« Bonjour et bienvenue dans la création », déclare l’artiste Jean-Jacques Pillet à l’entrée d’une des pièces de cette grange complètement transformée et conçue pour accueillir tout artiste visuel, littéraire ou circassien.

Depuis trois ans, DAR travaille sur ce projet de transformation du bâtiment. Selon Joanie Leroux-Côté, cofondatrice de l’organisme et artiste de cirque, il a été impossible de connaître l’origine exacte de la grange, mais elle est assurément plus que centenaire.

Il faut dire qu’il y avait vraiment du travail à faire. Il n’y avait pas de plancher, le bâtiment étant directement sur la terre. Deux grandes pièces ont été aménagées comme espace de création, en plus des dortoirs et des installations pour que les artistes puissent vivre dans l’endroit pendant quelques jours.

Les travaux ont débuté en juin 2020 et ont pris douze mois à être exécutés. Les délais ont été parfaitement respectés, même s’il reste encore quelques détails à peaufiner.

« Disons que la décoration est encore un peu feng shui. Il y a beaucoup d’espace pour l’instant » affirme Mme Leroux-Côté en riant. La facture d’environ un million de dollars est partagée par plusieurs paliers de gouvernement.

440 000 $ sont fournis par Patrimoine Canada et le ministère de la Culture et des Communications ainsi que les caisses Desjardins payent 100 000 $ chacun. 123 000 $ viennent de dons privés. Malgré le financement des institutions, quelques activités de financement sont prévues dans les prochaines semaines pour combler le manque à gagner.

Déjà occupé

Le bâtiment modernisé est déjà en demande. Dès dimanche, soit le lendemain de l’inauguration, l’espace créatif sera le lieu de résidence d’un artiste pour huit jours.

Joanie Leroux-Côté avance qu’un endroit de la sorte est le seul de la province et probablement le seul au Canada. « Je tenais beaucoup à ce qu’il soit conçu pour le domaine du cirque. Il y a vraiment de la demande dans le monde circassien au Québec pour un lieu de la sorte », dit-elle.

À quelques pas du centre-ville de Sutton, DAR est un parc culturel de sept acres avec des sentiers longés par plusieurs sculptures et créations. Le lieu, fondé en 2015 par Nicole Côté, Henri Lamoureux et Joanie Leroux-Côté, est ouvert au public.

« DAR se marie parfaitement avec de Sutton. Les gens peuvent s’y promener et aller tout faire au centre-ville, comme aller au restaurent à pied », lance l’artiste de cirque.

Un don pour l’occasion

DAR a compté sur un généreux donateur pour célébrer l’inauguration de son nouveau lieu de résidence. Le renommé sculpteur André Fournelle y a installé L’Interdit Damoclèse, une oeuvre qui peut désormais être contemplée à Sutton.

Ce montage, créé en 1992, s’est promené à plusieurs endroits dans le monde, notamment à Paris. M. Fournelle, en visitant le parc culturel, a choisi cette sculpture pour en faire un généreux don.

C’est Lise Ducharme, résidente de la région de Sutton, qui a été le lien entre André Fournelle et DAR. De plus, en sachant qu’il allait collaborer avec Mme Ducharme pour la conversion de l’oeuvre pour l’installer à l’extérieur, le sculpteur a sauté à pieds joints dans le projet.

« Ça nous a pris dix jours à adapter la sculpture pour l’extérieur. Lise s’est occupée de la base pour que tout ça tienne. Ça n’a pas été facile, mais nous avons réussi à temps », explique M. Fournelle.

La croix est un symbole fort pour André Fournelle. Selon lui, cet objet est le symbole de l’interdit. En pivotant les croix pour en faire des X, l’épée de Damoclès pend au-dessus des têtes.

« Tout est interdit. C’est l’épée de Damoclès qui peut s’en prendre à nous à tout moment », explique le créateur de l’oeuvre.