Bromont pionnière dans le marché des crédits carbone

Le vaste site du parc des Sommets fait partie des terrains groupés à Bromont dans le cadre du projet Pivot.

Bromont et la Société de conservation du mont Brome s’associent au projet forestier Pivot, chapeauté par l’entreprise d’économie sociale sherbrookoise Écotierra. L’initiative consiste à regrouper des sites protégés à perpétuité pour générer des revenus par la vente de crédits de carbone. Il s’agit d’une première pour une municipalité au Québec.


«On mise énormément sur la protection de notre patrimoine naturel à Bromont. Le projet Pivot permettra d’assurer la pérennité de ces sites de grande valeur grâce aux revenus tirés de la vente de crédits carbone. Vraiment, c’est un très beau et bon projet», a indiqué en entrevue le maire de Bromont, Louis Villeneuve.

En fait, le projet Pivot préconise la conservation, voire l’accroissement du carbone en forêt en compensant financièrement les propriétaires de sites protégés. L’initiative a aussi pour but de diminuer l’émission de gaz à effet de serre lié à l’exploitation forestière commerciale.

Le projet Pivot est reconnu officiellement par le programme VCS (Verified Carbon Standard) depuis mai dernier, a mentionné le conseiller forestier stratégique chez Écotierra, Dany Senay. Il s’agit de la norme internationale pour laquelle «les crédits sont le plus en demande sur le marché volontaire et le plus rigoureux, particulièrement sur le plan des critères d’additionnalité», soutient l’organisme. Un des points centraux de l’admissibilité tient au fait que l’on doit prouver que chaque projet ne peut être viable sans le revenu découlant de la vente des crédits carbone.

Le maire de Bromont, Louis Villeneuve.

Pour Bromont, il s’agit de l’aboutissement d’un travail de longue haleine. «On a approché Bromont dès 2018 étant donné qu’il se brassait des acquisitions de terrains. Donc, dès le départ du projet, ils ont démontré de l’intérêt de tirer des revenus pour assurer la conservation et la permanence de leurs activités», a indiqué M. Senay, spécifiant qu’une zone déjà en conservation ne peut pas intégrer le projet Pivot par la suite.

Le conseiller forestier stratégique chez Écotierra, Dany Senay.

Retombées

Afin de lancer le projet avec Écotierra, les élus de Bromont ont donné le feu vert lundi au versement par la Ville de 25 630$. Corridor appalachien est pressenti pour assurer le suivi terrain du projet, via des ingénieurs forestiers.

Quatre propriétés dans le giron de la Société totalisant un peu plus de 300 hectares font partie du projet. La principale est le parc des Sommets. À celle-ci se greffe le site en conservation «Accolas», situé du côté est du parc des Sommets, ainsi que les propriétés «Émond» et «Pépin», toutes deux à proximité du Domaine naturel du lac Gale.

Une plus petite superficie seule ne pourrait pas intégrer le projet Pivot. D’où l’importance de les regrouper. C’est comme ça que le projet de Bromont prend tout son sens et aura des retombées intéressantes sur le plan financier.


Les crédits carbone annuels, dont le prix de vente oscille autour de 12,50$ chacun, sont normalement au nombre de huit par hectare. Selon le représentant d’Écotierra, les revenus découlant du marché du carbone devraient avoisiner 100$ brut par hectare au cours des 15 prochaines années. La Société doit toucher une partie de cette somme. Idem pour la Ville.

La répartition n’est toutefois pas encore arrêtée. Du côté de l’organisme de conservation, les montants générés par la vente de crédits carbone serviront notamment «à l’intendance des servitudes et pourront contribuer au développement des activités d’accès [et] d’éducation». «Le but de la Société est de devenir autonome et de contribuer à atteindre les objectifs de la Ville d’avoir 20% de son territoire en aire protégée», a indiqué le président de la Société, Camil Poulin.

Le président de la Société de conservation du mont Brome, Camil Poulin.

D’autres pas en ce sens sont au programme au cours des mois à venir, a-t-il affirmé. Selon M. Poulin, un second groupe de terrains, d’une superficie globale aussi importante que le premier, est en voie d’être mis en conservation à Bromont pour intégrer le projet Pivot.