«J’ai adoré travailler pour d’autres pendant toutes ces années. Leur prêter ma voix. Mais justement, ma voix, elle doit bien avoir un petit quelque chose si elle parvient à vendre des chansons à d’autres artistes!», s’est dit la Bromontoise en courant dans la forêt par une belle journée d’été, il y a à peine quelques mois.
C’est que, voyez-vous, pendant des années, elle a oeuvré aux côtés du grand Romano Musumarra (son ex-conjoint) et de Luc Plamondon, qui ont composé ensemble nombre de grandes chansons pour les Céline Dion, Garou, Ginette Reno, Pavarotti et Sarah Brightman de ce monde. Pour présenter leurs textes mis en musique aux artistes, ils ont enregistré des maquettes, chantées par Judith Bérard.
«Plusieurs fois, ces artistes m’ont dit que je devrais moi-même chanter, que c’était tellement beau de la façon que je les interprétais [les chansons]. Mais je n’avais jamais vraiment considéré sérieusement la chose jusqu’à maintenant», relate la principale concernée.
Il lui aura fallu une séparation après 17 ans de vie commune, un retour au Québec après une vingtaine d’années en sol européen, deux ou trois ans pour se «reconstruire» et un été très difficile — «j’ai vécu la pire épreuve de toute mon existence» — pour qu’elle se décide à faire le saut.
«À 50 ans, alors que mon avenir semblait très sombre, je me suis remise en question comme jamais, et je me suis demandé ce qui était le plus important pour moi. Ce n’est plus d’être une star, c’est juste de partager. J’ai enregistré plein de belles chansons qui méritent d’être entendues, d’exister, de vibrer, de toucher les gens. J’ai envie de nous les offrir», dit celle qu’on a également pu voir et entendre dans l’opéra rock Starmania et la comédie musicale Cendrillon.
Bien entourée
Comme la vie fait parfois bien les choses, plusieurs personnes de l’industrie se sont offertes pour l’accompagner dans son projet. À commencer par son ex-conjoint, qui assurera la réalisation de son album, et le grand Stéphane Lamontagne, qui agit à titre de directeur artistique de «pas mal tout le monde au Québec, de France D’Amour aux Cowboys Fringants en passant par Mario Pelchat, 2Frères et Ginette Reno», mentionne la chanteuse.
Déjà, un premier extrait de cet album à venir au printemps 2021 a été dévoilé il y a deux semaines. Je n’ai pas vu passer le temps était d’abord destinée à Céline Dion, mais a finalement été endisquée par Garou en 2013, puis Ginette Reno en 2018.
«Cette chanson-là, c’est un chef-d’œuvre, mais elle n’a jamais brillé à la hauteur de sa magnificence», est d’avis la chanteuse. «Sans prétention, j’espère pouvoir la faire résonner autant qu’elle le mérite.»
Son album, intitulé Origines, sera composé d’autres grandes chansons dont elle a fait les maquettes, comme L’amour est un soleil, de la Française Hélène Segara, «et peut-être aussi de quelques chansons qui ne sont jamais sorties», mentionne Judith Bérard.
De nombreux projets
Depuis son retour au Québec en 2017, la Bromontoise s’est principalement consacrée à la production musicale d’autres artistes via sa maison Les Disques Mube. Elle a notamment produit le printemps dernier l’opus All by Myself du violoncelliste italien Luca Pincini.
Elle prépare également plusieurs sorties d’albums pour Noël, dont une prière composée avec le pape François, en plus d’écrire son autobiographie. «J’ai quand même eu une vie assez spéciale. Parfois, je me dis que j’ai vécu 150 ans», lance-t-elle en riant.
Elle est par ailleurs toujours associée à la réputée marque d’huile d’olive Domenica Fiore, lancée en 2013 et qui a récolté plusieurs honneurs prestigieux à travers le monde, et travaille à mettre sur pied un marché local nouveau genre à Bromont pour l’été prochain. «Un marché où on ne vend que des produits périmés, mais qui sont encore tout à fait comestibles. En Europe, c’est très populaire. Ça permet de limiter le gaspillage alimentaire et de se procurer des produits locaux à moitié prix», fait-elle valoir.
Décidément, ce ne sont pas les projets qui manquent pour Judith Bérard!