Pour les deux instructeurs de vol Stéphane Cantin et Sandra Ducasse, la pandémie a eu des effets sans précédent sur la pratique de leur sport.
En plus du report des championnats du monde de paramoteur et de quelques compétitions, Voiles 4 Saisons, l’école pour laquelle les deux partenaires travaillaient depuis 17 ans a fermé ses portes. « Tout l’été, on a réfléchi à ce qu’on allait faire », dit M. Cantin.
Ils ont donc pris le taureau par les cornes en ouvrant leur propre école, dont les inscriptions pour la saison 2021 sont déjà ouvertes.
Le choix s’est arrêté sur Béthanie, alors que M. Cantin et sa conjointe Alexandra y ont trouvé un terrain de choix pour y bâtir leur maison. « Et je voulais pouvoir décoller de chez moi. Le but c’était de faire une extension de l’école pour laquelle je travaillais. Ça nous permettait d’aller chercher des gens de l’Estrie. Comme on a très peu d’écoles, elles sont très éloignées. »
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Peu d’écoles
Le parapentiste aguerri remarque que depuis une dizaine d’années, le paramoteur est une activité qui prend de l’expansion au Québec. « On a la chance d’avoir tout l’espace pour voler. On a peu de restrictions de vol à part dans les grands centres où il y a des aéroports. Le territoire est tellement grand ! »
Selon lui, on ne compte que quatre écoles en paramoteur au Québec. Les écoles de parapentes sont aussi peu nombreuses, alors qu’on en dénombre quelques-unes à Saint-Paul-d’Abbotsford, Mont-Saint-Anne et Gatineau, notamment.
Tout comme les écoles, les pilotes de parapente sont aussi une denrée rare. Ils ne sont que 250 faisant partie l’Association québécoise de vol libre. « Au Canada, on a environ 1000 pilotes dont la moitié se trouve en Colombie-Britannique et au Québec. La majorité se retrouve sur le mont Yamaska, à Saint-Paul-d’Abbotsford, le site le plus achalandé dans l’est du Canada », affirme M. Cantin.
On a la chance d’avoir tout l’espace pour voler [...] Le territoire est tellement grand!
35 ans d’expérience
Fort de ses 35 années d’expérience en tant que parapentiste, M. Cantin a toujours le désir de transmettre ses connaissances et les bonnes pratiques associées à ce sport.
« La pratique du vol, c’est quelque chose que tout le monde aimerait expérimenter dans sa vie », croit-il.
Si cela semble si évident à ses yeux, c’est parce que toute sa vie, le Suisse d’origine a baigné dans ce monde.
« Mon père fait partie des pionniers du parapente. J’ai vécu avec l’évolution de ce sport. On a eu une très grosse évolution au milieu des années 90 où les constructeurs ont cherché des idées pour tout améliorer. Au départ, les parapentes étaient construits sur la base d’un parachute. Les premières choses qu’ils ont faites, c’est de trouver des tissus plus rigides pour garder l’aile en forme. Ensuite, ils se sont attaqués à la performance. Tout y est passé pour arriver avec des machines de course dotées d’ailes hyper sécuritaires », dit celui qui est instructeur de vol depuis 2002.
D’entrée de jeu, M. Cantin affirme que les cours donnés chez Caribous Volants s’adressent à tout le monde, mais que les participants doivent tout de même être en forme pour courir et porter le matériel. « Pour un paramoteur, le moteur fait 40 lb minimum », donne-t-il en exemple.
La formation de pilotage, gérée par Transport Canada, est basée sur 25 heures de théorie pendant lesquelles les futurs pilotes de paramoteur apprendront sur les zones aériennes et la réglementation. « On apprend aux gens à maitriser les ailes au sol et en l’air. On leur apprend aussi comment détecter les bonnes conditions de vol. »
Une fois toutes ces connaissances bien assimilées, les élèves prendront part à 30 vols, pour un total de 5h. « Si on accumule tout ça, ça équivaut à 10-12 jours d’école à temps plein », estime M. Cantin.
Les apprentis devront ensuite passer un examen théorique, dont la note de passage est de 60 %, pour obtenir leur permis d’élève-pilote. Et ils devront ensuite se soumettre à un autre examen, cette fois auprès de Transport Canada, pour obtenir leur permis de pilote. La note de passage est de 90 %.
Les participants doivent toutefois louer ou encore acheter le matériel nécessaire au vol, l’entreprise étant encore en démarrage. « Si ça fonctionne bien, on va pouvoir acquérir des machines », nuance M. Cantin.
Pour la formation en parapente, l’instructeur affirme que celle-ci est beaucoup plus longue, car elle est tributaire de la météo. « On compte une saison complète si les gens sont disponibles quand la météo est propice. Si les gens sont disponibles seulement les fins de semaine, on va compter 12 à 18 mois de formation. » Les futurs pilotes s’envoleront 25 fois durant cette période.
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Météo
Les pilotes de parapente sont à même de ressentir les effets des changements climatiques, croit M. Cantin. « Plus les années passent, plus les vents sont forts. Et les périodes où on peut aller voler deviennent plus rares. »
Malgré tout, M. Cantin affirme que l’an dernier, la saison de vol a été extraordinaire. « On a des distances qui n’avaient jamais été faites avant. On a presque frôlé les 200 km. C’est rare à cause des conditions météo. »
D’ailleurs, la météo force les pilotes à rehausser leur niveau de pilotage pour être parés à toute éventualité. « On a des pilotes extraordinaires ! »