Cette initiative s’inspire d’une autre certification, «Communauté bleue», délivrée à 37 territoires de la province. Toutefois, aucune des municipalités ou MRC couvertes par La Voix de l’Est ne l’a adoptée.
«Nous souhaitons percer ici, puisqu’il s’agit d’un territoire où nous sommes peu connus. Il est particulièrement touché par les enjeux liés à l’eau», affirme Rébecca Pétrin, directrice générale d’Eau secours, au sujet du large territoire couvert par notre média.
Selon elle, les certifications ne règlent pas tous les problèmes, mais permettent néanmoins de conscientiser les citoyens face aux différents enjeux.
«Les gens, jeunes et moins jeunes, n’ont pas connaissance de l’origine des pénuries d’eau et ne savent pas vraiment ce qu’ils peuvent faire. Des puits sont à sec, mais ça ne semble pas outrageant. Cette situation devrait marquer les consciences», poursuit la directrice générale.
Les citoyens attribuent la faute aux changements climatiques, mais ils ont aussi leur part de responsabilité, insiste Mme Pétrin. Les consommateurs doivent apprendre à identifier les différentes menaces qui pèsent sur les ressources naturelles et changer leurs habitudes pour un avenir meilleur.
Une gestion responsable
Chaque geste compte pour un avenir qui ne sera pas sec. Eau secours invite les institutions politiques et scolaires à adhérer à sa proposition d’une meilleure gestion de l’eau potable. Des engagements sont à respecter afin d’obtenir la certification.
Pour ce faire, il faut reconnaître le droit humain à l’eau et aux services d’assainissement et bannir l’usage et la vente d’eau embouteillée dans les événements et les lieux publics.
«L’eau est publique. La prélever à très peu de frais pour un usage commercial est contraire à la gestion responsable. En plus, il y a un contenant. La majorité se retrouve dans les sites d’enfouissement et devient le fardeau de la société», fait valoir Mme Pétrin.
En outre, pour obtenir la certification «Communauté bleue», on doit promouvoir des services d’eau potable et d’eaux usées financés, détenus et exploités par le secteur public. Le tout vise à freiner la privatisation de la ressource, puisqu’Eau Secours considère qu’une entreprise privée ne peut garantir une gestion responsable de l’eau. «Il n’y a personne de mieux placé que l’expertise municipale afin de gérer l’eau de manière responsable», fait valoir sa directrice générale.
Une «École bleue» doit, de son côté, promouvoir l’éducation relative à la protection de l’eau, afin de sensibiliser les citoyens de demain et le personnel scolaire. Cette certification peut être obtenue par les établissements de tous niveaux, de primaire à universitaire, tant du secteur public que privé.
Pour plus d’informations, il suffit de visiter le site Web de l’organisme.
Un enjeu tangible dans la région
Du côté de l’Organisme du bassin versant (OBV) de la Yamaska, on constate, hélas, que les citoyens ont tendance à tenir l’eau pour acquise. «On est habitué au Québec d’ouvrir le robinet et de voir l’eau apparaître comme par magie», illustre Michel Laliberté, responsable aux communications de l’organisme.
La province possède 3 % des réserves mondiales d’eau douce, mais la consommation y est parmi les plus élevées sur le globe. Dans la région, des nappes phréatiques voient leur niveau descendre dangereusement. Le grand enjeu de la rivière Yamaska est la période d’étiage, le moment où les cours d’eau sont au plus bas. Au rythme actuel et sans solution concrète, elle pourrait se prolonger au fil des années.
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La situation liée à la consommation est aussi problématique à Bromont selon le porte-parole de l’OBV Yamaska. La multiplication des projets résidentiels et industriels n’aide pas à diminuer le phénomène. La situation est aussi préoccupante à Cowansville et a fait l’objet de débats lors de la dernière campagne municipale. Enfin, les municipalités de Roxton Pond et Warden ont dû remplir les puits avec de l’eau venue par camions de Granby dans le courant des derniers mois.
«Il faut inciter les gens à faire attention. Une municipalité peut arriver avec des encouragements et des incitatifs afin de réduire la consommation», propose M. Laliberté.
Doit-on tarifer l’eau davantage ou s’inspirer de l’Europe ? Malheureusement, c’est en touchant le porte-feuille qu’on pourrait réussir à sensibiliser davantage la population, selon lui. «C’est aux municipalités et au gouvernement du Québec d’en décider. Il faudra s’y rendre, et non seulement pour les entreprises», croit Michel Laliberté.