La députée fédérale de Brome-Missisquoi, Lyne Bessette, en a fait l’annonce mercredi par voie de communiqué. Mme Bessette a constaté, depuis son entrée en fonction, l’importance de l’organisme, qui ne reçoit aucune aide récurrente des gouvernements, dans la communauté.
Cette somme a permis à l’organisme d’adapter les pratiques de l’organisme pour se conformer aux règles sanitaires en cours. Une éducatrice a par exemple été engagée pour poursuivre le travail auprès de 25 jeunes adultes par jour. Les locaux ont été réaménagés et des équipements de protection achetés. Un véhicule usagé a aussi été acquis, permettant à l’organisme de livrer les vélos dans les écoles et de collecter des dons chez les particuliers.
Cette fois-ci, il sort du cadre socioprofessionnel de l’organisme qu’il a fondé pour offrir des activités sportives, culturelles et même entrepreneuriales à ces jeunes adultes.
Ce nouveau programme, qui se déroule les vendredis, vise à développer les habiletés sociales de la clientèle de l’organisme.
« Plus on voit les gens en situation de handicap dans la communauté, plus qu’on voit éventuellement qu’ils ont leur place, souligne M. Marcoux. J’ai développé un nouveau curriculum. Le but de tout ça est de développer d’autres habiletés et d’être exposé à de nouvelles choses, comme des visites culturelles. »
La confiance qu’ils gagnent à travers ça, c’est transposable dans la vraie vie.
Un premier volet concerne le sport, la mise en forme et le plein air. Ce vendredi, par exemple, une vingtaine de jeunes adultes iront faire un cours de karaté. « Peut-être qu’il y en aura deux ou trois qui vont accrocher et suivre des cours. Ils peuvent le faire avec des groupes neurotypiques et ça a un effet de sensibilisation et d’inclusion. C’est ça que j’essaie de promouvoir. »
La marche en ville, le kayak, la pêche ou la randonnée sont d’autres exemples d’activités de plein air et de sports qu’organise Pleins Rayons pour ses usagers.
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Du théâtre et deux murales
Deux projets s’inscrivent dans le volet arts et culture. « Je ne leur fais pas faire du coloriage. Mon langage, c’est l’inclusion sociale. Un artiste va m’aider à faire deux murales chez Pleins Rayons. Les vendredis, les participants vont parler d’inclusion, de l’exclusion qu’ils ont vécue, et chaque apprenti va faire sa propre murale sur papier. À la fin, on va prendre un élément de chaque pièce d’art des apprentis et l’artiste va les mettre dans deux grandes murales. »
Des apprentis participeront aussi à la création de deux pièces de théâtre, une première en français et une deuxième en anglais, d’une durée de 20 minutes chacune, sur le thème de l’inclusion sociale. Un artiste les guidera dans le processus, de l’écriture à la mise en scène, en passant par la création de costumes et de décors. Le public devrait pouvoir voir le résultat en juin prochain.
Cantine santé
M. Marcoux a également songé à un projet entrepreneurial pour son groupe. Les apprentis ont choisi de fonder une cantine santé dans l’incubateur industriel de Cowansville, où se trouvent notamment les locaux de Pleins Rayons.
Stephan Marcoux leur a fait un prêt de 500 $ qu’ils devront rembourser. « Il faut qu’ils regardent comment ils vont y arriver, qu’ils achètent leur matériel, leurs produits, qu’ils décident qui va travailler quel jour de la semaine. Ils vont se choisir un conseil d’administration et un directeur général. Ça me fait tellement triper, c’est tellement beau de voir leur processus ! La confiance qu’ils gagnent à travers ça, c’est transposable dans la vraie vie après. »
À la recherche de financement
Une campagne de sociofinancement a été lancée sur la plateforme GoFundMe afin d’amasser des fonds qui serviront à acheter un minibus pour transporter les apprentis vers toutes ces nouvelles activités.
« On aime ça aller faire du vélo de montagne au Centre national de cyclisme de Bromont ou aller au mont Sutton pour faire de la randonnée. Je veux avoir un minibus pour leur faire vivre le plein air. Et ça va nous permettre de réaliser toutes ces activités-là. Je ne peux pas payer tout le temps des frais de location d’autobus de 300, 400 $. »
Au moment d’écrire ces lignes, environ 1500 $ avait déjà été amassé sur un objectif de 15 000 $.
Entre deux chaises
La mission de Pleins Rayons est de plus en plus connue dans la communauté... à l’exception des couloirs du gouvernement provincial, où l’organisme n’est toujours pas reconnu ni financé.
« Il n’y a rien comme nous au Québec. On prend les personnes qui sont très éloignées du marché du travail, qui se font dire qu’ils sont en maintien d’acquis, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent plus rien apprendre, et on les amène vers l’emploi. Je ne fais pas juste de la santé et des services sociaux, je fais aussi de l’employabilité. »
M. Marcoux constate que la mission de l’organisme, qui touche deux ministères, le place entre deux chaises. « On ne fitte pas dans une case et, à cause qu’on est novateur dans notre approche, le financement n’est pas là pour nous. »
Il estime à 330 000 $ les frais d’exploitation actuels pour aider une quarantaine de personnes à cheminer vers l’emploi grâce à divers projets concrets, comme la réparation et la vente de vélo, et des partenariats avec des entreprises et organismes.
M. Marcoux croit que la plupart des organismes n’offrent pas les opportunités que cette clientèle mérite. Il est d’ailleurs maintenant administrateur au conseil d’administration de la Société québécoise de la déficience intellectuelle afin d’avoir une voix plus puissante dans le milieu.
C’est ainsi que, en plus de retourner travailler au vignoble de l’Orpailleur, des apprentis travaillent au vignoble Girouard à Sutton et un autre groupe fait partie de la toute nouvelle Brigade aidante.
L’organisme a reçu une subvention de 50 000 $ du Secrétariat à la jeunesse du Québec — la seule que l’organisme a obtenue de la part du gouvernement depuis son ouverture — pour créer cette brigade qui viendra en aide aux retraités de 65 ans et plus à leur domicile, dès le 1er juin. Quatre apprentis et un éducateur de Pleins Rayons proposeront d’accomplir des tâches d’entretien extérieur au domicile de leurs clients à la retraite. Tonte de gazon, désherbage, raclage, élagages au sécateur, ramassage de branches, jardinage, petits travaux de peinture ne sont que quelques exemples de ce que peut réaliser la brigade en échange d’une contribution volontaire. Les retraités peuvent communiquer avec l’organisme pour réserver leurs services.
« Avant la COVID-19, j’avais 40 apprentis par jour dans notre local. On a beau avoir 7500 pieds carrés, je ne peux plus avoir 40 personnes dans la place, confie M. Marcoux en entrevue. Il faut que je sois créatif. J’avais 14 projets d’économie sociale, dont plusieurs sont des services essentiels. Ça me permet d’avoir du travail pour la moitié de mes apprentis. Six sont au Vignoble Girouard, le 1er juin je vais en avoir quatre à l’Orpailleur et avec la Brigade aidante, je vais en avoir quatre qui vont se promener, avec leurs masques, précise-t-il. Il n’y a pas mieux pour sensibiliser les gens à la différence qu’avec des projets comme ceux-là. »
Dans les locaux, huit à neuf apprentis travaillent sur les plateaux de travail du magasin de vélos, de réparation de vélos, de construction de nichoirs, d’horticulture jusqu’à récemment, et maintenant de fabrication de masques. « On fait de la couture, alors on se lance dans la fabrication de masques ! On a plein de beaux modèles », commente M. Marcoux.
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À travers les apprentissages liés au travail, les éducateurs spécialisés tentent d’intégrer le concept de distanciation physique et de lavage exhaustif de mains chez ces jeunes adultes.
Plaidoyer aux employeurs
« Juste avant la crise, on avait le vent dans les voiles dans notre projet d’embauche inclusive. Mais là, le langage a totalement changé. Les gens n’ont plus de travail, alors ça va être dur d’avoir un langage où on promeut l’embauche inclusive. Alors je dois me remonter les manches et trouver d’autres façons de faire. Je travaille sur un programme d’intégration socioprofessionnelle en horticulture. »
Ce programme permettrait à des adultes DI et TSA de travailler chez les différents producteurs agricoles. Par exemple, ils pourraient aider à diminuer les besoins en main-d’œuvre dans ce secteur, résolu depuis longtemps par l’aide de travailleurs étrangers.
Avec le modèle des CHSLD qui démontre de grandes failles depuis le début de la pandémie, il y voit une opportunité de former ses apprentis pour faire de l’aide à domicile en donnant un coup de main pour des tâches extérieures, comme ce que fera la Brigade aidante, ce qui permettrait aux aînés de rester chez eux plus longtemps.
« Ils sont capables, il faut juste s’adapter en conséquence. Ils veulent faire partie de la grosse roue qui tourne, plaide-t-il. Quand tu leur demandes ce qu’ils veulent, ils te répondent : “je veux un travail”. C’est le travail qui nous définit tous. Et ils veulent donner à la communauté. Je pense qu’on doit faire un effort dans notre société et les inclure. »
Pleins Rayons espère par ailleurs exporter son modèle ailleurs, comme à l’école À pas de géant, qui accueille des jeunes TSA de 4 à 21 ans, et à Magog. Pour ce faire, l’organisme a fait une demande de subvention au gouvernement du Québec. La pandémie est cependant venue mettre un frein aux démarches.