. Ce jour-là est arrivé il y a une semaine. Et c’est ce qui fait que jeudi soir dernier, on s’est tous retrouvé à causer dans le petit salon d’un appartement loué à Bucarest. Une journée après leurs retrouvailles à Siret.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Sean Bérubé."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":13,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F0140fb1e-9fc2-4a5f-9f03-5f55dfa870b6.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":14,"text":{"fr":"

«J’ai appris mon russe dans une chambre de hockey, j’échappe peut-être quelques mots», nous avise Sean, qui s’exprime pourtant avec aisance dans la langue slave. Celle des racines et de l’enfance de Volodymyr.

«Je suis né en Russie, en 1944, mentionne celui-ci. Un an avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale. J’aurai donc connu deux conflits…»

Il m’explique que sa famille est russophone. Qu’il a des frères et sœurs en Russie. Il ne leur a pas parlé depuis une semaine.

«Dans nos conversations téléphoniques, on n’évoquait pas la guerre. On ne pouvait tout simplement pas. Eux, sans doute, ils avaient peur. Parce que les mots sensibles peuvent être dangereux à prononcer. Et ils ne savaient pas s’ils étaient sous écoute», résume Valentina.

Celle-ci est convaincue que les Ukrainiens tiendront bon. Et qu’ils auront éventuellement le dessus .

«Je ne sais pas où le président Zelensky prend tout son courage et son énergie, mais son exemple galvanise nos troupes, insiste-t-elle. Le moral des gens est très, très fort. Même si des soldats tombent au combat, d’autres vont reprendre le flambeau. À long terme, oui, on gagnera cette guerre. Les beaux jours reviendront.»

Mais rien ne sera plus comme avant entre Russes et Ukrainiens. Au moins pour une ou deux générations. Parce que la blessure est trop profonde et l’invasion, trop violente.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Anastasia Kravchenko"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":15,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Ff8417440-3a97-4040-aa29-ab221cf5a645.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":16,"text":{"fr":"

«Des relations entre les deux peuples, c’est simple : il n’y en aura pas. À cause des crimes de guerre… Trop d’atrocités ont été commises», s’emballe Anastasia.

Pas besoin de chercher bien loin pour trouver des exemples. La vidéo du char d’assaut russe qui écrase une voiture conduite par des civils et qui a beaucoup circulé, au début de la guerre, c’était à quatre rues de chez elle.

La jeune fille ne voulait pas quitter sa ville, sa vie, ses parents, restés à Kyiv pour participer à l’effort de guerre. Abandonner les siens, laisser son chat et son chien derrière, c’était impensable pour l’étudiante en relations internationales.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Extrait de l'entrevue avec la famille Razin à Bucarest"},"contentType":"jw","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"monetizationEnabled":true,"position":17,"thumbnailUrl":"https://cdn.jwplayer.com/thumbs/7q1qu4Um-1280.jpg","type":"video","url":"https://cdn.jwplayer.com/manifests/7q1qu4Um.m3u8","videoUrl":"https://cdn.jwplayer.com/manifests/7q1qu4Um.m3u8"},{"position":18,"text":{"fr":"

«Sa mère lui a dit qu’il fallait qu’elle accompagne son petit frère. Qu’elle le prenne sous son aile. Je suis impressionné de voir à quel point elle a vieilli d’un seul coup. Elle agit envers lui comme le ferait une maman», remarque Sean.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Anastasia Kravchenko et son petit frère Yaroslav."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":19,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F2fea4edc-10b5-4acc-a40b-e25c0ab95a47.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":20,"text":{"fr":"

Collé contre sa grande sœur, le jeune Yaroslav ne manque pas un mot de la conversation. Mais ce sujet-là l’interpelle plus que les autres.

«Avant la guerre, on m’avait toujours dit que ce pays voisin était très beau. Je ne le crois plus. Parce que là, c’est comme si les Russes nous avaient tiré dans le dos.»

Ça, ça n’a rien de beau.

Ça génère colère, tristesse, frustration, incompréhension. On fait ce qu’on peut pour canaliser des vagues d’émotions comme celles-là. Du haut de ses 11 ans, Yaroslav a bricolé un avion coloré à l’aide de son pistolet à peinture 3D. Le précieux engin miniature vert ne quitte pas sa main.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":21,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fdda96981-24f8-4320-b6f6-fb911c99481c.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":22,"text":{"fr":"

«C’est un MiG-29 de la Pologne, m’explique-t-il. Comme ceux qui viendront nous aider.»

Il y a dans sa phrase tout l’espoir du monde. Et il y a quelques larmes qui pointent dans les yeux de tous. Encore.

Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

"},"type":"paragraph"}],"creationDate":"2022-03-20T22:02:58.944Z","externalIds":{},"firstPublicationDate":"2022-03-20T22:34:31.494Z","free":false,"id":"b02e1923c65cfe275447b29656b4e308","lead":"BUCAREST – Sean Bérubé était à la frontière de Siret quand ses «parents ukrainiens» ont franchi les quelques mètres qui les menaient en Roumanie.","locales":["fr"],"metadata":{},"modificationDate":"2022-03-21T12:14:34.511Z","publications":[{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"actualites"},{"canonical":true,"organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"ledroit","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"latribune","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"guerre-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"guerre-en-ukraine"}],"slug":"2022/03/20/ma-famille-ukrainienne-b02e1923c65cfe275447b29656b4e308","tags":[],"templateName":"article3","title":"Ma famille ukrainienne","type":"article","url":"global/contents/b02e1923c65cfe275447b29656b4e308.json","visual":{"caption":{"fr":"Anastasia et Yaroslav Kravchenko."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F41295d32-48ab-4d06-8602-1f609b33e0de.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},"color":null,"mainVisual":{"caption":"Anastasia et Yaroslav Kravchenko.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F41295d32-48ab-4d06-8602-1f609b33e0de.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},"thumbnailVisual":{"url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F41295d32-48ab-4d06-8602-1f609b33e0de.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"}},{"accessibility":"METERED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F32d78de9-715d-4e38-ac9e-829d9f25590f.png&width=1024&stripmeta=true","description":{"fr":"Journaliste et chroniqueuse "},"email":"ktremblay@latribune.qc.ca","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Feb0b7a9e-c0d8-4b3e-a772-a81f5f461178.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","location":"Sherbrooke","name":"Karine Tremblay","source":"La Tribune","twitter":"tremblayk"},{"description":{"fr":"Photographe"},"email":"sbertrand@ledroit.com","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa2c19d4b-4609-48eb-ab28-dc7a4c63ce93.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","name":"Simon Séguin-Bertrand - Photographe","source":"Le Droit","twitter":"SimonSB"}],"channel":"Notre équipe aux frontières de la guerre","chapters":[{"position":0,"text":{"fr":"

Parce que l’ampleur du drame humain qui se joue depuis trois semaines nous rattrape. À chaque conversation, chaque regard échangé, chaque image qui s’imprime sur notre rétine, on mesure l’immensité de la tragédie.

"},"type":"paragraph"},{"position":2,"text":{"fr":"

Le soleil a beau briller aujourd'hui, chaque personne transporte avec elle l’étendue de sa perte et de sa peine. Ça donne le vertige quand on pense que jusqu’ici, elles sont plus de trois millions à avoir quitté l’Ukraine. Si la Pologne est depuis le début du conflit la principale destination des réfugiés, c’est la Roumanie qui est la deuxième porte d’entrée. Situé tout près de Suceava, Siret est le point de passage le plus important du pays.

La bordure de la route y a été aménagée comme un circuit. Hors contexte, on pourrait presque se croire dans un festival de village, avec des food trucks, des tentes, des kiosques, un comptoir de gyros, de la soupe chaude, du pain, des douceurs. Sauf qu’il y a sur les visages une gravité qui freine toute méprise.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Les bénévoles sont nombreux pour accueillir les réfugiés."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Ff221fb0e-f4a7-4343-a489-4df9d04fa0e9.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":4,"text":{"fr":"

Au-dessus de nos têtes, un nuage de corbeaux voile le ciel. Comme pour nous dire que ceux qui sont ici n’ont rien choisi. Personne n’a le cœur à la fête. Mais à la solidarité, oui. Les bénévoles sont nombreux pour accueillir les réfugiés. Le nombre de volontaires n’a pas diminué, même si l’afflux de réfugiés est un peu moins important ces derniers jours, nous confie le photographe Sorin Onisor, qui immortalise en images ce qui se passe au poste frontalier depuis le jour un.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Le photographe roumain Sorin Onisor."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":5,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fe609da6d-2e59-44b4-b7ef-deecaad82de1.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":6,"text":{"fr":"

Mircea a décidé de venir passer toutes ses fins de semaine sous la tente. Pour avoir le sentiment d’aider. Et parce que le Roumain a lui-même deux enfants.

Le conducteur de camion trouve difficilement les mots pour exprimer la détresse qu’il a croisée.

«La guerre, c’est ce que c’est. Toutes ces femmes avec leurs enfants qui arrivent... Jusqu’à hier, elles avaient encore tout. Un toit, une famille, des amis. Aujourd’hui, elles n’ont plus que la paire de jeans qu’elles portent sur le dos. Ce matin, j’ai donné un café à un Ukrainien. Ses mains tremblaient tellement il n’était pas capable de boire. Impossible de décrire une telle souffrance. Et c’est la folie d’un seul dirigeant qui mène à ça...»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Mircea a décidé de venir aider toutes les fins de semaine."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":7,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F05e27743-7ca2-43de-88dd-fc7e44707ca5.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":8,"text":{"fr":"

L’homme est un costaud qui en a vu d’autres. «Attaquer l’Ukraine, c’était injuste, c’était couard de s’en prendre à un pays plus faible.»

Lui, n’a peur que de deux choses dans la vie. «Qu’il arrive quelque chose à ma famille. Et de Dieu. »

La parole de Dieu s’invite parfois dans le discours des uns et des autres. Ce n’est pas étonnant puisqu’une poignée d’organisations religieuses ont afflué aux frontières.

Au kiosque d’Asociatia MGM, ce sont des adolescentes qui distribuent le thé et le café.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Au kiosque d’Asociatia MGM"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":9,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fe546dbc8-f86f-43eb-a19a-0c960e3d8f45.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":10,"text":{"fr":"

«Nous sommes chrétiennes et nous sommes ici pour montrer l’amour de Dieu. Nous prions pour eux. Nous sommes tristes, aussi, quand nous voyons des jeunes de notre âge arriver », explique la jeune Alessia Maftei Botosane.

Elle n’est pas seule à se sentir investie d’une mission divine.

C’est le cas de Sandy Sindelar et Candace Namenuk Wisely, qui sont venues du Minnesota pour mettre l’épaule à la roue.

«Nous sommes engagées dans notre communauté et notre église a des liens de proximité avec une église roumaine. Lorsque nous avons vu la possibilité de venir aider, nous avons décidé de prendre l’avion. C’était comme un appel de Dieu.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Sandy Sindelar et Candace Namenuk Wisely, qui sont venues du Minnesota."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":11,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Ffcff2a8f-67a1-4b3b-9409-afed7c392554.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":12,"text":{"fr":"

C’était aussi une façon, pour Candace, de renouer avec ses racines, elle dont le père était Ukrainien.

«Je n’ai jamais vécu là-bas, mais c’est une culture qui est imbriquée dans la mienne depuis l’enfance. Ce que ce peuple traverse, ça me brise le cœur», confie-t-elle en orchestrant le transport d’une cinquantaine de réfugiés.

Irina Kulitova s’apprête à monter dans ce bus à destination de Bucarest lorsqu’elle nous raconte son histoire, en se réchauffant avec un café. Depuis des jours, elle vivait dans un abri sous-terrain, avec d’autres Ukrainiens, à Tchernihiv.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Irina Kulitova"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":13,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fb67be327-d16d-47ec-b7bb-62d152a8bc15.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":14,"text":{"fr":"

La ville, étranglée par les chars des soldats russes, rendait toute fuite impossible.

«Les bombardements étaient constants. Il n’y avait plus d’eau, plus d’électricité, plus de nourriture. J’étais terriblement effrayée. On a profité d’une accalmie pour partir, mais on ne savait pas si on arriverait à destination. »

Sur son téléphone, elle me montre le profil Facebook d’un ami. Père d’une fillette de trois ans, il a été tué hier.

«La journée a été très difficile. C’est le premier de mes amis qui est mort à cause de la guerre.»

Irina sait qu’elle aussi aurait pu compter parmi les victimes.

«Je suis retournée à mon appartement pour aller chercher des choses. Le souffle d’une explosion avait fait éclater la fenêtre de ma chambre. Sur mon lit, il y avait des milliers de fragments de verre. Si j’avais été là…»

Elle ne termine pas sa phrase.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Des images de la ville de Tchernihiv."},"contentType":"jw","credits":{"fr":"Courtoisie, Irina Kulitova"},"monetizationEnabled":true,"position":15,"thumbnailUrl":"https://cdn.jwplayer.com/thumbs/h1y3RhWV-1280.jpg","type":"video","url":"https://cdn.jwplayer.com/manifests/h1y3RhWV.m3u8","videoUrl":"https://cdn.jwplayer.com/manifests/h1y3RhWV.m3u8"},{"position":16,"text":{"fr":"

«Combien de bâtiments ont-ils détruit? Combien de gens sont morts? Ma ville était magnifique. Maintenant, ce ne sont que des ruines», souligne-t-elle en me montrant des images captées sur son cellulaire.

Avant, il y avait les parcs fleuris, l’architecture raffinée, la vie dans la ville. Maintenant, partout, c’est du béton explosé. Des monceaux de pierres grises. Des immeubles éventrés. La dévastation.

C’est l’heure de partir. Irina prend une dernière gorgée avant d’embarquer. «Je vais en Bulgarie. J’ai une amie au Portugal qui veut aussi m’accueillir. J’espère vite arriver à trouver du travail. Comme tant d’autres ici.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Irina Kulitova"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":17,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F13899c79-7b58-42c9-8120-66654c663245.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":18,"text":{"fr":"

La Roumaine Hadas Eldar est native d’Israël. Elle est partie de Bucarest pour venir aider, avec sa fille et son conjoint.

«Cette gentillesse, c’est courant dans la communauté juive. Mais on la voit moins souvent ailleurs.»

La générosité du peuple roumain, la multiplication des gestes de bonté la ravissent autant qu’ils la réconfortent.

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«Je suis juive et native d’Israël. Je sais que lorsque les populations ont fui, pendant la Deuxième Guerre mondiale, personne n’était là pour les accueillir ainsi», me raconte-t-elle en confiant que la moitié de sa famille a péri à Auschwitz.

Quand l’histoire se répète, on espère toujours faire mieux.

«On ne peut pas comparer ce qui se passe actuellement à l’holocauste, bien sûr, mais reste que ceux qui arrivent ici, ce sont ceux qui ont de la chance.»

La crainte d’une Troisième Guerre qui habite l’imaginaire de plusieurs se faufile à demi-mot dans la conversation.

«Toute la planète retient son souffle. Les dirigeants ne veulent pas trop interférer pour ne pas que le conflit déborde. C’est une peur terrible», dit-elle avant de retourner servir soupe et sandwich.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Anna pense à sa mère et à son mari qui sont restés derrière."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":21,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F6c261afb-49a0-43e0-a3f6-cff0ce7a531c.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":22,"text":{"fr":"

Dans le stationnement adjacent, Nataliya accompagne sa sœur Anna et le jeune Viktor, vêtu du costume olympique ukrainien. «Il a gagné plusieurs médailles», glisse Nataliya avec fierté.

Elle vit depuis 10 ans en Israël. C’est là qu’elle retourne se mettre à l’abri, avec sa frangine.

Anna pousse sa valise. Sourit un peu. Et puis l’embâcle cède. Soudain, il y a un fleuve dans ses yeux. Elle pense à sa mère et à son mari qui sont restés derrière.

Un essaim de corbeaux masque le ciel à nouveau. Leurs croassements se mêlent à nos voix. Demain, Anna aussi s’envolera. À Tel-Aviv, elle sait qu’elle sera bien, mais elle sait aussi qu’elle sera loin.

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Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

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Devant nous, la pièce, immense, laisse le soleil entrer de partout via ses larges vitrines. D’ordinaire, les lourds luminaires de verre soufflé brillent au-dessus de couples enlacés pour un mariage ou une soirée.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F1feca00b-8b68-49fe-bc6f-29503a67b3c6.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":2,"text":{"fr":"

Aujourd’hui, c’est autre chose. Il n’y a pas de danse sous la boule disco, mais un ballet de bénévoles qui s’agitent devant les énormes piles de couvertures et de vêtements. Des matelas de sol bleus sont alignés d’un bout à l’autre de la vaste salle de bal aux très hauts plafonds miroir.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"La salle de bal de l'hôtel Mandachi sert de camp de réfugiés."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fab42e32c-1834-44c9-bc90-fba66326d4d2.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":4,"text":{"fr":"

Regard circulaire. On remarque des yeux rougis, une lassitude dans la posture des uns, des autres.

Un chien se promène entre les lits de camp tandis qu’une famille se fraie un chemin entre les lits de fortune. Père et mère tiennent par la main deux enfants, des jumeaux qui n’ont probablement pas quatre ans encore. Deux gamins jouent au soccer. Des gens dorment, d’autres sont absorbés par leur écran de téléphone, d’autres, encore, s’apprêtent à mettre le cap sur un autre pays européen.

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«Environ 70 pour cent des réfugiés qui arrivent ici s’en vont en Allemagne, en raison des mesures d’accueil. Les autres optent pour l’Italie, l’Espagne, l’Autriche, la France, la Belgique, le Portugal», raconte Adrien Bolohan.

Tout le monde ici l’appelle Adi. Il fait partie de la cinquantaine de bénévoles réguliers qui font rouler le centre de transit pour les réfugiés. Aménagé dans le chic Hôtel Mandachi de Suceava, en Roumanie, l’endroit a vu passer 15 000 Ukrainiens depuis trois semaines.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Adrien Bolohan"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":7,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F00585d63-ec6f-46fc-a12f-9e7459b33478.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":8,"text":{"fr":"

C’est le propriétaire de l’établissement qui a eu l’idée de transformer la salle de réception en lieu d’accueil. Il a fait le nécessaire pour orchestrer le tout rapidement. L’élan de solidarité de la population a permis le reste.

«Stephan Mandachi, c’est un grand humaniste. Pour lui, c’est un devoir d’aider. On fonctionne beaucoup grâce aux dons de la population, mais c’est l’hôtel qui fournit les repas et l’hébergement», nous dit Adi.

L’homme d’affaires n’est pas là lors de notre passage. Mais le centre roule tempête.

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On l’a constaté ailleurs, on le remarque encore ici : la générosité des Roumains est incomparable.

«Chaque jour, je suis impressionné par ce que je vois. Tout le monde donne ce qu’il peut, même les plus petits. L’autre fois, une famille est venue porter un sac de divers trucs. Il y avait quelques jouets dans le lot. En voyant des jeunes de son âge arriver ici, le tout petit enfant de cette famille est retourné dans sa voiture chercher un jouet de plus parmi les siens», raconte Adrien.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":11,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F942a11e3-bf34-476b-a52a-835c5445ee89.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":12,"text":{"fr":"

Quelque 250 bénévoles se relaient à l’accueil, au tri, à l’accompagnement des réfugiés.

«On est une cinquantaine qui sommes là plus régulièrement. Moi, je serai là jusqu’à la fin de la guerre», assure Adrien.

L’autre matin, des étudiants universitaires de psychologie sont venus apporter du soutien et jouer avec les enfants. Des bénévoles sont aussi venus faire de l’animation déguisés en Mickey Mouse et en Cendrillon.

«On fait ce qu’on peut pour rendre ça moins triste.»

"},"type":"paragraph"},{"position":14,"text":{"fr":"

En montant le large escalier, on capte quelques notes de musique. Le micro d’un système de karaoké est habituellement utilisé pour annoncer l’arrivée des bus pour telle ou telle destination. Mais à l’instant, le micro repose sur la tablette et c’est de la musique ukrainienne que diffuse le haut-parleur.

Paulina a 21 ans et son frère, Viktor, en a 15. Ils sont arrivés hier, se préparent à repartir avec leur grande sœur, les enfants de celle-ci et le chien de la famille.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Paulina a 21 ans et son frère, Viktor, en a 15."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":15,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F0e467e68-c11a-4414-9c46-ef9a6f32ab56.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":16,"text":{"fr":"

Ils sourient en expliquant qu’ils se dirigent vers l’Espagne. Mais leur regard est fatigué. Triste, aussi.

Ils ramassent leur bagage et contournent le jeune Urtem, 9 ans. Hier, le petit garçon vivait dans sa maison de Kyiv. Ce matin, c’est ici qu’il déjeune et qu’il improvise une partie de soccer avec un ami rencontré dans le bus. Demain, c’est en Allemagne qu’il ira. Pour la toute première fois.

«Je suis content, j’ai hâte de voir ce pays, mais j’ai aussi vraiment hâte de retrouver mon chez-moi», résume-t-il.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":17,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fc05421a7-d0b8-4fc9-92d1-690fb4082b31.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":18,"text":{"fr":"

On fait quelques passes du bout du pied. Puis on laisse les garçons jouer.

Assis sur son matelas, un peu plus loin, Illia pianote sur son ordinateur portable. Le jeune homme a la voix douce, le regard franc. Il a 21 ans. S’il a pu sortir d’Ukraine en dépit de la loi qui interdit aux hommes de 18 à 60 ans de quitter le pays, c’est en raison de son statut d’étudiant universitaire en Pologne. Mais ça n’a pas été simple.

«J’ai eu un accrochage avec ma mère et ma grand-mère, avant de me retrouver ici. J’ai demandé des papiers à mon université, mais c’est la guerre, et avec la loi, ce n’était pas simple de sortir. J’ai choisi de passer par la Roumanie plutôt que par la Pologne parce que j’avais l’impression que ce serait moins strict.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Illia, étudiant"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":19,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F0ca25237-08be-42fe-a602-be5daaf8fcea.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":20,"text":{"fr":"

Les choses restent étranges. Le contexte également.

«C’est une guerre qui fait mal à la population, mais c’est une guerre de médias, parce qu’elle s’enracine dans la désinformation», note Illia.

Devant les fausses informations qui circulent du côté russe, les gens en Ukraine sont en colère, assure-t-il.

«Tous, on veut se battre pour notre pays. Moi, j’étais déchiré à l’idée de m’en aller. Si je pense à mon avenir, c’était la chose à faire. Mais vraiment, j’ai peur. Tous mes amis qui sont sur le champ de bataille… Ils peuvent mourir. S’ils ont à sortir les armes, s’ils ont à affronter le pire de la guerre, je voudrais pouvoir être auprès d’eux, à ce moment-là.»

Ce moment-là, s’il arrive, Illia espère qu’il sera couronné d’une fin heureuse. Comme le sont les contes de fées qui s’écrivent dans une salle de bal.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"L'hôtel Mandachi à Suceava en Roumanie."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":21,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F26c73a2d-bfed-46f4-95a4-a89f2f9aceae.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":22,"text":{"fr":"

Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

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C’est leur première journée en tant que bénévoles. Elles se sont rencontrées aujourd’hui et ont choisi de faire équipe. La première parle ukrainien, la seconde, polonais. Elles communiquent ensemble en anglais.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Justyne Zych et Anastasia Naumenko."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fba216a88-ddc0-4750-854a-082a1332a9d6.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":2,"text":{"fr":"

«On essaie de trouver une mère et son enfant qui voudraient aller en France. Quelqu’un aurait un studio pour eux et de la place dans la voiture pour partir dès maintenant», me résume Anastasia Naumenko.

Avec délicatesse, Justyne Zych et elle s’approchent des réfugiées qui marchent avec valise et enfant. Certaines ont déjà une place où aller. D’autres déclinent parce qu’il n’y a de la place que pour deux et elles sont avec une grand-maman, d’autres enfants.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Justine Zych."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F767d4f47-1737-45ea-b02a-36c249e685da.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":4,"text":{"fr":"

Le duo ne se décourage pas et continue de parcourir les lieux. Nous les suivons dans leur quête de la journée. Leur dernière avant la fin de leur premier après-midi de bénévolat.

Anastasia est arrivée la semaine dernière en Pologne. Elle a 18 ans, des cheveux de blé, un regard d’eau. Avec sa mère et son petit frère de 13 ans, elle a fui l’Ukraine et vit chez sa marraine depuis.

"},"type":"paragraph"},{"position":5,"text":{"fr":"

«On a mis deux jours et demi pour venir jusqu’ici. La route était dangereuse, les Russes étaient tout près. Certains Ukrainiens ont même fait demi-tour parce que c’était trop risqué», explique la jeune fille.

Elle a décidé la veille de venir s’inscrire comme bénévole à la gare, là où transitent des milliers d’Ukrainiens chaque semaine.

"},"type":"paragraph"},{"position":6,"text":{"fr":"

«Je parle la langue, je me suis dit que je pouvais être utile. Et j’avais besoin de le faire.»

Pour elle, c’est une façon de contrer la peine et le sentiment d’impuissance.

«Plusieurs Ukrainiens se sentent coupables d’être partis du pays. Moi aussi. Être là-bas, d’une certaine façon, c’est mieux pour le moral. Parce qu’on a alors le sentiment de faire partie de quelque chose, de participer, même en ne faisant rien. Je ne voulais pas partir. Mes parents ont pris cette décision, je l’ai respectée. Mais c’est très difficile.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Anastasia Naumenko."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":7,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Ff7805533-f29e-4623-a191-cc5b6da9274c.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":8,"text":{"fr":"

Le père d’Anastasia est demeuré à Kharkiv. Chaque conversation avec lui réveille la souffrance de le savoir sur la ligne de front.

«Ma mère pleure tous les jours. C’est douloureux pour moi de la voir si triste. Elle avait un travail à l’université. Elle ne pourra pas retrouver un emploi ici. Lorsqu’elle parle à mon père, elle veut qu’on retourne là-bas. Mais il insiste : il souhaite que nous restions en sécurité...»

Anastasia interrompt le récit de son histoire et jette un coup d’œil autour d’elle.

«Tous ces gens qui fixent le vide, toutes ces vies brisées… ça me blesse le cœur. Et c’est très fâchant de voir des tas de blogueurs et de stars russes écrire des choses comme ‘’Poutine est le président du monde’’.»

"},"type":"paragraph"},{"position":9,"text":{"fr":"

La veille, dans la ville d’Anastasia, les soldats russes ont bombardé une usine de produits chimiques.

«Après, ils ont dit que c’était nous, les Ukrainiens, qui avions fait ça, s’indigne-t-elle. Et les Russes croient ça? Je ne sais pas s’ils sont stupides, mais moi, ça me met en colère. Depuis huit ans, cette propagande dure. Ils nous ont enlevé la Crimée. Mais ils n’arriveront pas à saboter notre fierté. Nous sommes un peuple fort, et très uni. On ne baissera pas les bras.»

Elle ne baisse pas les bras devant sa mission non plus. Mais 18 heures arrivera sans que les deux jeunes femmes aient trouvé une Ukrainienne prête à partir en France.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Justyne et Anastasia à la Gare Centrale de Varsovie."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":10,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Ffd59fe3e-1c1d-43a5-8dab-7c5002ca9927.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":11,"text":{"fr":"

«Ce n’est pas grave. Ça valait le coup d’essayer.»

Anastasia et Justyne se disent au revoir en se promettant de se recroiser ici. Au kiosque d’inscription, d’autres personnes font la file pour être bénévoles. C’est le quart de soirée qui commence.

"},"type":"paragraph"},{"position":12,"text":{"fr":"

Agnieszka Anikin est coordonnatrice des bénévoles. Si elle dirige l’essaim de volontaires, c’est un peu par hasard, nous raconte-t-elle.

«Au début, on n’était pas organisé, on n’était pas préparé pour ça. J’ai vu sur Instagram qu’il y avait des besoins et des demandes. J’ai lancé un appel sur mon propre compte. Je n’ai pas tant de followers, mais plusieurs influenceurs ont relayé mon post, ce qui fait qu’on a vite récolté énormément de choses.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Agnieszka Anikin est coordonnatrice des bénévoles."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":13,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F250aee91-b2c1-4547-b545-34b96dbd55e8.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":14,"text":{"fr":"

C’était le 28 février dernier. Elle a atterri à la gare où elle a pris les choses en charge. Elle revient chaque jour depuis. Elle va continuer de le faire nous explique-t-elle avec une voix qui casse, par moments, en raison de la fatigue.

«Les journées sont longues, mais la première de toutes a été la plus difficile. C’était désorganisé, on a dû bâtir une structure très rapidement.»

Les Ukrainiens qui arrivent par train de Przemyśl transitent par ici. L’afflux de réfugiés varie d’un jour à l’autre. Il change de visage, aussi.

«Au départ, on voyait des gens de partout, des Ukrainiens qui étaient originaires d’Afghanistan, par exemple, souligne Agnieszka. Les gens avaient davantage de bagages, plus d’argent, aussi. Ceux qui arrivent maintenant ont davantage subi la guerre. Plusieurs sont dans un état plus critique.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"La Gare Centrale de Varsovie."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":15,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F78e5d190-72a5-49bd-84d6-77099843e86e.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":16,"text":{"fr":"

Des scouts, des pompiers, des policiers prêtent main-forte sur place. Différents organismes, dont World Central Kitchen, sont aussi à pied d’œuvre. Des tentes de premiers soins ont été temporairement installées à l’entrée.

Au deuxième étage, les gens dorment ou se reposent sur des lits patentés ou sur les sièges de l’endroit. Une bénévole passe avec une large boîte de petits gâteaux. C’est fête dans les yeux des enfants, qui accourent et pigent avec appétit dans le coffret de douceurs sucrées.

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Pour une autre longue journée, Paulina Witkowska a enfilé son dossard orange de bénévole. La Polonaise a temporairement fermé sa compagnie de construction pour mettre l’épaule à la roue.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Paulina Witkowska."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":19,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F2a26bd40-2c08-4063-9ff9-da88a7be9a9e.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":20,"text":{"fr":"

«Regardez autour. Vous allez comprendre pourquoi on est là», note-t-elle.

Les premiers jours ont été terribles.

"},"type":"paragraph"},{"position":22,"text":{"fr":"

«On n’avait pas de système électrique, nos installations étaient à bâtir. J’ai fait 300 soupes, à la maison, avec des amis. On a tout apporté ici. Même chose pour le thé. Et on aide pour tout. Le transport, le logement, la nourriture, les informations.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Paulina Witkowska."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":23,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F561d9d4e-d364-450c-880c-07a29387ad8d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":24,"text":{"fr":"

Paulina soupire, plante son regard dans le mien.

«Je travaille avec des hommes. Je suis faite forte. Je pensais être prête pour ça. Mais personne n’est prêt pour ça. Après une semaine, j’ai changé mon implication pour être temporairement moins en contact avec les réfugiés, je n’aurais pas tenu le coup sinon. C’était trop bouleversant. C’était juste trop.»

Trop, ça pourrait aussi le devenir pour le pays.

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«La Pologne peut gérer pour un petit moment, mais elle ne pourra pas tenir à long terme, insiste Agnieszka Anikin. Plus de deux millions de personnes ont déjà franchi notre frontière. C’est énorme. On ne pourra pas tenir ça seuls. Il va falloir qu’il y ait un relais.»

Assurer ce relais, c’est la mission qu’elle confierait aux dirigeants, aux autres pays. À tous ceux qui peuvent.

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Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

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Il nous reste encore des histoires à vous rapporter, mais aujourd’hui, on fait une petite parenthèse. Entre deux chapitres, on ouvre notre carnet de voyage et on vous partage une poignée de pépites pétries d’observations, de constats, et de rencontres, surtout.

"},"type":"paragraph"},{"position":1,"text":{"fr":"

Êtes-vous Ukrainiens ?

Cette question-là, on nous l’a posée souvent. À la gare, au moment d’acheter des billets de train. Au comptoir d’un café. Alors qu’on sortait d’un wagon. En Roumanie comme en Pologne, des bénévoles qui ont entendu qu’on ne parlait pas la langue locale sont allés au-devant de nos questions pour savoir si on faisait partie des réfugiés et si on avait besoin d’un thé, d’une carte SIM, de gants chauds, d’un transport gratuit.

Ce n’est pas banal. Parce que ça traduit l’immense vague de solidarité qui déferle. C’est le côté doux de l’humanité.

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La peur qui plane

En Roumanie comme en Pologne, on sent l’inquiétude que l’invasion russe déborde sur d’autres frontières.

«Tu sais, s’il y a autant de générosité au pays, si les Roumains aident autant, je pense que c’est parce qu’ils ont extrêmement peur. Ils savent que cette chose-là pourrait leur arriver aussi... Ils sont effrayés à l’idée d’être les prochains, peut-être. C’est normal de ressentir ça : nous sommes le pays voisin», résume Adriana Susma, bénévole à la frontière d’Isaccea.

Ce point de vue est répandu; la crainte que la marche de Poutine ne soit pas freinée et finisse par atteindre les pays limitrophes est très souvent nommée.

«Les gens ont peur pour la suite, de la guerre, mais aussi de ce qu’elle engendre», expose le Roumain Adrien Bolohan, bénévole à l’Hôtel Mandachi.

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Déjà, l’explosion du prix de l’essence a fait grimper les prix de différents produits.

«Les gens stockent les matières premières, note Adrien. Les tablettes des supermarchés se vident. Les gens font des réserves de différents aliments de base comme l’huile, la farine, le sucre. Au cas où.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Les Ukrainiens qui ont fui arrivent aux frontières avec peu. Toute leur vie tient dans un petit sac, une valise ou un cabas."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":6,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F60c9ab67-9e37-43e8-98a9-43f8f3159b3d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":7,"text":{"fr":"

La crainte d’une attaque nucléaire existe bel et bien.

«On ne peut pas entendre ce mot-là sans frémir. Récemment, dans le journal local, ils ont publié un article qui disait quoi faire en cas d’attaque nucléaire. Je n’ai jamais vu ça, c’est la première fois que ce genre d’information circule dans les médias.»

La menace est prise au sérieux. Tellement que les citoyens se sont rués sur les pastilles d’iode (à prendre en cas d’attaque nucléaire pour protéger la thyroïde).

«Je ne sais pas si les pharmacies ont pu refaire leurs réserves, ou si elles pourront le faire bientôt, mais ces derniers jours, on ne trouvait plus d’iode en pharmacie, c’était la pénurie», souligne Adrien.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"En Roumanie comme en Pologne, on sent l’inquiétude que l’invasion russe déborde sur d’autres frontières."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":8,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F1edd4ca6-5849-41b0-aebc-0658d5811c5b.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":9,"text":{"fr":"

Raconter en photos

Sorin Onisor est photographe dans la région de Bucovina. Il image habituellement la beauté de son coin de pays et des gens qui y vivent. Ses photos, aussi artistiques qu’atmosphériques, racontent d’ordinaire le quotidien d’une vie simple dans le décor d’une nature généreuse.

Depuis la fin du mois de février, c’est le visage de la guerre qu’il imprime sur son capteur. Lorsque la frontière de Suceava a vu passer les premières personnes réfugiées, il était là. Lors de ce tout premier jour à l’orée de la guérite, il a parfois dû ranger sa caméra pour sécher ses larmes.

«C’était trop terrible. Il faisait très froid, et on voyait arriver tous ces enfants qui avaient l’air de petits anges… C’était et c’est encore dramatique.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Depuis la fin du mois de février, le photographe Sorin Onisor imprime le visage de la guerre sur son capteur. "},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":10,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fec9dd59d-6d62-45f1-8cd3-047557685970.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":11,"text":{"fr":"

Chaque jour, ou presque, il revient se poster aux limites frontalières. Il connaît à peu près tous les bénévoles sur place, nous amène goûter la réconfortante ciorba roumaine cuisinée sur place dans un chaudron de la taille d’Obélix.

Par devoir, il va continuer à multiplier les prises d’images, qu’il publie sur ses réseaux sociaux.

«Comme j’ai des followers partout, mes photos voyagent beaucoup. Même si elles sont difficiles à faire, les images sont extrêmement importantes lors d’une situation dramatique comme celle-ci. Elles témoignent. Elles montrent. Elles permettent de traduire la réalité et d’informer les gens.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Le photographe Sorin Onisor"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":12,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F84784e7b-5948-4c3f-bc01-9b31f90b8cc9.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":13,"text":{"fr":"

Nous faisons la route du retour avec lui jusqu’à Suceava.

Dehors, le soleil décline. C’est l’heure dorée sur la campagne roumaine. On roule en écoutant la musique métal de Made in Germany. Entre les guitares pesantes des mélodies et la quiétude des vallons qu’on traverse, le contraste est saisissant. Comme le sont les images pleines d’humanité que Sorin saisit à la frontière.

Toute une vie dans un sac à dos

Les Ukrainiens qui ont fui arrivent aux frontières avec peu. Toute leur vie tient dans un petit sac, une valise ou un cabas.

Qu’est-ce qu’on amène avec soi lorsqu’on s’en va en catastrophe? Qu’est-ce qu’on priorise pour affronter la route, pour se poser ailleurs?

Dans l’urgence, on fait vite et on ne réfléchit pas tant que ça, on prend ce qu’on peut, on y va avec l’essentiel, comprend-on après avoir discuté avec de nombreux Ukrainiens.

«Une fois qu’on est partis, on revoit nos choix. Peut-être aurait-il été plus important d’apporter l’album avec les photos de famille qu’une troisième paire de jeans», remarque l’Ukrainienne Valentina Razina.

Son petit-neveu de 11 ans a, lui, tenu à apporter un sac de ses céréales préférées.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Au moment de quitter son pays, ce garçon de 11 ans a tenu à apporter un sac de ses céréales préférées."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":14,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Ff7715179-1d0f-4e7c-b783-7725406024f9.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":15,"text":{"fr":"

Valentina raconte qu’ils sont nombreux à amener des aliments de l’Ukraine. Probablement parce que les saveurs du pays font partie des racines. Chaque bouchée devient une source de réconfort.

Zinaida a aussi eu ce réflexe. La journaliste retraitée de 71 ans aimait sa vie à Odessa. Elle n’avait pas prévu qu’elle irait rejoindre son fils et ses quatre petits-enfants à Toronto. On est de passage au bureau des visas lorsqu’on fait sa rencontre, en Roumanie.

«Je n’ai pas réfléchi, j’ai amené le strict nécessaire, explique-t-elle. Mon passeport. Quelques vêtements. Et un gros morceau de salo. C’est du bacon ukrainien, c’est très populaire ici. Je ne pouvais pas partir sans ça.»

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Pas sans mon chien

La tente bleue est plongée dans la noirceur. Café à la main, une femme s’approche et ouvre la porte de toile. C’est son chien qui l’accueille, avec tout l’enthousiasme canin dont il est capable. Le visage de la dame âgée s’illumine aussitôt. Le vide dans ses yeux s’efface un moment. C’est frappant. C’est touchant. La scène, aussi réconfortante que douloureuse, traduit un attachement profond. Elle explique aussi pourquoi les gens ne se résignent pas à faire la route en laissant derrière eux leur animal de compagnie.

Ils savent que le trajet sera long, qu’il faudra éviter les embuscades, les zones chaudes, les routes où des tireurs pourraient les cibler. Faire tout ça avec un animal qui jappe ou qui miaule, c’est ajouter une couche de complexité à la fuite. Ils n’hésitent pas. Et s’il le faut, ils réduisent leur bagage pour pouvoir amener Fido.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Dans tous les postes frontaliers qu’on a visités, dans tous les refuges, aussi, il y a plusieurs chiens en laisse, des chats dans des petites cages, parfois des hamsters."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":18,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F04b788b3-a0ac-46a2-aacc-219b95da1b19.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":19,"text":{"fr":"

Dans tous les postes frontaliers qu’on a visités, dans tous les refuges, aussi, il y a plusieurs chiens en laisse, des chats dans des petites cages, parfois des hamsters. Des équipes vétérinaires y sont à pied d’œuvre pour examiner les animaux. Ils administrent vaccins et micropuces, de façon à ce que les petits compagnons poilus puissent faire le reste de la route sans embûches avec leur propriétaire.

Le déracinement n’en est pas moins souffrant. Mais il devient peut-être un peu plus supportable.

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Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

"},"type":"paragraph"}],"creationDate":"2022-03-25T23:35:32.380Z","externalIds":{},"firstPublicationDate":"2022-03-26T07:00:00.000Z","free":false,"id":"e1fea9f19fcc076283d2007738873979","lead":"On a posé le pied en Roumanie le 11 mars, mais aujourd’hui, au moment d’écrire ces lignes, c’est en Pologne qu’on se trouve. Au fil des jours, on a multiplié les kilomètres en train, en taxi, en voiture, en avion. On a marché la ville, admiré la campagne. D’un lieu à un autre, on est surtout allés à la rencontre des gens. Pour pouvoir les raconter.","locales":["fr"],"metadata":{},"modificationDate":"2022-03-26T08:02:40.706Z","publications":[{"canonical":false,"organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"actualites/le-fil-groupe-capitales-medias"},{"canonical":false,"organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"organizationKey":"ledroit","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":true,"organizationKey":"latribune","sectionKey":"ma-region"}],"slug":"2022/03/26/toute-une-vie-dans-un-sac-a-dos-e1fea9f19fcc076283d2007738873979","tags":[],"templateName":"article1","title":"Toute une vie dans un sac à dos","type":"article","url":"global/contents/e1fea9f19fcc076283d2007738873979.json","visual":{"caption":{"fr":"Dans tous les postes frontaliers qu’on a visités, dans tous les refuges, aussi, il y a plusieurs chiens en laisse, des chats dans des petites cages, parfois des hamsters."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fefe81023-fce7-4028-8446-1b3d8f931322.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},"color":null,"mainVisual":{"caption":"Dans tous les postes frontaliers qu’on a visités, dans tous les refuges, aussi, il y a plusieurs chiens en laisse, des chats dans des petites cages, parfois des hamsters.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fefe81023-fce7-4028-8446-1b3d8f931322.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},"thumbnailVisual":{"url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fefe81023-fce7-4028-8446-1b3d8f931322.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"}},{"accessibility":"METERED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F32d78de9-715d-4e38-ac9e-829d9f25590f.png&width=1024&stripmeta=true","description":{"fr":"Journaliste et chroniqueuse "},"email":"ktremblay@latribune.qc.ca","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Feb0b7a9e-c0d8-4b3e-a772-a81f5f461178.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","location":"Sherbrooke","name":"Karine Tremblay","source":"La Tribune","twitter":"tremblayk"},{"description":{"fr":"Photographe"},"email":"sbertrand@ledroit.com","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa2c19d4b-4609-48eb-ab28-dc7a4c63ce93.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","name":"Simon Séguin-Bertrand - Photographe","source":"Le Droit","twitter":"SimonSB"}],"channel":"Notre équipe aux frontières de la guerre","chapters":[{"position":0,"text":{"fr":"

L’organisation sans but lucratif fondée en 2010 par le chef hispano-américain José Andrés a comme mission de distribuer de la nourriture en zones de crise. En Pologne, pour répondre aux besoins des réfugiés, elle a actuellement différents points de service. Le président Joe Biden en a d’ailleurs visité un lors de son passage au pays, ce week-end.

Partout où on voit le sigle de la fondation, on constate le même bourdonnement d’activités. On ne s’étonne pas d’apprendre de la bouche d’Andrés, en entrevue à CNN dimanche, que depuis le début de l’invasion russe, plus de quatre millions de repas ont été servis en Ukraine et dans les pays voisins où se déplacent les réfugiés.

Ici, maintenant, à Varsovie, c’est l’heure du souper sous le toit de toile blanche.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Dans la large tente du World Central Kitchen, tout à côté de la Gare Centrale de Varsovie."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F4354f384-df30-4739-a31c-5cb2f90ffdda.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":2,"text":{"fr":"

L’électricité vacille, la lumière aussi. On se dit que la génératrice est fatiguée. Comme celles et ceux qui ont fait tant de route avant d’aboutir ici, dans cet abri temporaire où le parfum des plats chauds est la seule chose qui évoque peut-être un tout petit peu le réconfort de la maison.

"},"type":"paragraph"},{"position":3,"text":{"fr":"

Autour, il y a des familles. Des gens seuls. Des amis d’infortune. Des gens de tous âges. Devant nous, deux jeunes hommes originaires du Congo mangent une dernière bouchée avant de repousser leur assiette.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Autour, il y a des familles. Des gens seuls. Des amis d’infortune. Des gens de tous âges."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":4,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F6a4b7803-6706-45ef-bea5-016398a39c19.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":5,"text":{"fr":"

On s’assoit avec eux, le temps d’une conversation. On apprend que Yann est en Pologne depuis le 5 mars, après avoir fui la ville de Kharkiv, assaillie par les tirs et les bombes.

«J’aurais bien voulu rester là-bas, mais les bombardements m’obligeaient à partir. Le 3 mars, j’ai choisi de m’en aller.»

Il y avait alors dix jours à peine que l’invasion russe broyait l’Ukraine. Mais déjà, le quotidien n’était plus que chaos. La vie normale n’existait plus.

«On n’avait pratiquement plus rien. On cassait même les vitrines des pharmacies pour voler de quoi manger, de quoi boire et de quoi se soigner», raconte le jeune homme natif d’Afrique.

"},"type":"paragraph"},{"position":6,"text":{"fr":"

Il secoue la tête en évoquant ces moments-là. Juste avant la fuite.

«Je suis passé par la Slovaquie avant de venir en Pologne. Je pensais que les démarches administratives seraient plus simples à Varsovie.»

Il a aussi atterri ici parce que son ami Eric Leoson était prêt à l’accueillir à la maison. C’est avec lui qu’il était en train de terminer son repas. C’est aussi avec le soutien de celui-ci qu’il essaie de figurer la suite.

«Moi, ce que j’aimerais, c’est aller au Canada. À Montréal, peut-être. C’est un pays où j’aimerais immigrer, c’est une idée que j’ai depuis plusieurs années», confie Eric.

"},"type":"paragraph"},{"position":7,"text":{"fr":"

Yann écoute son ami évoquer ce projet outre-Atlantique en haussant les épaules. Il ne sait pas quel horizon l’appelle. Depuis un mois, tout est lourd.

Ce que différents médias européens ont rapporté début mars à propos de la difficulté de fuir pour les résidents ukrainiens d’origine africaine, il l’a vécu. En tant qu’homme immigrant, ça n’a pas été simple pour lui de se frayer un chemin hors du pays.

«Il fallait se faufiler entre les trains. Esquiver les gens. Embarquer de force, aussi, parce qu’on nous repoussait. Je ne pouvais pas passer», explique Yann en mimant les contournements, les frappes à éviter. Et la place à gagner, coûte que coûte.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":8,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fe9e88c45-e2d9-4e99-a34d-510de31527d3.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":9,"text":{"fr":"

«J’ai dû me battre pour arriver à partir», laisse-t-il finalement tomber.

Il se félicite d’avoir pensé mettre ses diplômes dans le petit sac qu’il emportait avec lui. Il se réjouit aussi d’avoir su ne pas les égarer en chemin.

«D’autres n’y ont pas pensé. Ou bien ils ont perdu les passeports, les papiers en cours de route. C’est toujours possible d’arranger ça, mais pas dans un contexte comme celui-ci, où tout est plus complexe.»

S’il appuie autant sur l’importance d’avoir avec lui papiers et documents officiels, c’est qu’il est inquiet. On l’avait deviné à ses épaules basses, son œil triste. Il a vu l’horreur, elle lui pèse d’autant plus que l’avenir est couvert de purée de pois.

"},"type":"paragraph"},{"author":{"fr":"Yann"},"position":10,"text":{"fr":"

Je suis dans une situation instable et incertaine. Les informations des autorités polonaises changent à tous les jours, ici, alors on a du mal à suivre et à se dépêtrer avec les démarches et les formulaires. Je n’ai donc toujours pas les documents requis pour pouvoir rester ici.

"},"type":"quote"},{"position":11,"text":{"fr":"

Il a encore quelques jours devant lui pour régulariser son statut. Mais le compteur qui tourne génère sa part d’angoisse.

«J’ai entendu dire que le délai, c’était jusqu’au 30 mars… Je cherche la solution.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"La lumière s'essouffle sous le plafond du pavillon."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":12,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fca000b76-5d51-4fd3-a9cf-36b715817990.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":13,"text":{"fr":"

La peur de ne pas y arriver et de vivre illégalement sur le territoire polonais le ronge.

«J’habitais depuis 10 ans en Ukraine», soupire-t-il.

Il avait eu le temps d’y planter ses racines, de se dessiner une vie nouvelle.

«Là, je dois tout reprendre de zéro… Il me faut recommencer. Encore.»

La lumière s'essouffle à nouveau sous le plafond du pavillon. La génératrice est fatiguée. Yann aussi.

Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

"},"type":"paragraph"}],"creationDate":"2022-03-27T22:26:27.083Z","externalIds":{},"firstPublicationDate":"2022-03-28T00:26:39.652Z","free":false,"id":"0e019d30425c84ee51f3f08c39844136","lead":"VARSOVIE – Dans la large tente de la World Central Kitchen, tout à côté de la Gare Centrale de Varsovie, les tables de pique-nique forment des rangées qui rappellent une cafétéria d’école secondaire.","locales":["fr"],"metadata":{},"modificationDate":"2022-11-02T22:32:06.546Z","publications":[{"canonical":false,"organizationKey":"latribune","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"ledroit","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"},{"canonical":true,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"guerre-en-ukraine/notre-envoye-special-en-ukraine"}],"slug":"2022/03/28/la-fatigue-de-yann-photos-0e019d30425c84ee51f3f08c39844136","tags":[],"templateName":"article1","title":"La fatigue de Yann [PHOTOS]","type":"article","url":"global/contents/0e019d30425c84ee51f3f08c39844136.json","visual":{"caption":{"fr":"Une femme ukrainienne réfugiée dans la large tente de la World Central Kitchen à la Gare Centrale de Varsovie."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F0a5099c7-550b-4c5d-812f-1eac7382ee70.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},"color":null,"mainVisual":{"caption":"Une femme ukrainienne réfugiée dans la large tente de la World Central Kitchen à la Gare Centrale de Varsovie.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F0a5099c7-550b-4c5d-812f-1eac7382ee70.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},"thumbnailVisual":{"url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F0a5099c7-550b-4c5d-812f-1eac7382ee70.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"}},{"accessibility":"METERED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F32d78de9-715d-4e38-ac9e-829d9f25590f.png&width=1024&stripmeta=true","description":{"fr":"Journaliste et chroniqueuse "},"email":"ktremblay@latribune.qc.ca","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Feb0b7a9e-c0d8-4b3e-a772-a81f5f461178.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","location":"Sherbrooke","name":"Karine Tremblay","source":"La Tribune","twitter":"tremblayk"},{"description":{"fr":"Photographe"},"email":"sbertrand@ledroit.com","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa2c19d4b-4609-48eb-ab28-dc7a4c63ce93.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","name":"Simon Séguin-Bertrand - Photographe","source":"Le Droit","twitter":"SimonSB"}],"channel":"Notre équipe aux frontières de la guerre","chapters":[{"position":0,"text":{"fr":"

Selon les données officielles, le cap des 3,4 millions de personnes réfugiées a été franchi la semaine dernière. Et le chiffrier continue de tourner. Chaque jour, les pays frontaliers accueillent de nouveaux arrivants. La Pologne est depuis le début du conflit la principale porte d’entrée des Ukrainiens, puisque les deux tiers d’entre eux ont transité par ses frontières.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"À la gare de Przemysl, en Pologne."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fb602992b-3f28-432c-8701-e05f9de40627.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":2,"text":{"fr":"

À Przemyśl, on prend la pleine mesure de cet exil forcé. Les réfugiés sont partout dans la ville. Dans toutes les directions où le regard se pose, il y a des valises. Des cages à chats. Des enfants qui toussent. Des vieillards voûtés. Des bébés qui pleurent. Des mères qui tiennent monde et bambins comme elles le peuvent dans leurs bras fatigués.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"À la gare de Przemysl, en Pologne."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F66c4ddde-7160-4545-8472-4745e803d6ef.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":4,"text":{"fr":"

On débarque à la gare de l’endroit, plaque tournante du parcours migratoire des Ukrainiens. Ils arrivent de Lviv, poursuivent souvent leur chemin vers Varsovie. Ou bien ils transitent au Tesco. On y reviendra. Pour l’heure, près des wagons et des convois, on constate le déracinement des victimes de la guerre.

Partout, il y a aussi des journalistes. Les médias de tous horizons viennent planter leur caméra dans le décor de la ville fondée au 8e siècle. Les lieux transpirent d’histoire. Ils sont aussi l’écrin où s’amorce un nouveau chapitre pour les réfugiés.

"},"type":"paragraph"},{"position":6,"text":{"fr":"

Sur le quai, au moment de notre passage, certains arrivent, mais d’autres s’apprêtent à faire le chemin inverse et à retourner au cœur du cauchemar.

C’est le cas d’Alexandre, qu’on rencontre dans le train qui part de Varsovie et qui nous rapproche de l’Ukraine. L’homme à la soixantaine bien entamée fixe l’horizon, joue machinalement avec son alliance. Son air est résigné. Il n’y a pas d’autres mots.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Alexandre répond à l'appel du président Zelensky et se dirige vers Kyiv pour reprendre son travail de chauffeur de taxi."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":7,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F4b4c1ee8-c9c8-46c0-b7f0-cd2c408bae95.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":8,"text":{"fr":"

Il ne s’en va pas combattre comme tant d’autres. C’est néanmoins par sens du devoir qu’il met le cap sur la capitale ukrainienne.

«Je suis chauffeur de taxi. J’étais parti depuis 15 jours. Je retourne à Kyiv faire mon travail. Parce que les transports sont compliqués et le président Zelensky a lancé un appel à tous.»

S’il a peur? Oui. Bien sûr.

«J’ai cette vive crainte de ne pas arriver à l’abri assez vite, en cas de frappe aérienne», lance-t-il avant de nous dire au revoir.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Le Tesco de Przemysl est transformé en centre d'accueil pour les personnes réfugiées."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":9,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F8c8feb67-2809-4051-a404-a3d998a36421.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":10,"text":{"fr":"

On échange avec lui un dernier regard, un dernier signe de la main, et sous le chaud soleil d’après-midi, on file au Tesco, à moins de 3 km de la gare.

Le gigantesque supermarché a été transformé en centre d’aide pour les réfugiés. Depuis une semaine les règles ont changé, «parce que la sécurité des personnes sur place est en jeu», nous explique la bénévole Claudia Mayans.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"jw","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"monetizationEnabled":true,"position":11,"thumbnailUrl":"https://cdn.jwplayer.com/thumbs/uFuY4xy5-1280.jpg","type":"video","url":"https://cdn.jwplayer.com/manifests/uFuY4xy5.m3u8","videoUrl":"https://cdn.jwplayer.com/manifests/uFuY4xy5.m3u8"},{"position":12,"text":{"fr":"

Elle frémit en nous racontant que la traite de personnes et le trafic humain étendent leurs tentacules en sol polonais. Il y a eu des victimes. Ici même.

«La plupart des personnes réfugiées sont des femmes et des enfants. Celles qui ne savent pas où aller sont vulnérables. Il y a eu des histoires qui me font frissonner d’effroi. Certaines personnes ont disparu. On a complètement perdu leur trace. Cette semaine encore, une femme est partie avec un homme qui lui promettait un logis. Il l’a plutôt amenée dans un hôtel et il l’a violée…»

L’idée du traumatisme qui s’ajoute à celui déjà immense de la guerre est douloureuse. Intolérable. Il fallait agir.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"La bénévole Claudia Mayans."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":13,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fde5a1c57-8d2f-4dc8-a5ea-fe545069c957.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":14,"text":{"fr":"

«Un système d’enregistrement a été mis en place, autant pour les réfugiés que pour ceux qui viennent aider. Ça nous permet de bâtir un filet de sécurité», mentionne le coordonnateur du centre, Konrad Malinowski.

Chacun hérite d’un bracelet, associé à une fiche d’identification. Les antécédents sont vérifiés.

Certains conducteurs privés opèrent toujours, mais l’organisme espagnol Juntos por la Vida, pour lequel œuvre Claudia, ne laisse plus partir les gens avec des quidams.

«La plupart des personnes sont bien intentionnées lorsqu’elles offrent du transport ou un toit aux réfugiées, mais certaines ne le sont pas», résume-t-elle.

Pour éviter d’autres drames et pour amener les gens à bon port, Juntos por la Vida a instauré des transports en bus.

«Même si ceux-ci sont à demi pleins et que ça coûte très cher, ils ne changent pas les plans. C’est une fondation qui fait bien les choses et qui avait déjà de solides liens avec l’Ukraine parce que depuis 30 ans, elle organisait des séjours estivaux en Espagne pour les enfants de Tchernobyl», raconte Claudia.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Des gens s'apprêtent à monter dans un autobus."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":15,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F10e863ab-a880-4204-b075-d83f760ee53f.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":16,"text":{"fr":"

Celle-ci est venue de Majorque pour donner un coup de pouce. Elle va rester le temps qu’il faut.

«Je ne pouvais tout simplement pas demeurer à la maison. Je suis allée à différents endroits, comme Hala-Kijowska, à Korczowa, mais ici, c’est beaucoup mieux organisé.»

Son ami Roberto a, lui, fait une halte obligée.

«Je viens de Malaga, mais je voyage. J’étais parti de la Thaïlande en vélo. Quand la guerre a éclaté, j’ai interrompu ma course. Je ne repartirai pas tout de suite. Pas quand il y a tant à faire ici», expose le bénévole espagnol.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Claudia et Roberto"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":17,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F500497d5-c04e-4bfb-8932-a5580c3facad.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":18,"text":{"fr":"

On marche tous les quatre vers l’entrée du centre. Sur la façade de la bâtisse, une large affiche indique «No foto». Caractères gras, encre noire appuyée. Les journalistes ne sont plus admis à l’intérieur depuis quelques jours.

«Par moments, ça ressemblait à un vrai cirque. Certains médias ne faisaient pas attention à la détresse des gens, comme s’ils ne réalisaient pas qu’ils filmaient des victimes de la guerre», explique Claudia.

Des policiers guettent l’entrée et s’apprêtent à nous barrer le chemin quand elle leur fait comprendre que nous n’irons pas plus loin. À l’orée du centre, elle nous décrit ce que nous ne verrons pas. Les larges dortoirs découpés par destinations. Les cuisines. Les douches. Le cabinet médical. Les immenses rangées de nourriture et de matériel.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Des gens se servent dans une cargaison de dons déposée devant le Tesco de Przemysl."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":19,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F865ded95-56b7-4a50-9fce-af995eefa3c7.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":20,"text":{"fr":"

«Au début, il faisait froid, on avait besoin de couvertures. Maintenant, on en a plus que suffisamment et c’est l’eau, le matériel médical et les médicaments qui manquent. Les besoins changent très vite, ça varie d’une semaine à l’autre», révèle Konrad Malinowski.

Il précise aussi que le nombre de réfugiés fluctue lui aussi d’un jour à l’autre, mais que l’endroit, chapeauté par la mairie, peut accueillir jusqu’à 4000 personnes.

Ici comme ailleurs, on ne fait pas trop de cas de la Covid-19.

«C’est la guerre. C’est ça qui supplante le reste. Le virus, on n’y pense pas trop. Les gens ne restent pas longtemps, ils sont de passage avant de partir pour un pays d’Europe, où ils ont des amis ou de la famille. On les aide à orchestrer leur départ», dit Claudia.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Claudia a reçu des bijoux."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":21,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F87f81d5e-9139-4695-9a41-30b3364f0c68.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":22,"text":{"fr":"

La veille, juste avant d’embarquer dans l’autobus, une grand-mère ukrainienne lui a donné des bijoux pour la remercier. Des pierres enchâssées sur des anneaux d’argent. Le cadeau est inestimable.

«Elle a amené ceci dans le peu de bagages qu’elle avait. Et après, elle a choisi de me le donner parce qu’on avait tissé un lien ensemble. Je suis touchée au cœur. On va rester en contact», dit l’Espagnole de 26 ans en rangeant la précieuse offrande.

«Cette expérience est une première pour moi, poursuit-elle. Et ça change ma vie. Je sais que dorénavant, c’est ce que je veux faire. De l’aide humanitaire.»

Et c’est dans l’écrin de Przemyśl que s’est déposée en elle cette certitude. Peut-être parce que c’est là où, pour certains, de nouveaux chapitres s’amorcent.

"},"type":"paragraph"},{"position":23,"text":{"fr":"

Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

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Au moment où nous la rencontrons, elle est encore à Varsovie. Le soleil plombe sur la Pologne. Un vent de printemps doux souffle sur la vieille ville.

On la retrouve dans les rues pavées du carré historique. Avec une certaine émotion. C’est la première fois qu’on se voit, elle et moi, mais toutes les deux, on s’écrit depuis le début du conflit.

Mon premier courriel avait trouvé Nataliia alors qu’elle était à Kyiv et ne pensait pas quitter le cocon de son appartement.

Et puis l’invasion a progressé.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F66ecd609-445c-4851-8389-f99c798bd0d4.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":2,"text":{"fr":"

La marche de Poutine se butait à la résistance ukrainienne, mais les frappes gagnaient en intensité. Les ressources commençaient à manquer partout.

«Une journée, j’ai passé cinq heures en file pour acheter un peu de nourriture.»

La possibilité de partir a commencé à prendre forme dans l’esprit de l’Ukrainienne.

"},"type":"paragraph"},{"position":3,"text":{"fr":"

Les contours du départ sont devenus de plus en plus précis.

«Est-ce que j’ai bien fait? Je ne sais pas. Mon quartier est encore intact, à l’heure où on se parle...»

À l’heure où on se parle.

Ce tout petit bout de phrase en dit long. Tout peut changer en un claquement de doigts, ou presque. Ce qui existait hier peut ne plus être là demain. Nataliia le sait.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":4,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Ffcfe7a31-503b-4922-8a60-4fe56f9aef91.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":5,"text":{"fr":"

«Un ami a été tué à Chernihiv. Il attendait en ligne pour de l’eau…»

Les droits humains bafoués à large échelle la secouent et la révoltent.

Partout, il y a ces histoires de bataillons russes qui avancent en marchant sur des civils. Chaque jour dans son pays blessé, des gens meurent. Elle voit dans l’opération meurtrière militaire une façon de tuer aussi l’élan qui propulsait son peuple vers plus grand, vers plus haut.

«Ils veulent avoir l’Ukraine», laisse-t-elle tomber.

On parle ensemble des tensions des huit dernières années, après l’annexion de la Crimée à la Russie. «On savait qu’il y avait une possibilité de guerre. Mais comme plusieurs, j’estimais les risques assez faibles. Peut-être de l’ordre de 10 pour cent», me raconte Nataliia alors qu’on marche sur l’avenue piétonnière.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":6,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F10190885-4fdc-435c-8b64-47b686a6317d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":7,"text":{"fr":"

Au fil des pas, on discute également de politique. D’espoir. De désespoir. D’avenir.

«On a eu beaucoup de problèmes avec le précédent président. Mais là, c’était différent, on sentait le renouveau. On a changé les choses, on s’affranchissait des troubles et de la corruption du passé.»

Il y avait des avancées, de la lumière sur le chemin.

«Mais du côté russe, ce qui filtrait, c’est la propagande. C’est fou de penser que les soldats russes pensaient être accueillis en Ukraine avec des fleurs et des sourires! Ils croyaient vraiment qu’ils étaient les bienvenus…»

Ils pensaient aussi que les opérations iraient rondement, que la victoire serait facile, insiste Nataliia. Ils n’imaginaient pas la résistance à laquelle ils se sont heurtés.

«La fierté du peuple ukrainien, sa détermination à défendre son territoire, c’est au-dessus du politique.»

C’est une affaire de cœur et de bravoure. De convictions, aussi.

«L’entraide et la générosité que j’ai vues là-bas, et ici aussi, c’est grand.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":8,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F0b915d7b-5fb0-473a-9332-1d6f2d252ea8.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":9,"text":{"fr":"

Avant de se résigner à quitter son nid, Nataliia a dû quelques fois se réfugier dans le sous-sol du bâtiment qu’elle habite.

«C’était serré, à l’intérieur. J’y étais avec mes voisins. En partant, j’ai essayé de les aider, je leur ai laissé ce que j’avais.»

Le jour des adieux, un taxi l’a amenée à la gare de train.

«Sur Telegram (une application de messagerie encryptée), les infos disaient que c’était risqué de rouler en voiture dans l’Ouest ukrainien, il y avait beaucoup de tirs sur les automobiles. J’avais peur.»

Dans le train qui l’a menée jusqu’à Lviv, les wagons débordaient à un point tel qu’on ne l’imagine pas.

«Dans un espace dont la capacité est de 300 personnes, nous étions 7000. Il n’y avait plus un centimètre d’espace disponible. Même les toilettes étaient occupées par six enfants.»

"},"type":"paragraph"},{"position":10,"text":{"fr":"

C’est là, entassée avec les autres dans cet espace réduit, qu’elle a rencontré une famille avec laquelle faire un bout de chemin jusqu’à Varsovie.

Elle s’est posée avec eux dans une maison louée pour les réfugiés ukrainiens. Elle est maintenant dans une famille polonaise dont la gentillesse l’émeut lorsqu’elle en parle.

Elle qui a beaucoup voyagé et qui a déjà enseigné l’anglais au Vietnam n’avait jamais pensé venir s’établir au Canada auparavant. La présence de ses parents en Ontario a aiguillé son choix de destination, après la fuite.

«Plusieurs personnes que je connais ne savent pas où aller parce qu’elles n’ont pas de famille à l’étranger. Moi, je vais à Toronto pour l’instant, mais je ne fais pas une croix sur l’idée de peut-être aller m’installer au Québec, si le travail est plus facile à trouver là.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Nataliia Kozak."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":11,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fb52fa247-b3f5-4e9f-b671-3498c63fc0b8.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":12,"text":{"fr":"

Après ça, reste à voir la suite. Celle qui se dessinera dans l’après de la guerre.

«Actuellement, tout le monde que je connais souhaite revenir une fois le conflit terminé. Tout le monde veut reconstruire. C’est tellement douloureux de voir ce qu’il advient de notre pays.»

Elle envisage la paix qui viendra on ne sait pas quand, mais qui viendra, elle en est convaincue.

«Je suis optimiste, oui. L’Ukraine se tient debout. Mais par quel chemin il nous faudra passer pour arriver à voir la lumière, ça, c’est autre chose. C’est beaucoup de stress et de peur. Parce que la paix ne peut pas venir d’un accord signé avec la Russie : Poutine ne respecte pas sa parole. On ne peut pas lui faire confiance. C’est un dirigeant qui hait tout le monde. Il est lâche. Et il a peur, sans doute, maintenant. On ne pourra l’arrêter que par la force. Mais d’ici là, des gens meurent. Chaque jour.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand"},"position":13,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F19003b9e-ba07-440e-96a0-1ba8c0d36b48.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":14,"text":{"fr":"

Depuis Toronto, où elle est aujourd’hui, Nataliia va continuer à suivre le drame qui secoue la terre de ses racines.

«Je vais aussi continuer à traduire des témoignages qui peuvent aider à comprendre les points de vue, les raisons de cette guerre, les conséquences qu’elle aura.»

Je promets de la lire, on va continuer à s’écrire.

Qu’elle se trouve à Kyiv, à Varsovie ou au Canada, Nataliia fait partie de celles et ceux que je n’oublierai pas.

"},"type":"paragraph"},{"position":15,"text":{"fr":"

Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

"},"type":"paragraph"}],"creationDate":"2022-03-31T00:07:39.303Z","externalIds":{},"firstPublicationDate":"2022-03-31T07:00:00.000Z","free":false,"id":"59db3de14d6bc223232520635110e621","lead":"VARSOVIE – À cette heure-ci, aujourd’hui, Nataliia Kozak a probablement posé le pied à Toronto. L’Ukrainienne de 33 ans vient y rejoindre ses parents et commencer un nouveau chapitre qui, jusqu’à il y a un mois, n’était pas dans les cartons. 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