Les producteurs d'alcool sheffordois sortent des sentiers battus

« L’objectif est de sortir des sentiers­ battus et d’essayer des trucs que les autres ne font pas. On se lance dans des marchés de niche avec quelques-uns de nos produits et on en est assez fier », indique Jean-Philippe Robert, propriétaire de la cidrerie Autour de la pomme.

Que ce soit l’élaboration d’une vodka conçue uniquement avec de la pomme ou l’aménagement d’un chai pour entreposer les différents barils de bières, les cidriculteurs, microbrasseurs et distillateurs de Shefford débordent d’idées et d’ambitions afin de repousser les limites de leur nectar alcoolisé.


« C’est ça l’objectif. C’est de sortir des sentiers battus et d’essayer des trucs que les autres ne font pas. On se lance dans des marchés de niche avec quelques-uns de nos produits et on en est assez fier », indique Jean-Philippe Robert, propriétaire de la cidrerie Autour de la pomme.

L’artisan de l’endroit, situé sur la rue Jolley, a commercialisé il y a quelques mois la Nanuk Vodka, la première et la seule vodka québécoise conçue à ce jour seulement avec des pommes. À sa connaissance, M. Robert a recensé uniquement deux autres produits du même genre dans le nord des États-Unis.



La brasserie La Ferme a mis la main sur des locaux laissés vacants par la Distillerie Shefford. « On y a aménagé un chai pour pouvoir commencer à faire vieillir nos bières plus longtemps [...] », se réjouit Jonathan Thibault, propriétaire de la microbrasserie.

Son nom se veut un hommage au chien husky qui a veillé pendant plusieurs années sur le verger pour éloigner les chevreuils.

« Personnellement, je trouve la texture en bouche plus agréable. On sent toujours une certaine sensation dans la gorge, mais elle est plus douce qu’une vodka normale », note M. Robert.

Il ne faut toutefois pas s’attendre à retrouver le goût du fruit défendu dans cet alcool habituellement conçu avec des pommes de terre. Par définition, la vodka se doit d’être pure, donc peu goûteuse. C’est au fil des nombreuses distillations que le cidre initial perd sa saveur et se transforme en vodka.

Une eau-de-vie de pomme vieillie en fût a notamment­ été élaborée et est disponible­ à la boutique de la cidrerie.

Un à-côté depuis peu

Le volet microdistillerie de la cidrerie Autour de la pomme se développe depuis environ un an. Ce n’était pas dans les plans de départ de Jean-Philippe Robert, mais il s’agit tout de même d’un rêve du propriétaire de posséder l’équipement nécessaire pour produire d’autres types d’alcool.



« On a aménagé notre boutique en 2020. C’était prévu qu’on puisse y voir les équipements à travers la fenêtre. On a pas un énorme volume, mais on peut y travailler des produits plus uniques qu’on ne retrouve pas ailleurs », explique le propriétaire de l’endroit.

Une eau-de-vie de pomme vieillie en fût a également été conçue et est disponible à la boutique de la cidrerie. Dans ses projets à venir pour les prochains mois, M. Robert aimerait travailler sur une vodka également vieillie en fûts, appelée wodka.

« Il n’y a pas beaucoup de whisky québécois dont l’alcool a été conçu sur place. On s’attend à ce que ça parte pas mal », avance Hugo Bourassa, propriétaire de la Distillerie Shefford.

Whisky

L’année 2022 de la Distillerie Shefford sera sous le signe du whisky. Après quelques années de vieillissement en baril, le nectar alcoolisé sera prêt dans les prochains mois à être embouteillé et commercialisé en boutique et à la SAQ.

« On n’aura pas beaucoup de volume pour commencer. Il n’y a pas beaucoup de whisky québécois dont l’alcool a été conçu sur place. On s’attend à ce que ça parte pas mal », avance Hugo Bourassa, propriétaire de l’entreprise.

Le processus de vieillissement du whisky dure trois ans. Une première cuvée vient tout juste de compléter ce terme et sera en vente à la boutique. Un plus gros volume de production, soit 1200 bouteilles environ, sera prêt en avril et est destiné à la SAQ.

Les acérums brun et blanc, des eaux-de-vie d’érable produits phares de la distillerie, continuent d’être commercialisés par leurs concepteurs, mais ces derniers ne comptent pas s’arrêter là.

Il n’est pas rare pour les distilleries de la province d’acheter leur alcool ailleurs et de l’aromatiser par la suite. Ce n’est pas le cas de la Distillerie Shefford, qui produit son alcool lui-même.



« C’est sûr que c’est pas mal plus dispendieux, mais on veut se donner la peine de faire des produits uniques. On a la chance d’avoir de belles installations ici et de pouvoir se le permettre », affirme M. Bourassa.

Toujours plus d’érable

Les acérums brun et blanc, deux eaux-de-vie d’érable, produits phares de la distillerie, continuent d’être commercialisés par leurs concepteurs, mais ces derniers ne comptent pas s’arrêter là. « Pendant le temps des sucres, on compte faire un gin qu’on ne va pas travailler avec de l’eau, mais avec de l’eau d’érable. On veut mettre l’érable au cœur de toutes nos différentes productions », souligne le propriétaire de l’endroit.

Un des rêves les plus fous d’Hugo Bourassa serait d’aménager un lieu où les gens pourraient venir déguster les produits et casser la croûte un moment. « Un genre de terrasse. Par contre, l’accord de permis de ce type pour les distillateurs est extrêmement complexe à obtenir », déplore-t-il.

Entre temps, Hugo Bourassa peut profiter de ses nouvelles installations, lui qui a déménagé ses locaux de la rue Denison Est vers son principal établissement, sur la rue Saxby Sud, où se trouve la Cabane à Boubou, également propriété de M. Bourassa.

« On avait deux boutiques. On a tout concentré vers un seul endroit au début du mois de décembre dernier. Au niveau logistique, c’est beaucoup moins de trouble. On est vraiment bien », raconte le distillateur.

« L’objectif est de sortir des sentiers­ battus et d’essayer des trucs que les autres ne font pas. On se lance dans des marchés de niche avec quelques-uns de nos produits et on en est assez fier », indique Jean-Philippe Robert, propriétaire de la cidrerie Autour de la pomme.

Un déménagement qui plaît à tout le monde

Un jeu de chaise musicale (ou d’immeuble musical) s’est produit chez les producteurs d’alcool de Shefford. En effet, la brasserie La Ferme a profité de l’endroit laissé vacant par la Distillerie Shefford pour s’y installer et développer un nouvel aspect de sa production.

« On y a aménagé un chai pour pouvoir commencer à faire vieillir nos bières plus longtemps. On n’avait pas l’espace nécessaire avant. En plus, on peut y aménager une vraie belle boutique pendant l’hiver », se réjouit Jonathan Thibault, propriétaire de la microbrasserie.

Avec la fermeture des bars et des restaurants des derniers mois, ça a été plus difficile pour M. Thibault d’évaluer quelle quantité de sa production se trouverait en bouteille ou en fût. Malgré tout, le brasseur garde le cap sur 2022 et entend offrir une expérience unique à sa clientèle sur place au courant de l’été.



« Tout ça est quand même gérable. On n’a malheureusement pas de boule de cristal pour voir l’avenir, mais on continue de s’ajuster au fur et à mesure que la situation évolue », dit-il.

Jonathan Thibault prévoit rouvrir sa terrasse au cœur du décor champêtre de Shefford dans le même volume que l’été dernier. Pour la bouffe, ce dernier veut faire appel à des traiteurs de la région, toujours dans la mission d’encourager les artisans d’ici.

« D’ici l’été, il va y avoir quelques nouveautés dans nos produits. Ce sera dans le même thème que ce que La Ferme a à offrir. Nous avons une belle récolte de blé cette saison et nous allons continuer de travailler avec les fruits locaux », affirme le principal intéressé.