« On pense que les citoyens doivent être mis au courant des éléments architecturaux, historiques et paysagers de l’ancien presbytère. On ne peut pas laisser un conseil municipal décider du sort de ce bâtiment, indique Chantal Lefebvre de la Société d’histoire de la Haute-Yamaska (SHHY). On ne peut pas démolir sans d’abord s’interroger. Il faut se demander si cela a du sens. »
Rappelons que les élus de la municipalité ont convenu que le mauvais état du presbytère commandait sa démolition. Le maire Pierre Fontaine avait affirmé à La Voix de l’Est, en avril dernier, que son intérêt architectural ne méritait pas de le conserver.
« Le rénover aurait coûté aussi cher que de construire un nouvel édifice », selon lui.
Dans un avis patrimonial réalisé le mois dernier — juste après avoir appris la nouvelle —, la SHHY rappelle que l’ancienne maison curiale, construite en 1875, constitue un repère important et bien visible dans le paysage roxtonais.
De style s’apparentant au néoclassique, le presbytère possède également une bonne valeur d’usage et architecturale, estime la SHHY. L’organisme insiste sur sa « valeur d’âge et d’intérêt historique supérieure ».
Néanmoins, l’immeuble ne possède pas de statut particulier.
Décision maintenue
Joint vendredi, le maire Fontaine a confirmé avoir reçu un exemplaire de l’avis patrimonial de la Société d’histoire. Mais cela n’a pas semblé ébranler sa décision. « On fait des recherches pour s’assurer que l’ancien presbytère n’a pas de valeur particulière. Sinon, on va de l’avant. L’avis de démolition devrait être publié la semaine prochaine », dit-il.
Il souligne à nouveau que la bâtisse inoccupée est trop endommagée pour la refaire à neuf. « Et on en ferait quoi ? On n’a plus d’option pour l’occuper », ajoute Pierre Fontaine.
« La population est derrière nous dans ce dossier. Il ne faut pas oublier que même le conseil de fabrique avait préféré agrandir l’église pour y loger, parce que le presbytère était trop onéreux à entretenir. »
Ce dernier mentionne que le sujet n’est pas prévu à l’ordre du jour de la prochaine assemblée du conseil, mardi prochain.
Pavillon extérieur
Sur le terrain du 940 Principale laissé vacant, le conseil compte ériger un nouveau pavillon extérieur pour y tenir un marché public, des spectacles et des classes en plein air pour les jeunes de l’école primaire située à proximité.
« Quand on démolit un tel bâtiment, il faut s’assurer que celui qui le remplace soit de valeur égale ou supérieure. Et ce pavillon s’en éloigne », fait remarquer Chantal Lefebvre.
Même si elle comprend les contraintes financières d’une municipalité de la taille de Roxton Pond, en raison des nombreux travaux nécessaires, l’historienne se dit convaincue des possibilités de réhabilitation de l’édifice.
La SHHY invite les gens à consulter l’avis patrimonial à ses bureaux de Granby ou auprès des élus de Roxton Pond, qui en ont tous reçu une copie. « Si les gens ne se mobilisent pas, il ne se passera rien », termine Mme Lefebvre.