Le Jardin des cocagnes, une passerelle entre la ville et la campagne

Stéphanie Hinton et Mélissa Racine Le Breton, respectivement directrice générale et coordonnatrice des Jardins des cocagnes

Ce n’est qu’au printemps prochain que le projet amorcera sa première saison entière, mais le Jardin des cocagnes, niché au creux d’un site enchanteur de Frelighsburg, a pris son envol il y a plusieurs mois déjà.


Comme d’autres citadins avant et après elle, Stéphanie Hinton, Montréalaise qui a travaillé comme agente de diffusion auprès de compagnies de danse contemporaine dans la métropole, a fait le move dans Brome-Missisquoi.

« C’est une drôle d’histoire, je n’avais jamais planté une tomate avant de me lancer ! » confie la dame qui fomente le projet depuis qu’elle est tombée amoureuse du site en cherchant sur Internet une maison à vendre dans la région.

« On s’est mis à rêver, et le projet a pris de l’ampleur, poursuit-elle. Je suis allée rencontrer des gens au CLD et je me suis mis à réfléchir plus sérieusement à tout ça. »

Un organisme à but non lucratif est né par la suite avec pour objectif d’acquérir le site de quelque 40 acres, ce qui a été fait à l’été 2020. Fait inusité, c’est grâce à des obligations communautaires, une forme de prêt à faible taux d’intérêt consenti par des particuliers sans l’intermédiaire d’une institution financière, que l’achat a pu être financé. Avec ses quelque 600 000 $, dont plus du tiers a été réuni en un peu plus d’une semaine, il s’agit, selon Mme Hinton, de la plus grande campagne de financement de l’histoire communautaire du Québec. « On a été estomaqués. Pour nous, c’est une belle réussite ! Ce sont des gens que nous ne connaissions pas, qui ont investi entre 5000 $ et 100 000 $ parce qu’ils croyaient en notre projet, en notre vision », indique la directrice générale.

Harmonie, nature et abondance

La vision de l’organisme, c’est de créer un lieu où la nature est reine. « Ça peut sembler superficiel, parler de la beauté des lieux, mais pour moi, ce n’est pas seulement une question d’esthétique. C’est surtout à propos de l’harmonie entre tous les éléments qui se trouvent sur place. Pour moi, les Jardins, c’est une passerelle entre la ville et la campagne pour apprendre la permaculture, l’agriculture et être en contact avec cette réalité-là », illustre Mme Hinton.

L’appellation cocagnes tient son nom du Pays de Cocagne, en référence à cette mythique contrée européenne où nature et abondance ne font qu’un.

On envisage jusqu’à présent cinq ou six projets agricoles. Ceux-ci occuperont l’équivalent de cinq acres du site qui en compte quarante, dont près du quart de la superficie est en forêt. On y retrouve aussi un verger de quatre acres et un potentiel acéricole intéressant.

Au départ, le tout se voulait davantage un incubateur agricole où des producteurs auraient pu procéder à des expérimentations sur les terres. Or, le tout se serait avéré laborieux, compte tenu de la préparation du site et de la courte durée de ces projets.

On procédera finalement par des baux à long terme, alors que certains producteurs pourront vivre directement sur la terre, ou tout juste à côté, alors que mijote un projet pour milieu de vie en harmonie avec la nature. « On veut accueillir des projets viables, structurés et avec un plan d’affaires solide, mentionne Mélissa Racine Le Breton, coordonnatrice du projet et fidèle alliée de Mme Hinton. C’est aussi une façon de faciliter l’accès à la terre pour les jeunes agriculteurs. »

Agrotourisme et coopération

On envisage jusqu’à présent cinq ou six projets agricoles. Ceux-ci occuperont l’équivalent de cinq acres du site, dont près du quart de la superficie est en forêt. On y retrouve aussi un verger de quatre acres et un potentiel acéricole intéressant.

Des animaux de ferme sont amenés à s’établir sur les terres, où des fleurs foisonneront aussi. Des sentiers sillonneront l’endroit pour permettre aux visiteurs et producteurs d’en apprécier l’ampleur et la splendeur.

L’OBNL Les Jardins des cocagnes se financera à la fois par la location de ses lopins, puis par les activités agrotouristiques qui y auront cours. Outre un kiosque des produits cultivés sur place, on compte offrir, à terme, une table champêtre d’une vingtaine de couverts et un gîte d’environ cinq chambres. À cela s’ajouteront des visites à la ferme et un réseau de sentiers à travers le site.

« On veut que ça devienne une halte routière pour les passants, mais aussi un lieu où on peut séjourner quelque temps », précise Mme Hinton.

Et si on souhaite être profitable, l’initiative ne vise pas à enrichir une minorité d’actionnaires. « Notre objectif est de transformer le projet en coopérative, ajoute la directrice générale. On ne voudrait pas que l’agrotourisme nous fasse faire plus d’argent que ce qu’il en coûte pour exploiter les lieux, alors à terme, on voudrait que les profits soient redistribués entre les producteurs pour reconnaître leurs efforts et la valeur de leur travail. »

Bénévoles recherchés

Avant d’en arriver là, toutefois, beaucoup de travail reste à faire. Il faut d’abord préparer le site, aménager les infrastructures telle une serre et réparer la grange, par exemple.

Mmes Hinton et Racine Le Breton sont donc à la recherche de bénévoles qui ont envie de mettre leurs mains à la terre et l’épaule à la roue. « Disons que si des gens ont envie de s’impliquer, on prévoit quelques corvées d’automne ! » lance la coordonnatrice.