Des citoyens inquiétés par un projet de maison d'hébergement pères-enfants

L’étape 1 du projet de Maison d’hébergement pères-enfants sur la rue Déragon a attiré au moins une soixantaine de citoyens, venus majoritairement exprimer leur désaccord.

Le projet visant à aménager une maison d’hébergement pour les pères et leurs enfants sur la rue Déragon a été présenté lors d’une séance d’information houleuse à l’hôtel de ville de Granby, jeudi.


Des exclamations comme « ça ne passera pas », ou « c’est inacceptable » fusaient dans la salle, accompagnées d’applaudissement et de supports. Visiblement, la majorité de la salle, composée d’environ une soixantaine de personnes résidant dans le secteur concerné, était contre l’établissement d’une maison d’hébergement, un projet supporté par Réseau Maisons Oxygènes et Ressources pour hommes de La Haute-Yamaska (RHHY).

D’emblée, le directeur général de RHHY, Stéphane Prévost, a tenu à préciser la nature du projet. Ce ne serait pas une maison d’hébergement pour hommes avec antécédents violents ou en difficulté de gestion du comportement, comme l’indiquait un tract distribué dans le quartier, mais une maison pères-enfants, offrant un soutien psychologique et valorisant la paternité des hommes.



« On trouvait qu’il y avait un besoin à Granby. Les maisons de ce type les plus proches sont à Sherbrooke ou à Saint-Jean-sur-Richelieu. C’est pas facile quand tu as un travail à Granby ou que tu doives rechercher un appartement sur place », mentionne M. Prévost.

Projet

Sans discriminations de toutes sortes, la Maison accueillerait les hommes sous plusieurs conditions, dont la principale : être un père avec des enfants, que ce soit en garde partagée ou exclusive, vivant une situation difficile.

Par exemple, un homme en situation de divorce, de séparation, qui se retrouve « dehors », sans logement, pourrait rester quelques jours à la Maison, en plus de bénéficier d’une aide quant à la recherche d’un nouveau logement. L’intérieur comprendrait tout le besoin matériel nécessaire : lit, vaisselle et meubles.

Dès lors, soutient M. Prévost, il fallait qu’elle soit aménagée dans un environnement familial, avec commodités à proximité, tels qu’épicerie, parcs, magasins, puisque les pères y seront autonomes, c’est-à-dire, qu’ils seront en charge de cuisiner, du ménage, etc.



« On ne pouvait pas aller installer la maison dans un parc industriel. Ça prenait un environnement convivial. » Voilà pourquoi le choix s’est arrêté sur la rue Déragon.

Ce qui ne plaît pas du tout à des citoyens du secteur, qui ont exprimé leur mécontentement et leur désaccord à la séance d’information tenue jeudi.

paix du quartier et stationnements

« Ce qu’on est contre, c’est d’avoir trop de services dans le même coin. On est déjà submergé : le CLSC, l’hôpital, le MRDI, ça finit plus ! », s’exclame le citoyen ayant distribué les tracts où on pouvait y lire « centre d’hébergement pour hommes ».

Puis, Danny Tétreault, demeurant sur la rue Déragon depuis 1995, a évoqué la crainte que cette maison ait d’autres fonctions qui nuiraient à la paix du quartier.

« De la rue Lafontaine à Des Érables, il y a 10 maisons, dont une qui n’est pas familiale (la Maison de Répit Déragon). Vous voulez en rajouter une deuxième, ce qui donne 20 % des maisons sur la rue. Je veux que notre quartier reste paisible. »

Plusieurs citoyens ont effectivement reproché au projet de non seulement entraver la paix au quotidien, mais aussi de dévaluer la valeur des résidences et du secteur. Par ailleurs, le conseiller municipal du district, Robert Vincent, était absent lors de la séance, ce qui a soulevé quelques indignations.



« Le trafic sur cette rue-là est incroyable, affirme quant à lui Robert Bergeron. La construction d’un building de six étages avec un CHSLD et le CLSC...ça fait trop. Dans la ville de Granby, il faut qu’on travaille en équipe. C’est pas à un secteur de la ville de tout avoir les projets spéciaux au niveau psychosocial. Le projet en question est excellent, j’ai aucun problème avec ça. Mais il faut se poser la question : ce projet-là a-t-il sa place sur la rue Déragon ? Peut-il être ailleurs ? »

Finalement, une dame a partagé ses inquiétudes quant à l’inconnu : qui restera là ? Seront-ils de bonnes personnes ? Feront-ils attention ?

Étapes

Présentement en attente d’approbation de la Ville de Granby, la nouvelle maison serait supportée par le Réseau Maisons Oxygènes, qui offre aujourd’hui 144 lits dans 12 régions. Celui-ci a pour mission de favoriser le déploiement, la consolidation et la concertation des ressources d’hébergement et de soutien pour les pères qui vivent des difficultés personnelles, familiales ou conjugales.

La Ville de Granby a pris en compte les commentaires des citoyens, qui ont été entendus et qui seront considérés dans la décision quant à l’acceptation du projet, qui n’en est qu’à l’étape 1.

La deuxième étape se tiendra le 19 août et consistera en l’adoption du second projet de résolution. À la suite de la publication d’un avis public le 21 août dans La Voix de l’Est, les citoyens pourront se présenter au greffe de la Ville pour obtenir les documents nécessaires afin de demander la tenue d’un registre.

Les citoyens auront ensuite 8 jours pour déposer la requête avec le nombre de signatures requis, soit du 21 au 29 août, pour forcer la tenue d’un référendum sur le projet.