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Dans ces clips d’à peine 15 secondes, on y voit Jagmeet Singh dans un décor monochrome de carton-pâte débiter ses trois messages de prédilection: la crise climatique est une course contre la montre et Justin Trudeau «ralentit le groupe», dit-il en courant sur un tapis roulant; les milliardaires ont fait des profits records pendant la pandémie et Justin Trudeau «n’a pas le courage de les faire payer», lance-t-il en jetant le champagne d’un richard prenant son bain dans ses dollars; et si vous n’avez pas les moyens de vous acheter une maison, «ne changez pas de courtier, changez de gouvernement». Toutes se terminent par le message qu’«il faut juste oser».

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Vous ne manquerez pas de les voir, le NPD disant y avoir consacré un important budget pour qu’elles roulent beaucoup à la télévision. Ces publicités énergiques, ludiques et audacieuses crient qu’à l’élection de 2021, c’est Jagmeet Singh qui incarne la «coolitude», pas Justin Trudeau.

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La campagne électorale est jeune et encore sujette à de trop nombreux rebondissements pour oser déjà un pronostic, mais une tendance se dessine: la solidification du vote néodémocrate. Sondage après sondage, le parti de M. Singh est crédité de plus de 20 % du vote. L’agrégateur de sondages Poll Tracker de CBC, qui fait la moyenne de tous les résultats, calcule que le NPD aurait la possibilité théorique de rafler 38 sièges, soit 14 de plus qu’en 2019. Le Québec reste encore imperméable à cette tendance, alors qu’avec moins de 12 % des intentions de vote, le NPD arrive loin derrière ses trois principaux rivaux. Les publicités visent à renouer avec l’électorat.

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Le pain et le beurre du NPD

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Si une preuve supplémentaire de ce regain de popularité est nécessaire, il suffit d’observer la campagne libérale. Justin Trudeau se commet de plus en plus sur des enjeux qui sont traditionnellement le pain et le beurre du NPD. Il y a eu bien sûr les promesses à propos des garderies et de la santé. Mais mercredi, le chef libéral a fait une sortie des plus étonnantes: réélu, il imposera aux banques et aux compagnies d’assurance une surtaxe de 3 % sur tout revenu dépassant un milliard de dollars et il soumettra ces entreprises à un «dividende de la relance» dont les modalités restent à définir. Ces deux mesures rapporteraient 2,5 milliards $ par an.

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Le NPD crie à l’hypocrisie. Il rappelle qu’en novembre dernier, les libéraux ont voté contre sa motion qui aurait instauré un impôt sur «les profits exorbitants» engrangés pendant la pandémie. C’est vrai, mais la proposition néodémocrate était beaucoup plus sévère: elle aurait doublé l’impôt corporatif (de 15 % à 30 %) sur tous les profits d’une entreprise dépassant ceux enregistrés l’année précédente. Plusieurs y ont vu une pénalité à la croissance. Le Directeur parlementaire du budget a calculé qu’une telle mesure rapporterait 7,9 milliards $ par année.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Jagmeet Singh répond aux questions accompagné de sa femme Gurkiran Kaur Sidhu et de Mike Layton, fils de Jack Layton.","contentType":"image","credits":"Paul Chiasson, La Presse Canadienne","position":6,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F47e1ecb5-0729-4dea-b828-606e387b1aaf.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":7,"text":"

Cet emprunt libéral s’explique par la mathématique du terrain. En Ontario, l’avance dont jouissaient les libéraux sur les conservateurs s’étiole d’un sondage à l’autre. Elle était d’environ neuf points au déclenchement et ne serait plus que de quatre points. Le NPD jouirait d’un appui de 22 %, soit cinq points de plus qu’en 2019. Dans cette province si stratégique, le NPD pourrait jouer les trouble-fête.

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Dans neuf circonscriptions, les libéraux ont gagné devant les conservateurs par 5000 voix ou moins. Une remontée néodémocrate, qui se fait très souvent au détriment des libéraux, pourrait faire gagner les conservateurs. Dans quatre autres, la lutte s’était faite entre le NPD et le PLC. Les libéraux avaient raflé trois d’entre elles, mais un accroissement du vote néodémocrate pourrait possiblement renverser le résultat. Enfin, il y a eu six luttes à trois dans la province, dont cinq avaient été remportées par les libéraux. En résumé, 17 sièges libéraux sont menacés par la remontée du NPD en Ontario. À eux s’ajoutent les six que les conservateurs avaient gagnés au détriment des libéraux par moins de 2500 voix, sièges auparavant prenables qui deviennent inatteignables avec la montée du NPD.

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En Colombie-Britannique, autre province centrale au plan libéral pour décrocher une majorité, le NPD est crédité de trois points de plus que ce qu’il a obtenu en 2019. Quatre des 11 circonscriptions remportées par les libéraux l’ont été par de faibles marges en 2019 et sont aujourd’hui menacées.

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Déficit de crédibilité

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Tout n’est pas rose pour autant pour le NPD, qui souffre encore d’un déficit de crédibilité aux yeux de quiconque regarde de plus près ses promesses. Trop souvent, Jagmeet Singh pose les diagnostics susceptibles de faire plaisir aux électeurs, mais ne propose pas de solution ou fait preuve de dogmatisme.

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Par exemple, il a promis d’encourager la production canadienne de biens consommés ici, comme le matériel de protection médical, mais n’a suggéré aucune mesure pour y parvenir. Lorsqu’un rapport a conclu qu’Ottawa avait versé en 2020 un record de 18 milliards $ en subventions au secteur pétrolier, M. Singh s’est engagé à les abolir toutes. Toutes? Toutes. Dans la liste, on trouve pourtant plus de 6 milliards pour aider l’industrie à adopter des procédés moins polluants et 1,7 milliard pour nettoyer les puits pétroliers abandonnés. M. Singh a dit qu’il procéderait, lui, par des aides directes ne passant pas par les entreprises, sans qu’on sache trop où est la différence. Et c’est sans compter que dans la liste, il y a au moins 300 millions $ en subvention salariale versée pendant la pandémie. Fallait-il laisser mourir de faim les travailleurs du secteur énergétique en congé forcé au motif qu’on n’aime pas ce qu’ils font?

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Pensée magique ou pas, la campagne du NPD semble frapper certains esprits, au grand dam des libéraux. Si la tendance se maintient, attendez-vous à ce que les libéraux ressortent leur vieille stratégie mettant en garde les électeurs progressistes qu’un vote pour Jagmeet Singh augmente les probabilités d’un premier ministre Erin O’Toole. Comme cela s’est produit en 2011 avec la vague orange et la majorité Harper.

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