La hausse moyenne des températures pousse certaines espèces animales et florales à migrer pour retrouver les conditions de leur survie, souligne M. Samson, chercheur spécialisé dans les espèces menacées ou vulnérables au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. L’arrivée de ces espèces dans d’autres régions peut causer des problèmes aux espèces déjà présentes, notamment créer une compétition pour les habitats et la nourriture. Elles peuvent de plus apporter des parasites, explique-t-il.
« Dans un pays nordique comme le nôtre, nous n’avons pas une biodiversité aussi riche que dans les zones tropicales comme la Floride ou le Costa Rica », illustre-t-il. On pourrait croire qu’une hausse de notre biodiversité soit une bonne nouvelle, dit-il en substance. Ce n’est pas nécessairement le cas, car des problèmes peuvent surgir, laisse-t-il entendre.
Les scientifiques qui étudient les impacts des changements climatiques sur les animaux calculent que ceux-ci ont en moyenne une capacité de migration de 1,7 km par année, explique M. Samson, conférencier mardi du Réseau environnement Haute-Yamaska pour parler des impacts des changements climatiques sur la biodiversité. Or, la hausse des températures est telle que les animaux doivent migrer de 4,5 km par année pour être capables d’atteindre des territoires propices à leur pérennité. Si plusieurs animaux n’en ont pas les capacités en raison de leur petite taille, note M. Samson, d’autres peuvent franchir de telles distances.
Ces animaux qui migrent vers d’autres territoires peuvent-ils être considérés comme des espèces envahissantes s’ils nuisent à des animaux déjà présents ?, a demandé une des participantes au chercheur. « C’est une bonne question. C’est pourquoi on parle d’un paradoxe de biodiversité », a répondu le conférencier, coauteur de CC-Bio, Effets des changements climatiques sur la biodiversité au Québec. Cet ouvrage scientifique encensé, publié en 2015, propose des analyses des changements qui risquent d’affecter la biodiversité dans toutes les régions du Québec. Le paradoxe de la biodiversité devra être étudié plus en profondeur, a-t-il indiqué.
Atténuer les conséquences
Tout n’est pas noir, a assuré M. Samson. Les impacts environnementaux des changements climatiques peuvent être atténués, dit-il. Les menaces sur la biodiversité, les forêts et les cours d’eau doivent cependant être réduites ou éliminées, précise-t-il.
Les experts ont identifié 140 menaces qui affectent la qualité de notre environnement et nuisent aux espèces vulnérables ou menacées, signale M. Samson. Parmi les plus sérieuses, il cite la disparition du couvert forestier, les pratiques agricoles basées sur des pesticides, les eaux polluées déversées dans les cours d’eau, l’érosion et les sédiments dans les lacs et rivières et les espèces envahissantes.
Des gestes peuvent être posés pour faire échec à ces menaces et ainsi donner une chance aux espèces vulnérables ou menacées d’améliorer leur rétablissement, rappelle le chercheur. Une attention spéciale, insiste-t-il, doit être portée au sort des milieux humides. Il est impératif de les protéger, d’en restaurer et même d’en créer de nouveaux, plaide M. Samson. Un seul hectare de milieu humide en santé fournit pour 20 000 $ de services écologiques, rappelle-t-il, citant le contrôle des débits d’eau en temps de pluie, la filtration de l’eau, la purification de l’air et la régulation du climat.