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«On a appris à étouffer nos failles, nos imperfections, notre émotivité. À s’autocensurer. Quand on voit un clown — qui est une bombe d’émotions —, ça nous reconnecte avec notre humanité. C’est comme s’il nous autorisait à être vulnérables, à accepter notre tendresse», dit Annab Aubin-Thuot, alias La Nab Clowne, de retour à Sutton, son village d’origine.

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Bien sûr, l’art clownesque comporte aussi une dimension comique. Annab rapporte les propos de Charlie Chaplin : «Le rire est le chemin le plus direct entre deux personnes».

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Le clown est «un désordre poétique de chair», ajoute-t-elle. En exagérant tout, chaque geste, chaque émotion et chaque expression deviennent cathartiques, explique Annab, qui est devenue clowne «par accident» en 2014.

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«Tout le monde a son clown»

Théâtre, poésie, danse, Annab a toujours eu un penchant pour les arts. Après des études en littérature, où elle sentait que les mots devenaient «désincarnés, immobiles et inexpressifs», elle est tombée sur le mot «clown». Précédé du mot «formation».

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«Je me suis dit ‘‘faut que je sois là’’. Depuis que je suis petite, je fais des faces, des grimaces, des mimiques. Ça a été ma mise au monde. Libératrice et effrayante.»

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Dès le lendemain de la formation donnée par Dominique Malacort, Annab a commencé à donner des ateliers, et à naturellement transmettre ce qu’elle avait appris à des amis. C’est ainsi que s’est ajoutée la pédagogie à l’art clownesque, et qu’Annab s’est mise à monter des ateliers, qu’elle donnera d’ailleurs cet été en août et en septembre au milieu des arbres, à Sutton.

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Selon elle, «tout le monde a son clown». «Ça prend un grand courage pour affronter le regard des autres et apprivoiser son ridicule. Montrer sa marginalité.»

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Au fil des dernières années, Babiole, Sempiternelle, Cœur qui Soupire et d’autres de ses personnages sont sortis déambuler et improviser dans des lieux publics, par exemple à l’épicerie ou dans le métro de Montréal. Elle et les autres clowns conviennent d’abord d’une mise en scène, comme chercher son chemin dans le métro à l’aide de cartes. Puis, ils improvisent.

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«C’est difficile de prévoir la réaction des gens. Souvent, ils sont surpris et mal à l’aise. Même choqués. Ils ne sourient pas toujours sur le coup, mais l’image va les marquer, l’événement va continuer son chemin après, par exemple lorsqu’ils arriveront chez eux, et diront à leur famille ‘‘ tu ne sais pas ce que j’ai vu dans le métro aujourd’hui...’’. Ça devient comme une légende.»

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Cet été, La Nab et d’autres amis clowns iront humer l’air des marchés publics de la région, de Sutton et Dunham notamment, et égayer les visiteurs, sporadiquement. Les dates ne sont pas encore fixées.

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«Défolkloriser» le clown

Plusieurs inspirations habitent Annab, dont l’essai Variations sur le clown et le bouffon de Marc Doré, et le travail du Français Jacques Lecoq. Elle souhaite «redonner ses lettres de noblesse» et «défolkloriser» le clown dans l’imaginaire québécois. On peut penser à la phobie du clown (coulrophobie), qui atteindrait une personne sur 10, selon la Suttonaise.

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«Les gens me disent parfois ‘‘moi j’aime pas les clowns’’. Mais ont-ils déjà vu un spectacle de clown? Il faut lui donner une chance.»

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Rares sont les diffuseurs de tels spectacles, puisqu’ils «ne remplissent pas les salles». Rares aussi sont les programmes d’études, les écoles et les bourses québécoises offertes pour cet art.

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«C’est souvent soit pour le théâtre, soit pour le cirque. Alors que le clown emprunte aux deux.»

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La Nab a pour sa part trois spectacles disponibles: Faut-il dire adieu à un ami en plâtre?, destiné aux adultes, Leçon de jardinage, joué à l’extérieur, et Entrez, docteur, pour les enfants, spectacle qui a été joué dans quelques écoles du Québec.

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«C’est le costume qui te choisit»

Le rêve de Babiole, Sempiternelle et Cœur qui Soupire est d’ouvrir une école de clown dans la région. Annab étudiera d’ailleurs en Gestion d’organisme culturel à HEC Montréal, pour partager d’autant plus sa passion et permettre aux gens «d’assumer qui ils sont».

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Annab rêve aussi d’un costumier où ranger ses dizaines de bacs de costumes, son nez rouge et ses accessoires. «Comme pour la baguette dans Harry Potter, c’est le costume qui te choisit.»

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Les ateliers de clown Quel est cet autre qui m’habite? donnés par La Nab Clowne se dérouleront du 23 au 28 août pour la première cohorte, puis du 6 au 11 septembre pour la deuxième. Des places sont encore disponibles. Pour plus d’informations et pour réserver, visitez le site Web lanabclowne.com.

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«Je me sens rassurée, aujourd’hui, car je sais ce que je peux apporter au monde.»

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