Des abeilles bien entourées

Nancy Lanteigne affirme que les visiteurs apprécient particulièrement la jolie petite bouille des 14 bœufs Highland qui broutent l’herbe. Outre leur côté attachant, ces bœufs ont une fonction bien pratique sur la ferme qui cultive aussi du foin.

Une terre de Bolton-Ouest foisonne d’activités. Avec leurs abeilles, leurs bœufs et leurs cultures, Nancy Lanteigne et Syed Mohamed de la ferme WB Gold veulent redonner à l’agriculture d’antan ses lettres de noblesse.


À leurs yeux, les 500 acres de terre, dispersés sur le chemin Stukely, Brill et Bailey, doivent être utilisés à leur plein potentiel, et surtout, dans le respect de la nature.

Alors que le couple concentre ses activités sur l’apiculture avec ses 40 ruches, Syed et Nancy ont été accompagnés par des agronomes de Gestrie-Sol pour valoriser leur terre. « Avec eux, on a marché la terre au complet pour identifier ce dont elle a besoin et ce qu’on peut faire de manière naturelle », souligne Nancy.

Ainsi, 2164 arbres, arbustes et plantes ont fait leur apparition dans la dernière année : amélanchier, aubépine, viornes, peupliers, chênes, pour ne nommer que ceux-là. Des champs fleuris devraient aussi s’ajouter prochainement. « Anciennement, on ne nourrissait pas des abeilles avec du sirop. On veut revenir à ce qu’est la nature. Dès que tu développes un rucher quand même important, il faut s’assurer qu’il y ait assez de plantes et d’arbustes. On en a planté plusieurs qui sont bons pour les abeilles et qui sont principalement de Bolton-Ouest », détaille Nancy.

Prioriser des plantes qui poussent dans leur patelin n’est pas un choix vide de sens pour les apiculteurs qui veulent préconiser une agriculture d’antan, où on n’utilisait pas des plantes provenant d’un autre pays pour profiter de leurs bienfaits. « On voulait vraiment revenir à l’essence de Bolton-Ouest et travailler avec ça. »

Diversification

Comme tous les apiculteurs qui débutent dans le domaine, Nancy et Syed ont d’abord commencé leur projet, il y a cinq ans, en tentant d’être le plus naturel possible, mais aussi en imitant les pratiques de leurs confrères, c’est-à-dire en nourrissant les abeilles avec du sirop et en essayant de tirer le maximum de miel de leurs ruches. « Mais on s’est aperçu qu’en vidant la ruche de tout son miel, ce n’était peut-être pas sain. Notre but c’est de laisser le miel aux abeilles, c’est-à-dire d’en prendre une partie, mais de leur laisser ce dont elles ont besoin pour passer l’hiver. Et ça, c’est très rare les gens qui font ça. »

En prélevant moins de miel, Nancy ne laisse pas de côté le potentiel des ruches pour autant. Elle récupère plutôt la matière autrement. En plus du miel, elle vend donc de la cire, du pollen et de la propolis, tous des produits utiles pour l’apithérapie, une pratique qui consiste à soigner divers maux à l’aide des produits issus des abeilles.

Notre but, c’est de laisser le miel aux abeilles, c’est-à-dire d’en prendre une partie, mais de leur laisser ce dont elles ont besoin pour passer l’hiver.

« En allant chercher un peu de tout, je pense que côté profitabilité, on revient à la même chose qu’un apiculteur qui prend tout le miel et qui ne va pas travailler les à-cotés comme la cire ou le pollen », réfléchit tout haut Nancy.

En plus du miel, Nancy et Syed vendent de la cire, du pollen et de la propolis, des produits utiles pour l’apithérapie, une pratique qui consiste à soigner divers maux à l’aide des produits issus des abeilles.

Le pollen ou encore la propolis sont classés comme étant des superaliments. Le pollen, rempli d’acides aminés et de vitamines, permet notamment de combattre la fatigue extrême. « Ce ne sont pas des médicaments, ce sont de bons suppléments, met en garde Nancy. Ce sont des produits bons pour la santé qu’il faut apprendre à connaître. »

Ces produits, en vente dans les magasins, sont souvent transformés se désole-t-elle. « Dès que c’est séché ou mélangé, ça n’a plus les mêmes bienfaits. Nous, on ne les transforme à peu près pas : une fois recueilli, le pollen est congelé. »

Le labeur des abeilles est d’ailleurs en vente à la boutique ouverte le samedi sur la ferme du chemin Stukely, mais on peut aussi le trouver dans diverses épiceries Metro et boutiques locales, puisque la ferme WB Gold fait partie du Collectif Bolton-Ouest, un regroupement de propriétaires de terrains forestiers et agricoles.

Agriculture de proximité

Par ailleurs, il semblerait que les visites à la ferme se font nombreuses, certains habitants étant curieux d’en voir et d’en savoir davantage sur la passion de Syed et Nancy.

Il faut dire que leur histoire a de quoi surprendre.

Alors qu’il habitait à Montréal, le couple s’est inscrit à un cours d’apiculture urbaine pour avoir une ruche à la maison. Entre-temps, le duo a acquis une maison à Bolton-Ouest pour y passer les week-ends. Quelques ruches ont rapidement fait leur arrivée sur le terrain et une synergie s’est créée entre eux et les habitants. « Ça s’est développé tellement plus rapidement qu’on pensait. Et on a finalement décidé de s’installer à Bolton-Ouest. Ça fait deux ans qu’on est ici à temps plein. »

Les visiteurs apprécient particulièrement la jolie petite bouille des 14 bœufs Highland qui broutent l’herbe. Outre leur côté attachant, ces bœufs ont une fonction bien pratique sur la ferme qui cultive aussi du foin. « Au lieu d’utiliser de l’engrais ou de prendre du fumier qui provient de vaches avec des antibiotiques, moi je sais que je ne donne rien à mes bœufs », explique Nancy.

Les agriculteurs ont aussi opté pour faire des pâturages en rotation. « Le fumier et les bêtes qui marchent dedans, ça permet de régénérer le sol. En changeant les bœufs de place chaque jour, ils ne vont pas manger l’herbe jusqu’à la racine, ils ne mangent que le dessus, ce qui permet à l’herbe de repousser et ce qu’ils mangent, c’est le carbone que le pâturage a absorbé. »

Comme la quantité de foin produit est plus que suffisante pour les bœufs, Nancy et Syed le vendent à des gens de la région.

« On travaille à faire des partenariats avec les gens du coin avant d’aller le vendre ailleurs, même si on pourrait faire plus de sous. On veut travailler avec la communauté », souligne Nancy.

Avec toutes ces pratiques soucieuses de l’environnement, la Ferme WB Gold croit être bien placée pour pouvoir obtenir sa certification biologique. Les propriétaires ont d’ailleurs entamé les démarches depuis deux mois. Nancy croit que l’emplacement stratégique de sa terre pourra aussi jouer en sa faveur. « À Bolton-Ouest, il n’y a pas de monoculture et les gens n’utilisent pas de pesticides. Il y a cette facilité-là si on veut devenir bio. On a choisi la bonne place », croit Nancy.