Dans le confort d'une maison solaire passive

La maison, construite sur trois étages, totalise 2300 pieds.

Les grands froids de janvier et les canicules d’août n’inquiètent pas Marilou Asselin et Étienne Vigneron. Dans leur maison solaire passive, le confort règne à l’année... sans jamais grever leur budget. Bienvenue dans la maison Southern Comfort.


Les propriétaires ont pu apprécier pleinement les qualités de leur résidence la semaine dernière, alors que le mercure flirtait avec les -20°C. Sous l’effet du soleil, sans chauffage, l’intérieur a maintenu une température ambiante entre 18° et 25°C. Trop beau pour être vrai ? Non, disent-ils. Grâce à son orientation plein sud, sa masse thermique et sa généreuse fenestration de haute qualité, la maison solaire passive permet de telles performances.

Sauf que le duo a choisi de pousser le concept de maison écologique encore plus loin que le « simple » solaire passif. Après avoir troqué Montréal pour Waterloo — ce qui leur permettait de se rapprocher de la nature et de leur passion pour les sports extérieurs —, Marilou et Étienne se sont lancés à corps perdu dans l’aventure de l’autoconstruction bioclimatique. Le projet s’est mis en branle au printemps 2016 après des heures de recherche et de réflexion.

« Ce genre de construction permet d’être en harmonie avec l’environnement, en maximisant le confort des occupants », fait remarquer Étienne. « Mais il faut d’abord s’informer et beaucoup planifier. La coquille du bâtiment est très importante », souligne sa conjointe.

Fort de ses nombreuses connaissances sur le sujet, le Waterlois s’est offert une année sabbatique pour s’attaquer à l’ouvrage, sans compter ses heures. Avec le recul et avec franchise, lui et Marilou l’avouent : « Une autoconstruction, c’est long. Et ce sont des sacrifices importants à prendre en compte », écrivent-ils sur leur blogue. Monter la charpente de bois debout, principalement, a été tout un défi.

Mais « l’épopée » en a valu la chandelle. Aujourd’hui, les jeunes trentenaires vivent dans une vaste maison à la fois lumineuse et chaleureuse, où le bois clair domine l’espace.

« On a utilisé le plus possible des matériaux naturels et recyclés », explique Étienne en désignant notamment l’immense mur de briques intérieur, l’escalier central et les tablettes de la cuisine.

Détails uniques

La Southern Comfort compte un total de 2300 pieds carrés, dont 1850 pieds carrés habitables sur trois étages. Ses caractéristiques sont étonnantes, à commencer par ses murs de 19 pouces d’épaisseur isolés en laine de roche, son isolation par l’extérieur, son fameux mur de briques, ses débords de toit et son plancher de béton (joliment orné de tessons de verre bleu), qui contribuent tous à tempérer l’endroit.

« On est en voie d’obtenir le Leed Platine, le plus haut degré de certification. C’est au moins deux fois plus élevé que les normes du bâtiment », précise Étienne. Super isolation, super étanchéité... Une maison peut-elle être trop isolée ? « La maison n’a pas besoin de respirer ; seulement les occupants. On dit que la maison perspire », note le charpentier, en précisant l’importance d’avoir un échangeur d’air/récupérateur de chaleur. Le même principe contribue à maintenir le bâtiment frais en été.

Et pour demeurer fidèle à ses valeurs basées sur l’autosuffisance, l’achat local et le respect de l’environnement, le couple n’a pas lésiné. Il a opté pour des robinets à faible débit, des finis sans émanation toxique, un toit de tôle, un revêtement extérieur en cèdre, une terrasse en bois massif et bientôt un récupérateur d’eau de pluie qui alimentera son immense potager. Entre autres.

« L’aspect durabilité est très important pour nous. C’est un peu plus d’investissement, mais ça va perdurer », estime Marilou.

En tout et partout, ils estiment que leur rêve aura coûté 230 000 $, incluant toutes les dépenses. Une aubaine. « Mais on s’est investi à fond », rappelle toutefois son chum.

Selon eux, le Québec compterait moins d’une dizaine de maisons aussi performantes que la Southern Comfort.

« Maintenant, on veut inspirer les gens à faire comme nous. Je ne veux pas garder toutes ces connaissances pour moi. Mon but, c’est que les gens apprennent à le faire aussi », glisse Étienne, qui agit désormais comme spécialiste en formation de design écologique. « Tout le monde devrait se construire de cette manière pour diminuer notre empreinte écologique », renchérit Marilou.

Le couple est à ce point satisfait du résultat et soucieux de propager la bonne nouvelle qu’ils organisent même des séances d’information qu’ils ont baptisées Les Apéros Écolos. Les participants ont droit à une visite guidée de la maison, une conférence et un souper végétalien. Les prochaines soirées auront lieu le 16 février et le 16 mars. On réserve directement à etienne-marilou.tumblr.com.