Histoire d’un maillage agricole harmonieux

David Whiteside, un agriculteur louant une terre à Bromont pour sa ferme Les Jardins de la Marmotte et Élyse Cardinal, conseillère en relève agricole Arterre, affirment tous deux l’importance pour une région d’avoir des agriculteurs locaux.

L’accès à la terre n’est pas à la portée de tous les portefeuilles. L’Arterre, un service né dans Brome-Missisquoi et désormais présent dans 84 MRC, offre cependant la possibilité à des maraîchers de réaliser leur rêve en louant une terre, comme c’est le cas pour David Whiteside et ses Jardins de la Marmotte, à Bromont.


Depuis 2018, L’Arterre a créé sept maillages sur le territoire de Brome-Missisquoi. « Ce n’est pas n’importe qui qui peut y avoir accès, il y a tout un processus et une part de qualifications nécessaires pour s’assurer que les agriculteurs soient bien formés, et que leur entreprise soit viable à long terme », explique Élyse Cardinal, conseillère en relève agricole Arterre au CLD de Brome-Missisquoi.

Plan d’affaires, documents notariés, formulaires, rencontres, etc., sont nécessaires à la mise en candidature, poursuit-elle. Un processus de plusieurs mois par lequel est passé David Whiteside, qui loue aujourd’hui trois acres sur le terrain de Guillaume Archambault, à Bromont.

Comme investir dans une terre lui était difficile, mais qu’il comptait cinq années d’expérience en tant qu’agriculteur sur des fermes de la région, notamment à Mansonville et à Saint-Armand, David a donné sa candidature à L’Arterre, qui lui a présenté la terre de Guillaume. Le bail était signé à la fin de l’année 2019.

« Dès la première visite, j’ai su que c’était parfait pour moi. Il y a un étang, un bâtiment, et Guillaume avait déjà commencé à préparer la terre pour la culture. »

L’année 2020 a permis à David de préparer la terre et de construire une grande serre. « Guillaume est très collaboratif. Par exemple, il me permet d’utiliser son tracteur, il est de bonne volonté. »

On perd beaucoup de fermes au Québec, alors chaque fois qu’un nouveau maillage s’établit, c’est une petite victoire pour moi.

David Whiteside a construit une grande serre à l’automne 2020 sur le terrain qu’il loue à Guillaume Archambault, à Bromont. « Dès la première visite, j’ai su que c’était parfait pour moi. »

Le bail et les modalités de l’entente liant l’agriculteur et le propriétaire varient d’un maillage à l’autre, explique Élyse Cardinal. « Il n’y a pas une entente pareille. Ça dépend de beaucoup de choses, la relation diffère d’un à l’autre. »

Les Jardins de la Marmotte ont ainsi pris forme, nommés en l’honneur des petites marmottes qui faisaient office de mignons compagnons aux côtés de David Whiteside, lors de ses nombreuses expériences de culture de la terre.

David Whiteside prévoit garnir environ 70 paniers de légumes cet été, ou 55 paniers et le restant vendu en kiosques dans les marchés publics, ou sur la ferme. Il est dès lors possible de réserver le sien via le site Web lesjardinsdelamarmotte.com.

Protéger la terre qui te nourrit

David Whiteside, originaire de Boston, aux États-Unis, a toujours su qu’il voulait démarrer sa propre ferme, lui qui possède un grand intérêt p our la protection de l’environnement. Ayant étudié les lettres classiques à l’Université McGill en 2008, il s’est beaucoup impliqué dans des groupes militant pour l’environnement. « Je trouvais important de le faire, mais je ne sentais pas que je bâtissais quelque chose. Je trouvais un peu déprimant de toujours être en mode critique. Je voulais faire un changement concret positif dans le monde, et avoir une bonne qualité de vie. C’est pour ça que j’ai commencé à travailler sur des fermes, au début comme bénévole. »

Le rapport à la nourriture est aussi primordial pour le trentenaire, qui aime cuisiner et « avoir une relation avec la terre qui te nourrit ».

« Quand tu as des légumes à profusion, tu es riche », ajoute Élyse Cardinal, qui adore accompagner et soutenir les nouvelles entreprises agricoles qui naissent dans la région.

« Chaque fois qu’une nouvelle entreprise et qu’un nouveau maillage s’établit, c’est une petite victoire pour moi. On perd beaucoup de fermes au Québec, les terres s’achètent à un prix de fou et se vendent en un claquement de doigts. Il y a vraiment un effet de rareté des terres dans Brome-Missisquoi. »

Un effet exacerbé par la pandémie et l’exode urbain, dit-elle. C’est pour cette raison que L’Arterre souhaite continuer à effectuer des maillages entre un propriétaire et un maraîcher afin d’aider à conserver l’agriculture à petite échelle.

Mme Cardinal invite d’ailleurs les propriétaires de Brome-Missisquoi qui souhaiteraient vendre leur terre tout en préservant sa vocation agricole à la contacter.