« Le crime principal, le vol qualifié, est un crime très grave et qui est punissable d’emprisonnement à perpétuité », a rappelé le juge Serge Champoux, dans sa décision rendue à la fin janvier.
Or, comme l’accusé, Tommy Trépanier-Vaudry, semblait « sincère dans sa volonté de mettre de l’ordre dans sa vie, qui jusque-là n’en avait pas beaucoup », le magistrat a choisi de lui imposer deux peines concurrentes de quatre mois de détention, soit une pour chacun des deux chefs auxquels il avait plaidé coupable, assorties d’une probation.
La Couronne réclamait pour sa part une peine de six mois alors que la défense suggérait de surseoir au prononcé de la peine et d’imposer plutôt à l’accusé une probation de trois ans avec l’obligation d’effectuer 240 heures de travaux communautaires.
Les trois complices de M. Trépanier-Vaudry avaient déjà obtenu leur peine dans le présent dossier.Deux d’entre eux étant mineurs, ils ont écopé d’une peine de six mois de garde fermée.
La tête pensante du vol, Samuel Laporte qui est majeur, a pour sa part été condamnée à 20 mois d’emprisonnement dans cette affaire qui a commencé par une publication sur les réseaux sociaux.
Complot en ligne
Dans la soirée du 11 août 2018, « un jeune homme aurait mis des images et des commentaires sur les réseaux sociaux indiquant qu’il avait une entrée d’argent importante et cherchait à avoir du plaisir », relate le juge Champoux.
Plusieurs internautes, dont M. Trépanier-Vaudry et ses éventuels complices, répondent à l’invitation de Samuel Laporte, l’instigateur du crime. Il est alors convenu de tendre un guet-apens à la victime, seulement identifiée par les initiales I.C. dans le jugement, en lui donnant rendez-vous dans un parc de Granby.
Il a été déterminé que M. Trépanier-Vaudry a agi comme chauffeur pour les trois autres voleurs. Ceux-ci, dont l’un est cagoulé, ont assailli la victime et l’ont dépouillée d’une somme de 1300 $ et de son téléphone cellulaire avant de prendre la fuite en voiture.
Sur la valeur du vol évaluée à 1740 $, environ 440 $ auraient été récupérés depuis. La part de la cagnotte réservée à l’accusée était de 200 $, est-il mentionné dans la décision.
Réhabilitation
Malgré son historique familial difficile, sa faible scolarité et ses déboires personnels, le juge Champoux semble croire en les chances de réhabilitation de l’accusé, qu’il reconnaît « jeune et apparemment bien immature » et dont le rapport présentenciel n’était pas reluisant.
« Il décrit notamment l’accusé comme un jeune homme plutôt paresseux, qui n’a jamais travaillé que quelques mois à la fois, perdant des emplois ou en démissionnant. Il n’est pas non plus très scolarisé, ne détenant qu’un niveau scolaire de 3e secondaire », souligne-t-on.
Le rapport présentenciel parle également « de son manque de maturité, d’un défaut de responsabilisation, de la nécessité d’un suivi professionnel, de l’opportunité de la reprise du suivi médical, et de l’intérêt de procéder à une insertion sociale. »
Malgré cela, le jeune homme « semble avoir certaines personnes dans sa vie, du côté de sa famille, qui sont des influences positives ».
Il est également suivi par un organisme en réinsertion sociale pour lequel il effectue du bénévolat.
Une intervenante de l’organisme non nommé dans la décision a d’ailleurs témoigné lors des représentations sur sentence de l’accusé. Elle s’est dite satisfaite du rendement de celui-ci.
Or, « bien que sa mission semble valable, il ne m’apparaît pas que la participation de l’accusé auprès de [l’organisme] est ce qu’il faut privilégier, du moins à court terme », estime le juge Champoux, qui fonde davantage ses espoirs sur le suivi probatoire et l’exécution de travaux communautaires supervisés par la Cour.