Ainsi, dès le 4 novembre, on pourra retrouver au Mollies l’ambiance chaleureuse et conviviale du Cafetier, à quelques détails près. « J’ai toujours rêvé d’un endroit comme celui-là, un endroit accessible, sans prétention. Je vais poursuivre la mission du Cafetier, j’en garde l’esprit, le concept, mais il y aura quelques petites différences », indique la nouvelle copropriétaire, Molly Superfine Rivera.
La jeune femme est originaire de Miami et est venue s’installer à Montréal avec son mari, Mehdi Brunet Benkritly, il y a six ans. Ils y ont ouvert un restaurant de quartier qui sert une cuisine du terroir dans la Petite-Italie, le Marconi, avant que l’arrivée de leur fils leur insuffle un désir de campagne. Il y a deux ans, le couple a donc déménagé à Sutton avec l’idée d’ouvrir un jour un petit « café-dinette-buvette ».
L’occasion s’est présentée plus vite que prévu avec la mise en vente du Cafetier, il y a un peu moins d’un an. « Je ne pouvais pas passer à côté », souligne la restauratrice au français impeccable teinté d’un charmant accent anglophone, qui a embarqué son mari et le chef cuisinier du Marconi, Jonathan Prima, dans l’acquisition du célèbre café suttonais.
Une mission à poursuivre
Cet intérêt n’était pas sans réjouir les anciens propriétaires. « On ne voulait pas fermer le café. C’est un endroit tellement important pour le village et ses habitants. On a eu plusieurs acheteurs intéressés, mais on en a refusé beaucoup, car ils ne souhaitaient pas poursuivre la mission du Cafetier. Molly oui, et on en est bien heureux », affirment, non sans un brin d’émotions, Jean-François et Josée.
Ces derniers expliquent que la pandémie n’a pas vraiment joué de rôle dans leur décision de quitter le milieu de la restauration. « On y a énormément réfléchi. On avait même déjà commencé des démarches avant la Covid. On a dû changer d’idée 15 fois. Mais au final, même si c’était très émotif comme décision, on voulait tous les deux ralentir », explique Josée.
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Elle ajoute que la pénurie de main-d’oeuvre y est pour beaucoup dans ce changement de cap. « Depuis cinq ans, c’est vraiment tough, trouver du staff. Et comme on avait comme philosophie de ne pas fermer même si on manquait de personnel, on se retrouvait souvent, JF et moi, à mettre les bouchées doubles et à faire beaucoup plus d’heures. C’était très intense. Ça nous demandait un niveau d’implication incroyable. Et on était un peu fatigués de ça... »
Une clientèle en or
Les deux ex-partenaires en affaires admettent déjà s’ennuyer beaucoup de la proximité avec leurs clients. « Des habitués, qui avaient leur petite routine, dont on connaissait les noms et ce qu’ils allaient commander sans même qu’ils aient à le demander et dont on aimait prendre des nouvelles. C’était ça, notre paie ! De nos employés, aussi. C’était notre gang, notre social. »
Ils racontent avoir fêté en grand, le 26 septembre dernier, avant de remettre les clés à Molly, Mehdi et Jonathan. « On a servi des mimosas toute la journée. Plein de monde est passé nous saluer, on a pleuré en masse, c’était très chargé en émotions », se rappelle Jean-François.
« Ça nous a fait drôle de réaliser à quel point on comptait pour nos clients. On s’en doutait, mais jamais autant », reprend Josée.
De petites différences
C’est aussi cette journée-là que Molly a réellement réalisé ce dans quoi elle s’embarquait. « Je savais que le Cafetier était le coeur du village, mais je ne pensais pas que c’était aussi important », admet-elle.
La jeune femme de 33 ans ne s’en cache pas : elle a un peu peur qu’on compare ce qu’elle et ses deux acolytes vont faire à ce qui se faisait dans l’ancien Cafetier. C’est d’ailleurs pour quoi elle a tenu à changer le nom de la place. « Pour réduire les attentes. Pour aider à ce que les gens ne s’attendent pas à ce que ce soit exactement pareil », dit-elle.
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Ce sera cependant très semblable, répète-t-elle. La restauratrice n’a d’ailleurs effectué aucune rénovation à l’endroit et a même conservé tout le mobilier... ainsi que tous les employés à temps plein du Cafetier ! « Les petites différences se situent plus dans des détails. J’ai donné un coup de peinture, j’ai acheté des équipements pour faire plus de pâtisseries, j’aurai mes propres recettes, je ne servirai pas d’omelette, mais plutôt des frittatas. Pis j’aurai du bacon ! » lance-t-elle en riant.