«Tout le monde veut protéger son cerveau»

La fibrillation auriculaire, vous connaissez? Il s’agit d’une forme d’arythmie liée à une perturbation des signaux électriques du coeur. Une équipe de chercheurs mène une étude clinique auprès de milliers de patients de moins de 65 ans. L’Hôpital de Granby fait partie des centres affiliés. Les spécialistes espèrent prouver qu’un médicament anticoagulant qui leur est administré permet non seulement de traiter le problème cardiaque, mais également de prévenir les troubles cognitifs affectant entre autres la mémoire causant de la démence.


Dre Lena Rivard fait partie des chercheurs de l’Institut de cardiologie de Montréal qui ont instauré le projet. Près de 125 000 Canadiens pourraient bénéficier des résultats de cette étude, nommée Brain AF. «Les gens qui ont de la fibrillation auriculaire (FA) ont plus de troubles cognitifs. Le risque peut être deux fois plus élevé de faire de la démence. Notre hypothèse d’étude est que c’est lié à des micro-embolies [caillots dans le cerveau] et que les anticoagulants pourraient les prévenir. (...) Ce serait une première», a résumé la cardiologue.

Le potentiel de souffrir de ce type d’arythmie s’accroît avec l’âge des patients. D’autres facteurs de risque entrent aussi en ligne de compte, notamment le diabète et l’hypertension. La FA peut mener à des complications comme l’insuffisance cardiaque et engendrer un accident vasculaire cérébral (AVC).



La cardiologue Dre Lena Rivard, instigatrice de l’étude.

Il existe un traitement anticoagulant pour les patients de 65 ans et plus atteints de FA, mais on ne le donne pas à des personnes plus jeunes, car cela accroît le risque d’hémorragie. On voudrait donc faire d’une pierre deux coups avec ce nouveau traitement qui pourrait leur être destiné.

Bourse

Une première phase de l’étude a été menée en tant que projet pilote auprès d’environ 500 personnes entre 2015 et 2018. Les Instituts de recherche en santé du Canada viennent d’attribuer une bourse de 1,4 million de dollars pour le déploiement d’une nouvelle phase de recherche. Les gens qui y participent ont entre 30 et 65 ans, pour une moyenne de 53 ans, a indiqué Dre Lena Rivard.

Outre l’Hôpital de Granby, le CHU de Sherbrooke ainsi que plusieurs cliniques en périphérie de Montréal y contribuent. La bourse a notamment permis d’élargir le recrutement de participants malgré la pandémie, grâce à l’élaboration d’un nouveau protocole. Celui-ci permet des suivis virtuels auprès des patients. À ce jour, 850 personnes ont intégré la plus récente phase de l’étude. «Et on vise en avoir 2000», a fait valoir l’instigatrice du projet. Cet objectif devrait être atteint d’ici un an et demi. Les patients seront suivis jusqu’en 2024. 

«Si l’étude est positive et qu’elle démontre un bénéfice, ce sera incorporé dans les recommandations canadiennes pour les patients ayant de la fibrillation auriculaire. (...) Les gains pourraient être multiples, a dit la cardiologue. Tout le monde veut protéger son cerveau.»