Une de ses premières actions lundi a été de rencontrer les médias pour faire la lumière sur son absence depuis la mi-novembre. Et il n’a pas caché sa nervosité. « Ça prend un certain courage pour dire ce que j’ai à dire », a-t-il laissé tomber d’entrée de jeu.
« J’ai eu un diagnostic de dépression majeure il y a plusieurs mois. C’est une maladie mentale qui m’a affectée durant la dernière année », a déclaré le maire.
Même s’il sait que ses déclarations susciteront différents commentaires et jugements, le maire n’a pas pris de détour pour expliquer sa situation. Trop de tabous entourent les maladies mentales, estime-t-il. Mais il « tient à nommer les choses telles qu’elles sont ».
Absent de l’hôtel de ville une première fois, au printemps 2019, Pascal Bonin avait évoqué un « épuisement professionnel » pour expliquer la situation. Mais il s’agit d’un terme « emprunté par les médias et les firmes de relations publiques pour adoucir le fait qu’on a une maladie mentale », estime-t-il.
En s’ouvrant de la sorte sur l’épreuve qu’il a traversée, le maire souhaite, « en toute humilité », démontrer aux gens que la maladie peut frapper n’importe qui, mais qu’il est possible de s’en sortir.
Avec le soutien de professionnels de la santé, il a réussi à trouver la médication appropriée. Il s’est aussi entraîné physiquement, à l’occasion de séances qui ont gagné en intensité au fil du temps. « Je me suis reconstruit la tête par le corps », raconte-t-il.
Ce fils de vétérinaire a en outre trouvé un apaisement auprès d’Olive, un berger des Shetland qui lui a été offert par sa conjointe. Pascal Bonin entreprendra des démarches afin qu’Olive puisse obtenir la certification de chien d’assistance Psy’chien. Cela signifie qu’elle accompagnera le maire dans l’exercice de ses fonctions.
Agression
Pascal Bonin affirme que c’est à la suite d’une « attaque gratuite », alors qu’il se trouvait dans les estrades de l’Autodrome Granby avec sa conjointe à l’automne 2018, que ses ennuis de santé ont commencé.
« J’ai eu un diagnostic de dépression majeure il y a plusieurs mois. C’est une maladie mentale qui m’a affectée durant la dernière année. »
« Deux jeunes ont lancé une pierre de très grosse dimension qui a passé à 10 cm de ma tête. J’ai pensé que j’étais capable de passer à travers cet événement-là. Mais force est d’admettre que c’est venu me hanter de façon plus importante que je l’aurais imaginé au départ », dit-il.
Des crises d’angoisse se sont immiscées dans son quotidien, d’abord de jour, puis de nuit. Son alimentation et son sommeil ont été perturbés. Pascal Bonin affirme avoir perdu une cinquantaine de livres. Ses dernières semaines de travail ont été très difficiles. Ses dernières séances du conseil se terminaient par des vomissements, dit-il.
« On avait un maire excessivement vulnérable, qui, honnêtement, avait peur de ses propres citoyens et qui avait de la difficulté à être en public. [...] Ma carapace était percée. Tout m’atteignait de façon un peu démesurée », explique-t-il.
Rumeurs
Le maire Bonin affirme toutefois que la période difficile est derrière lui. Il estime avoir mis en place des « mécanismes » et une « hygiène de vie » qui devraient lui permettre de ne pas « rechuter ». Il affirme être calme, positif et en grande forme, autant physique que mentale. « J’arrive avec une bonne attitude. Je suis bien entouré », dit-il.
« Les gens vont retrouver le maire qu’ils ont adoré en 2013 ; le gars charismatique, capable d’aller dans les foules, qui se laisse approcher et aime approcher les autres. Ils vont le retrouver, mais de façon plus raisonnée », estime-t-il.
Celui-ci a d’ailleurs profité de l’occasion pour démentir les différentes « folles » rumeurs qui ont entouré son absence prolongée de l’hôtel de ville. « Je n’ai jamais rechuté avec l’alcool et les drogues. Ça fait au-dessus de 14 ans que je suis sobre. Ça aurait été très facile de tomber dans ce piège. Mais je ne l’ai pas fait », dit celui qui n’a jamais caché ses problèmes passés d’alcoolisme et de toxicomanie.
Autre rumeur démentie : Pascal Bonin n’a pas divorcé avec sa conjointe, Isabelle Moisan. Celle-ci était d’ailleurs présente lundi.
Le maire a rencontré le directeur général de la Ville, Michel Pinault, ainsi que le maire suppléant, Robert Riel, la semaine dernière. Il doit se réunir avec les membres du conseil municipal lundi soir. Lors d’une présence éclair à une séance du conseil le mois dernier, il avait émis plusieurs critiques aux élus. Ses propos avaient d’ailleurs été qualifiés de blessants par le maire suppléant, Robert Riel, et des conseillers.
« Je dois régler ça avec eux, pas avec les médias. [...] Je ne m’attends pas à ce que ça aille mal ce soir. Mais il y a des choses qui doivent se dire. Et c’est correct », dit Pascal Bonin.
Ce dernier croit que son retour représente un « beau test pour un navire ». « C’est un défi politique, d’équipe, que je vois positivement », dit-il.
A-t-il statué sur sa volonté ou pas de briguer à nouveau la mairie aux élections municipales de 2021 ? « C’est 24 heures à la fois. [...] Je ne connais pas l’avenir. J’aime mieux laisser couler. Si c’est facile, c’est parce que c’est dû. Si c’est ardu, je n’irai pas », laisse-t-il tomber.