Un Suédois sur la piste de ses ancêtres à Granby

Guy De Caprona est venu de Suède pour voir de près le sarcophage qui aurait jadis accueilli la dépouille d’un membre de sa famille. Il est accompagné de Cecilia Capocchi, DG de la Société d’histoire de la Haute-Yamaska.

Guy De Caprona a fait beaucoup de route pour voir de près le sarcophage romain, disposé dans le hall de la bibliothèque à Granby. Il est venu de Suède pour découvrir cette pièce rare au parcours inusité qui aurait jadis accueilli la dépouille d’un membre de sa famille.


« Ça vaut bien le coup pour venir voir un vieil oncle », s’est amusé M. De Caprona, rencontré vendredi près du sarcophage.

Ce dernier, qui œuvre comme géologue et se passionne pour la période du Moyen-Âge, se préparait à analyser le sarcophage, ainsi que ses différentes gravures, afin de rédiger un article pour le bulletin d’histoire de Pise, lié à l’Université de Pise, en Italie. Il était accompagné de la directrice générale de la Société d’histoire de la Haute-Yamaska, Cecilia Capocchi.

La visite de M. De Caprona à Granby fait suite à des échanges de courriels avec Mme Capocchi au cours des dernières années.

La directrice de la société d’histoire a fait plusieurs démarches au fil du temps, entre autres avec la collaboration de spécialistes italiens, pour découvrir les secrets de cette pièce de marbre, fabriquée au milieu du IIe siècle, qui s’est retrouvée à Granby après avoir été offerte à l’ex-maire, Pierre-Horace Boivin.

Le Suédois, originaire d’Italie, était tombé sur un texte portant sur la présence du sarcophage à Granby. Il avait contacté la société d’histoire pour l’informer que les armoiries de sa famille seraient gravées sur la pièce antique. Les photos prises lors de son installation à la bibliothèque avaient permis de confirmer cette affirmation.

Les recherches ont indiqué que le sarcophage aurait pu être utilisé pour Bacciameo De Caprona, décédé en 1339 et inhumé dans le cloître de l’église Saint-François de Pise. C’est également la famille De Caprona qui aurait fait sculpter des thèmes sacrés sur le côté postérieur du sarcophage, a déjà relevé la société d’histoire.

Mais au-delà du lien familial qui le lie à l’œuvre, Guy De Caprona souhaite l’inscrire dans la grande histoire du monde, entre autres avec ses illustrations religieuses. « Nous nous occupons du côté chrétien. La première phase de recherche, pour savoir qui était enterré dans ce sarcophage était très amusante, évidemment. Ça relève du côté familial. Mais il faut le remettre dans le contexte », estime-t-il.

Refaire l’histoire

« Plusieurs personnes se sont intéressées au sarcophage. On a essayé de mettre les recherches ensemble pour reconstruire l’histoire parce qu’elle est très longue, complexe et surprenante. Mais il y a encore des parties obscures. On essaie de comprendre ça. On s’intéresse plus à la partie médiévale du sarcophage », souligne Cécilia Capocchi.

« Il nous manque des informations durant cinq siècles, soit jusqu’en 1870 environ. On ne sait pas trop où le sarcophage a pu se trouver. On pensait qu’il pouvait être dans la basilique de Saint-François de Pise, mais on ne l’a pas encore trouvé dans l’inventaire. Il reste ce point-là à éclaircir. Il reste aussi à clarifier comment il a pu être donné à M. Boivin », avait expliqué Mme Cappochi à La Voix de l’Est lors d’une précédente entrevue.

Il semble que le sarcophage s’est retrouvé dans la première moitié du XXe siècle dans la collection privée d’un baron italien, conservée près de Rome. C’est en 1953 que l’œuvre a été offerte à l’ex-maire de Granby par l’Union chrétienne des entrepreneurs italiens.

À Granby, la pièce d’antiquité a été utilisée durant quelques décennies comme fontaine au parc Pelletier. Un expert en conservation architecturale, embauché par la Ville de Granby, a toutefois sonné l’alarme à l’été 2003, affirmant que l’œuvre, de grande valeur, devait être protégée des intempéries.

Le sarcophage pesant quelque 8000 livres a ainsi été nettoyé et restauré en partie, avant d’être remisé au garage municipal. L’administration municipale a décidé en 2016 de le rendre accessible à la population en l’installant dans le hall de la bibliothèque municipale, dans la foulée des travaux de rénovation qui y ont été réalisés.

« Parmi tous les sarcophages romains conservés dans le monde, celui de Granby se démarque en raison de son iconographie païenne de tritons et néréides. En effet, selon les spécialistes de la question, seulement une quinzaine d’exemplaires de sarcophages de ce type auraient été préservés jusqu’à aujourd’hui », a relevé la Société d’histoire de la Haute-Yamaska dans une publication.