Milieux naturels: les citoyens invités à donner leur avis

Michel Laliberté et Madeleine Gauthier attendent beaucoup du sondage lancé lundi par Les Ami.e.s du boisé Quévillon pour apporter des idées sur la question — sensible — de la préservation des milieux naturels dans des zones urbaines. 

Les Ami.e.s du boisé Quévillon viennent de lancer un sondage en ligne portant sur la protection des milieux naturels. En prenant le pouls de la population sur cette question sensible, l’organisme entend « aider le futur conseil à poser les gestes nécessaires pour s’assurer de leur pérennité ».


L’annonce a été faite lundi matin lors d’un point presse tenu entre deux averses à l’entrée du boisé Terry-Fox. Les sept questions du coup de sonde seront accessibles jusqu’à la fin du mois d’août, avec un objectif d’au moins 1500 répondants.

Une fois analysés, les résultats seront intégralement partagés dans un souci de transparence, a assuré Michel Laliberté, responsables des communications pour Les Ami.e.s du boisé Quévillon.



En lançant cette consultation publique, l’organisme comptant près de 200 membres entend peser dans ce dossier sensible de la protection des milieux naturels, mais aussi être une force de proposition alors que les élections municipales se profilent à l’horizon.

À titre d’exemple, une des questions porte sur les moyens de financer l’acquisition de milieux naturels présents dans le périmètre d’urbanisation de la municipalité. « On a même mis une case pour les suggestions, car nous sommes ouverts aux propositions », insiste sur ce point M. Laliberté.

La porte-parole de l’organisme a aussi dressé un parallèle avec l’actuelle pandémie, qui a mis en évidence l’importance des parcs, « qui sont des services essentiels », et de la nature en général. « On a la chance d’avoir sur notre territoire des milieux naturels intacts et qui ont une grande valeur écologique » a rebondi Michel Laliberté, qui estime que la Ville peut en faire plus à ce chapitre.

Les personnes intéressées pour prendre part au sondage peuvent le faire au lien suivant: www.sondageonline.com/s/milieuxnaturelsgranby



Quelques heures plus tôt, les Ami.e.s du Boisé Quévillon avaient réclamé par voie de communiqué que l’administration municipale rende publique l’étude multicritères sur laquelle s’appuie la politique adoptée le mois dernier.

Cette étude peut désormais être consultée sur le site Internet de la Ville, dans la section Documents pour consultation.

Les Ami.e.s du Boisé Quévillon souhaitent aussi que les commentaires et questions des citoyens adressés à la Ville lors de la récente consultation écrite, tenue dans la foulée des modifications réglementaires, soient rendus publics avant la séance du conseil municipal du 3 mai. Mais ceux-ci ne sont pas, pour l’heure, détaillés.

Le dossier sera à nouveau à l’ordre du jour, lors de la prochaine séance du conseil.

«Depuis le dépôt de la politique sur la conservation des milieux naturels, tout le monde passe par des communiqués de presse au lieu d’appeler directement les gens concernés. Je continue à dire que je reste disponible si les gens ont besoin d’informations pour comprendre le processus ou la réflexion en arrière», affirme la conseillère municipale responsable des dossiers environnementaux, Catherine Baudin.

Mieux expliquer

Jointe jeudi, la conseillère municipale responsable des dossiers environnementaux, Catherine Baudin, a dit trouver «dommage» que les Ami.e.s du Boisé Quévillon ne l’ait pas sollicitée davantage et préfèrent exprimer leurs demandes par voie de communiqué. Le regroupement de citoyens milite pour la préservation d’une forêt de 60 hectares, de propriété privée, désormais connue sous le nom de Boisé Quévillon.

«Depuis le dépôt de la politique sur la conservation des milieux naturels, tout le monde passe par des communiqués de presse au lieu d’appeler directement les gens concernés. Je continue à dire que je reste disponible si les gens ont besoin d’informations pour comprendre le processus ou la réflexion en arrière», a-t-elle déclaré jeudi.



Même réaction du maire, Pascal Bonin. Selon lui, le dossier a pris une tournure trop «politique» et il reconnaît qu’il aurait dû mieux expliquer la démarche de la Ville. D’où la préparation in extremis d’une capsule vidéo jeudi.

10% ou 50%?

Pascal Bonin assure vouloir «protéger l’ensemble des milieux naturels du territoire». La politique vise notamment la préservation de 50 % des milieux naturels des six grands secteurs non construits sur son territoire, incluant le Boisé Quévillon, plutôt que la traditionnelle portion de 10 % prévue aux fins de parc.

Catherine Baudin dit pour sa part avoir eu des discussions avec plusieurs citoyens au sujet de la politique. La plupart ont fait preuve d’ouverture, dit-elle. «J’ai expliqué les tenants et aboutissants. Et, dans la situation actuelle, les gens comprenaient. Il n’y avait pas une fermeture aussi drastique que celle qu’on peut constater avec les Ami.e.s du Boisé Quévillon, qui veulent préserver à 100% le boisé. Moi aussi, je voudrais le préserver au complet, mais il faut tenir compte de certains éléments, dont le fait que ce sont des terres privées», dit-elle.

L’élue dit être consciente que la politique n’est pas parfaite. Elle sera d’ailleurs peaufinée avec le plan d’action qui en découlera. «Je reste convaincue que c’est un pas en avant. On n’est pas dans l’inaction», laisse-t-elle tomber.

Catherine Baudin souligne en outre que l’abandon des modifications réglementaires en cours se traduirait par le maintien des règles actuelles de conservation lors des développements. «Est-ce que vous préférez rester à 10 % ou aller à au moins 50%? C’est la grande question», conclut-elle.

Des membres du regroupement de citoyens ont effectué quelques interventions en ce sens lors de la période de questions de la séance, tenue par visioconférence. Les Ami.e.s du Boisé Quévillon militent pour la protection du Boisé Quévillon, une propriété privée de 60 hectares qu’ils souhaiteraient voir devenir un parc nature accessible à la population. 

Situé dans le prolongement de la rue Bourget Est, ce boisé est d'ailleurs l’un des six grands secteurs non construits sur le territoire, visés par les règles de préservation incluses dans la nouvelle Politique de conservation des milieux naturels, adoptée — sur division — le mois dernier. La Ville souhaite conserver 50% des milieux naturels de ces sites, plutôt que la traditionnelle portion de 10% prévue aux fins de parc. Elle vise en outre à préserver 29% des milieux naturels sur l’ensemble du territoire.

«Le conseil municipal de Granby ne devrait-il pas décréter un moratoire sur la construction dans les milieux naturels que la Ville a identifié dans son périmètre d'urbanisation, le temps d'avoir en mains des études de caractérisation déterminant la valeur écologique de ces milieux naturels», a demandé Michel Laliberté, un des membres fondateurs des Ami.e.s. du Boisé Quévillon.



Si la question d'un moratoire a été évoquée, elle n'a pas été retenue, a affirmé le maire suppléant, Stéphane Giard.

«Les outils actuels de la municipalité protègent minimalement 50% de l'entièreté des terrains [à développer], précise pour sa part le directeur général de la Ville, Michel Pinault. Je peux comprendre que les gens auraient aimé que l'ensemble des terrains soient protégés. C'est légitime de le désirer. Mais la décision de la Ville pour le moment a été, à travers ses outils urbanistiques choisis, de protéger 50% des six grands secteurs voués à du développement au cours des prochaines années.»

Autre argument soulevé mardi pour justifier un moratoire sur les constructions résidentielles: la MRC de La Haute-Yamaska travaille présentement à élaborer son Plan régional des milieux humides et hydriques (PRMHH). Celui-ci permettra à la Ville «de préciser son Plan de conservation des milieux naturels», ont fait valoir les Ami.e.s du Boisé Quévillon.


«Le plan de conservation des milieux naturels qui va s'en venir incessamment va tenir compte des recommandations et de l'étude faites par la MRC par rapport aux milieux humides et hydriques. Ça va tout être imbriqués», a assuré la conseillère municipale responsable des dossiers environnementaux, Catherine Baudin.

Prendre une pause

«Un moratoire, c’est un bon outil pour prendre le temps de bien faire les choses. La protection de nos milieux naturels, c’est un enjeu important. La Ville doit consulter la population avant de proposer une politique complète. Beaucoup de municipalités, comme Carignan, Hudson et Nicolet, ont inclus leur population dans leur réflexion sur la conservation de leurs milieux naturels. C’est ce que la Ville de Granby devrait faire», a souligné plus tôt mardi par voie de communiqué Clément Roy, également membre fondateur des Ami.e.s du Boisé Quévillon.  

Comme il l'a fait à la précédente séance du conseil municipal, le conseiller Jean-Luc Nappert, opposé à la Politique de conservation des milieux naturels, a de nouveau déclaré que le processus aurait dû, selon lui, faire l'objet d'une consultation publique. 

Le maire suppléant, Stéphane Girard, a rétorqué que d'autres consultations ont été tenues en matière environnementales.  

Une consultation écrite est néanmoins en cours jusqu'au 11 avril, dans le cadre de la modification réglementaire entraînée par la nouvelle Politique de conservation des milieux naturels, a rappelé le DG de la Ville. Les informations sont disponibles sur le site Internet de la Ville, sous l'onglet Avis publics, puis Consultation écrite. 

Tous commentaires, objections ou questions peuvent être déposées au service du greffe de la Ville. Le service de la planification et de la gestion du territoire peut aussi répondre aux différentes interrogations que pourraient avoir les citoyens, assure Michel Pinault.

«On le fait [la consultation] par écrit parce qu'on est en période pandémique. Généralement, on l'aurait fait en présentiel», précise-t-il.