Offre de logements Airbnb dans la région: de la place pour tout le monde

Certains hôtes ont choisi Airbnb pour la simplicité de la plateforme, où s’effectuent à la fois la réservation, le paiement et le remboursement des frais de séjour au gouvernement.

L’avènement de Airbnb au Québec avait, à l’époque, suscité la grogne et beaucoup d’inquiétudes dans l’industrie hôtelière, qui voyait dans la plateforme une concurrence déloyale. Un rapide coup de sonde auprès de quelques acteurs du milieu touristique local a toutefois permis de constater que la vampirisation appréhendée n’a pas eu lieu.


Les quelques hôteliers ayant donné suite à la demande d’entrevue de La Voix de l’Est ont tous affirmé ne pas avoir souffert de l’arrivée d’Airbnb dans la région.

« Non, ça ne se fait pas sentir, confirme notamment Carole Bélanger, propriétaire du gîte Une fleur au bord de l’eau. J’ai un voisin qui roule en masse avec Airbnb, mais on est toujours complets. »



« Nous n’avons pas ressenti d’impact », indique également Marie-Joëlle Bourdeau. Selon la directrice ventes et marketing à l’Hôtel Castel de Granby, cela s’explique notamment parce que les voyageurs qui se logent dans des appartements ou des maisons via Airbnb n’ont pas les mêmes besoins et désirs que la clientèle qui préfère séjourner à l’hôtel.

« C’est une clientèle qui recherche un produit différent, indique-t-elle. Nous, on offre la simplicité de réservation et un accueil, les gens sont en confiance et en sécurité, car il y a du personnel sur place 24 heures sur 24. Nos visiteurs sont pris en charge : il y a des gens qui ne veulent même pas cuisiner pendant leurs vacances, et on peut le leur offrir. »

Marie-Joëlle Bourdeau est directrice ventes et marketing à l’Hôtel Castel.

C’est d’ailleurs un constat que dresse le Granbyen Frank Cloutier, qui loue ses propriétés sur la plateforme. Celui-ci ne considère pas qu’il livre une concurrence aux établissements hôteliers de la région en affichant ses propriétés sur Airbnb.

« Ce sont vraiment deux types de personnes différents qui réservent, indique le Granbyen. Les gens qui recherchent des hôtels veulent souvent avoir accès à un gym ou une piscine. Ce sont aussi des gens qui ne veulent pas cuisiner. Sur Airbnb, ce sont plutôt des personnes qui cherchent plus d’autonomie durant leur voyage, qui veulent s’arranger par elles-mêmes. Si elles ne veulent pas d’une simple chambre, elles peuvent louer un condo ou un manoir. »



« Si c’est utilisé, il faut croire que ça répond à un besoin. On comprend que c’est un mode d’hébergement de plus en plus sollicité et en croissance. Les habitudes des consommateurs changent et évoluent avec le temps, les gens veulent plus de flexibilité », reconnaît Hélène Plante, codirectrice générale de Commerce Tourisme Granby et région.

Des attraits qui attirent

Personne ne s’étonne de voir une offre d’hébergement touristique sur Airbnb dans la région étant donné que celle-ci propose bon nombre d’activités et de paysages enchanteurs aux visiteurs.

« Les gens, quand ils se déplacent, c’est qu’il y a un attrait. Les pistes cyclables, le parc de la Yamaska et le Zoo sont les trois principaux attraits de Granby, mais nous sommes aussi tout près de Bromont, montagne d’expériences », indique Mme Plante.

La proximité de la région avec Montréal décourage cependant certains touristes d’y passer la nuit, que ce soit dans un hôtel ou dans un logement. « Les nuitées où Granby affiche complet se comptent sur les doigts d’une main durant une année, indique Mme Bourdeau. C’est surtout l’été, entre autres pendant des fins de semaine où il y a des événements comme les voitures anciennes. Autrement, le fait que nous soyons assez près de Montréal attire surtout des excursionnistes, qui ne séjournent pas dans un hôtel. »

Cela lui fait dire qu’à l’heure actuelle, avec ou sans Airbnb, l’offre en hébergement suffit à la demande. « C’est sûr que si l’offre de Airbnb venait à grossir de façon considérable, on pourrait peut-être ressentir un effet, mais pour l’instant, on s’en tire bien. »

« Les hôtels sont pleins même si tous les Airbnb roulent, remarque pour sa part M. Cloutier. L’effet se fait en effet peut-être plus sentir dans de plus petites villes où il y a moins de touristes. »



Halte à l’iniquité

Pas inquiets de se faire dérober une part de leur clientèle par Airbnb, les hôteliers souhaitent cependant que les règles du jeu soient claires et équitables pour tous.

« Il y a des établissements touristiques qui trouvent que ce n’est pas équitable, commente Mme Plante. Ce que je sais, c’est que les acteurs souhaitent que la réglementation soit simple, efficace, mais surtout équitable dans un contexte où l’économie collaborative prend de plus en plus de place. »

« Autrement, ce serait une concurrence déloyale, complète Mme Bourdeau. On souhaite qu’il y ait un encadrement plus strict, comme pour nous, afin d’assurer le bien-être de la clientèle. »

Déjà, depuis octobre dernier, Airbnb perçoit la taxe d’hébergement de 3,5 % sur les réservations effectuées sur sa plateforme et la verse au ministère du Revenu du Québec, ce que les établissements hôteliers enregistrés auprès de la Corporation de l’industrie touristique du Québec étaient tenus de faire depuis belle lurette.

Une mesure accueillie favorablement par l’industrie, qui souhaite que Québec continue à légiférer en ce sens. « Tout ce qui m’importe, c’est que ces gens-là opèrent légalement, qu’ils aient un permis et qu’on joue tous selon les mêmes règles », affirme Mme Bélanger.