Un périple de 1616 kilomètres dans le moment présent

À l’été 2018, Sylvie Grégoire et son conjoint ont entrepris une aventure à laquelle ils rêvaient depuis plusieurs années: la traversée de la France à pied. Cette histoire de voyage, de dépassement de soi et de culture est racontée dans un livre disponible sur les tablettes.

À l’été 2018, Sylvie Grégoire et son conjoint ont entrepris une aventure à laquelle ils rêvaient depuis plusieurs années: la traversée de la France à pied. Cette histoire de voyage, de dépassement de soi et de culture est racontée dans un livre disponible sur les tablettes.


La graine de ce rêve a été plantée il y a plus de 20 ans, lors de la lecture du récit A Walk Across France de Miles Morland. «Il faut que je fasse ça», s’était alors promis Sylvie Grégoire. Les protagonistes du récit de Morland avaient fait le voyage d’est en ouest. Le duo d’aventuriers de Sutton voyait plus grand : ils souhaitaient parcourir la France de la Manche à la mer Méditerranée, une distance de 1616 kilomètres... trois fois plus longue que ce qui était décrit dans A Walk Across France.

«Le plus beau cadeau de la route c’est d’avoir trois mois à vivre dans le moment présent. Pendant ce temps, on est vraiment à observer, à vivre, à apprendre. On n’est pas dans les responsabilités. C’est un privilège, chaque jour est une nouvelle aventure, un nouveau petit voyage», confie celle qui a passé sa vie à pratiquer et à enseigner le droit.

Question de bien boucler la boucle, c’est dans les pages de La France, pas à pas, côte à côte: journal de bord d’un périple audacieux que la Suttonnaise raconte à son tour son aventure. Le lancement du livre avait lieu la fin de semaine du 13 et 14 novembre, à Montréal, puis à Sutton.

Rêver à l’aventure

Le 10 juin 2018, Sylvie Grégoire et François Roland se sont finalement lancés, sans itinéraire ni plan, dans une épopée qui aura duré 70 jours. Ils se sont permis six journées de repos durant leur périple.

«Le premier jour, quand on est arrivé en haut des falaises sur le littoral près de la Manche, c’était une journée magnifique, pas un nuage dans le ciel, les prés, les falaises, la plage, le petit sentier le long de la falaise... C’était le sentiment de liberté et de me dire “enfin”. Ça faisait 20 ans que j’avais ce rêve-là en tête et enfin on y était. Ce sentiment de liberté va rester en moi pour toujours», raconte l’auteure, soulignant l’importance de réaliser ses rêves, même s’il faut parfois faire preuve de patience.

L’hébergement pour la première nuit était réservé, mais la suite du voyage s’est faite d’une auberge à l’autre. «On s’est dit qu’on regarderait de soir en soir», poursuit Sylvie Grégoire.

Certains jours, la semelle de leurs chaussures a vu plus de 40 kilomètres. François Roland avait alors 67 ans et Sylvie Grégoire 55 ans. «Nous ne sommes plus de jeunes athlètes dans la vingtaine, donc on était pas mal content de notre coup», rigole-t-elle.

Le couple s’était entendu sur quelques consignes avant le départ.

«On ne voulait pas prendre un véhicule. Jamais. On voulait faire chaque centimètre à pied, ce qu’on a réussi», assure-t-elle, précisant qu’ils ne connaissaient pas la faisabilité de leur projet, puisqu’ils ne se sont pas fiés à un itinéraire prédéterminé.

Le couple souhaitait visiter une «France méconnue», celle des campagnes, en se déplaçant hors des sentiers touristiques, comme ceux du chemin de Compostelle, qui sont populaires et achalandés.

C’était une bonne décision, puisqu’elle leur a permis de découvrir des régions magnifiques, pourtant peu populaires, de la France.

«Il y a eu quelques fois où nous nous sommes perdus et où nous nous sommes retrouvés sous des orages. Il faut qu’il y ait un peu d’aventure, d’imprévu, pour que ça soit intéressant», dit-elle avec philosophie, indiquant que ces mésaventures se retrouvent dans le livre.

Vitalité et achat local

Dans leur planification initiale, les grands randonneurs prévoyaient casser la croûte dans les cafés et les restaurants des villages qu’ils rencontreraient sur leur route.

«Puisque nous étions hors des sentiers touristiques, on s’est aperçu que malheureusement beaucoup de commerces étaient fermés. Il n’y avait plus de café, il n’y avait plus de restaurant. Pendant les premiers jours, un moment donné, il était rendu 15h et on n’avait pas encore trouvé un endroit où manger. C’est triste, parce que plusieurs villages ont perdu leur vitalité à cause des grands centres. Il y a un mode de vie qui s’est un peu perdu dans les campagnes », déplore Sylvie Grégoire.

Pour elle, il s’agit d’une énième preuve qu’il faut encourager l’achat local. «On est chanceux, j’habite à Sutton, nos petits villages aux alentours sont très vibrants avec pleins de petits commerces et de projets intéressants. C’est important de les appuyer si on ne veut pas se retrouver avec des villages en perte de vitalité», conclut-elle.