«On a eu le courriel il y a quelques jours. Nous avons jusqu'au 15 avril pour quitter les lieux. On doit vendre notre maison mobile à perte», raconte Marcel, un notaire retraité de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui passe ses hivers dans ce petit domaine depuis 2004.
«Est-ce qu'on va s'acheter un condo? Peut-être, poursuit-il. Je suis rendu à 78 ans, je vais réfléchir à tout ça à mon retour au Québec.»
Les Québécois qui ont évité de voyager, l'an dernier, font partie de ceux qui doivent quitter le plus rapidement possible ce parc de quelque 250 terrains locatifs. Même s'ils ont payé leur facture pendant leur absence, soit environ 12 000$ par année pour un terrain bordé par le lac, plusieurs n'ont pas signé leur bail. À leur retour, l'administration a refusé qu’ils y apposent leur signature.
Ça fait 18 ans qu’on est ici. Je paye tous les ans. Mais pendant la pandémie, on n'est pas venu et je n'ai pas pu signer les papiers. Même si je paye toujours à l'année, je suis considéré comme un locataire au mois, donc pas de délai de départ…
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Son voisin, Yvon Boucher de Sainte-Julie, perdra moins au change, car il peut facilement déplacer son motorisé. Toutefois, il perd une «communauté» qu'il aime.
«Les gens se demandent pourquoi on n’achète pas un condo. Mais quand on choisit un parc comme ça, c'est pour le plein air, les gens. On est toujours dehors, les gens se parlent. C'est une communauté», raconte M. Boucher, qui pliera bagage sous peu.
Toutes les maisons mobiles du parc sont actuellement à vendre, de même que quelques VR. Plusieurs tentent de trouver un terrain alternatif pour déménager leur motorisé. «On cherche activement. On en a trouvé à 2000$ par mois, mais on est sur une liste d'attente. On se croise les doigts», témoigne un résident.
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Vendu ou non?
Impossible de connaître les raisons exactes de cette fermeture. Le propriétaire, Trinity Broadcasting Network (TBN), une organisation chrétienne, a confirmé la fermeture du site dans un courriel envoyé le 18 mars. Il n'a pas été possible d'avoir plus d'information de la part de cette organisation, qui opère l'un des plus grands réseaux de télévision chrétienne au monde.
Ce n'est pas la première fois que ce parc fait les manchettes. Ses pratiques lorsqu’un locataire potentiel veut soumettre sa candidature ont été dénoncées en 2019. Le coût pour postuler variait d'une personne à l'autre, selon son pays d'origine. Pour un Américain, il en coûtait 50$, contre 75$ pour un Canadien. Mais pour des gens provenant de différents pays, dont Haïti et la Colombie, la facture montait à plus de 175 $. Les propriétaires ont depuis modifié leurs pratiques avec un prix unique pour tous.
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Deux fermetures en moins d'un an
L'histoire semble se répéter dans le sud de la Floride, où les terrains de location de maisons mobiles et deVR se vendent à gros prix. Il y a quelques mois, les locataires du Twin Lakes Travel Park, situé à Davie, tout près de Hollywood, ont été invités à quitter les lieux avant juin 2022. Leur terrain a été vendu pour près de 64 millions $ pour l'aménagement d'un entrepôt.
«Dans notre cas, on ne sait pas si c'est vendu ou non. On pense qu'il vide le parc avant de vendre pour éviter que le nouveau propriétaire soit poursuivi par des locataires», croit une dame, rencontrée sur le site du Lakeside Park Estate.
Un des secteurs du parc est habité en permanence par des Américains, qui devront rapidement trouver un autre domicile. Avant la pandémie, plus de 90% du site était occupé par des Québécois, selon la dizaine de résidents interrogés par les Coops de l'information.
«Nous, on va s'en remettre. Mais pour d'autres, c'est grave. Certains ont acheté une maison pour y vivre et quelques mois plus tard, ça ne vaut plus rien et ils doivent quitter», déplore un retraité natif de l'Estrie.