Des idées pour un Noël écolo [GALERIE PHOTOS]

Si le temps des Fêtes qui approche à grands pas reste un excellent prétexte pour se retrouver en famille, c’est aussi l’occasion de faire une bonne action. Comment ? En soutenant par exemple des organismes œuvrant pour le respect et la défense de la nature et de l’environnement. Voici trois initiatives, parmi tant d’autres, qui militent en ce sens. Prêts pour un cadeau écolo ?


1. Un chasseur d’images qui veut redonner à la nature

Le photographe professionnel Charles Dion a créé une boutique en ligne destinée à soutenir deux organismes œuvrant pour la protection de la nature. « Je voulais donner un sens à mon travail », résume-t-il.

L’idée de vendre ses clichés ne date pas d’hier. La seule condition à ses yeux était de pouvoir joindre l’utile à l’agréable, autrement dit faire rimer ces transactions avec une cause qui lui tenait à cœur. « Le fait de m’associer à des organismes en lien avec la nature a été une source de motivation pour moi », souligne le jeune homme, qui se décrit comme un « écolo préoccupé par les enjeux environnementaux et la conservation des territoires naturels ».

Sensible aux beautés livrées par dame Nature, Charles Dion a décidé de verser une partie des profits générés par la vente de ses photos à des organismes investis dans des causes qui lui tiennent à cœur.

Hymne aux oiseaux

Soucieux de toucher plus de gens avec ses photos — il s’évertuait jusqu’alors à les partager sur les réseaux sociaux pour sensibiliser les gens aux beautés de dame Nature —, le résident de Magog s’est donc investi dans une collaboration conforme à ses aspirations. En l’occurrence celle qui le lie à Corridor Appalachien et Oiseaux Québec, dont les bases se trouvent respectivement à Eastman et Montréal.

Vingt photos sont proposées dans sa boutique virtuelle, « mais toutes celles qui se trouvent dans la section nature sur mon site sont disponibles à l’impression », tient-il à ajouter, en précisant que là encore une partie des bénéfices est destinée à ses partenaires.



L’Organisme de bassin versant de la Yamaska dirigé par Alex Martin a lancé cette année pour la première fois un tirage destiné à financer les projets de différentes associations environnementales. Une vingtaine de prix totalisant près de 7000$ ont été mis en jeu.

Les images rassemblées dans la boutique (comme l’ensemble de sa collection) ont été immortalisées en partie dans les Cantons-de-l’Est, et de façon plus globale au Québec. Certaines d’entre elles font aussi voyager au-delà des frontières provinciales, plus précisément dans l’Ouest américain. Le photographe a jeté son dévolu sur la nature et les paysages, avec une prédilection pour les oiseaux, ce qui n’est pas étonnant vu son penchant pour l’ornithologie. 

Encans 

Charles Dion s’est engagé à remettre environ 50 % des profits générés par les ventes. Les dons versés oscillent entre 15 % et 40 % selon les formats choisis, comme on peut le lire sur sa plateforme. D’autres projets sont aussi dans les cartons pour soutenir Corridor Appalachien et Oiseaux Québec dans leurs missions. « Une photo imprimée de format 16X24 doit être mise à l’encan par Oiseaux Québec en janvier. Un projet similaire doit voir le jour avec Corridor Appalachien », annonce le chasseur d’images âgé de 25 ans, qui ne verrait aucun inconvénient à ce que sa démarche fasse des émules. « On vit tous sur la même planète, qui fait face à de grands enjeux environnementaux. Si mon projet peut servir d’inspiration, alors tant mieux. »

Il espère aussi qu’à l’approche des Fêtes, les gens feront un cadeau à cette nature qu’il aime tant. « Cette période, c’est une bonne occasion pour se réunir en famille, mais aussi pour investir son argent dans des organismes dont la mission est de la protéger. C’est notre richesse la plus importante à l’heure actuelle. »

Pour accéder à son site: www.charlesdionphotographe.com

2. Un tirage pour soutenir 10 groupes environnementaux

L’initiative, impulsée par l’Organisme de bassin versant de la Yamaska, a débuté le 1er octobre et prendra fin le 12 décembre. Le tirage des billets aura lieu quant à lui le 28 décembre dans ses locaux.

À en croire Michel Laliberté, l’idée d’un tirage permettant de financer les projets de l’organisme hébergé au 160, rue Cowie à Granby était dans les têtes depuis un certain temps. Mais plutôt que de faire cavalier seul, l’OBV de la Yamaska a décidé d’en faire profiter d’autres associations environnementales situées sur son territoire. Dans le détail : Action conservation du bassin versant du lac Bromont, Action lac Waterloo, Arbres-Eco, Association du mont Rougemont, Comité du bassin versant de la rivière Salvail, Comité de revitalisation de la rivière Chibouet, Comité de sauvegarde du bassin versant du lac Davignon, Comité des citoyen.nes protection de l’environnement maskoutain, Fondation SÉTHY, Organisme de bassin versant de la Yamaska, Renaissance lac Brome.

Pour le responsable des communications, cette solidarité allait de soi. « L’argent est souvent un enjeu pour des organisations plus petites que la nôtre et qui ne disposent pas de grosses ressources. » Il ajoute que la récolte de fonds n’est pas le seul objectif visé par cette initiative. La sensibilisation du public aux défis et problématiques auxquels elles font face en est un autre.

Le président de Carboneutre Québec, Mathieu Comtois, espère que le chèque-cadeau lancé récemment incitera davantage de gens à adhérer à la carboneutralité, un concept qui, selon lui, gagne en popularité au fil du temps et occupe davantage les conversations.

L’OBV, qui a pris à son compte l’organisation et la préparation de ce tirage, a fait imprimer 2500 billets. Les trois quarts avaient déjà été écoulés par les différents partenaires fin novembre, soit environ 1800 unités. D’ici à la date butoir, les organismes devront redoubler d’efforts pour vendre le reste. La moitié du prix des billets, soit 10$, va dans les caisses d’une des associations participantes. L’autre moitié revient à l’instigateur de ce tirage, ce qui lui permettra d’amortir les frais engagés, entre autres pour l’impression desdits billets.

Il faut préciser qu’il est possible, une fois sur le site de l’organisme de bassin versant, de choisir l’association que l’on souhaite soutenir. Les prix mis en jeu — vingt au total, comprenant entre autres des kayaks et divers forfaits — ont tous un rapport avec l’eau et proviennent de commerces du bassin versant de la Yamaska.

Pour participer : www.obv-yamaska.qc.ca

3. Une carte-cadeau pour devenir carboneutre

Permettre à une personne de son entourage de devenir carboneutre ou d’acheter de la carboneutralité, c’est désormais possible grâce à Carboneutre Québec, qui vient de lancer une carte-cadeau sur laquelle cette entreprise de Granby mise beaucoup pour inciter les gens à réduire leur empreinte écologique.

Le lien qui permet d’y accéder est apparu sur son site le 30 novembre dernier. En un clic, on tombe sur les fameuses cartes-cadeaux, dont le montant varie entre 20 $ et 1000 $. Son président, Mathieu Comtois, lui-même carboneutre depuis six ans, place beaucoup d’espoir dans ce nouvel outil, qu’il présente comme une initiative unique en son genre au Canada. « Offrir la carboneutralité en cadeau, je crois que c’est une première. » Avec Noël et ses présents qui se profilent à l’horizon, l’occasion est donc belle d’injecter un peu de liquidités dans cette louable cause.



L’empreinte écologique du cadeau prend de l’ampleur selon la distance que Nathalie parcourra pour se les procurer. Ce faisant, les calculs de LCL Environnement démontrent que c’est le jeu de société acheté au Quartier DIX30 qui s’avèrerait le choix le plus polluant alors que le jeu commandé sur Amazon serait l’option la plus verte, et ce, peu importe si Nathalie conduisait une voiture électrique ou à essence.

Rappelons que depuis la création de cette compagnie il y a deux ans, les clients — que ce soient des particuliers ou des entreprises — peuvent remplir un formulaire, directement sur la plateforme, qui va leur permettre de connaître leur empreinte carbone, ainsi que la somme dont ils doivent s’acquitter pour obtenir un certificat annuel de carboneutralité. La compensation de leurs émissions de CO2 se traduit par la plantation d’arbres, dont le nombre équivaut à l’argent versé. Voilà, grosso modo, résumé le processus.

Cas par cas

Carboneutre Québec, qui a déjà permis la plantation d’environ 3600 essences depuis sa création, avec l’aide de son partenaire Carbone Boréal, espère gagner en visibilité et voir grossir les rangs de ses partisans avec cette formule.

Il faut toutefois préciser que les bénéficiaires des cartes-cadeaux seront parfois contraints de mettre la main à la poche s’ils veulent prétendre à la carboneutralité. Tout sera fonction, bien sûr, du montant qui leur aura été offert.

Pour prendre un exemple précis, imaginons le cas d’une personne qui produit 5 tonnes de CO2 par an, ce qui revient à peu près à 400 $ selon l’estimation de Mathieu Comtois. Si l’un de ses amis lui a offert 100 $, elle devra payer la différence, ou choisir une autre option. « Elle pourra cumuler le montant de la carte-cadeau avec une autre », indique la figure de proue.

Une autre possibilité existe: donner tout simplement l’argent qui lui aura été offert à Carboneutre Québec, qui l’utilisera à bon escient pour mener à bien la mission qui est la sienne. 

Pour offrir de la carboneutralité: www.carboneutrequebec.com

Pour réaliser l’exercice, nous avons créé l’histoire fictive de Nathalie, qui s’interroge sur le cadeau à offrir à sa filleule pour Noël (voir le scénario ci-bas). À partir des différentes options proposées, Luc Baillargeon Nadeau, chargé de projet et responsable du développement durable chez LCL Environnement, a calculé l’impact environnemental de chaque achat pour déterminer lequel générait le moins de gaz à effet de serre (GES), composés à 99,5% de dioxyde de carbone (CO2).

NOTRE SCÉNARIO

Nathalie a reçu la liste de souhaits de sa filleule Aurélie pour Noël. Les parents de la fillette lui ont suggéré de choisir entre trois présents espérés de valeur marchande plus ou moins égale. Comme Nathalie a l’environnement à cœur, elle s’interroge sur le meilleur choix à faire pour satisfaire à la fois les envies de sa nièce et limiter l’empreinte écologique du présent.

Nathalie, qui demeure à Bromont, pourrait choisir la poupée de l’heure, le jouet que toutes les petites filles rêvent de voir sous le sapin cette année. Ladite poupée est faite en Chine et il est possible de l’acheter au Walmart de Granby ou de Cowansville pour 34,99 $.

Elle pourrait aussi acheter un tout nouveau jeu de société à thématique de licorne et qui plaira à coup sûr à sa filleule. Le jeu, fabriqué au Québec, plus précisément dans la région de Montréal, n’est toutefois disponible que dans une boutique spécialisée du Quartier DIX30, à Brossard, pour la somme de 42 $.

La tante a aussi pour option d’offrir un autre jeu, aussi fait en Chine, portant sur la Pat’Patrouille, l’émission préférée d’Aurélie. Celui-ci serait expédié à partir d’un point de vente situé dans l’État de New York et vendu sur la plateforme Amazon au coût de 28 $.

Enfin, bien que cela ne figure pas sur la liste de cadeaux rédigée par Aurélie, Nathalie a eu un véritable coup de cœur pour une petite commode mise au goût du jour par une artisane de Rougemont qui serait un très bel ajout pour la chambre de princesse de sa nièce. Le coût de l’œuvre, unique en son genre, est toutefois plus élevé que le budget que Nathalie pouvait se permettre d’investir cette année, avec les revers financiers qu’elle a connus en raison de la pandémie : 75 $. 

Elle se demande toutefois si l’achat, à un coût plus élevé, d’un produit local, est plus économique quand on tient en compte du transport des autres objets et de ce qu’il en coûterait pour compenser les émissions de gaz carbonique qui en ont résulté.

Dans ses calculs, M. Baillargeon Nadeau a inclus la distance d’importation à partir du lieu de fabrication de l’objet et a calculé la distance probable à l’aide de Google Maps. Il a aussi inclus la distance parcourue par chaque item jusqu’à son point de vente. Le tout lui a permis d’estimer la quantité de GES émis pour chaque objet en fonction de son poids — évaluée à partir de produits comparables en ligne et incluant un emballage de 250 g — et du kilométrage.

Les articles importés d’Asie, qui arrivent par camions et par bateau, sont généralement transportés en très grandes quantités dans des conteneurs, ce qui a pour effet de réduire la quantité de GES émis par objet.

Au terme de cette première étape, c’est le jeu de la Pat’Patrouille, fabriqué en Chine et vendu à partir d’un détaillant américain sur Amazon, qui est le choix le plus polluant, avec 1,19 kg de GES. Arrive ensuite la poupée produite en Chine et vendue au Walmart de Granby, avec 0,59 kg de GES, puis le jeu de société québécois vendu au Quartier DIX30, dont l’acheminement en boutique génère 0,02 kg de gaz carbonique. En ce qui concerne la commode revampée en vente à Rougemont, il n’a pas été possible de calculer les GES puisque l’origine du meuble est inconnue.

Évidemment, les résultats présentés le sont à titre indicatif, puisque le cycle de vie du jouet et les matériaux utilisés à sa production n’ont pas été inclus dans le calcul.



Dis-moi comment tu te rends au magasin, je te dirai combien tu pollues...

L’empreinte écologique du cadeau prend surtout de l’ampleur selon la distance que Nathalie parcourra pour se le procurer. Ce faisant, les calculs de LCL Environnement démontrent que c’est le jeu de société acheté au Quartier DIX30 qui s’avèrerait le choix le plus polluant alors que le jeu commandé sur Amazon serait l’option la plus verte, et ce, peu importe si Nathalie conduisait une voiture électrique ou à essence.

Martine St-François et Luc Baillargeon Nadeau de LCL Environnement ont calculé et analysé l’empreinte écologique de notre scénario.

« En fait, on se rend compte que la plus grande source d’émission de GES, et de loin, c’est le moyen de transport que tu utilises pour te rendre au magasin », explique Martine St-François, directrice commerciale chez LCL Environnement, elle-même surprise par le verdict.

En effet, les articles importés d’Asie, qui arrivent par camions et par bateau, sont généralement transportés en très grandes quantités dans des conteneurs. Cela a pour effet de réduire la quantité de GES émis par objet, mais cela ne signifie pas qu’il est plus écologique d’acheter des items importés. « Le matériel qui est transporté en bateau, sur un cargo, on parle de dizaines de milliers de tonnes de produits, explique M. Baillargeon Nadeau. Dans le cas d’une livraison gérée par Amazon, ce sont beaucoup de marchandises livrées lors d’un même déplacement et avec un parcours très optimisé. »

« Il faut garder en tête que c’est pour des masses très faibles de jouets (0,5 kg à 1 kg), donc de parler d’émissions de 0,95 kg CO2 pour importer un objet de 1 kg, c’est quand même important.... » renchérit Mme St-François.

Benoit Duguay, professeur titulaire à l’ESG-UQAM

Mathieu Comtois, président de Carboneutre Québec, voit les choses quelque peu différemment. « C’est sûr que l’empreinte carbone est divisée parmi les objets, mais il n’en demeure pas moins qu’un même article peut générer plusieurs empreintes de carbone avant d’arriver à sa destination finale, dit-il. Quand on achète local, c’est beaucoup plus facile de limiter ses déplacements, mais on évite aussi un intermédiaire pour la vente de produits, tout simplement parce qu’ils ne sont pas importés. »

La somme de tous les achats

En bout de ligne, peu importe le choix de Nathalie, elle aurait à débourser moins de 2 $ pour compenser les émissions de GES provoquées par son achat, peu importe lequel.

« Le coût peut sembler peu élevé pour compenser l’empreinte carbone, mais c’est la somme de tous les achats qu’on peut effectuer dans une année qui est impressionnante, en bout de ligne », stipule M. Baillargeon-Nadeau.

Le scénario idéal, selon LCL Environnement, serait d’avoir acheté un cadeau fait au Québec tout près de chez soi, et d’aller se le procurer à pied ou à bord d’un véhicule électrique.



« Le bilan aurait été différent si elle avait effectué tous ses achats au DIX30, y compris son épicerie, parce que la combustion d’essence serait alors répartie sur tout ce qu’elle a acheté plutôt que pour ce seul objet », nuance M. Baillargeon Nadeau, une option que nous ne lui avions pas soumise dans notre exercice.

« Il s’agit d’un effet de masse, opine M. Comtois. Plus les gens achètent localement, moins il y aura de transport et moins de CO2 sera émis. De plus, les exigences environnementales pour les entreprises canadiennes sont supérieures à celles de la Chine. »

On estime que chaque Québécois émet, en moyenne, 10 tonnes de GES par année. Si on souhaite compenser pour ces émissions, il en coûterait 280 $ par personne annuellement.

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L'EMPREINTE ÉCOLOGIQUE ENCORE PEU CONSIDÉRÉE DANS LA DÉCISION D'ACHAT

L’empreinte écologique d’un article est rarement prise en compte au moment de faire un cadeau, et ce, dans le cas d’une majorité de consommateurs.

«L’être humain, au moment de consommer, n’est pas par définition raisonnable ou rationnel», relève Benoit Duguay, professeur titulaire à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.

«Quand on prend un produit sur une tablette, on ne pense pas nécessairement à tout le chemin qu’il a parcouru avant d’y arriver, ajoute-t-il. Quand on songe au coût d’achat, on ne pense pas non plus au déplacement qu’on a fait et à l’essence qu’on a brûlée pour se rendre au magasin.»

Mathieu Comtois, président de Carboneutre Québec, estime lui aussi que peu de gens sont conscients de l’empreinte carbone de leurs achats, particulièrement lorsqu’ils achètent en ligne. Du travail est à faire pour sensibiliser et éduquer les consommateurs à soupeser l’impact environnemental de leurs achats, selon lui.

Caroline Boivin est professeure titulaire à l’ESG de l’Université de Sherbrooke et cofondatrice de l’Observatoire sur la consommation responsable.

Ces préoccupations n’ont pas à être détaillées pour mener à un changement. «Il y a une responsabilité individuelle dans l’achat et les gens aiment savoir quand ils font de bons choix, souligne Caroline Boivin, professeure titulaire à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke et cofondatrice de l’Observatoire de la consommation responsable. Les consommateurs ne tiennent pas nécessairement à connaître le fin détail quand ils font un choix. Mais si on leur précise que leur achat est équitable ou écoresponsable, par exemple, ça peut suffire pour les influencer.»

«Parfois, il suffit de prendre conscience des impacts de nos choix pour vouloir changer nos habitudes. Prenons l’exemple de la viande rouge: c’est facile de remettre en question sa consommation de boeuf, par exemple, quand on sait tout ce qu’il faut pour produire un kilo de viande», poursuit-elle.

Le prix encore roi

L’empreinte écologique d’un achat peut être un facteur qui entre en ligne de compte dans la décision de consommer, au même titre que de vouloir soutenir un commerce local. Malgré tout, le prix viendra toujours peser lourd dans la balance.  Selon le plus récent Baromètre de la consommation responsable, effectué annuellement par l’observatoire du même nom, 73% des Québécois portent davatange attention au prix des produits depuis le début de la pandémie.

«Si la différence entre le produit local et son équivalent dans une grande surface d’une multinationale est de 10 à 15%, ça ne découragera peut-être pas le consommateur de se procurer le bien local, estime M. Duguay. Mais dans certains cas, la différence peut aller jusqu’au double du prix pour un produit similaire, ce qui est un frein pour certains consommateurs.»

Actuellement répartis dans quelque 70 points de ventes de l’Estrie et de la Montérégie, les sachets sont clairement identifiés avec le logo carboneutre de LCL environnement.

Si l’environnement est devenu une préoccupation incontournable en 2020, la réduction systématique de son empreinte écologique n’est pas à la portée de toutes les bourses, nuance le professeur titulaire. «Pour consommer de manière plus écologique, il faut généralement payer plus cher; ce n’est malheureusement pas tout le monde qui a les moyens d’être vertueux, quand on parle seulement du prix des produits. On doit aussi tenir en compte que la pandémie a mis beaucoup de gens au chômage. D’autres, même s’ils ont conservé leur emploi, ont vu leurs heures de travail diminuer ou ont essuyé des pertes financières.»

«C’est comme les véhicules électriques, poursuit-il. On a beau avoir une conscience environnementale, il n’en demeure pas moins que pour l’instant, ces véhicules coûtent beaucoup plus cher que des voitures à essence, et ça fait en sorte que ce ne sont pas tous les automobilistes qui ont les moyens de s’en payer une. Mais éventuellement, il va y en avoir de plus en plus et elles devraient être de plus en plus abordables.»

«Tout le monde a l’impression que ça coûte toujours plus cher de faire des achats écoresponsables, mais ce n’est pas vrai pour une majorité de produits», nuance Caroline Boivin, qui reconnaît toutefois que la nature écoresponsable d’un article ne sera pas le critère décisif d’un achat, en général. «En fait, les gens vont plutôt acheter un produit, et s’il est plus vert, c’est tant mieux, c’est un plus», illustre-t-elle.

Un changement qui commence par soi-même

Il n’en demeure pas moins que les consommateurs sont conscients que les changements doivent venir d’eux-mêmes pour avoir un impact à plus large échelle, à moyen et à long terme, révèle le Baromètre de la consommation responsable, où 84% des répondants à l’enquête sont de cet avis. «Même les gens les plus sensibles aux prix peuvent poser un geste responsable et prendre en compte l’impact environnemental de leur achat. En fait, selon nos données, ils sont même plus susceptibles d’avoir cette considération. Faire attention à son budget, c’est aussi faire des choix plus réfléchis, plus intelligents», relève Mme Boivin.

M. Comtois abonde en ce sens. «Il suffit de mieux chercher et de ne pas aller uniquement vers les grandes multinationales, propose-t-il. Parfois, les produits locaux sont moins chers parce que le vendeur n’a pas besoin de rémunérer un intermédiaire qui a été chercher le produit à l’étranger pour lui.»

L’an dernier, l’entreprise avait obtenu la certification carboneutre pour la compensation de ses activités quotidiennes de torréfaction et de restauration, devenant ainsi le troisième citoyen corporatif de Granby à obtenir ce titre enviable de la part de la firme LCL Environnement.

Celle-ci a de nouveau été sollicitée par le Café de la Brûlerie afin de rendre entièrement carboneutre son produit phare, du caféier à la tasse. Il s’agissait là de la suite naturelle d’un processus entrepris par le cafetier granbyen pour réduire le plus possible son empreinte écologique et pour offrir des produits et services les plus verts à sa clientèle.

Ce faisant, Luc Baillargeon-Nadeau, directeur du développement durable chez LCL Environnement, a analysé toutes les étapes de la production des grains de café, de leur plantation dans les champs du Sud à leur vente à la brûlerie granbyenne ou dans un point de vente en épicerie. Au total, l’entreprise prépare 25 variétés de café différentes au cours d’une année.

Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, a souligné la directrice commerciale de LCL ENvironnement Martine St-François, l’emballage et la livraison du café ont un impact négligeable sur le processus. «En fait, ces étapes génèrent moins de 1% de toutes les émissions de gaz à effet de serre», a-t-elle précisé. Cela peut s’expliquer par le fait que le café est transporté avec de nombreuses autres marchandises, ayant pour effet de diviser l’impact environnemental du chargement entre tous les produits.



La culture du grain et la torréfaction au gaz naturel constituent les deux activités les plus polluantes du procédé, avec des émissions qui représentent respectivement 47% et 44% de tous les GES produits.

Pour le trimestre d’octobre à décembre dernier, 11 tonnes de GES ont été émis, et donc compensés par la plantation de 81 arbres dans le Nord-du-Québec via le partenaire Carbone Boréal.

En tout, pour le trimestre d’octobre à décembre dernier, 11 tonnes de GES ont été émises, et donc compensées par la plantation de 81 arbres dans le Nord-du-Québec via le partenaire Carbone Boréal. Actuellement, la production d’un kilo de café génère 6,5 kilos de GES, précise Mme St-François.

Les calculs ont été effectués sur une période de trois mois et seront mis à jour régulièrement. «On aurait pu faire le calcul sur toute une année, mais on voulait un résultat le plus précis possible., mentionne Lisa Auclair, copropriétaire de l’entreprise. Notre but, c’est aussi de s’améliorer. Si on pouvait planter entre 300 et 400 arbres en un an, on serait très fiers.»

Son associé, Maxime Poulin, relève que la pandémie a facilité le calcul. «Dans les faits, comme on n’a pas fait autre chose que de torréfier, ça s’est avéré être un bon moment pour calculer l’impact de notre activité indépendamment du reste», précise-t-il.

«Médaille d’or»

D’autres cafés québécois ont obtenu ou sont en voie d’obtenir une certification similaire, mais les offrandes du Café de la Brûlerie sont les premiers dans la région et les premiers de la province à être vendus sous cette étiquette sur le marché. Actuellement répartis dans quelque 70 points de vente de l’Estrie et de la Montérégie, les sachets sont clairement identifiés avec le logo carboneutre de LCL environnement.

Une étiquette que les propriétaires du commerce perçoivent comme une «médaille d’or».

«Il y a quelque chose de nouveau avec la carboneutralité, estime Mme Auclair. Les gens sont de plus en plus soucieux des impacts de leur choix et on sent que le consommateur pourrait voir un plus à choisir notre produit en étant carboneutre.»

«C’est quasiment devenu une marque de commerce, renchérit son partenaire en affaires comme dans la vie. Ce n’est pas une médaille qu’on achète, c’en est une qu’on a méritée avec beaucoup de travail et d’efforts.»