Procès de Leto: des «trous» dans la preuve, plaide la défense

Giuseppe de Leto

La preuve déposée contre Giuseppe de Leto est insuffisante pour le trouver coupable d’un double meurtre commis à Acton Vale en 2015, plaide la défense.


Rien ne prouve hors de tout doute raisonnable que l’homme de 37 ans ait participé à l’assassinat de la Granbyenne Nancy Beaulieu et de son conjoint Martin Bélair, a fait valoir Me Marc Labelle lors de sa plaidoirie finale, mercredi.

« La preuve a une faiblesse, des trous, des manques. C’est impossible d’être sûr », a dit l’avocat aux 12 membres du jury réunis depuis un mois au palais de justice de Saint-Hyacinthe.

« Vous devriez acquitter cet homme. Quand on évalue la preuve globalement, il y a soit place au doute raisonnable, ou il ne vous reste que des spéculations. »

Pendant quatre heures, Me Labelle s’est affairé à déconstruire la thèse de la Couronne voulant que M. de Leto aurait, avec son présumé complice Francis Yergeau, attiré le couple dans l’usine de blocs de béton où les deux hommes travaillaient pour le tuer par balles.

Selon la poursuite, l’opération visait à prendre le contrôle du bar de danseuses nues de Saint-Hyacinthe que le couple gérait.

Intérêt

Mais le bar de la rue des Cascades a peu de valeur et M. de Leto était un habitué de l’endroit, qui y dépensait des sommes considérables, a dit son avocat. Quel intérêt aurait-il eu à vouloir se l’accaparer ?

Son client, a ajouté Me Labelle, était aussi ami avec M. Bélair, avec qui il aurait planifié des transactions de drogue. « Pourquoi aurait-il causé la mort de ses amis ? Il n’avait pas de raison de s’en prendre à ce couple-là. »

La preuve de la poursuite est aussi poreuse quant à la responsabilité de M. de Leto, a soutenu la défense. Rien ne prouve que celui décrit comme un trafiquant d’armes était présent lors du crime, ni même que les meurtres ont bel et bien eu lieu dans l’usine en question.

Rien n’apparaît sur les caméras de sécurité de l’endroit et les relevés des communications téléphoniques — utilisant la géolocalisation — ne prouvent pas que l’accusé était là au moment du double meurtre. Qui plus est, a ajouté Me Labelle, Giuseppe de Leto n’avait pas d’accès libre à l’usine.

«Quand on évalue la preuve globalement, il y a soit place au doute raisonnable, ou il ne vous reste que des spéculations», a déclaré Me Marc Labelle aux 12 membres du jury.

Objets

Les corps des victimes avaient été retrouvés, trois jours après le crime, abandonnés dans un camion stationné derrière un commerce de Mascouche. M. de Leto avait été filmé en train d’acheter des draps et de la corde identiques à ceux utilisés pour recouvrir les cadavres.

Mais les objets qu’il a achetés ont servi à d’autres fins, a plaidé Me Labelle. Si ce n’avait pas été le cas, pourquoi les aurait-il achetés lui-même au lieu d’envoyer quelqu’un d’autre ?

La défense a également mis à mal les versions de plusieurs témoins de la Couronne, les qualifiant de peu crédibles. Si M. de Leto est allé acheter une arme en Ontario quelques jours avant le crime, c’était pour son commerce illicite de revente d’armes, a dit son avocat.

Me Marie-Claude Morin, du ministère public, doit plaider jeudi. M. de Leto, qui fait face à deux accusations de meurtre prémédité et à deux autres de complot pour meurtre, s’expose à une peine pouvant aller jusqu’à 50 ans de prison. Il est détenu depuis son arrestation en 2016.