Ensemble pour la justice sociale

Nicolas Gauthier et Nicolas Luppens sont les nouveaux directeurs généraux des corporations de développement communautaire de Brome-Missisquoi et de la Haute-Yamaska.

Les corporations de développement communautaire de la Haute-Yamaska et de Brome-Missisquoi sont les « porte-voix des groupes de personnes ayant des besoins spécifiques ». Pour s’assurer du bien-être de leurs quelque cent organismes membres, et par le fait même de la population, deux Nicolas veillent au grain.


Les CDC de la région comptent deux nouveaux directeurs généraux à leur tête, soit Nicolas Luppens en Haute-Yamaska, en poste depuis le 22 mars, et Nicolas Gauthier, tout juste arrivé pour Brome-Missisquoi le 13 avril.

Ils se sont entretenus avec La Voix de l’Est, histoire de prendre le pouls du milieu communautaire en cette ère de crise, et de faire connaître leurs rôle et mission au sein à la population.



« Retrouver le collectif »

Comme pour beaucoup d’autres milieux, la pandémie a affecté le communautaire, qui s’est vu privé de nombreuses campagnes de levées de fonds. Mais, cette dernière année a aussi plus que jamais montré l’importance, la nécessité et la valeur des organismes au sein de la population, en apportant une aide de front au niveau de la sécurité alimentaire, de la santé mentale, de l’accès au logement et au transport, des axes particulièrement touchés par la crise.

Mon souhait, dans les prochains mois, serait qu’on travaille tous ensemble, organismes et CDC, aux tables de concertation. Qu’il y ait aussi une plus grande reconnaissance et connaissance des organismes et des services sur le territoire.

« On a vu les organismes au front, on a vu les besoins, l’isolement, l’anxiété, et surtout l’ampleur du travail réalisé dans le communautaire, affirme Nicolas Luppens. Les organismes sont au cœur des défis de société. Beaucoup d’entre eux ont augmenté leurs services, avec moins de ressources. Il faudra développer une forme de résilience collective pour les prochains mois, et aider la population à passer à l’autre étape, à son rétablissement. »

Mais leur rapidité d’adaptation est à double tranchant, poursuit-il, puisqu’elle donne l’impression qu’ils n’ont pas besoin de soutien pour s’en sortir, ce qui n’est pas le cas.



Les deux Nicolas sont formels : il importe de « retrouver le collectif ». « Mon souhait, dans les prochains mois, ce serait qu’on travaille tous ensemble, organismes et CDC, aux tables de concertation. Qu’il y ait aussi une plus grande reconnaissance et connaissance des organismes et des services sur le territoire », mentionne Nicolas Luppens, qui était auparavant coordonnateur au GASP (Groupe Actions Solution Pauvreté) ainsi qu’à Action Plus Brome-Missisquoi.

Ses expériences passées sur le terrain ainsi que ses contacts avec les différents acteurs du milieu sont des atouts indéniables dans sa vision et son travail en tant que directeur, qui le « connecte à beaucoup d’enjeux ».

Inégalités et société

La justice sociale tient particulièrement à cœur à Nicolas Luppens depuis qu’il est enfant. « C’est vraiment ça qui me motive. Apporter une plus grande justice sociale pour tous, c’est fondamental. Tout mon parcours a évolué autour de ça, et mon aboutissement à la CDC est la jonction de tout ça. » Aider l’autre est un « réflexe naturel » pour lui, ayant fait face très jeune à la différence et aux inégalités sociales, par exemple lors de ses quelques voyages en Afrique et en Europe. « J’ai compris que ce n’est pas vrai qu’ici il n’y a pas d’inégalités, il y a des personnes qui passent entre les mailles du filet, qui vivent de grandes difficultés. C’est pour ça que j’ai voulu m’impliquer et contribuer de ma personne à la justice sociale », déclare le Belge d’origine, qui a fait, comme Nicolas Gauthier, ses études en travail social. Son arrivée au Canada à l’âge de 6 ans lui a d’ailleurs ouvert les yeux sur les « belles différences » de tout un chacun.

La corporation de développement communautaire de la Haute-Yamaska a ses locaux au Centre communautaire Saint-Benoît.

« À la base, je me suis impliqué dans le milieu communautaire pour redonner, rapporte pour sa part Nicolas Gauthier. Je me trouvais chanceux d’avoir eu accès à une famille qui m’a donné le goût d’apprendre, de comprendre. Très jeune, je me suis senti indigné par les inégalités. »

Les questions environnementales ont aussi fait partie du militantisme du directeur de la CDC Brome-Missisquoi, puisqu’elles sont « indissociables » de l’engagement social. « Toute crise, environnementale ou autre, va aller “fesser” sur les moins nantis en premier. » Comme son homologue de la Haute-Yamaska, Nicolas Gauthier souhaite rassembler les membres pour « se parler », et « briser l’isolement », afin de veiller à la cohésion entre les organismes, ainsi qu’à leur financement. « Plus on se parle, plus on sera outillé pour faire face à la suite et soutenir les groupes. »

Faire sa part

Selon les deux Nicolas, il est plus que jamais primordial que la population soutienne à son tour les organismes qui la supportent, pour que ce cercle d’aide fonctionne. « Il faut que les gens s’impliquent dans leur communauté au meilleur de leur capacité, que ce soit en bénévolat ou autre, laisse entendre Nicolas Gauthier. Tout le monde peut faire sa part. Ça permet de cultiver son ouverture d’esprit, de prendre part au tissu social et de le renforcir, ce qui nous aide à passer au travers des crises comme celle que nous vivons. »



Bien qu’il ne soit en poste que depuis deux semaines, Nicolas Gauthier a des idées plein la tête afin de faire avancer diverses causes, par exemple la crise du logement et l’accès au transport. « J’ai hâte d’aller voir le monde, de partager mes idées. Je dois ronger mon frein, mais c’est très stimulant. »

Un même enthousiasme habite M. Luppens, qui souhaite « déployer ses tentacules » sur tout le territoire de la Haute-Yamaska. « Il y a beaucoup de travail à faire. Mais ensemble, on fera avancer les choses. »

« C’est une très belle opportunité et je suis très heureux qu’on me fasse confiance pour ce défi, a commenté le principal intéressé lors d’un court entretien téléphonique, cette semaine. Pour moi, c’est la continuité de mon implication des dernières années et ça arrive à un beau moment aussi bien sur le plan professionnel que d’un point de vue personnel. Je vais avoir beaucoup de plaisir et je me vois là pour plusieurs années. »

Avant de succéder à Sylvain Dupont à la CDCHY, M. Luppens, qui a étudié en action collective et en travail social, était à l’emploi de la Cellule jeunes et familles de Brome-Missisquoi. Auparavant, il avait comblé un congé de maternité à titre de coordonnateur pour Action Plus Brome-Missisquoi. Et de 2011 à 2018, il a été le coordonnateur du Groupe Actions Solutions Pauvreté (GASP) de la Haute-Yamaska, en plus de siéger à d’autres instances de concertation régionales.

« Au cours des dernières années, j’ai eu le privilège de travailler sur le terrain avec des organismes d’aide, alors j’ai pu observer comment ils fonctionnent, comment ils offrent leurs services et quels sont les enjeux qu’ils vivent au quotidien. C’est pour moi une source d’information très importante et je crois qu’en quelque sorte, ces expériences m’ont préparé à la suite de mon parcours », mentionne le nouveau gestionnaire.

M. Luppens confie avoir été approché par la CDCHY afin qu’il dépose sa candidature pour le poste. Pas de passe-droit toutefois: il a par la suite réussi toutes les étapes du processus de sélection.

« Je crois avoir laissé ma marque au GASP après autant d’années, réfléchit-il tout haut. Je suis un candidat dynamique et j’espère apporter beaucoup. »

Faire rayonner le communautaire

Ambitieux, le nouveau directeur espère contribuer au développement de nouveaux projets communautaires et soutenir ceux qui sont déjà déployés ou en cours de développement. « Il y a plusieurs rôles au directeur général. D’abord, assurer la participation et le rayonnement du milieu communautaire dans la région, ce que je souhaite faire notamment en mobilisant davantage certains acteurs, et ce, sur tout le territoire, note M. Luppens. Ensuite, il y a la gestion du Centre communautaire Saint-Benoît, qui est en quelque sorte le cœur du milieu communautaire de Granby et de la région. Je veux m’assurer de répondre aux besoins des organismes, de leurs artisans et de leurs bénéficiaires. »

Nicolas Luppens entrera en poste officiellement le 22 mars prochain. À ce moment-là, il prendra le temps de s’immerger dans son nouveau rôle et de prendre connaissance de plusieurs dossiers qui l’intéressent et l’interpellent, mais sur lesquels il n’a pas souhaité se prononcer dans l’immédiat. « J’ai suivi ces dossiers de loin, mais je souhaite surtout consulter mes membres, explique-t-il. Le travail de la CDC, et particulièrement celui de son directeur général, doit se faire en concertation avec ses membres, car ce sont eux qui décident, en bout de ligne, des orientations à prendre. Mon rôle sera principalement de prendre leur pouls et de préparer le terrain en fonction de leur vision. »