Le programme Accès portage Québec, lancé par l’Institut national du portage des enfants (INPE), vise à rendre accessible du matériel, de l’information et un accompagnement sur la pratique du peau à peau et du portage à 75 organismes communautaires du Québec.
La Maison des familles de Granby et région distribuera 16 écharpes à anneaux, dites « ring sling », à des familles de la région préalablement ciblées, et recevra la visite d’une monitrice certifiée par l’INPE, les 4 et 5 novembre.
Pour sa part, l’organisme Entraide maternelle du Richelieu (EMRI), qui dessert entre autres Marieville, Saint-Césaire, Rougemont et Sainte-Angèle-de-Monnoir, ont offert six écharpes à anneaux, en plus d’ateliers, à des familles de la région, le vendredi 30 octobre, et en distribuera quatre autres le vendredi 6 novembre.
COVID et nouveau-nés
La crise pandémique a de nombreux impacts sur les familles, les nouveaux parents se trouvant souvent davantage isolés et anxieux. Le programme Accès portage Québec vise à encourager les familles à adopter des pratiques quotidiennes bénéfiques visant à diminuer les conséquences du stress et de l’isolement.
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« Les mamans qui donnent naissance ont parfois tendance à s’isoler, mais avec la pandémie, c’est doublement le cas. Elles n’ont pas pu avoir d’aide extérieure, de la famille par exemple. Ce qui fait que plusieurs mères et pères sont épuisés. Ça a donné aussi des grossesses et des accouchements très stressants. Et cette anxiété de maman se transmet à bébé », explique la directrice consultante de l’EMRI, Véronique Côté.
Avec la COVID, la vulnérabilité, pas juste économique, s’est multipliée.
C’est donc important, poursuit-elle, de ramener le bébé et la maman à « la base », au peau à peau, qui a une incidence directe sur la diminution du stress et de l’anxiété. « Ça permet d’apaiser le “syndrôme COVID” et de développer un lien d’attachement. »
Le portage vient également simplifier la vie des parents, qui, « s’ils en ont assez de leurs murs, peuvent partir prendre une marche sans avoir à descendre la poussette des escaliers », donne en exemple Émilie Villemure, intervenante famille à la Maison des familles de Granby et région.
« C’est comme une gardienne sur mesure, quand les écoles et les garderies sont fermées, qui rend le quotidien plus facile. »
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Le programme Accès portage Québec, financé par la Croix-Rouge et le gouvernement du Canada, découle du projet pilote Accès Portage lancé à Drummondville en 2019, qui a permis de confirmer les impacts positifs du peau à peau et du portage dans le quotidien de familles qui autrement n’auraient pas eu accès à un tel accompagnement.
Bonnes techniques
Son expérience de nouvelle maman est ce qui a allumé la flamme d’Émilie Villemure pour le portage et l’a poussée à faire une demande au programme pour aider les familles d’ici. Sa passion grandissante l’a même incitée à suivre la formation pour devenir monitrice de portage certifiée par l’INPE. Ainsi, elle devrait pouvoir commencer à donner des ateliers et des conférences dans la région au début du mois de décembre.
« Plusieurs mamans ou papas se font donner des vêtements de portage, mais ne savent pas s’en servir, ou alors ce n’est pas la bonne grandeur. Les ateliers visent à informer sur les techniques et aussi les règles de sécurité. Certains parents ne le font pas par peur que le bébé tombe, on veut donc accompagner les parents sur les bonnes façons de faire. »
Par exemple, énumère-t-elle, le bébé doit être à « portée de bisous », il doit être serré de façon à ne pas être capable de le remonter vers soi, on doit être capable de voir s’il va bien et il doit y avoir deux doigts entre sa tête et son cou, et « pas de pression sur la tête ».
« Pas pour faire du sport »
Émilie Villemure rappelle toutefois que « le but du portage n’est pas de devenir performant. Le portage n’est pas fait pour aller courir, faire un ménage intensif, parce que le bébé ressent les coups. C’est pour être fonctionnel, pour libérer les mains, mais pas pour faire du sport. »
La Maison des Familles souhaite offrir, éventuellement, un service gratuit de prêt de matériel de portage, afin de rendre l’expérience accessible au plus grand nombre de familles, qui ne pourraient pas s’en procurer. « Une écharpe à anneaux coûte environ 100 $, dit Émilie. Ce n’est pas tout le monde qui peut se le permettre. »
La Maison des Familles de Granby et région, fondée il y a 20 ans, vient en aide aux familles vulnérables économiquement ou socialement afin de leur permettre une meilleure expérience parentale, de les sortir de leur isolement, les soutenir et les informer. « Avec la COVID, la vulnérabilité, pas juste économique, s’est multipliée ».
Les dons de vêtements de portage et de peau à peau sont acceptés, et il est possible de prendre rendez-vous avec l’EMRI et la Maison des familles pour toute question et demande d’information concernant ces pratiques.
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LES BIENFAITS ÉNORMES DU PEAU À PEAU
La pratique du peau à peau, encore plutôt méconnue, « est hyper importante dans la première semaine du nouveau-né », affirme Émilie Villemure, intervenante famille à la Maison des familles de Granby et région.
« Les gens font du peau à peau souvent juste à l’hôpital, après la naissance du bébé. Mais c’est recommandé de le faire au moins une heure par jour. Et pas seulement avec maman ; le père, la sœur, la grand-mère peuvent aussi le faire. »
Les bienfaits découlant de cette pratique sont nombreux. En plus de diminuer le stress, le portage et le peau à peau améliorent les signes vitaux du bébé et favorise le développement de son cerveau. La mère et le bébé en corps à corps vont également se réguler au niveau du cœur.
Le portage est une forme de prolongement du peau à peau, puisqu’il n’est pas recommandé de placer un bébé naissant dans un vêtement de portage, rappelle Mme Villemure. On peut commencer à porter bébé à partir d’un mois.
Les avantages du portage ne sont pas seulement bénéfiques pour le bébé. « Pour les familles nombreuses, le fait d’avoir ses deux mains de libres, de pouvoir s’occuper des autres enfants, de faire à manger, ça donne un sentiment de compétence et de liberté au parent. »
La disposition verticale du bébé permet aussi une diminution des reflux gastriques, et par le fait même, une diminution des pleurs, qui peuvent stresser la maman et lui donner le sentiment d’être dépassée.