« On doit dégager l’ardoise, car notre site est rempli de cette pierre-là aux pourtours de la carrière », raconte l’enjouée Claudia Houde, directrice de l’usine, au bout du fil.
Après plus de 20 ans passés à Bedford, Graymont devait trouver une solution pour disposer de 32 millions de tonnes de pierres d’ardoise sur son site.
Pour disposer de cette ardoise, l’entreprise devait utiliser des terres agricoles lui appartenant. Elle devait demander l’autorisation à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) pour changer l’usage de ces parcelles. Les autorisations devenaient de plus en plus difficiles à obtenir, la carrière se trouvant dans une partie du garde-manger du Québec.
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Une solution et un cadeau Devant ce défi, l’équipe a amené sa réflexion plus loin. L’idée a germé en 2010. L’entreprise a organisé une consultation publique, qui a eu lieu en 2012, pour prendre le pouls de la population de Bedford et des environs.
« Elle était très favorable à ce qu’on réalise le projet, se souvient la directrice de la carrière de chaux. On avait assez de pierres d’ardoise pour entreposer pendant 20 ans, mais on s’est engagé à construire le parc dans les cinq premières années pour que la population y ait accès. On est à l’année trois puisque ça a pris plusieurs années pour obtenir l’accord de la CPTAQ et plusieurs années pour le ministère de l’Environnement du Québec. »
Non seulement il s’agit d’une solution viable pour la carrière, mais c’est aussi un cadeau pour la population : Graymont paie pour la réalisation du projet.
« Ce projet-là permet à la compagnie de pérenniser ses opérations, souligne Mme Houde. Autrement, on n’aurait pas eu d’endroit pour entreposer ces pierres-là. Ça va permettre à la compagnie de prospérer pendant encore plus ou moins 40 ans. L’inspiration du nom est venue du fait qu’on voulait laisser quelque chose à la population et parce qu’on veut que les employés puissent continuer à travailler ici et prendre leur retraite ici. »
Environ 200 emplois sont reliés directement ou indirectement à Graymont, qui représente plus ou moins 15 % du PIB du pôle de Bedford.
Collines d’ardoises La date de 2023 pour l’ouverture officielle du parc tient toujours. Six employés travaillent à temps plein sur le transport de pierres vers le site qui s’étend sur 75 000 m2 (près de 20 acres), et chevauchant trois municipalités, soit Bedford, Canton de Bedford et Stanbridge Station.
La deuxième colline — sur un total de trois — est terminée. Les deux premières sont d’une hauteur de 20 et 45 mètres et la prochaine atteindra 60 mètres — dans plusieurs années, le temps d’extraire la pierre.
Les collines sont formées grâce aux pierres d’ardoise et aménagées afin de tracer les sentiers au fur et à mesure.
Un mètre de terre est ensuite ajouté, et des graminées sont ensemencées à la main. Une couche de paille recouvre le tout pour garder l’humidité et la chaleur pendant que les plants poussent.
Portrait d’avenir Les plans du parc ont de quoi faire rêver. Trois collines verdoyantes sur lesquelles se trouvent quelques sentiers. L’un d’eux culmine au deuxième plus haut sommet et offre une vue imprenable sur la région.
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Au pied des collines se trouve un amphithéâtre où une scène mobile pourra s’installer le temps d’un spectacle. Un bâtiment d’accueil, un espace communautaire à l’abri des intempéries et des jeux d’eau et d’hébertisme s’ajoutent au portrait d’avenir. Sans oublier les pentes de glisse en hiver et le ruisseau creusé tout autour.
Cet été, Graymont travaillera sur un croissant de rue qu’elle cèdera à la ville de Bedford pour le futur développement d’une trentaine d’unités d’habitation. Les infrastructures souterraines, la structure de rue, les trottoirs et lampadaires seront construits et installés.
Des milliers d’arbres Environ 300 arbres ont été plantés jusqu’à présent. Ceux-ci ont été choisis selon leur adaptation à l’environnement. Mme Houde rapporte en riant que le mélèze a plu beaucoup trop aux chevreuils. Aucun de ces conifères n’a survécu aux cervidés. Elle assure que d’autres arbres devront les remplacer.
Selon Érik Simard, coordonnateur du projet Héritage, environ 8000 arbres seront plantés cette année pour la deuxième phase de plantation.
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« Une partie des arbres seront plantés sur les collines, mais ils le seront surtout en bande riveraine, explique-t-il. On a construit un assez long cours d’eau et on fait une bande riveraine des deux côtés avec des arbres et des arbustes. »
À l’écoute Le parc sera bien situé, près de l’aréna et de l’école. La proximité avec le centre-ville pourrait causer des désagréments aux citoyens, mais le bruit est une préoccupation de Graymont.
« On prend soin de mettre des murs écrans pour cacher les camions, mentionne Claude Houde. Quand on monte d’un étage, on construit un mur-écran qui va cacher les camions et étouffer le bruit. On a installé trois stations de mesure de bruit dans la ville de Bedford pour mesurer en tout temps le bruit qu’on émet. On reçoit une alarme quand le bruit est trop élevé et on vérifie c’est quoi le problème. »
Toujours dans cet esprit d’ouverture et de collaboration, Graymont invite également les citoyens à communiquer avec eux s’ils ont des commentaires ou des questions.
Le site Internet dédié au Projet Héritage foisonne par ailleurs d’informations pertinentes pour les citoyens.
Un comité de suivi a de surcroit été mis en place en guise de mécanisme de liaison entre Graymont et la communauté. Ce comité, formé d’élus des municipalités hôtes, de citoyens et de représentants d’organismes locaux et de Graymont, a pour mandat de veiller à ce que les travaux s’effectuent en conformité avec les normes en vigueur, de faire des propositions pour bonifier les pratiques liées aux travaux et de relayer l’information à la communauté, peut-on lire sur le site.