Même si le budget 2020-2021 alloue un montant total de 46,6 milliards $ au système de la santé et des services sociaux et se présente comme une aide pour les personnes vulnérables, comme les malades, les aînés, les victimes de violence conjugale et les jeunes en difficulté, Nicolas Luppens, coordonnateur de l’organisme Action Plus Brome-Missisquoi, est d’avis qu’on laisse de côté, encore une fois, les personnes assistées sociales, « les plus démunis des démunis financièrement ».
« On avait des attentes par rapport au surplus du budget, comme quoi le gouvernement aurait pu augmenter le montant de base alloué aux assistés sociaux, mais non. Avec 690 $ par mois, on se demande comment ces personnes peuvent survivre et subvenir à leurs besoins, qui sont les mêmes que tout le monde », mentionne M. Luppens, qui œuvre, avec Action Plus, pour la défense des droits des personnes assistées sociales et des personnes qui vivent sous le seuil de la pauvreté.
Sans discréditer les mesures mises en place par le gouvernement, M. Luppens déplore que le gouvernement mette en place des catégories d’aide sociale qui font en sorte que certains sont plus méritants que d’autres.
Par exemple, le coordonnateur compare le montant alloué aux aidants naturels, qui a été bonifié et qui peut atteindre jusqu’à 2500 $ par mois, et le montant mensuel alloué aux assistés sociaux, soit 690 $. Certaines personnes pourraient se demander « pourquoi est-ce que je ne reçois pas la même aide, alors que mes besoins sont les mêmes ? » Ou encore, « ah, rien pour l’aide sociale ? ». Ce ne sont là que quelques exemples de commentaires dont a été témoin Nicolas Luppens mercredi, à la suite de l’annonce du budget.
« Le gouvernement continue de tolérer l’intolérable », se désole M. Luppens.
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Violence conjugale
Être mis de côté est également ce que déplore Sophia Cotton, coordonnatrice du Centre de femmes Entr’elles, à Granby.
Des 181 millions alloués à la lutte contre la violence conjugale, le centre de femmes n’en aura pas un sou.
« On passe en dessous de la table. Parce qu’on est généraliste dans notre approche. On peut recevoir une femme qui se sépare ou qui veut briser son isolement, comme on peut recevoir une femme qui vit de la violence. Notre hébergement en est un de halte-crise, pas de sécurité, donc ça nous touche pas », indique Mme Cotton, qui fait des démarches depuis des années pour être reconnue comme un centre luttant contre la violence conjugale.
Bien sûr, Mme Cotton se réjouit qu’une aide soit accordée aux maisons d’hébergement en violence conjugale, mais elle se désole que son organisme passe « entre les mailles du filet », malgré le fait que bien souvent, ce sont des intervenantes du Centre de femmes Entr’elles qui vont faire une première rencontre avec les femmes et les aiguiller.
Certes, Carmen Paquin, directrice de la maison Alice-Desmarais, qui accueille les femmes violentées et vivant de multiples problématiques sociales et leurs enfants, se réjouit que le gouvernement s’intéresse de près à la problématique.
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« Il faut reconnaître le grand pas qu’ils ont fait. Mais nous, on est en attente des détails, parce que 181 millions en violence conjugale, ça peut aller dans beaucoup de directions, comme les maisons d’hébergement d’urgence, les logements, ou les groupes pour conjoints violents, par exemple. On est en train de démêler tout ça », mentionne Mme Paquin.
Beaucoup de maisons de ce type dénonçaient un manque criant de places, la sécurité de plusieurs femmes se voyant menacée. Cependant, la directrice de la Maison Alice-Desmarais indique qu’à Granby, le problème réside plutôt dans les services extérieurs.
Avec 15 places, la maison est souvent remplie au maximum de sa capacité, mais fonctionne somme toute assez bien, précise Mme Paquin. Ce qui manque, ce sont les services pour les femmes qui quittent l’hébergement et qui vivent de la violence post-séparation. Actuellement, l’organisme a 29 femmes en attente pour un service externe.
« Somme toute, c’est un bon pas en avant du gouvernement. Évidemment, on appuie l’idée qu’il travaille en prévention, notamment en investissant dans la cellule d’intervention AGIR ». ajoute-t-elle.
Pleins Rayons
Pour sa part, face au budget du Québec, Stephan Marcoux, directeur de l’organisme Pleins Rayons, qui vient en aide aux jeunes adultes souffrant d’un trouble du spectre de l’autisme ou de déficience intellectuelle, veut être positif, mais « ne sait pas comment le prendre ».
Selon le budget 2020-2021, 250 millions investis sur cinq ans seront dédiés aux besoins des Québécois qui présentent une déficience intellectuelle, physique ou un trouble qui se situe sur le spectre de l’autisme.
Selon M. Marcoux, ce n’est pas assez. « Pleins Rayons n’a presque rien reçu en 5 ans, alors que ce que je fais est un concept unique et original, très peu coûteux, et qui a des répercussions sociales incroyables. »
Rappelons que Pleins Rayons favorise l’inclusion sociale de jeunes adultes en leur offrant la chance d’acquérir des habiletés socioprofessionnelles à travers des projets d’économie sociale ou d’activités de loisirs thérapeutiques. Ce qui a un impact direct dans la communauté, assure M. Marcoux.
« J’aimerais avoir l’opportunité de présenter mon modèle au gouvernement. Je suis en train de développer Pleins Rayons à Magog et en partenariat avec l’École À Pas de Géants, à Montréal. Mais j’aimerais l’élargir à tout le Québec. Je trouve ça triste qu’on ne s’intéresse pas à la vie de ces gens-là alors que c’est des humains, des personnes et qu’on devrait tout faire pour les aider. »