Animaux domestiques et COVID-19: comme un membre de la famille

Émilie Couture est vétérinaire au Zoo de Granby.

Au même titre que le fait de faire confiance à un animal inconnu, profiter de nos sorties à l’extérieur pour flatter le chat de la voisine ou encore pour promener le chien du cousin s’avère imprudent actuellement, disent les vétérinaires. Loin de vouloir semer l’inquiétude, ces derniers souhaitent simplement amener les gens à être conscients que le poil des animaux peut parfois transporter le virus un certain temps, au même titre qu’un objet peut le faire. Mieux vaut être prudents.


« La distanciation s’applique aussi aux animaux, surtout ceux qu’on ne connaît pas », explique Émilie Couture, vétérinaire au Zoo de Granby. 

« Personne ne porterait à sa bouche une pomme manipulée par d’autres personnes, poursuit-elle. La pomme devient ainsi une surface (qui peut être contaminée), comme un animal peut aussi le devenir, et ce, sans que ce dernier soit atteint par la maladie. Ceci dit, aucune preuve ne prouve à l’heure actuelle que les animaux puissent être infectés par le virus ou en être des sources d’infection. »

Mme Couture appuie ses propos sur les recommandations autant de l’Association canadienne des médecins vétérinaires que celles de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec. Les deux organisations ont d’ailleurs tenu à informer la population. 

« Cette situation pourrait évoluer dans le temps, mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour l’instant, ont-elles expliqué par voie de communiqué cette semaine. Il est donc prudent, en ce moment, de limiter les contacts de votre animal avec des personnes hors de votre cercle s’ils ne sont pas nécessaires (pour vous protéger vous-même et votre entourage). Pour ce qui est de flatter des chiens qu’on ne connaît pas, c’est une pratique que l’on n’encourage pas et encore moins ces temps-ci. »

« Nos animaux domestiques qui ne sortent pas à l’extérieur, ou très peu, on les considère comme des membres de notre famille. »

Ainsi, si on présente des symptômes, on évite de toucher nos animaux, comme on le ferait avec nos enfants ou notre conjoint. « J’ai vu sur les réseaux sociaux que les
SPA faisaient face à une vague d’abandons d’animaux, note la vétérinaire. Ce n’est pas ce qu’on veut. »

À ce sujet, l’Association canadienne des médecins vétérinaires indique que « bien que le virus semble provenir d’une source animale, il se propage maintenant d’une personne à l’autre. (...) Il n’y a pas de données, à ce jour, indiquant que les chiens et les chats peuvent être infectés par le coronavirus. »

Mesures de biosécurité augmentées

Au Zoo de Granby, les mesures de biosécurité déjà en place ont quant à elles été bonifiées. Comme le fait remarquer Émilie Couture, des lieux comme des marchés d’animaux vivants, dans d’autres pays, où les animaux sauvages et domestiques partagent un espace restreint et fétide, sont pointés du doigt par des organisations comme Wildlife Conservation, notamment. 

« Dans de tels cas, les animaux sont stressés, destinés à la consommation humaine ou vendus comme animaux de compagnie. Tout ça dans des conditions d’hygiène insalubres, énumère-
t-elle. La recette parfaite pour faire évoluer un virus. Ce qui, bien sûr, est très, très loin d’être le cas au Zoo! »

Au Zoo de Granby, toutes les précautions sont prises pour protéger les employés — et pas seulement ceux en contact quotidien avec les animaux —, et les animaux eux-mêmes. « Premièrement, nous n’avons pas une haute densité d’animaux, dit-elle. Ces derniers habitent un environnement familier, ce qui diminue leur niveau de stress, et diverses mesures de biosécurité sont mises en place. »

D’abord, les mesures provinciales sont respectées. En étant fermé au public, le Zoo limite la propagation et l’entreprise prône la distanciation sociale. « Avec nos primates, qui sont nos plus proches cousins et qui ont plusieurs pathogènes communs avec l’humain, le port du masque et des gants a été mis en place. »

« Même si le virus venait de chauves-souris en Chine, dans des contextes particuliers, je le répète, nous n’avons présentement aucune preuve voulant que les animaux puissent l’attraper ou encore en être les vecteurs. Malgré tout, au Zoo, des mesures ont rapidement été mises en place pour restreindre toute forme de propagation. Et on s’ajuste, selon les nouvelles informations. »